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Channel: Métamorphoses et Vagabondages
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Ponte City, acmée du désastre ?

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Mikhael Subotzky/ Patrick Waterhouse, Ponte City, 2008-2013 © Magnum Photos


Table-ronde passionnante au BAL autour des deux photographes Mikhael Subotzky né à Cape Town en 1981 et Patrick Waterhouse né la même année en Angleterre et leur projet d'envergure de 5 ans réalisé à Ponte City, symbole d'une utopie architecturale et politique qui a tourné court. Plus haute tour dans tout l'hémisphère Sud elle surplombe la ville de Johannesburg de ses 54 étages. Grandeur et vicissitudes d'un rêve celui d'une société post-apartheid qui n'en finit pas de panser ses blessures. Construite en 1976 dans un quartier exclusivement blanc elle voit avec l'arrivée de la démocratie en 1994 sa population aisée rejoindre les banlieues plus sûres au nord et bascule alors vers la décrépitude. Mais elle ne tombe pas pour autant dans l'oubli et continue d'alimenter la légende. C'est en 2007 que le promoteur David Seylan décide de racheter Ponte pour rénover le bâtiment et de le relancer à l'aide d'une large campagne de marketing. Le "new Ponte" baptisé pour l'occasion semble prêt à tenir toutes ses promesses. C'est alors que la crise boursière de 2008 éclate et que les investisseurs renoncent, laissant la tour à ses fantômes et le promoteur ruiné. Menant une véritable enquête, les deux protagonistes Subotzky le natif et Waterhouse l'étranger nous livrent un reportage saisissant sur tous ces habitants, leurs projections, attentes (Ponte est souvent une porte d'entrée dans le parcours des migrants), secrets, à partir de témoignages ou d'archives recueillies sur place faisant du BAL une "zone franche, un territoire d'images traversées de part et d'autre d'enjeux historiques, sociaux et politiques". Fictions et complexité du réel entrevu à travers les fenêtres ou les séries hollywoodiennes relayées par la télévision omniprésente dans ces foyers. Entre utopie et dystopie, grandeur et décadence, c'est un peu le destin de l'Afrique du Sud elle-même qui s'écrit dans cette fable moderne. Il semble en tous cas que Mikhael Subotzy, l'un des plus jeunes photographes de l'agence Magnum que l'on a vu dernièrement au MacVal dans le cadre des saisons croisées France/Afrique du Sud, atteigne une maturité  et une dimension nouvelle avec ce regard presque chirugical qu'il pose sur la société post-apartheid.
 
L'exposition s'accompagne de la sortie du livre Ponte City, aux éditions Steidl.
 
Exposition co-produite avec le FOTOMUSEUM (Anvers),
en collaboration avec la Goodman Gallery, Cape Town (Afrique du Sud) et Magnum Photos.
 
Infos pratiques :
Ponte City
Mikhael Subotzy/Patrick Waterhouse
jusqu'au 20 avril 2014
le BAL
 
6 impasse de la Défense 75018 Paris
 
http://www.le-bal.fr/fr


Claire Tabouret, Dove Allouche et Félix Pinquier : l'Objet du silence

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Claire Tabouret, Autoportrait du 6 mars 2013. encre de Chine sur papier de riz – 49 x 33 cm Courtesy l'artiste et galerie Isabelle Gounod

Dove Allouche, Mélanophila II ou l'ennemi déclaré, 2003-2007,n°1, crayon de graphite sur papier Lana Royal, Collection Frac Aquitaine Bordeaux.

Félix Pinquier, Aérolithe, 2012, courtesy l'artiste/galerie Marine Veilleuse

Félix Pinquier Vue de l’exposition M u t e. Courtesy l'artiste/galerie Karima Celestin, Marseille

Félix Pinquier, Détails de Plateau n°2, techniques mixtes, 210 x 110 x 45 cm, 2014 Courtesy galerie Karima Celestin, Marseille

Félix Pinquier, Vues de l'exposition l'Objet du silence 2014. La Graineterie. Courtesy l'artiste
Photo : Gilles Kraemer 1.02.2014


La Graineterie, dynamique pôle culturel et centre d'art municipal de la ville de Houilles outre sa Biennale Jeune Création qui se déroulera à partir du 22 mars prochain, propose une résidence arts plastiques et 4 expositions par saison. L'Objet du silence est une exposition collective autour 3 artistes en prise avec le temps, sa dissolution ou révélation et la question du réel. Si Claire Tabouretà l'occasion d'une résidence à Pékin place l'autoportrait au coeur dans des encres de Chine sur papier de riz, Dove Allouche avec la photographie ou le graphite interroge le temps et la mémoire tandis que Félix Pinquier dans des installations modulaires (plateformes) se penche sur le son et ses représentations. Les trois invités se saisissent des volumes majestueux et restructurés de la Graineterie, ancien commerce agricole puis jardinerie générale, pour un dialogue subtil où chacun sert de révélateur aux autres dans des expérimentations fragmentaires. Penchons nous sur le plus jeune, Félix Pinquier que j'avais découvert à la Biennale de Bourges. L'on songe à de Chirico dans ces paysages futuristes, décors de théâtre qui naissent de pièces créées ou récupérées qu'il assemble et transforme dans des jeux de manipulation. Sorte de partition en devenir, ces phrases mises en relation prennent une dimension nouvelle, un sens caché. Chaque contexte d'exposition devient le détonateur d'une future expérimentation que l'on soit dans la sculpture ou le dessin. Dans la très belle série des "Aérolithes", ce sont des images de dirigeables de l'époque qui servent de point de départ pour la notion de prototype expérimental qu'il questionne par la suite dans des tubes remplis de béton maintenus en équilibre par des sangles. Ainsi d'une abstraction nait une "nouvelle sphère de perception"et c'est là toute la puissance et la magie de ces ensembles où les images mentales se font et se défont.

Infos pratiques :

l'Objet du silence
jusqu'au 1 er mars 2014

la Graineterie

http://lagraineterie.ville-houilles.fr/

La 10e Biennale de la jeune création
du 22 mars au 3 mai 2014.



Mythique Gaetano Pesce chez Sotheby's France

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Gaetano Pesce, Maquette Rag armchair, 1970 Rags and polyester resin

Gaetano Pesce,Dessin l'Abbracio Cabinet, 2010 Polyurethane resin, copper hinges, lacquered wood base
Gaetano Pesce, Chair Feminino Rubber, natural fiber, metal

Gaetano Pesce, Chair Up 2013-2014 avec B/B Italia

Kristin Mckirdy,Untitled Ceramic, 2004.  Collection Privée


Le concept d'exposition vente très en vogue se déploie à présent à Paris, chez Sotheby's notamment autour de la figure emblématique du designer philosophe italien Gaetano Pesce autour des valeurs sûres, ces objets manifestes qui laissent une part à l'aléatoire et l'incertain. Exposé au Centre Pompidou en 1996 ou au musée des Arts Décoratifs en 2002 c'est donc un évènement de retrouver en France ses processus de création présents dans de grandes institutions internationales (MOMA, Victoria and Albert..). Des formes innovantes mixées à des matériaux inhabituels  (résine) le meuble devient souple et transparent quitte à en dérouter la vocation première. Des silhouettes anthropomorphes surgissent alors au gré de ses inspirations où toute répétition est bannie. Mais sous la facétie de ce géant qui fête ses 75 ans se cache un formidable levier et outil de critique sociale. Parmi les pièces exposées galerie Charpentier l'on retrouve le fauteuil UP 5 qui associé au pouf UP6 est devenu l'emblème de sa vision de la condition féminine. La femme prisonnière et aliénée aux préjugés masculins qui traine un boulet à ses pieds. Il ouvre ainsi la voie au design-commentaire comme il s'en explique, dont s'inpire de nombreux designers actuels. Egalement de nombreux dessins préparatoires oniriques et romanesques qui incarnent cette fluidité des valeurs et des genres.
A l'étage Sotheby's met l'accent sur la céramique des années 50 à travers l'action visionnaire de Pierre Staudenmeyer, fondateur de la galerie Néotu où l'éclectisme domine. Avec les Mouvements Modernes, nouvelle galerie qu'il ouvre en 2002 c'est une nouvelle aventure qui commence et se concentre sur la céramique avec toujours autant d'audace. Plus d'une centaine de pièces font revivre les grandes heures de cet autre pionner du design, disparu en 2007.
 
Infos pratiques :

Gaetano Pesce Exposition Vente
du 5 au 15 février 2014
Sotheby's Paris


Catalogue en ligne :
http://www.sothebys.com/fr/auctions/ecatalogue

 

Fondation Francès à Senlis, un laboratoire avant tournée européenne

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Gavin Turk, Nomadic assistance, 2003 pièce unique en bronze peint ©Collection Francès

Tony Bevan, Hands, 1987 Peinture acrylique, charbon et pigments ©Collection Francès

Sophie Kuijken, A.M. 2013, Huile et acrylique sur bois ©Collection Francès

Jack et Dinos Chapman, One day you will no longer be loved, 2008 Huile sur toile ©Collection Francès

Subodh Gupta, Feast for one hundred and eight gods 1, 2005 Installation ustensiles en acier inoxydable ©Collection Francès

Mircea Suciu Milagro, 2011 Dessin au fusain © Collection Francès

Florian Süssmayr Wer hat Bambi getotet ?, 2011 Peinture et technique mixte © Collection Francès

Jean Revillard, Jungle des dunes, Cantine des passeurs, 2007 Photographie © Collection Francès


