Jason Martin, vues de l'exposition Gestual Ubiquity Photo : Charles Duprat / Courtesy Galerie Thaddaeus Ropac Paris/SalzburgRy Rocklen, Untitled, 2014 Cast bronze — 14 × 30 × 33 inches — Edition of 4 Courtesy of the artist and Praz-Delavallade, ParisMatt Bollinger, The Reservoir, 2014, Flashe, acrylique et collage sur toile libre, 255,5 x 358 cm (100,5 x 141 in) Courtesy the artist and Zücher galerie
David Ostrowski Das Goldene Scheiss, Courtesy the artist and galerie Almine Reich, Paris
Cevdet Erek, Rulers and Rhythm Studies (courtey Mor Charpentier)
Nathaniel Mellors, The Sophisticated Neanderthal (Courtesy Art:Concept)
Jason Martin, chorégraphie du geste chez Thaddaeus Ropac
Il revient à la galerie avec de nouveaux tableaux qui interrogent la frontière peinture/sculpture d'ou le titre de l'exposition "Gestual Ubiquity". Révélé avec les Young British Artists de la collection Saatchi Jason Martin nous livre une vibration de couleur et de pigments dans un palimpseste de sérénité sous la verrière de l'espace de la rue Debelleyme. Un peu comme dans une chapelle, nous pénétrons dans une dimension mystique où la mémoire et le regard se livrent une danse organique et désordonnée. Des paysages enfouis et accumulés au plus profond de soi surgissent alors dans nos rétines. Matière pure.
Matt Bollinger, The Reservoir (Zücher)
Titre d'une oeuvre et de l'exposition, sorte de toile de fond mentale cette librairie en ruine où les livres sortent de leurs rayons m'a fascinée. Sans doute l'image la plus proche de mon appartement ! Une jachère où l'artiste puisse sans cesse expériences et inspirations. Les livres chez lui sont autant de portes, de passages vers des mondes parallèles. Fiction, histoire de l'art, réminisences personnelles, les collages des papiers à la peinture incarnent chez cet américain présent à l'exposition New York Moment au musée de St Etienne, un dispositif fragmentaire puissant.
Kirsten Everberg, New York (After William Golding)
Pour cette nouvelle exposition personnelle à la galerie Hussenot, Kisten Everberg puise dans le roman Sa majesté des mouches cette atmosphère singulière et hallucinatoire qu'elle distille dans des architectures et lieux emblématiques de Los Angeles. Un langage cinématographiques se superpose alors à ces visions abstraites et où toute tentative narrative se dérobe. Métaphores fluctuantes, immanentes et palpables.
Ry Rocklen, A living (Praz-Delavallade)
Chacun de ses ready-made qu'il façonne après les avoir trouvés dans des brocantes ou déchages se veut un portrait déchu de la classe moyenne américaine des années 90. Un pneu dégonflé en bronze mais d'un Hummer, des poils de barbe agrandis et hérissés sur un mur baptisé "Five O'Clock Shadow",une rocking chair en faux marbre, des vêtements de marque moulés dans de la porcelaine, la liste est longue pour ce Californien qui joue des échelles et des matériaux.
Nathaniel Mellors, The Sophisticated Neanderthal (Art:Concept)
Incursion dans la video avec The Sophisticated Neanderthal Interview co produit avec Le Hammer Museum à mi chemin entre pseudo primitivisme et lavade de cerveau. Un jeune homme incarnant le monde moderne rencontre un chasseur-cueilleur nomade Neandertal qui se révèle vite plus intelligent que lui. Une fable sur l'idée de l'art comme marqueur et révélateur de conscience absurde qui se prolonge avec les indices visuels parsemés dans toute la galerie. Quand Shakespeare rencontre l'homo sapiens cela fait des étincelles !
Wade Guyton (Chantal Crousel)
C'est l'exposition qui m'a le plus résisté, ces grandes peintures noires énigmatiques et muettes.
Monchrome en trompe-l'oeil, image imprimée (jet d'encre Epson) comme le décrit un spécialiste au Centre Pompidou lors d'une séance "peinture parlée". Appropriation, détournement perpétuel de l'image, abstraction anonyme. Suite à un ratage avant son exposition à la Friedrich Petzel de New York il réimprime les peintures avec un rectangle tracé sur Photoshop rempli de couleur noire. Répétition de surimpressions qui engendre un procédé artistique inattendu. Réitération d'un malaise, d'un maelstrom de l'imagerie récupéré par la publicité et les mass media. Dans la lignée de Reinhardt, Stella mais vus par le prisme de Richard Prince, Sherry Levine, Jeff Wall pour qui la notion d'auteur reste problématique. La pratique de l'art abstrait et le contexte américain comme cadre de référence mais réitéré. A ne pas comparer donc avec la démarche de Soulages même si l'aspect visuel premier peut s'en approcher. Wade Guyton bénéficiera ce printemps d'une rétrospective à la fondation Pinault de Venise, (espace Punta della Dogana).
David Ostrowski (Almine Reich)
Abstraction à l'oeuvre également chez cet artiste né à Cologne qui revient à sa toute première exposition personnelle à la Raum für Kunst und Musik. La série des F Paintings (sa lettre préférée de l'alphabet) l'une des plus emblématique joue des multiples sens et résonnances : F like Failure, Foot (obsession pour les pieds féminins), Flying (toiles suspendues), Format (presque toujours le 240x190 cm)...Mais c'est avant tout l'acte de peindre qui le préocupe et cet inframince, ces atomes d'information distilés (taches, goutte de laque, bout de scotch) où erreurs et coïncidences jouent de cette dychotomie permenante entre qui pourrait être enlevé et ajouté.
Re-Cevdet Erek (Mor Charpentier)
Cet artiste turc passionné par le rythme m'avait intrigué à la documenta 13. Le temps, la musique, le passé et la chronologie qu'il matérialise souvent par des règles. En plastique ou en bois, similaires à celles des écoliers et pourtant elles figurent d'autres repères spatio-temporels. L'histoire n'est pas toujours linéaire et si le temps est une convention, un consensus collectif il est aussi perception, intime et personnelle, unique. Il en est de même selon lui pour la perception de la beauté et du décor. Des enquêtes sonores et plastiques sont alors ouvertes combinant éléments architecturaux et performances dans l'espace de la galerie rue Saint Claude.
A venir : Matt Saunders chez Marian Goodman