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Channel: Métamorphoses et Vagabondages
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Felix Marcilhac tire sa révérence !

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Paul Iribe, Fauteuil Nautile Estimation 150,000-200,000€

Jean Dunand et Jean GouldenCommode à l'anglaise, Pièce unique, 1921Estimation 300,000 -400,000 € Sotheby's

Elizabeth Eyre de LanuxConsole, vers 1930Estimation 60,000 -80,000 € Sotheby's

Jean-Michel Frank, Cabinet vers 1935 Estimation 400,000-600,000€ Sotheby's

Marchand et expert parisien, Felix Marcilhac ardent défenseur de l'Art déco disperse chez Sotheby's Paris (en partenariat avec Artcurial) les fleurons de l'histoire d'une passion souhaitant se retirer au Maroc, la succession de sa galerie rue Bonaparte étant assurée par ses enfants. Des enfants qui ne recevront pas d'héritage autre que symbolique donc puisqu'il ne garde qu'une loupe en argent d'un grand orfèvre de l'art nouveau Lucien Gaillard en souvenir d'années de quête. Il commence à collectionner pour payer ses études en brocante et aux Puces jusqu'à ce qu'un jour Yves Saint-Laurent remarque les deux vases de Dunand choisis pour la vitrine de Jeanne Fillon à St Germain des Prés. C'est ainsi qu'une clientèle avant-gardiste Karl Lagerfeld, Andy Warhol en tête lui fera confiance pour dénicher des créateurs de l'entre deux-guerres mal référencés pour qui il publie des monographies complètes. Il découvre notamment une sculpture de Miklos tombé en désuétude ayant appartenu à Jeanne Lanvin. Jacques Majorelle, Maurice Marinot, André Groult, René Lalique, Edouard-Marcel Sandoz avec à chaque fois le meilleur quite à se délester du reste. Il est aussi connu à l'international pour avoir constitué les collections de musées du verre au Japon. C'est donc un évènement très attendu par le marché et les collectionneurs, aidés par des estimations très raisonnables. Dans l'élégante scénographie de Peter Marino pour la galerie Charpentier sont reconstituées des period rooms avec comme lots phares le cabinet de Jean-Michel Frank (estimé entre 400 et 600 000€) ou la console moderniste de Pierre Legrain qui a appartenu à Marie-Laure de Noailles (estimée à 100/120 000€) . Des provenances prestigieuses donc pour cet ensemble de plus de 300 lots jamais déflorés jusqu'alors. L'art nouveau ne sera pas en reste avec des vases uniques de Gallé. 40 ans de passion sous le marteau, une telle vente Art déco se fait rare, la dernière de cette envergure la collection Steven Greenberg étant passée chez Christie's en 2012. On se doute que les meilleures adjucations se feront à l'international avec l'intérêt récent des Chinois et la prédominance toujours active des américains.
 
Infos pratiques :
 
Félix Marcilhac
Collection privée
Vente les 11 et 12 mars 2014
 
Exposition du 3 au 11 mars
Sotheby's France
76 rue du Fg Saint-Honoré 75008 Paris

 
Visionner Morceaux Choisis :
 

Félix Marcilhac, Collection Privée | Sotheby's

www.sothebys.com/.../felix-marcilhac-collection-prive...
Discover highlights from the Private Collection of Félix Marcilhac, the great de








Peter Downsbrough, amplitude à l'œuvre au MRAC de Sérignan

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Peter Downsbrough, ENCORE, LA, LA, production in situ, 2013. Tubes en métal, ruban adhésif, lettres adhésives. Courtesy de l'artiste et galerie Martine Aboucaya, Paris. Production MRAC L-R Sérignan. ©Peter Downsbrough and Artists Rights Society (ARS) New York. Photographie J-P Planchon.

Peter Downsbrough, Sans titre, Walmer 2008. Ensemble de 9 photographies en noir et blanc 16x24 cm chacune. Courtesy galerie Martine Aboucaya, Paris ©Peter Downsbrough and Artists Rights Society (ARS) New York

AND, HERE, AS, OR, SET four corner piece, 2013. Sculpture en quatre parties. Courtesy de l'artiste et galerie Martine Aboucaya, Paris. ©Peter Downsbrough and Artists Rights Society (ARS) New York.Photographie J-P Planchon.