Grand l'année dernière au Musée du Dr Guislain, bientôt Londres et Berlin, la collection Francès bouge ! Avec toujours comme angle d'attaque l'homme et ses excès je retrouve sa force de frappe à Senlis autour du thème du vestige. Rebus de l'humanité et des objets dans un dialogue pertinent et sensible sur l'exclusion à partir de l'artiste anglais Gavin Turk, invité. Quelles traces laissons-nous ? Comment traiter avec cette indifférence galopante d'une société malade ? Y a t-il une vertu du recyclage ? Les indignations de ce couple de collectionneur engagé sont bel et bien présentes et dès la 1ère salle. La biche morte de Florian Süssmayr dans une ville réputée pour sa passion de la chasse démontre le champ des possibles osé par les Francès qui ont exposé aussi le Piss Christ de Serrano sans matière à controverse, à partir d'un réel travail de médiation. Senlis un laboratoire à présent peut aller vers un regard extérieur en la personne du trublion Gavin Turk qui avec son sac poubelle en bronze peint bouscule les codes et rejoue avec les modes de vie de la société de consommation. Dehors dans le joli jardin de cette maison de maître en plein Senlis sa porte entreouverte également en bronze invite au passage et questionne aussi bien les icônes de l'histoire de l'art (Magritte puis Pollock) que notre posture de visiteur. Recyclage de ses prédécesseurs sous l'apparence de simples déchets, c'est toute l'ambiguité et puissance de l'impact. Avec "Saut dans le vide" de Donato Piccolo inspiré du Journal d'un jour d'Yves Klein et d'une citation de Nietzsche l'homme peut aussi prendre son envol et se surpasser mais il devra pour cela se débarasser de tout le surperflu, l'inutile. Dans la salle suivante toujours en rez de chaussée, Gavin Turk confronté aux frères Chapman, également issus des Young British Artists recycle l'art du portait à partir de l'une de ses performances où 150 têtes ont été détruites par les spectateurs à Francfort. Scarifications, outrages du temps, ces oeuvres jouent sur l'ironie et l'autodérision.L'on pense à cet artiste autrichien  Markus Schinwald très présent dans la collection et ses pièges sous forme d'énigmes. Sophie Kuijken à partir de la tradition classique du portrait joue aussi du leurre dans des compilations visuelles très destabilisantes. Nous passons alors au 2è temps de l'exposition guidés par les mains torturées et nerveuses de Tony Bevan. Un appel au secours. Une main tendue comme celle des enfants roumains du "miracle" de Mircea Suciu.
Sur le palier du 1er étage, le gobelet en plastique usagé et souillé de Gavin Turk est la pièce centrale, mise en valeur par une vitrine comme dans une perspective muséale. Désacraliser l'oeuvre d'art mais pas seulement. "Nomadic assistance" est le fruit d'une grande dextérité technique tout comme l'accumulation des objets populaires indiens de Subodh Gupta qui interroge la globalisation et nos références collectives. La dernière salle est sans doute la plus sombre quand des campements des migrants clandestins de Sangatte Jean Revillard en extrait le visage. Abandon ultime de ces cabanes de fortune à la fermeture du camp où règnent les matériaux les plus précaires. Gavin Turk nous en donne un éclairage encore plus cru avec ce sac de couchage à même le sol en bronze peint qui n'est pas sans rappeler nos SDF, ces oubliés que l'on croise en détournant le regard. Avec ces traces de combustion on oscille entre des images rieuses de vacances ou au contraire à des occupants nomades et menacés. Avec Guillaume Bresson les émeutes urbaines et parkings obscurs deviennent matière à revisiter la grande peinture, tandis que Roger Ballen avec l'angoisse de ce visage, clot ce parcours de façon tragique et redoutable. L'homme au rat, sale, dénudé, dépossédé de tout, qu'il nous faut quand même regarder. Cette misère qui se cache derrière l'absurde et le dérisoire. Vestige ultime.
 
 
Infos pratiques :
 
Vestige
Artiste invité : Gavin Turk (galerie Aerplastics, Bruxelles)
En dialogue avec les oeuvres de la collection.
 
jusqu'au 17 mai 2014
 
Fondation Francès
27 rue St Pierre, Senlis (60)
Gratuit, ouvert à tous.
 
 
 

Robert Adams et l'Ouest américain, Mathieu Pernot la traversée

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Pikes Peak, Colorado Springs, Colorado 1969
Robert Adams
Épreuve gélatino-argentique, 14,5 x 15 cm.
Yale University Art Gallery, acquis grâce à un don de Saundra B. Lane, une subvention du Trellis Fund, et du Janet and Simeon Braguin Fund.
© Robert Adams. Courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco et Matthew Marks Gallery, New York

Colorado Springs, Colorado,1968
Robert Adams
Épreuve gélatino-argentique, 15 x 15 cm.
Yale University Art Gallery, acquisition grâce à un don de Saundra B. Lane, une subvention du Trellis Fund et du Janet and Simeon Braguin Fund.
© Robert Adams. Courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco et Matthew Marks Gallery, New York

Methodist church, Bowen, Colorado,1965
Robert Adams
Épreuve gélatino-argentique, 30 x 21 cm.
Yale University Art Gallery, acquis grâce à un don de Saundra B. Lane, une subvention du Trellis Fund, et du Janet and Simeon Braguin Fund.
© Robert Adams. Courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco et Matthew Marks Gallery, New York
 
Mantes-la-jolie, 1er juillet 2001
série "Implosions", 2001-2008
Mathieu Pernot
Tirage baryté, contrecollé sur dibond,
100 x 130 cm. Édition de 7.
Courtesy de l’artiste, © Mathieu Pernot
 
Fenêtres 2007
Mathieu Pernot
Tirage lambda contrecollé sur aluminium,
95 x 135 cm, édition de 7.
Courtesy de l’artiste, © Mathieu Pernot

 
"Eden, Listening to the River, Our lives and our children, Summer nights, the Plaines, From the Missouri West..." Ecoutez les titres de ses images et vous retrouverez l'incroyable puissance de cette littérature américaine dont il se saisit quand il arpente ces paysages grandioses de l'Ouest américain. Faulkner, Steinbeck,  mais aussi le poète Theodore Roethke dont il fait sien le viatique "I see what I believe", Robert Adams digne représentant des "New Topographics" est à Paris au Jeu de Paume et c'est un évènement que de découvrir ce large corpus et les multiples facettes d'une Amérique en mutation sous son regard. Un récit fondateur autour de la relation conflictuelle entre l'homme et la nature mais aussi une quête de la beauté et un playdoyer à l'espoir face aux dégradations et outrages de l'intervention humaine. Sur les routes des campagnes ou dans les rues des villes il se demande si entre beauté et désastre il existe un autre territoire, celui apaisé de la rédemption. Un calme inattendu, "une tension si parfaite qu'elle instaure la paix". Et vous verrez dans ces petits tirages rigoureusement noir et blanc assemblés dans des constellations qui exigent une immersion parfaite et médidative, surgir une tendresse et une poésie incomparables. Comme une promesse et une invitation à voir au delà de la géographie, à dépasser nos croyances. Is hope possible ? titre de l'un de ses livres autre volet important de sa pratique créatrice comme nous le découvrons dans plus de 40 monographies qu'il signe. La fin de l'espace américain n'est plus liée au mythe de la frontière qui a baigné et porté des générations d'artistes à présent mais à ces menaces latentes que sont "la surpopulation et la guerre nucléaire" déclare t-il. Plutôt que de dénoncer il fait appel à notre conscience de citoyen en nous livrant la vérité brute et immédiate. Ma photo coup de coeur pourrait rentrer dans un tableau d'Edward Hopper cette femme à la fenêtre de Colorado Springs, énigmatique vision d'une banlieue standardisée de la vie moderne qui possède cependant au delà de la neutralité affichée une beauté singulière dans cette ombre projettée.
En parallèle les fenêtres de Mathieu Pernot ou ces "implosions" dans les banlieues de grandes villes françaises interroge et détourne les codes de la photographie documentaire pour instaurer une notion de narration à plusieurs voix. La traversée, celle des tsiganes et des migrants mais aussi celle des images nomades et en hors champ. Prisons du sud de la France, camp d'internés sous le régime de Vichy et campements actuels des tsiganes à Arles, cahiers Afgans, hurleurs, Feu, ces récits construits par l'artiste ces vingt dernières années forment comme un passage et dressent le portait de l'exil contemporain. Alors que s'ouvre à la Maison Rouge l'Asile des photographies travail que Mathieu Pernot réalise avec Philippe Artières sur les archives oubliées d'un hopital psychiatrique dans la Manche qui a reçu le prix Nadar Gens d'images 2013, il sera intéressant de voir à nouveau à l'oeuvre cette fulgurance et entralecement des temporalités. Autant d'existences ensevelies qui luttent pour leur survie.
 
 
Infos pratiques :

Robert Adams
l'Endroit où nous vivons

Mathieu Pernot
la Traversée

Programmation Satellite : Histoires d'empathie, invitée Natasa Petresin-Bachelez, critique d'art et commissaire indépendante slovène.

jusqu'au 18 mai 2014.

http://www.jeudepaume.org




Romain Bernini et l'archaïque contemporain

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Romain Bernini, La Forêt, 2013
Huile sur toile / Oil on canvas
200 x 160 cm (78 3/4 x 63 in.)
© Rebecca Fanuele

Romain Bernini, Sans titre, Série Cargo Cult, 2014
Untitled, Cargo Cult series, 2014
 Huile sur toile / Oil on canvas
220 x 180 cm (86 5/8 x 70 7/8 in.)
© Rebecca Fanuele

Romain Bernini devant Sans titre, 2013, huile sur toile, 200 x 300 cm © photographie Gilles Kraemer, vernissage Romain Bernini, mercredi 5 février 2014. Courtesy galerie Suzanne Tarasiève/l'artiste

Romain Bernini, Bientôt un pouvoir,
huile sur toile, 2013, Courtesy galerie Suzanne Tarasiève,© Rebecca Fanuele.

N'essayez surtout pas de le rapprocher de Peter Doig ou d'un énième renouveau de la peinture, cet autodidacte n'en a cure, mu par son instinct le plus précieux, son impétueuse nécessité : l'amnésie collective et l'archaïque dans ce qu'il a de plus contemporain. Romain Bernini s'il pratique la peinture sait aussi s'en écarter quand il choisit la photographie pour se pencher sur les mystères des dalles funéraires de Santa Maria del Popolo à Rome ou le dessin pour des portraits pleins de contradictions. Car l'artiste aime les retournements comme avec ces figures représentées systématiquement de dos. Une posture au monde comme il l'explique lui-même. Partageant une affinité plastique avec Marc Desgrandschamp avec qui il partage l'affiche à l'institut culturel Bernard Magrez Bordeaux, il revendique aussi des influences du côté de l'école de Liepzig, Bacon, Schiele, Freud ou encore Cy Twombly. Si la question du territoire est essentielle dans des ces grandes toiles disposées comme une forêt chez Suzanne Tarasiève Paris il s'agit comme d'une scène primitive où des personnages portant des masques tribaux isolés nous donnent à voir leur aura singulière. Saisis dans une nature luxuriante et oréolés de couleurs phosphorescentes ils incarnent une dimension et une ferveur fantasmagorique ultra contemporaines. Comme pour déjouer les poncifs du portait et de l'histoire de l'art, Romain nous conduit là où l'on ne s'y attend pas dans ces strates, trouées, couches, coulures, manques du paysage : les interstices de la paranoïa. Ces hallucinations du "culte du cargo" dont il nous parle encore tout récemment au Théâtre de la Colline ou Générateur en écho à une sélection d'oeuvres du Frac Ile de France. Des rites d'une grande poésie qui ressurgissent à la surface. Totems, fétiches, ils sortent de leur caisse pour mieux déborder encore et créer le trouble. Je tente de percer le mystère de cet entre-deux qui l'anime.


Infos pratiques :

Romain Bernini
Woods
galerie Suzanne Tarasiève

jusqu'au 15 mars 2014

http://www.suzanne-tarasieve.com/

En quatre temps, trois mouvements
un programme d'apparition d'oeuvres du Frac Ile de France
John Frum au théâtre de la Colline et au Générateur (Gentilly)

Des Hommes des mondes
Collège des Bernardins
Exposition collective

à partir du 7 mars 2014.

http://romainbernini.free.fr



Lionel Sabatté, carte blanche à l'Aquarium de Paris

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Lionel Sabatté, réparation de papillon, ongles et peaux mortes, 2012

Lionel Sabatté, Le petit tabouret des profondeurs, huile sur toile, 100×50 cm, 2012

Lionel Sabatté, Poisson d’argent echoué 1, pieces de 1ct d’euro, fer, étain, laiton, vernis, 280 x 115 x 80 cm

Lionel Sabatté, Chants silencieux, 2014 Souches meusiennes, pièces de 1 ct d'euro, fer, étain, laiton, vernis, 100x80x115 cm

Lionel Sabatté, le Cygne Noir, 2014 en situation à l'Aquarium Poussière du métro Chatelet et de l'aquarium, vernis, fil de fer 180x120x120 cm Courtesy de l'artiste

Vue de l'atelier de Lionel Sabatté en préparation de l'exposition à l'Aquarium de Paris la Fabrique des Profondeurs janvier 2014 Courtesy de l'artiste Photo : Marko Dapic


 
Une première pour cet établissement l'Aquarium du Trocadéro qui choisit d'unir art contemporain et sciences du vivant à travers la carte blanche donnée à Lionel Sabatté dont le travail engagé a séduit son président Alexis L Powilewicz. "La Fabrique des profondeurs" propose une immersion véritable à tous les visiteurs mais aussi une prise de conscience sur la surexploitation des ressources maritimes avec l'évocation de la légende mythologique du roi Midas dans ces bans de poissons fabriqués à partir de pièces de centimes d'euro, échoués et laissés pour compte sur le rivage des catastrophes économiques et environnementales. Le cycle et le renouveau, les chimères et métamorphoses, Lionel nous entraine jusqu'aux tréfonds de l'inconscient dans une inversion des règnes et des strates. La Fabrique des profondeurs emprunte son titre au registre végétal et évoque l'extravagance et l'imaginaire débridé. L'hybridation est une pratique récurrente chez cet artiste qui part des rebus du quotidien à qui il donne une nouvelle vie. Poussière du métro parisien mélangée ici à celle de l'aquarium, ongles, peaux mortes, cendres, les dépouilles se parent de poésie et de fantasmagorie comme des Phoénix victorieux qui surgissent des entrailles de la Terre. Le parcours de l'Aquarium qui prévoit une descente en forme de spirale a imméditament résonné pour l'artiste qui imagine alors un ambitieux banc de poissons d'argent capable de voler, un cygne noir majestueux mais englué dans un naufrage écologique, des chants silencieux issues de souches déracinées d'une résidence au Vent des Forêts, des papillons abimés mais réparés, une rose le tout en dialogue avec l'extraordinaire collection d'espèces vivantes de ce conservatoire. Comme dans un voyage sans fin, nous rêvons entre passé et futur face à ces sculptures fantasmées. Un challenge qui a demandé un an de préparation à l'artiste et aux équipes de l'Aquarium pour un résultant époustouflant. Petits et grands, fidèles au lieu, convertis ou non à l'art contemporain se laisseront surprendre par cette magique danse qui ne tient qu'à un fil. Des "neiges éternelles" qui se posent sur nos rétines, durablement.

Exposition réalisée avec le soutien d'un groupe de collectionneurs, sous l'impulsion de Claire Durand-Ruel.

Infos pratiques :

Lionel Sabatté
Carte Blanche à l'Aquarium de Paris
"Fabrique des Profondeurs"

5 avenue Albert de Mun
75016 Paris

jusqu'au 18 mai 2014

http://www.cineaqua.com


Maison Rouge : Berlinde de Bruyckere et Philippe Vandenberg, tourments, filiation, beauté, convulsion. Mathieu Pernot : l'Asile des photographies

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Philippe Vandenberg, D'après l'ennemi intérieur, 2003 ©Estate Philippe Vandenberg

Philippe Vandenberg, Kill them all, 2005-2008 ©Estate Philippe Vandenberg

Berlinde de Bruyckere, détail 2013 ©Mirjam Devriendt

Philippe Vandenberg, 1994, La tête aux clous, Encre de Chine sur papier, 56 x 42 cm.

Philippe Vandenberg, Aimer c'est flageller - flageller c'est aimer- aimer c'est l'enfer, 1981-1998 ©Estate Philippe Vandenberg

Berlinde de Bruyckere, Actaeon III, 2012

Bal masqué, Picauville ©Mathieu Pernot


"Cette livre de chair" (Shakespeare, Marchand de Venise) citation emblématique de cruauté s'impose à moi devant les visions convulsives du dialogue Berlinde de Bruyckere et Philippe Vandenbergà la Maison Rouge.
Berlinde de Bruyckere (Pavillon Belge à la Biennale de Venise) parle de lui comme d'une âme soeur et a pensé tout le commissariat de cette variation française d'un précédent corps-à-corps en 2012 au musée De Pont en Hollande. Deux artistes belges de génération différente, Berlinde est née en 1964 à Gand et Philippe en 1952 également à Gand (et mort en 2009 à Bruxelles) réunis sous le titre "Il me faut tout oublier"inspiré de l’écriture rageuse du peintre. Une confrontation née d' un rapport particulier entre les deux œuvres nourri de souvenirs intimes personnels. Si c’est à l’âge de 5 ans que Philippe décide que le dessin le protégera du monde des adultes, c’est au même âge que Berlinde pensionnaire, noiçit ses premiers carnets de croquis en réaction à une humiliation de gauchère parmi ses camarades. Berlinde découvre le peintre alors célèbre, jeune étudiante à l’école supérieure des  arts de St Luc. Elle le suivra jusqu’à son suicide en 2009. Commence alors un nouveau chapitre sous le signe de l’amitié quand les enfants du peintre la sollicitent pour parcourir l’imposant fonds de 30 000 dessins laissés par leur père dont elle en prélève 80 qui entrent en résonance avec ses propres quêtes. L’innocence et la beauté puisées dans les sources de la grande tradition de la peinture : Bosch, Bruegel mais aussi le Caravage pour ses crucifixions que l’on trouve dans les deux ateliers des artistes. Extases et cruauté du trait que rejoignent notamment trois grandes sculptures récentes de Berlinde, dont l’une réalisée spécialement pour la Maison Rouge dans le prolongement de celle présentée au pavillon Belge de la Biennale de Venise. Au sous sol et après les alcoves est projetté le film "Lettre au Nègre" récit par Philippe Vandenberg, ses doutes, le chemin parcouru... "Innocence is precisely that : never to avoid the worse". A méditer.
 
Egalement je retrouve Mathieu Pernot (décidément très présent avec le Jeu de Paume) qui associé à l'historien Philippe Artières nous livre le fruit de leurs dernières recherches communes autour de l'archive, matériau important chez ces deux auteurs qui ont collaboré à plusieurs reprises autour de projets sur l'enfermement. "L'asile des photographies" répond à la demande du centre d’art Le Point du Jour de Cherbourg de conserver la mémoire de l’hôpital psychiatrique de Picauville sur le même territoire de la Manche, avant qu’il ne soit détruit. Un vaste corpus d'images anonymes composé de films et photographies anciennes, dossiers médicaux dont certains datant d'avant la 2è guerre mondiale, surgit comme en contre point à l'histoire de la folie telle qu'envisagée depuis le XIXè siècle. Un quotidien à la marge autour de ces patiens et leur famille, les médecins, bonnes soeurs qui ont traversé Picauville. La kermesse, le bal masqué mais aussi l'inventaire, les blanchisseuses, toute une histoire collective et pourtant singulière et spécifique à ce lieu.


Les instantanés de Picauville, un trésor oublié !
Dans le patio l'association des amis de la Maison Rouge expose, comme chaque hiver, une oeuvre produite spécifiquement et choisie par ses membres. A présent c'est le duo Florian Pugnaire et David Raffini avec Le "Coefficient de poisson", titre mystérieux pour définir "la contraction de la matière perpendiculairement à la direction de l'effort appliqué", selon le mathécien Denis Poisson. A l'apogée du geste et de la tension, les deux artistes partagent une fascination pour les paysages dévastés des ruines romantiques dans de grandes installations apocalyptiques.
Infos pratiques :
Berlinde de Bruyckere et Philippe Vandenberg
Il me faut tout oublier
Mathieu Pernot Mathieu Pernot et Philippe Artières
L’asile des photographies
Floriant Pugnaire et David Raffini, le patio
Du 14 février au 11 mai 2014
Maison Rouge/Fondation Antoine de Galbert
10 Bd de la Bastille, 75012 Paris



 

Be So French with 5.5 !

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Mustache Effect © 5.5 designstudio/Colombe Clier
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Race Marinière © 5.5 designstudio/Colombe Clier
Vroum Petanque © 5.5 designstudio/Colombe Clier
 
En ces temps de French bashing aigu où l'on apprenait encore récemment par The Economist que le coût de la vie dans Paris (6è arrondissement, à préciser) ressemblait à celui de Londres avec une flambée sur les produits quotidiens que la dite journaliste américaine convertissait malencontreusement en dollars, certains osent flirter sur la vague des clichés de cette francophobie ordinaire et ils ont raison. Détourner les stéréotypes pour mieux les revendiquer et les assumer, telle est la recette que choisit le studio de design5.5 pour l'Atelier Renault et ça marche ! Vive le retour du Made in France porteur d'optimisme. Dans cette vitrine flamboyante et high tech des Champs Elysées les 4 trublions imaginent un tour de France des savoirs-faire déclinés en autant de produits dérivés d'une marque qui aime le second degré, comme le rappelle son directeur marketing qui n'est autre qu'un hollandais ! Une façon de s'ancrer dans l'ADN de Renault qui fait partie de notre mémoire collective et a toujours lancé des passerelles avec l'art et les artistes. Robert Doisneau mais aussi Arman, Dubuffet, Soto, Tarkis, Tinguely, Vasarely et bien d'autres ont collaboré pour la marque au losange, sans parler de la collection d'art moderne et contemporain constituée pour la Régie de 1965 à 1985 riche de plus de 300 oeuvres. Les 5.5 que j'avais découverts au Lieu du Design élus créateurs de l'année Now 2010 à Maison et Objet, revendiquent humour, audace et authenticité dans leurs projets pour des groupes prestigieux tels que LVMH, Nespresso, l'OREAL ou BACCARAT. L'ingéniosité et la créativité du constructeur automobile les ont inspirés et ils voulu solliciter de véritables artisans pour ces produits en vente pendant la durée de l'exposition So Frenchà la Boutique de l'Atelier. Si vous aimez les marinières chics et décalées, portez la moustache ou le béret, chaussez des charentaises, jouez à la pétanque, ceci est pour vous ! Mais attention sous une apparente simplicité se cache un vrai sens du vintage et de l'exclusivité. Et ne croyez surtout pas qu'au même moment la marque fait du surplace, au contraire Renault vient d'annoncer des pas décisifs autour des défis et enjeux de l'innovation et de la connectivité à bord. La voiture du futur c'est ici qu'elle s'écrit !
 
Profitez de la terrasse lounge sur la plus belle avenue du monde, en savourant les délicieuses recettes du chef Daniel Maslac au restaurant design à l'étage.
 