Peter Downsbrough, AND, 2009. Métal peint, 155x22 cm. Courtesy de l'artiste et galerie Martine Aboucaya, Paris. ©Peter Downsbrough and Artists Rights Society (ARS) New York. Photographie J-P Planchon.

Peter Downsbrough, vue de l'exposition MRAC L-R Sérignan 2014. Courtesy de l'artiste et galerie Martine Aboucaya, Paris. ©Peter Downsbrough and Artists Rights Society (ARS) New York Photographie J-P Planchon.

Peter Downsbrough, AND 2012 (détail) wall piece, vinyl adhésif et scotch noir. dimensions variables. Courtesy de l'artiste et galerie Marine Aboucaya, Paris.©Peter Downsbrough and Artists Rights Society (ARS) New York. Photographie J-P Planchon.


A la croisée entre minimalisme et art conceptuel, Peter Downsbrough opère dès la fin des années 60 une lecture multiple de l'espace fondée sur la juxtaposition de signes et d'intervalles jouant sur le rapport extérieur/intérieur, signifiant/signifié dans une pratique de l'épure constante et rigoureuse. Pour sa seconde invitation au Musée Régional d'art contemporain de Sérignan il imagine avec Hélène Audiffren, directrice du lieu et commissaire de l'évènement la plus grande rétrospective de son travail jamais imaginée en France où il intervient dès le parvis du musée pour nous conduire jusqu'à un au-delà visuel parsemé d'indices et d'entre-deux où sont convoqués tour à tour sculptures, photographies, films, estampes, éditions dans des dispositifs inédits. La plasticité du langage et une structuration nouvelle de l'espace à l'aide de figures géométriques simples qui suggèrent plutôt qu'elles ne délimitent, invitent le spectateur à une projection autant esthétique que philosophique autour du déplacement et passage du temps. Ce qui sépare et ce qui rassemble (and,as,but, encore, la, la) des alllocutions monosyllabiques combinées à des lignes orthogonales : un programme tout en discrétion qui atteint ici une réelle puissance de frappe que l'on soit dans la salle basse (dédiée à de grandes séries de photographies), le cabinet d'arts graphiques (l'artiste a réalisé 101 livres), les salles du haut (consacrées aux maquettes et aux films) ou même les couloirs et coursives. Comme une partition qui se déroule à l'infini les champs d'intervention de l'artiste articulent une pensée et questionnement la place du corps au milieu de ses fantasmes imaginaires. Les maquettes qui renvoient à sa formation initiale d'architecte disposées sur des socles comme des oeuvres à part entière dessinnent de futures interventions dans l'espace urbain comme on le voit matérialisé dans des films comme "Occupied" sur la Cité administrative de Bruxelles désertée. Conçu comme un storyboard en puissance, le film qui se concentre sur l'espace mémoriel répond et interragit au medium livre, aspect prédominant chez l'artiste qui vise une complémentarité des médiums entre eux. Ainsi l'arragement séquentiel des photographies du livre imitera le travelling, tandis que le montage des plans du film ou l'effet diaporama nous rappelera les aspects stylistiques du livre. S'ils se contaminent l'un l'autre, c'est par la voix que l'on assiste à ce qui ressemble à une scène de cinéma avec ces mots prononcés "plateau""cadre""and""as""here" qui disent le lieu autant que le sujet. Plans séquences fixes ou photographies en mouvement, la réciprocité mutuelle des mediums à l'encontre du concept moderniste d'une oeuvre autonome, ne traite encore et toujours que d'une chose : cet espace interstitiel entre ce qui est capturé et remémoré.
 
 
Peter Downbrough né à New Brunswick dans le New Jersey vit à Bruxelles. Il est représenté en France par la galerie Martine Aboucaya, Paris.

Situé dans une ancienne cave viticole et signalé par l'oeuvre de Daniel Buren "Rotation", le musée inauguré en 2006 présente sur une totalité de 2700m² également des collections permanentes des années 60 à nos jours, dont je vous parlerai la prochaine fois !
 