Infos pratiques :
 
So French by 5.5
Exposition à l'Atelier Renault
53 avenue des Champs Elysées
 
 
Suivre l'actualité des 5.5 :
 
 



Jan Fabre : enluminures et scarabées aux Beaux Arts de Lille

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Jan Fabre
Crâne avec pinceau, 2013
Techniques mixtes, élytres de scarabées-bijoux, polymère, bois, poils d'animal 38x19x23 cm Collection Angelos bvba/Jan Fabre  ©Angelos bvba Photo : Pat Verbruggen


Jan Fabre
Scarabée sacré avec canne (détail), 2012
Bronze, 38x42x79 cm
Galerie Guy Pieters
©Angelos bvba/Photo : Pat Verbruggen


Jan Fabre
La culpabilité de la fertilité, 2012
Elytres de scarabées bijoux sur bois 227,5x173x8,1cm
Collection Angelos bvba/Jan Fabre  ©Angelos bvba Photo : Pat Verbruggen

Jan Fabre, Cerveau aux ailes d’ange, 2011, bronze, 26 x 30 x 24 cm, galerie Guy Pieters ©Angelos bvba/Photo : Pat Verbruggen


Derniers jours pour voir dans l'atrium du Palais des Beaux Arts de Lille, la série "Hommage à Jérôme Bosch au Congo"par Jan Fabre, 21 panneaux entièrement réalisés à partir d'élytres de scarabées rehaussés de la série suspendue des croix et des crânes. Des tableaux et reliquaires profanes pour dire l'analogie que l'artiste établit entre les monstres de Bosch et les méfaits de la colonisation belge. Les ailes carapaces sélectionnées pour leur brillance si particulière dans des tonalités vertes, bleues et ocres frappent de quelque côté que l'on se place, dans des variations chromatiques qui imitent le mouvement. Des mosaïques où le burlesques et le merveilleux se le disputent au macabre dans les sujets choisis. Une illusion et vibration hallucinatoires proche de celle suscitée pour le Palais Royal de Bruxelles dont le plafond a été métamorphosé par l'artiste à la demande de la Reine Paola. Un grand ciel vert vibrant "Heaven of Delignt" scène énergétique unique avec un sentiment de sublime confronté aux restes du passé. Comme ici à Lille où trois scarabées sacrés représentant la survivance (et délivrance) du Congo. Sous le nom de "Chalcosoma" la série désigne une espèce de scarabées rhinocéros du sud est asiatique, coprophage (qui se nourrit des excréments qu'elle transforme). Comme si la métamorphose des coléoptères symbolisait allégoriquement le processus de gestation et d'hybridations de l'art chez Jan Fabre, artiste qui creuse invariablement la nature protéiforme de l'oeuvre. Associée aux enluminures et objets d'art anciens du musée (2è partie de l'exposition) la série complète des petits bronzes dorés Chalcosoma s'inscrit dans un syncrétisme aux frontières de l'iconographie chrétienne occidentale. Preuve supplémentaire de la faculté de sublimation des influences et matières d'un artiste démiurge qui recouvre les crânes (vanités) de centaines d'élytres de scarabées-bijoux, donnant lieu à de nombreuses spéculations philosophiques existentielles. L'artiste agit ainsi en véritable performeur comme dans une explorations des limites physiques et psychologiques. Alors que se ferme également à Rome au MAXXI une vaste rétrospective orchestrée comme un voyage dans la mémoire de l'artiste flamand et son processus créatif, on mesure l'impact de sa démarche hors-normes que l'on soit sur une scène de théâtre comme à Avignon l'été dernier ou au milieu de collections d'art médiéval et de la Renaissance, sources inépuisables d'inspiration.


Infos pratiques :

JAN FABRE "Hommage à Jérôme Bosch au Congo
du 16 Octobre au 16 février 2014
ILLUMINATIONS
Trésors enluminés de France-Jan Fabre/Chalcosoma
du 8 novembre au 10 février 2014
Palais des Beaux Arts de Lille
http://www.pba-lille.fr

JAN FABRE : "Stigmata. Actions and Performances 1976 – 2013"
du 16 Octobre 2013 au 16 Février 2014 / MAXXI, Roma / organisée par Germano Celant.


Fougeron, l'indigné au Pays des mines. Jean-René Gauguin, fils prodigue.N'Krumah Lawson Daku, fabrique des regards (La Piscine)

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André Fougeron, Les parisiennes au marché, 1947-48
huile sur toile 130 x 195 cm. Musée d’Art moderne de Saint-Etienne Métropole. Photo : Y. Bresson. © ADAGP Paris 2014

André Fougeron, La cuisinière endormie, 1947
huile sur toile 130x97 cm. Roubaix, La Piscine musée d'art et d'industrie André Diligent.Photo : A.Leprince. © ADAGP Paris 2014

André Fougeron, Le pays des Mines, les Coqueleux, 1950
huile sur toile 130x195 cm
London, Tate ©the Estate of the André Fougeroux

André Fougeron, Civilisation atlantique, 1953
London, Tate © the Estate of the André Fougeron

N'Krumah LAWSON DAKU, Homo Sapiens is not for sale#2, 2011
©N'Krumah LAWSON DAKU

N'Krumah LAWSON DAKU, Flashin'THE WALL, Bamako 2011
©N'Krumah LAWSON DAKU

N'Krumah LAWSON DAKU,Flashin' BLUE, sans titre Bamako 2011
©N'Krumah LAWSON DAKU


André Fougeron, le héraut d'un siècle de témoignage injustement méconnu, renait à la Piscine de Roubaix sous l'impulsion de son directeur Bruno Gaudichon et de l'experte anglaise Sarah Wilson. Il faut dire qu'une salle de la Tate à Londres lui est consacré alors que la dernière rétrospective d'envergure remonte à 2005 et curieusement au musée national du Luxembourg. Bernard Ceysson avait alors ouvert la voie donnant à voir sa contribution au nouveau réalisme français et ses engagements politiques mais le parcours didactique proposé par la Piscine renouvelle la vision d'une oeuvre foisonnante et ce langage plastique si particulier et perméable aux combats de son temps. Actif des années 30 jusqu'au milieu des années 90, cet autodidacte issu d'un milieu ouvrier adhère au parti communiste en 1939 auquel il restera fidèle y compris au moment de l'affaire du portrait de Staline par Picasso. Responsable du Front national des arts pendant l'Occupation, son local rue Marchel Sambat se transforme en imprimerie clandestine. A la libération, il est chargé de constituer le dossier épuration de la scène artistique. Plaçant l'humain au coeur de ses préocupations esthétiques plutôt que le plaisir rétinien dont il se méfiera tout au long de sa vie, le trait et la couleur seront ses armes. Les horreurs de la guerre d'Espagne ou les états des Rues de Paris en 43 affirment son engagement avant que le voyage en Italie permette une relecture personnelle de Matisse et Picasso dans l'évocation de petits métiers, modernes incarnations d'une noblesse populaire. Mais c'est à la fin des années 40, qu'il prend la voie de l'affrontement avec la réalité sociale avec la "Cuisinière endormie" et "Femme endormie" ou "Les Parisiennes au marché" qui choque au Salon d'Automne. Mais c'est le drame de l'assasinat du militant communiste André Houllier en 1948 qui le fait basculer du côté de la tragédie politique évoquant la grande figure du martyre de David. Un hommage que choisira la fédération de la Seine du parti communiste comme cadeau à Staline pour son 70è anniversaire.  Intronisé ainsi peintre officiel du parti, la commande par la fédération Régionale des Mineurs du Nord-Pas de Calais du "Pays des Mines" intervient alors dans ce contexte. Trois ensembles enblématiques à valeur de manifeste autour du travail à la mine mais aussi les traditions, stigmates et drames issus de ces terrils. Un pari audacieux qui le fait avancer sur la voie du nouveau réalisme qui culmine en 1953 avec sa monumentale "Civilisation atlantique" en pleine guerre froide. Une rupture de style mal perçue par la critique qui annonce la peinture militante des trente dernières décénies. La faim dans le monde, les enjeux de la décolonisation, les rapports Nord-Sud, l'apartheid, autant de sources d'indignation où il affiche une dérive pop avec de vibrants a-plats et harmonies acidulées. Le parcours se referme sur son étonnant "Hommage à Courbet" dont la filiation d'autodidacte et le goût de la provocation se manifestent dans de grands collages peints au graphisme très avant-gardiste. Un cycle où cohérence et renouvellement de la modernité triomphent.
 
En parallèle, la Piscine puis la Maison du Danemark à Paris accueille l'artiste franco-danois Jean-René Gauguin 4è enfant de Paul et de son épouse Mette Sophie Gad. Le fils prodigue revient en France grâce au travail de Jean-Loup Champion commissaire de cette exposition inédite qui rend hommage à sa vocation de sculpteur et de céramiste dans une scénographie spectaculaire où matières et formes sont de concert marquées par les innovations et recherches techniques.
 
Egalement et sous le commissariat de Sylvette Botella-Gaudichon,dans le domaine de la céramique Michel Lanos "Fragments d'une poétique du feu" et Fabienne Auzolle.
 
Mais c'est surtout le commissariat qu'elle partage avec Eric Dohoun, autour du photographe d'origine togolaise N'Krumah LAWSON DAKU qui m'a véritablement séduit. La Fabrique des regards est un dialogue puissant entre deux séries "Flashin'Bamako" et "Homo Sapiens is not for sale".Comme si le flot de la vie bamakoise, des inconnus croisés sur la route du photographe, répondait aux baigneurs anonymes de la Piscine dont on entend les voix à intervalles fixes. Une affinité et proximité émotionnelles servies par une maîtrise des codes et enjeux de la peinture, tandis que ces portraits qui se détachent de fonds neutres sans aucun détail ni artifice nous interpellent dans leur gravité silencieuse. Portraits-masques, fenêtre ouvertes sur un mystère singulier et universel. Une fois encore le photographe montre sa capacité à "remettre à sa vraie place l'humain au centre (réel ou symbolique) de l'image" comme le résume la commissaire. Cette première présence africaine dans le musée a demandé plusieurs années de travail et d'échanges fructueux entre les deux commissaires qui ne vont certainement pas en rester là !
 
Voilà au moins 3 bonnes raisons pour aller à la Piscine...
 
Infos pratiques :
 
 
André Fougeron
"voilà qui fait problème vrai"
Jean-René Gauguin
Michel Lanos
Fabienne Auzolle
N'Krumah LAWSON DAKU
"Die Augenfabrik"
 
du 15 février au 18 mai 2014
 
 

Que faire avec les enfants pendant les vacances ? (la Nuit, les astres, l'imaginaire au pouvoir..)

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Affiche exposition "Nuit" Jardin des plantes 2014

Art Orienté Objet, "La peau de chagrin" Installations,sculture en résine,tricot,ampoules,fluoro-compactes et détecteur de présense.Photo:Nelly Blaya

Art Orienté Objet "Un aigle et une colombe se tranforment l'un en l'autre" Installation,buche,branche,céramiques,flaque de verre,néons.Photo:Nicolas Hoffmann.

Art Orienté Objet "Transe-fusion" Installation,sire anatomique de femme avec une tete de squelette de cheval gravée,néons.Photo:Nicolas Hoffmann.

Børre Sæthre, Sans titre (The Tarkin Doctrine), 2012 Plexiglas, néons, portes coulissantes programmées, son.Dimensions variables Courtesy Borre Saethre and Loevenbruck Gallery, Paris Photo © Maxime Dufour

Jean Luc Favero, Cerf transfiguré, 2013 Crâne et bois de cerf, fer et grillage galvanisé 400 × 300 × 250 cm © Jean-Luc Favéro

David Altmejd, Sans titre, 2009 Plâtre dentaire sur bandes de toile de jute, métal.Dimensions variables Courtesy Les Abattoirs, Toulouse & Andrea Rosen Gallery, New York

L'Enigme, Paris, musée d'Orsay
© RMN (Musée d'Orsay) /Jean Schormans

The Happy Show, Gaîté Lyrique.

L'éternelle question des mamans à l'approche des vacances : 15 jours peut paraitre long mais quand on habite Paris ou les environs, on est assez chanceux ! Guide de survie :

- Se plonger dans la"Nuit" du Museum d'histoire naturelle
Sous la carte actualisée en temps réel du ciel nocturne du Jardin des Plantes nous assistons à la rotation de la lune ou des constellations, révisons nos repères célestes ou plongeons avec bonheur dans le cinéma de Méliès. Une approche avant tout ludique qui n'empêche pas des bases scientifiques savamment mises en musique par les trois concepteurs Élodie Robert, Sophie Grisolia et Didier Julien-Laferrière. Véritable fil rouge de l'exposition la pollution lumineuse que l'on peut réussir à diminuer. Cette dimension pédagogique se retrouve à différents points de la ballade dans la forêt magique et mystérieuse où plus de 350 spécimens naturalisés vous livrent leurs secrets de survie pour se débrouiller dans l'obscurité et même chasser. Un peuple en éveil avec des stratégies étonnantes comme ces capteurs de lumière d'yeux ultra puissants, ces ultrasons destinés à déjouer l'ouie des prédateurs ou un odorat très prononcé. Certains animaux sont même dotés d'un sixième sens tel ces capteurs thermiques chez le serpent nocturne crotale dont le museau fonctionne comme un caméra infrarouge. Des cabanes de sens réactivent ces trouvailles. Puis c'est le temps du rêve où l'imaginaire du spectateur oscille entre croque-mitaines, loups-garous et vampires à partir d'extrais de films ou de dessins animés. "Bonne nuit les amis" voisinne avec Twilight ou Dracula dans un grand moment de frisson avant que nos consciences se penchent sur notre qualité de sommeil avec quelques astuces à la clé. Poétique et sensible, métaphorique et prophylactique (objets prêtés par le musée du Louvre ou le Quai Branly comme ce fascinant "attrapeur" de rêves amérindien) ce parcours entre autres vertus, revisite les mythes emblématiques liés aux monstres à travers les âges. Antichambre à nos peurs et à la mort,la nuit fascine toujours autant. Les enfants le temps de la visite-atelier mènent l'enquête au coeur de la nuit.

-Dessiner l'invisible avec le Espace Culturel Louis Vuitton
Sur l'impulsion de Pascal Pique, fondateur du Musée de l'Invisible, Astralis se propose de voyager dans l'insondable et l'outre-monde, des dimensions dont seuls les artistes peuvent nous parler. Des expériences initiatiques où vous croiserez un cerf en pleine lumière, une baleine dans la brume, une chambre des constellations, des créatures hybrides, de la poussière d'ange et de cristaux, une échelle de lumière. Les enfants le temps d'un parcours dansé ou d'un atelier repartiront avec un mobile qu'ils auront créé et partageront une part de ce rêve d'aller au-delà des étoiles.(parcours croisé avec le musée de la chasse et la Gaîté Lyrique)

-Redécouvir l'animalité avec le duo Art Orienté Objet au musée de la chasse et de la nature
Les deux artistes invités Marion Laval-Jeantet et Benoît Mangin investissent tous les moindres recoins de ce vaste cabinet de curiosité consacré à la nature sous toutes ses formes.Le Jardin des délices est un troublant délire entre cérémonie d'initiation, sciences du vivant, greffes et prothèses. Une hybridation savante que les enfants s'approrieront dans ce lieu raffiné et poétique.

-Suivre la bande à Doré, illustrateur, caricaturiste et peintre de génie au musée d'Orsay dont les héros fantastiques sont une source inépuisable pour les créateurs d'aujourd'hui (bande dessinée et cinéma). Dans l'atelier les enfants mettent en vignettes et en bulles leur propre vision du style.Egalement pour Jeune Public visites en famille, théâtre musical, opérette...

-Explorer le bonheurà la Gaîté Lyrique
Partir à la recherche du bonheur avec le graphiste Stefan Sagmeister. Participer avec son corps et embarquer sur le vaisseau pour la planète du capitaine Futur. Projections, concerts, exploration sensorielle et intellectuelle.


Infos pratiques :

Museum national d'histoire naturelle
Nuit
jusqu'au 3 novembre 2014

Espace Culturel Louis Vuitton
Astralis
jusqu'au 11 mai 2014

Musée de la chasse et de la nature
Le jardin des délices
jusqu'au 2 mars 2014

Musée d'Orsay
Gustave Doré, l'imaginaire au pouvoir
jusqu'au 11 mai 2014

La Gaîté Lyrique
The Happy Show
jusqu'au 9 mars 2014




Etat du Ciel, saison 1, Palais de Tokyo : on retiendra quoi ?

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Angelika Markul, 400 milliards de planètes, 2014
Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève, Paris
Photographie d'un observatoire au Cerro Paranal (Chili)
 
 
Angelika Markul, Gorge du diable, 2013
Installation video/vue d'installation, Museum Sztuki
Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève, Paris/ Galeria Leto, Varsovie
 
Agelika Markul, Bambi à Tchernobyl, 2013, Courtesy Galerie Suzanne Tarasieve, Paris/Galeria Leto, Varsovie
 
Georges Didi-Huberman
Mnémosyne 42 (2012)
Vue de l'installation au Fresnoy, Studio national des arts contemporains Photo : Arno Gisinger
 
Je vous l'avais annoncé en tout début d'année cette saison météorologique et cyclothymique au Palaisde Tokyo où le paysage de nos inquiétudes est tracé par les artistes qui se penchent sur l'état du monde. Parmi les propositions foisonnantes j'en retiendrai deux : Terre de départ d'Angelika Markul et Nouvelles histoires de fantôme de Georges Didi Huberman rejoint par Arno Gisinger pour cette réactivation initiée au Fresnoy.
« Le temps, la mémoire, l’extinction des choses et leur renaissance » une conversation que la plasticienne Angelika Markul, lauréate prix SAM art contemporain 2012, ne cesse de poursuivre exploitant les ressorts de la théâtralité d’un espace dont elle sonde les profondeurs du noir dans des environnements sensoriels troublants. Démoniaques pourrait on résumer tel le titre de sa dernière rétrospective au musée Sztuki à Lodz en Pologne (son pays d’origine) où s’entrecroisent les liens de la mémoire collective à celle plus intime de son histoire. Une pratique récurrente chez cette artiste vivant en France et dont les trophées s’arrachent et s’amassent au sol dans un magma organique qui n’est pas sans rappeler la grotte originelle (ventre archaïque) du commencement de la vie ou le chaos de la fin du monde. Un entre deux que sculpte les néons offrant des pièges comme pour révéler la face cachée et obscure du mythe. Les cages de résonnance de ces mirages s’inscrivent dorénavant au Palais de Tokyo qui lui offre 1400m² dans le cadre de cette nouvelle saison, soit sa plus grande exposition jamais réalisée. A partir du film tourné dans la zone interdite et mutante de Tchernobyl « Bambi à Tchernobyl » elle mêle sculpture, video et installation pour inscrire à nouveau cette part de refoulé, ce gisant au centre qui grossit et représente un autoportrait en filigrane Dans une scénographie conçue avec Daria de Beauvais, la commissaire, en 5 parties (5 pièces qui forment une seule oeuvre),nous partons de traditions chamaniques indiennes « Terre de départ» pour après une pause méditative silencieuse, aborder les rives du Styx avec ces corps momifiées et ce cours d’eau à contre sens. Puis un couloir de plastique noir, matière qu’elle s’approprie depuis toujours, nous conduit à « 400 milliard de planètes», des images tournées au Chili vers le ciel, comme pour redire la qualité de l’homme face à cette malédiction intérieure sous jacente. On ressort bouleversé de cet univers. Un questionnement sur l'invisible engagé et sensible qui place Angelika Markul sur une nouvelle orbite !


Hommage contemporain à l'oeuvre d'Aby Warburg par Georges Didi-Huberman qui depuis plus de 30 ans arpente et approfondit notre relation psychique et éthique aux images, Nouvelles histoires de fantômes est une plongée dans la dynamique de la lamentation. Des gestes et du pathos de la souffrance comme traversée et inversion énergétique à partir de la planche 42 de l'atlas Mnémosyne. Arno Gisingerà l'invitation du philosophe, revisite le travail initial qui a fait l'objet de plusieurs variantes, à "l'époque de sa reproductibilité technique"dans une scénographie spécialement conçue qui réserve surprises et émoi. Bluffant !
Assez déçue par contre par la matrice de David Douard qui peine à s'emparer de l'espace qui lui est aloué pour Mo'swallow, tandis que Des Choses en moins, des choses en plus du CNAP se veut une exploration immatérielle de la notion de la performance. Une nouvelle approche trandisciplinaire de l'exposition qui mérite de prendre le temps pour ce face à face pas imméditament lisible.
 
Infos pratiques :
 
Terre de départ/Angelika Markul
jusqu'au 12 mai 2014
 
Nouvelles histoires de fantômes/Geoges Didi-Huberman et Arno Gisinger
jusqu'au 7 septembre 2014
 
Des choses en moins, des choses en plus
jusqu'au 2 mars 2014
 
 
 


Entre les lignes, GEGO à la Maison de l'Amérique Latine

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Gego, Tejedura 89/13, 1989 © Fundación Gego

Gego, Sans titre (Tamarind 1843 Color separation N°1)1966 Gouache sur papier 47x32 cm © Fundación Gego

Gego, Esfera N° 5, 1977 © Fundación Gego

Gego during installation of Reticulárea. Museo de Bellas Artes, Caracas 1969 Photo: Juan Santana © Fundación Gego
 
Alors que se referme bientôt à Hambourg, sa ville natale où est organisée à la Kunsthalle une exposition de Gego (née Gertrude Goldschmit 1912-1994) et d'Eva Hesse, deux artistes qui mettent en jeu des oeuvres sérielles et conceptuelles, à Paris la Maison de l'Amérique Latine propose un concentré de 40 oeuvres provenant de la Collection Mercantil à Caracas et d'autres pièces de la Fondation Gego. Cette artiste exilée à Caracas en 1939 et diplomée architecte-ingénieur de l'Ecole technique de Stuttgart en 1932 par son utilisation aérienne de la ligne défiant la gravité compte parmi les artistes emblématiques de l'Amérique latine des années 1950 à 90. Pour l'artiste la ligne est l'image et constitue l'oeuvre en soi. Combinée à une exaltation du matériau (fils en acier, grilles, barbelés, clous, câbles) les Reticulares (Réticulaires) armatures suspendues peuvent atteindre des dimensions spectaculaires et même devenir tridimensionnelles Chute Réticulaire (Chorro Reticulàrea). De véritables "réseaux d'essaims métalliques dépourvus de centre, sans projet, aléatoires" se dessinent alors et déportent la pièce vers les marges comme l'explique le critique Luis Pérez Oramas. Le spectateur devient le coeur d'une expérience physique inédite comme on le retrouvera chez d'autres artistes de cette époque : la fameuse galaxie cinétique latino-américaine avec par exemple les Pénétrables de Jesus Rafael Soto. Se joue alors sur les murs et le sol le ballet des ombres portées. Une danse entre le vide et le plein, gracieuse, légère et musicale, comme avec les Verticales qui se rapprochent d'instruments traditionnels africains. Un flux anarchique et jubilatoire ou le sursaut vital, l'énergie créatrice flirtent avec l'abscence, le rien. Filets, tissages que l'on retrouve déclinés sur son oeuvre papier, autre volet en parallèle exposé. Comme si les halos de lumière des compositions géométriques préfiguraient les limites canoniques du dessin. Eau-forte, aquarelles rejoignent les automatismes d'Henri Michaux dans une dérive obsessionnelle riche d'infini. Artiste inclassable, Gego la visionnaire est aussi célébrée dans le très subtil documentaire de Nathalie David, plasticienne française, dîplomée de la Villa Arson qui, dans une approche historienne et intimiste, mêle et entrecroise la vie et l'oeuvre de Gego à partir de témoignages de ses proches, de ses élèves (elle enseigna notamment à la Faculté d'Architecture et d'urbanisme à son retour de New York) et des curatrices de la Kunsthalle, commanditaire du film.
Un témoignage exigeant et poétique qui referme avec élégance cette parenthèse aux multiples échos et résonances. Ne manque plus qu'un voyage à Caracas à la recheche des nombreuses traces et monuments laissés dans l'espace urbain. Des gestes à valeur de projet social.

Visionner :
Bande-annonce du film Gertrud Louise Goldschmit GEGO de Nathalie David

GEGO | Gertrud Louise Goldschmidt - YouTube

Infos pratiques :

Gego
Poétique de la ligne
jusqu'au 14 mai 2014

Maison de l'Amérique Latine
217 Bd Saint Germain, 75007 Paris

http://mal217.org/

Catalogue publié à cette occasion avec des textes d'Anne Louyot, Matthieu Poirier et Tahia Rivero.

Gego. Line as Object
29 novembre 2013 - 2 march 2014
KUNSTHALLE DE HAMBOURG


Poor Lonesome Cosmic Friedrich Kunath !

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Friedrich Kunath, vue de l’exposition A Plan to Follow Summer Around the World, Centre d’art contemporain d’Ivry – le Crédac, 2014. Photo : André Morin / le Crédac. Courtesy de l’artiste et Blum and Poe, Los Angeles ; BQ, Berlin ; Andrea Rosen Gallery, New York

Friedrich Kunath "Is There Life Before Death", 2012 Vidéogramme,Vidéo (DVD couleur, son) / DVD, colour, sound, 37:35 min. © Courtesy de l’artiste et /Blum and Poe, Los Angeles; BQ, Berlin; Andrea Rosen Gallery, New York; White Cube, Londres.
 

Friedrich Kunath, Untitled (Peach Sunset), 2011. Tirage couleur, 33.7 x 50.8 cm. Photo : Ben Westoby, Londres. Courtesy Blum and Poe, Los Angeles; BQ, Berlin; Andrea Rosen Gallery, New York; White Cube, Londres.
 
Friedrich Kunath "What Difference it makes when it Doesn't Make Any Difference Anymore", 2013
 
Mousse polystyrène, peinture, disque vinyle © Courtesy de l’artiste et Blum and Poe, Los Angeles; BQ, Berlin; Andrea Rosen Gallery, New York; White Cube, Londres.
© Photo: Roman Maerz, Berlin.
 
Friedrich Kunath “For Everyman”, 2006 (Détail)12 tirages couleur. © Courtesy de l’artiste et Blum and Poe, Los Angeles; BQ, Berlin; Andrea Rosen Gallery, New York; White Cube, Londres
 

Friedrich Kunath "Lonesome Cosmic Doppelganger", 2013 Acrylique, crayon de couleur, graphite, fusain, encre de chine et vernis sur papier © Courtesy de l’artiste et Blum and Poe, Los Angeles; BQ, Berlin; Andrea Rosen Gallery, New York; White Cube, Londres
© Photo: Brian Forrest, Santa Monica.
 
Né en Allemagne de l'Est et vivant à Los Angeles depuis 2007, Friedrich Kunath exposé au Credac d'Ivry sur Seine, incarne cette dualité dans l'instabilité de l'entre-deux. Un personnage à la Buster Keaton, dont l'errance fait plutôt pencher le clown vers des contrées arides et solitaires dans une entrave sans fin telle que décrite dans la video de la 1ère salle consacrée au voyage et ses paradoxes contemporains. Accumulation de valises vintage qui invitent à la nostalgie de vacances tragico-comiques et autres stéréotypes (chaussures et mocassins géants "Honey I'm Home(Egg)") pour mieux en détourner l'imagerie populaire. Des vanités qui telles des métaphores surréalistes traduisent la posture et tentation de l'illusion d'un homme qui cherche sa place. Traversée burlesque de paysages en série comme pour dire une insatisfaction latente qui débouche salle 2 sur les mécanismes d'empathie de l'humain "animalisé". Des fables où des loutres de mer rejouent l'anthropomorphisme de Magritte et une otarie l'ésotérisme de Dürer dont la fameuse gravure Melancholia, emblématique de l'artiste romantique. Une mise en abyme de forces antagonistes sur le doute et l'interrogation existentielle "Is There Life Before Death". Avec la dernière salle "Sunset room" il est aussi question de leurs dans la publicité factice et paradisiaque : le coucher de soleil et autres parfums disparus. Le "Paradise Lost" atteint son paroxysme dans le grand tableau produit pour l'exposition d'après Vuillard (Les Premiers Fruits 1899) qu'il reprend en y ajoutant des touches anachroniques. Comme si "à rebours" (autre référent du héros Des Esseintes) le voyage s'inscrit dans un espace clos et confiné d'objets qui se substituent à l'idée même du déplacement. L'alter ego romanesque de l'artiste à la Caspar David Friedrich, autre icône dans le panthéon allemand, se débat  dans une série de situations toujours seul et déraciné. Métaphore du promeneur solitaire souriant ou grimaçant tel le malheureux Geoffrey Firmin dans "Au dessus d'un volcan" de Malcom Lowry, il semble que l'artiste possède une faculté unique de condenser high and low culture dans des télescopages où la fiction et le fanstasme de la Ville des Anges se frottent aux limites de la vieille europe du 19è siècle. Des tensions solaires et lumineuses où le lyrisme efface la possible décadence du noir.




Infos pratiques :

Friedrich Kunath
A Paln to Follow Summer Around the World
Le Crédac centre d'art contemporain d'Vry, La Manufacture des Oeillets,

jusqu' au 23 mars 2014.

25-29 rue Raspail – 94200 Ivry-sur Seine.
 

Du côté des galeries...

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Shahar Marcus, Leap of faith, vidéo 03’03 min, 2010 Courtesy the artist/ Galerie Maubert, Paris

Luis Camnitzer, Envelope, 1967 ; LivingRoom : Model for an environment ; Dictionary, 1969-1970 Courtesy the artist/Cortex Athletico Paris

Mounir Fatmi They were blind, they only saw images,vue d'exposition Courtesy the artist/Galerie Yvon Lambert, Paris

Latifa Echakhch, Vue de l’exposition All Around Fades to a Heavy Sound , kamel mennour, Paris, 2014 © Latifa Echakhch — Photo : Fabrice Seixas — Courtesy de l’artiste/kamel mennour, Paris

Camille Henrot, Grosse Fatigue, 2013 Vidéo ( couleur, sonore ) — 13 min Courtesy of the artist, Silex Films/ Kamel Mennour

Agnès Varda, Le Puzzle des 5 bacheliers, détail Courtesy of Agnès Varda/Galerie Nathalie Obadia, Paris / Bruxelles

Bruno Perramant, Portrait de l’artiste au sac de riz, 2010 huile sur toile © In situ fabienne leclerc

Beyond, Galerie Maubert :

Au-delà et l'au-delà. Au-delà des frontières, des limites de l'art et de soi-même. Les artistes démiurges et alchimistes sélectionnés nous invitent au dépassement (Yann Kersalé, Gal Weinstein) et au saut dans le vide (Shahar Markus) dans un dialogue intergénérationnel rafraichissant et stimulant. Recyclage de la matière (Lionel Sabatté, Nicolas Daubanes) échappées poétiques et sensibles (None Futbol Club), interactions multiples (Payram). Une proposition atypique et salutaire en ces temps de formatage du goût.

Luis Camnitzer une première à Paris chez Cortex Athletico :

L'uruguayen est pour la première fois exposé en France chez Cortex Athletico sous le titre subversif "Maïs, courge et carotte : jeu sur les rapports arbitraires du langage", clin d'oeil au mentor Simon Rodriguez et les prénoms choisis pour ses trois enfants, loin des critères habituels ! Figure tutélaire du conceptualisme en Amérique Latine, Rodriguez éducateur et philosophe utopiste est une source d'inspiration constante pour l'artiste pédagogue et théoricien né à Lübeck en 1937 qui quitte le Montevideo pour émigrer à New York à l'âge de 27 ans où il fonde avec Liliana Porter et Guillermo Castillo,The New York Graphic Workshop, atelier d'expérimentation graphique et politique. Pionnier de l'art conceptuel, les travaux de Luis Camnitzer prennent un nouveau tourant avec la vague de coups d'état qui secoue les différents pays d'Amérique Latine. Les liens qu'il établit autour du langage, son processus et sa figurabilité dans des combinaisons reliant signe graphique et vocable non dénuées d'humour renvoyant à Magritte nous ouvrent un monde à la poésie subtile et infinie pour qui prend le temps de s'y pencher. Volontiers provocateur, son manifeste sur les valeurs arbitraires du marché de l'art et statut de l'artiste est placardé dans les environs de la galerie, créant une attente, comme une piste à suivre. Le rencontrer est un privilège, tant ses oeuvres ont été exposées dans des institutions prestigieuses de part le monde (MoMA, Museo de la Barrio (NY), Documenta, Darros Museum (Zurich)...

Mounir Fatmi intègre la galerie Yvon Lambert :

Celui qui fait scandale à Toulouse et à Paris à l'Institut du monde arabe, intègre la galerie Yvon Lambert. Une consécration pour ce marocain vivant en France dont on connait le goût pour les sujets polémiques et en particulier la religion, qui pour cette carte blanche nous donne un concentré éblouissant de son talent dans une dialectique savante du montré/caché. La video Sleep Al Naim où le corps endormi de l'auteur des Versets sataniques est comme réanimé par l'artiste ou les néons aveuglants de la sourate 24 du Coran sur la lumière interrogent la question de la réprésentation et rejouent Malevich. Un alphabet de l'histoire de l'art qu'il réécrit avec véhémence.
 
Bruno Perramant Le Maître des anges rebelles, In Situ, Fabienne Leclerc :
 
L'on retrouve les mêmes règles chromatiques à dominance grise ou verte observées aux Bernardins (les Aveugles 2013) mais avec quelques variantes dans les noirs pour affirmer de nouveau la vocation de la peintre comme expérience très physique . Un vieil homme privé de parole est affublé de toutes sortes d'orifices, tubes, protubérances. Comme si la peinture requiert d'autres sens que la vue. "L'oeil écoute".

Anne-Charlotte Yver chez la jeune galerie Marine Veilleux :

Félix Pinquier m'avait mis sur la voie de cette nouvelle venue qui fait déjà parler d'elle rue de Montmorency à l'emplacement de Bertrand Grimont parti s'agrandir à quelques encablures. Différents états de transformation et indices de fluidité du béton chez cette dîplomée des Beaux Arts remarquée au Palais de Tokyo dans Condensation sous le commissariat de Gaël Charbeau. Un rapport de force sur l'état architecturé où la puissance chaotique le dispute au fragment.

En écho à New York Moment au musée de Saint-Etienne à la galerie Zürcher
Brian Belott, Paul DeMuro et Amy Feldman, une nouvelle génération emblématique.

Agnès Varda chez Obadia :

Un peu de people car ils étaient nombreux le soir du vernissage autour d'Agnès Varda pour cette première exposition personnelle chez Nathalie Obadia. Alors que le LACMA (Los Angeles County Museum of Art) celèbre "Agnès Varda in Californialand"jusqu'en juin Salma Hayek est venue découvrir "Triptyques atypiques"qui mêle portraits et images en mouvement. Une référence au chiffre 3 et à la peinture ancienne emblématiques chez cette réalisatrice de la Nouvelle Vague, devenue jeune artiste visuelle. Les visiteurs sont accueillis par le puzzle des 5 bacheliers de Noirmoutier, nus "le tryptique de Noirmoutier" exposé à la fondation Cartier en 2004 et depuis entré dans leur collection. L'on retrouve aussi Sandrine Bonnaire (Sans toit ni loi) et sa réflexion sur la photographie.
 
Rive Gauche, Latifa Echakhch et Camille Henrot, Kamel mennour
 
Prix Marcel Duchamp 2013, Latifa Echakhch signe sa 3è exposition personnelle à la galerie Kamel Mennour (nouvel espace rue du Pont de Lodi). Comme dans un décor de théâtre, une toile froissée, abandonnée, désertée en quelque sorte. Des tableaux encrés laissés aux lois du hasard (elle utilise une encre phtalo à partir d'un colorant au bleu profond) donnent une sensation d'inachevé très mélancolique. Rue Saint André des Arts, Camille Henrot présente Grosse Fatigue que j'avais découvert à la Biennale de Venise, entreprise titanesque sur la compilation du savoir réalisée au Smithsonian Institute.


Nouveau Festival, 5è édition : danse, mémoire et oubli

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Daniel Buren, Photo-souvenir : [Sans Titre], [mars] 1990 Travail in situ permanent, Hôtel Furkablick, Furkapasshöhe, Suisse, détail © Daniel Buren, Photo Daniel Pimley © DB — Adagp, Paris 2014

Rémy Zaugg, sans titre (18.08.1988), peinture et vidéo. (Aufdi Aufdermauer)

Rachid Ouramdane, Des témoins ordinaires Photo © Patrick Imbert

Simon Fujiwara, New Pompidou, 2014 Courtesy de l’artiste — Photo © Tom Parsons

Xavier le Roy "Rétrospective” (Lluis Bover, Fundacio Antoni Tapies)

Xavier Le Roy "Self Unfinished",1998. (Photo Katrin Schoof)

Non je ne vous écris pas des Alpes Suisses et pourtant j'aimerais bien poster à longueur de journées des photos de pistes au soleil sur mon FaceBook ! C'est plus sérieux (quoique) et cela se passe au coeur de la création vivante.
Bernard Blistène, directeur artistique du Nouveau Festival et nouveau directeur du Musée national d'art moderne/centre de création industriel peut se féliciter.
Pluridisciplinaire et en écho avec les fondamentaux du Centre Pompidou pendant 3 semaines totalement gratuit, ce Nouveau Festival une hypothèse devenu réalité invite à des rencontres quotidiennes autour des questions de la réméniscence (Allégories d'oubli, Train Fantôme, Ce qui fait oubli au cinéma) de la danse et ses traces (rétrospective de Xavier Leroy, Videodanse, rapports avec le cinéma) et d'un "devoir de se souvenir".Philosophes, historiens, artistes, chorégraphes, interprètent se succèdent en continu. Inviter les artistes, produire des pièces, nouer des partenariats comme avec les Galeries Lafayette (projet d'Olaf Nicolai). Le train fantôme de Charles de Meaux cinéaste, en référence à celui de Tinguely au Forum -1 dans les entrailles comme dans un voyage immobile nous hyptnotise par ces références-citations de films marquants. Partant des tuyaux blancs qui ressortent de la Piazza il imagine une forme de tension entre deux tuyaux, les viscères de notre imaginaire. Clin d'oeil amusé à la fête foraine mais sans le train !  Il propose aussi Face B avec des projections de films inédits jamais projetés en salle. Parmi les propositions foisonnantes qui serpentent les espaces tels un labyrinthe et se confrontent aux performances, je retiendrai l'expérience Furkart tout d'abord menée en Suisse entre 1983 et 1999 hôtel Furkablick où une soixantaine d'artistes (Abramovic and Ulay, Daniel Burren, Jenny Holzer, Olivier Mosset, Richard Long...) invités par l'éditeur et galeriste Marc Hostettler et sous l'impulsion de James Lee Byars mènent des projets atypiques à 2436 mètres d'altitude. Une incroyable aventure retracée notamment par le diaporama inédit de Mario Garcia Torres.
Mais c'est surtout la carte blanche donnée à Xavier Le Roy galerie Sud pour sa rétrospective conçue comme "une chorégraphie d'actions, de gestes et de paroles" qui me séduit véritablement. Après Barcelone et ses 6 performers, c'est une vingtaine d'interprètes qui s'approprient le répertoire du chorégraphe des solos dont Self-Unfinished mais aussi pièces plus romantiques comme Gizelle et ses parties délaissées "la Face B de Giszelle, ou Parties que nous avions prévu de ne pas montrer"et  "Poubelle de Gizelle". Danseur emblématique du geste et la parole  (la "non danse") diplômé en biologie moléculaire Xavier Le Roy expérimente son propre corps désarticulé et en constante métamorphoses "Upside Down". Ici les chorégraphes recyclent, réactualisent, voir cannibalisent pour nous plonger dans une relecture de l'espace même d'exposition. Une proposition qui fera date et se poursuit au Théâtre de la Cité Internationale de Paris où l'on peut découvrir les trois : Self Unfinished, le Sacre du printemps et Produit de circonstances qui ont en commun de détourner les conventions des formes théâtrales.

Infos pratiques :

Le Nouveau festival
jusqu'au 10 mars 2014
Centre Pompidou

http://www.centrepompidou.fr/

Programme des évènements un extrait :

Pierre Huyghe
Rencontre Mercredi 26 février à 14:30 (sous réserve)
Kerry Tribe — Episode
Evénement Mercredi 26 février à 20:30 (2006) Vidéo, couleur, son, 30’
Joachim Koester
Rencontre Jeudi 27 février à 14:30
Meris Angioletti
Rencontre Vendredi 28 février à 14:30
Manon de Boer — Dissonant et Resonating Surfaces
Cinema Samedi 1 mars à 18:00
Dissonant (2010, 11’) et Resonating Surfaces (2005, 39’) Projection suivie d’une rencontre avec l’artiste.
Alex Cecchetti
Rencontre Lundi 3 mars à 14:30
Robert Barry
Rencontre Mercredi 5 mars à 14:30
Simon Dybbroe Møller et Nina Beier — Rencontre cinématographique
Rencontre Mercredi 5 mars à 20:00
Une rencontre entre Sporting (2013) de Simon Dybbroe Møller et The Complete Works (2009) de Nina Beier interprété par Ellen van Schuylenburch et filmé par le documentariste Sam Lawlor (2014) Film, approx. 15’. Projection suivie d’une rencontre avec les artistes.
Sophie Calle
Rencontre Jeudi 6 mars à 14:30 (sous réserve)
Xavier Le Roy et Laurent Goldring
Rencontre Vendredi 7 mars à 14:30
A 17h : Lancement de l’ouvrage Rétrospective par Xavier Le Roy en présence de Xavier Le Roy, Frank Gautherot, et Bojana Cvejic.
Chantal Pontbriand et Clément Dirié
Rencontre Samedi 8 mars à 14:30
A 16h : Lancement de l’anthologie Parachute Volume II : Performance & Performativity.
Amy Granat et Drew Heitzler — T.S.O.Y.W.
Cinema Samedi 8 mars à 18:00
(2007) Film 16mm transféré en vidéo, couleur, son, 200’
Projection précédée d’une introduction par Olivier Mosset.
Mark Geffriaud
Rencontre Lundi 10 mars à 14:30



Agnès Thurnauer, la peinture qui nous regarde

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Agnès Thurnauer, Autoportrait 1, 2010 acrylique et bois sur toile 54x65 cm
Courtesy l'artiste

Agnès Thurnauer, Big-big#15, acrylique sur toile 1995 200x175 cm
Courtesy l'artiste, Collection Masathis

Agnès Thurnauer, Biotope (être un artiste) 2004,acrylique sur toile155x120 cm
Courtesy l'artiste, Collection Société Générale

Agnès Thurnauer, Reflexion on reflection 2011 acrylique sur toile 200x280 cm
Courtesy l'artiste, Collection privée

Agnès Thurnauer, Prédelle (now) 2008 acrylique sur toile 55x33 cm
Courtesy l'artiste

Agnès Thurnauer, Execution de la peinture 2010 acrylique sur toile 200x280 cm
Courtesy l'artiste

Agnès Thurnauer devant Olympia #2 et Matrice vernissage presse.

Claude Cahun (Lucy Schwob 1894-1954) Autoportrait vers 1928 Tirage argentique d'époque

Eva Hesse (sans titre) 1960 Huile sur toile 92x92 cm

Parcourir les collections du musée des Beaux-Arts de Nantes avec Agnès Thurnauer c'est entrer dans un monde de silence, le silence de la peinture en train de se faire. Un peu comme ces formes qui nous accueillent au seuil de la Chapelle de l'Oratoire"Big-big et Bang-bang"des personnages en mouvement devant la toile qui redisent la place donnée au regardeur. Comme chez Manet, son maître absolu qui donne l'orientation cardinale de l'installation de Nantes. "Now, when, then"durée et simultanéité, dualité toujours chez cette artiste de la transposition pour qui le texte et l'image restent indissociables d'un rapport physique et mental au temps. Glissements et porosité d'une oeuvre en réaction au flux. Des mots qui se déplacent comme pour apporter des réponses transitoires à des questions par essence immémoriales. Des prédelles aux ailes, il n'y a qu'un souffle celui de l'esprit et le mouvement ascensionnel renforcé par l'espace théâtral du lieu nous projette dans une dimension presque allégorique de l'acte de peindre. Prenant comme illustres témoins Madame de Senonnes d'Ingres, le Portrait d'homme de Tintoret ou L'homme assis à la canne de Picasso, chefs d'oeuvre du musée Agnès Thurnauer s'inscrit dans une filiation qui couvre tous les âges "une phrase en exergue" comme elle l'explique devant cette frise de 12 portraits. Un regard de la peinture totalement inédit et novateur pour un musée des Beaux Arts dû à Blandine Chavanne, conservatrice en chef du musée et Catherine Grenier conservatrice au centre Pompidou qui se partagent le commissariat. Que l'on soit chez Gerhard Richter, Eva Hesse ou Luc Tuymans il en va d'une certaine lecture de l'histoire de l'art où c'est la fulgurance du présent qui prime et dicte les croisements de la serveuse des Folies Bergères à la figure de l'écrivain traqué Michel Houellebecq lors de sa remise du prix Goncourt. Une "Exécution de la peinture"que surveille Picasso d'un oeil, tandis que l'Olympia se voit affublée de toute une cohorte syntaxique autour du mot femme. "Ma crevette, ma poupée, ma souris(..) ma nana, ma pute,ma traînée(...) une multitude comme pour redire l'impossibilité de la définition mais aussi du genre. Incursion dans la veine plus féministe de l'oeuvre d'Agnès Thurnauer qui a eu le mérite et le courage de s'attaquer au versant de la femme artiste si peu présent sur nos cimaises avec ces "Portraits grandeur nature" sur badges géants pièce emblématique du centre Pompidou (à l'entrée de l'exposition Elles@). Dans les Lecteurs il s'agit de la confrontation de Victorine Meurent l'une des muses de Manet et d'un rebelle lybien contemporain, personnages duels et hybrides qui s'inscrivent sur la mappemonde d'un même territoire, celui de l'espace critique. Une brèche qu'elle ouvre et qui prend vériablement sa source dans les Matrices,spécialement conçues pour le choeur de la Chapelle, matière mouvante de mots manifestes dispersés dans une géographie des profondeurs. Une traversée du corps et des slogans/injonctions à valeur esthétique autant qu'idéologique. Avec la somptueuse série des Biotopes, autres matrices ces contorsionnistes qui ne sont que des figures de l'artiste à l'oeuvre il s'agit d'images trouvées dans la presse comme la couverture du Monde du 11 septembre (2001). Des collages où l'acte de performance se voit modelé par la réminiscence de la lettre alphabétique. La peau de léopard indique quelque chose de sauvage, le tableau devenant circuit fermé, biotope à soi tout seul. Ce motif se poursuit dans le petit autoportait qui fait face à Claude Cahun. Habile rapprochement où le cerveau devient "autant matière que la couleur".
Temps historique, temps social, autobiographique même, la pratique picturale de l'artiste a cette faculté de mouvance et d'amplification qui agit longtemps après. Comme une énigme sans cesse réactivée par le regard elle nous parle de l'ici et maintenant. Le temps devient cet habitacle et réceptacle d'une vision à l'oeuvre que l'on arpente et prolonge avec bonheur dans le journal d'atelier d'Agnès d'une écriture concise et riche de sens.

Agnès Thurnauer est représentée par la galerie De Roussan, Paris.

Infos pratiques :

Agnès Thurnauer
Now, when, then de Tintoret à Tuymans

jusqu'au 11 mai 2014


Musée des Beaux-Arts de Nantes
 
Chapelle de l'Oratoire

http://www.museedesbeauxarts.nantes.fr

Autour de l'exposition : nocturnes, conférences, soirée spéciale carte blanche à l'artiste, week-end Télérama, concerts, vacances au musée...

Visionner la :

+ Bande annonce "Now when then"

Catalogue publié à l'occasion Fage éditions/musée des Beaux-Arts, 94 pages 22€

Journal et autres écrits d'Agnès Thurnauer, Beaux-Arts de Paris éditions 2014 20€




 

Bruno Peinado déjoue le rôle du commissaire pour le Frac Pays de la Loire (Carquefou et HAB galerie)

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Bruno Peinado vues de l'exposition l'Echo/Ce qui sépare Frac Pays de la Loire/HAB galerie Nantes
2014 Courtesy l'artiste


Un peu comme un buffet qu'il dresserait pour des amis, Bruno Peinado invite à sa table souvenirs nantais (il a passé 4 années dans cette ville pour son post-diplôme à l'école des Beaux Arts de 1993 à 97), anciens étudiants et proches (ses filles notamment !). Dans un jeu de correspondances affectives et formelles nous voyons surgir un paysage (Jardin des Simples comme il le qualifie) fortement coloré à Carquefou au Frac Pays de la Loire. Comme des archipels échappés d'un continent éclaté les oeuvres s'inscrivent dans des ruptures, des disjonctions qui découpent l'espace en zones autonomes et dès le mur de l'entrée conçu comme un wall drawing d'influences. Selon lui : le réel ne serait qu'un leurre total, qu'un pli déjoué et démultiplié par de nombreux points de vue, de décalages."Ce qui sépare" titre de l'exposition n'est qu'un des deux volets de l'intervention du plasticien qui se poursuit à la HAB galerie avec l'Echo. Cest "Sur une musique de Dominique A", l'une de ses premières découvertes à son arrivée, un album confidentiel qui prendra vite son essor sur la scène nationale comme Philippe Katerine, Little Rabitts et d'autres, que nous plongeons dans la face cachée, le revers, une "schizophrénie de commissaire" déclare t-il ! tout en noir et blanc. Dans un maillage plus resseré c'est une même génération d'artistes qui s'exprime sur les notions de post colonialisme dans une dialectique du camouflage redoutablement efficace. Ses sources d'inspiration : le commerce triangulaire très présent quai des Antilles, les chantiers navals et les recherches de l'armée sur les lignes employées dans l'art abstrait pour leurrer l'ennemi. Autant de mises en abymes, de glissements de sens à partir d'un imaginaire commun qui viennent enrichir les collections du Frac. On peut dire que l'artiste plasticien a su répondre à l'invitation de Laurence Gateau la directrice du Frac et même la dépasser puisant dans ses réminiscences fécondes sur l'île de Beaulieu dont il fait une chambre à soi mais ouverte sur le monde. De l'intime à l'universel il réinvente et bouscule le rôle du commissaire dans toute sa violence et le dispositif de présentation des oeuvres. Allant jusqu'à proposer une troisième voie, virtuelle cette fois où chacun peut inventer son propre scénario et espace de narration il nous laisse face à un héritage bien plus large que strictement nantais celui de notre propre modernité. D'un socle commun, les aventures de l'avant-garde se déploient et se dilluent dans le régime de l'impair cher à Verlaine. "De la musique avant toute chose"...
 
Egalement au Frac ne manquez pas l'Instantané consacré à Florian Sumi et ses mécaniques horlogères (résidence parc Saint Léger Hors les Murs) qui sur le mode de l'investigation opèrent rapprochements visuels et confrontation anthropologique déroutants. Une ère technologique et environnementale à la croisée des formes et des genres.
 
Infos pratiques :
 
Bruno Peinado
l'Echo/Ce qui sépare
une exposition personnelle collective (ou l'inverse)
 
jusqu'au 1er juin 2014
Frac Pays de la Loire (Carquefou)
 
jusqu'au 11 mai 2014
HAB Galerie (Quai des Antilles)
 
 
 

au Crac Languedoc-Roussillon avec Jacques Julien et Guillaume Constantin

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Jacques Julien. Exposition "Tailles douces", Crac LR- série Pagliacci, 2014 et les Empathiques 2000-2011 - photo Marc Domage


 
Guillaume Constantin. Exposition "La constante des variables", Crac LR 2014 - Courtesy l'artiste /galerie Bertrand Grimont, Paris photo Marc Domage.
 


 
 
Guillaume Constantin Fantômes du Quartz V,2013 Photo Aurélien Mole Courtesy l'artiste/galerie Bertrand Grimont, Paris.







Jacques Julien envisage l'espace d'exposition comme un terrain de jeux qu'il module à l'infini, le monde sportif devenant pour lui prétexte à dépasser l'antagonisme peinture/sculpture pour sonder distanciation critique et rapport au spectateur. Dans cette première grande monographie en France au CRAC Languedoc-Roussillon il nous livre toutes les facettes récentes de ses réflexions sur les enjeux fondamentaux de la création artistique, s'appropriant l'espace du sol au plafond d'un point de vue perspectif. Oscillant entre spectaculaire et absurde, son iconographie engendre une dérive narrative où nous rencontrons un jardin de sculptures à hauteur d'enfant sur paillasson, un panneau de basket avec des jambes, un nuage en herbe,une cabane pour oiseaux suspendue, des corps-morts à l'abandon, des maquettes empathiques le tout dans une dimension tragico-poétique où il est question de la chute  et d'une temporalité anesthésiée. Comme une impuissance de la sculpture où le panneau de basket en équilibre précaire contient l'idée du tableau le plus radical et abstrait qui soit le carré noir sur fond blanc. Fortement influencé par Barnett Newman, Blinky Palermo ou Carl André il joue de l'ambivalence abstration/figuration et sa série de 72 petites sculptures manuelles les Empathiques réalisées pour Chamarande est un condensé de ses recherches plastiques où s'inscrivent en filigrane les figures de Jaspers Johns, Giorgio de Chirico, René Magritte... Un répertoire de gestes et de formes qui tend vers une économie de moyens et dimension artisanale. Les ruines et prémices d'une sculpture deviennent un magma organique, sorte de pâte à modeler, de cimetière d'oeuvres. Manipulation et ratage. Rebus et régression. Avec les "Suspentes" l'on atteint une sorte de mélancolie avec ces pièces qui flottent dans l'espace comme autant de fantômes de la peinture. Cordes, chaînes, rondins, cabanes,coussins rayés en noir et blanc, ces éléments par essence contradictoires renvoient à la littérature dans des correspondances autour de l'errance et de la solitude. Buster Keaton lui-même n'était-il pas condamné à une pente trop raide ou un vent trop violent ? Il semble en tous cas que "Tailles Douces" dans sa persistance à vouloir faire bonne figure et tenir debout nous laisse dans la bouche une saveur douce amère sans la moindre réponse en vue. Métaphore sensible de la sculpture aujourd'hui dans cette ville sétoise où flotte un parfum de nostalgie le long de ces quais où marins et dockers donnaient le pouls des échanges. Silhouettes révolues qui plannent encore sur le CRAC, ancien centre de conservation du poisson. Une identité et vocation première dont s'imprègnent souvent artistes et partenaires.
 
Comme les expositions peuvent y cohabiter et s'entremêler dans une logique transversale de rencontres le 2è artiste invité Guillaume Constantin nous livre la "Constante des variables" dans la Project Room. Un titre paradoxal à l'instar de sa pratique artistique où dysfonctionnements et instabilité dominent au sein de dispositifs qui empruntent à la mémoire et aux traces du passé. Ici il est allé puiser dans les réserves du Conservatoire d'Anatomie de l'Université de Montpellier et au musée Paul Valéry de Sète des objets qu'il érige en cabinets de curiosité truffés de références mortuaires. Des allers et retours anachroniques s'instaurent alors, interrogeant la valeur de l'oeuvre et ses critères de monstration comme de circulation.
Enfin, Guillaume Leingre avec son photogramme rasant et fantomatique sur 30 mètres de mur clin d'oeil à la dernière exposition d'Hamish Fulton par essence éphémère rejoue en négatif la vitesse de la lumière. Mais l'artiste, contraitement à ses acolytes, étant peu bavard, tout ceci reste assez obscur.
 
Infos pratiques :
 
Jacques Julien
Tailles Douces
jusqu'au 9 juin 2014
 
Guillaume Constantin
La Constante des variables
jusqu'au 11 mai 2014
 
Guillaume Leingre
5000 K
jusqu'au 11 mai 2014
 
Centre Régional d'Art Contemporain Languedoc-Roussillon
(Sète)
 
 
 
 
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