Infos pratiques :
 
Peter Downsbrough
jusqu'au 11 juin 2014
 
Musée Régional d'art contemporain Languedoc-Roussillon
(Sérignan)
 
 
 
 
 

La Gacilly, nous voilà !

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©Ansel Adams
©Nick Brandt
©David Maisel, Lake Project 20
©Guillaume Herbaut
©Floriane de Lassée

C'est dans le prestigieux Hôtel de Talleyrand que nous découvrons la programmation artistique du 11é Festival Peuples et Nature de la Gacilly placé sous le regard de la photographie américaine. Cyril et Florence Drouhet les commissaires choisissent à l'occasion du 45è anniversaire de la mission Apolo 11 sur la lune, ce pari lancé par Kennedy et matérialisé par Neil Amstrong, de faire la part belle à ces grands maîtres qui interrogent la terre en mouvement et les transformations de la planète. Un leadership de New York à Los Angeles aux côtés de Pete McBride, Nick Brandt, Edward S.Curtis, Steve McCurry et les légendaires Robert Capa et Ansel Adams. "La Louisianne en Bretagne"ce sont des accords de coopération privilégiés et trois photographes invités à nous faire revivre cette région d'Amérique chère à nos mémoires Brian Baiamonte, John Slaughter et Franck McMains. Bien entendu ce panorama est complété par des talents hexagonaux salués pour leur engagement :
-Floriane de Lassée et ces porteurs croisés sur les 5 continents qui nous parlent avec humour de leur quotidien (visible actuellement à la galerie Particulière à Paris)
-Guillaume Herbaut et les terres astrales victimes du réchauffement climatique
-Edouard Boubat chroniqueur humaniste de l'après-guerre qui fait l'affiche de ce festival
-Mathieu Pernot et les blockhaus du Mur de l'Atlantique
-Patrick Tourneboeuf et les stigmates de l'histoire
Ici la Terre ! devrait mêler différentes temporalités et regards qu'ils soient historiques, documentaires ou artistiques et attirer un large public (300 000 visiteurs en 2013) dans cette belle région du Morbihan, terre d'adoption pour Patrick Messina ou simplement de vacances pour Georges Mérillon.Une initiative remarquable pour cette petite commune de 2000 habitants et le groupe Yves Rocher, fer de lance de l'évènement.

Infos pratiques :

Festival photo de la Gacilly
du 31 mai au 30 septembre 2014

http://www.festivalphoto-lagacilly.com/

 

Bâle, Kunstmuseum : James Ensor, du masque à la couleur !

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James Ensor Squelette peintre, 1895 ou 1896 Huile sur bois, 37,7x46 cm
Musée Royal des Beaux Arts, Anvers, Belgique

James Ensor L’étonnement du masque Wouse, 1889, toile 109 x 131© Lukas - Art in Flanders VZW / Musée Royal des Beaux-Arts d’Anvers

James Ensor Squelette peintre, 1895 ou 1896 Huile sur bois, 37,7x46 cm
Musée Royal des Beaux Arts, Anvers, Belgique

James Ensor Ensor au chevalet, 1890, toile 59 x 41© Lukas - Art in Flanders VZW / Musée Royal des Beaux-Arts d’Anvers

James Ensor L’Intrigue, 1890, toile 90 x 150 © Lukas - Art in Flanders VZW / Musée Royal des Beaux-Arts d’Anvers

James Ensor Adam et Eve chassés du paradis terrestre, 1887. Huile sur toile - 205 x 245 cm. Musée Royal des Beaux-Arts d'Anvers

James Ensor La mangeuse d’huîtres, 1882, toile 207 x 105© Lukas - Art in Flanders VZW / Musée Royal des Beaux-Arts d’Anvers

Alors que la ville de Bâle s'apprête à entrer en carnaval, résurgence du chaos dans notre monde lisse et formaté (ce que certains définissent comme l'aura du Fake dans le contemporain) James Ensor est célébré au Kunstmuseum qui possède une vaste collection d'oeuvres graphiques du maître d'Ostende. Ses intuitions dès la fin du XIXè siècle débordent largement de ce cadre et annoncent des générations à venir des deux côtés de l'Atlantique. Nolde, Turner, Vuillard mais aussi Dubuffet et l'art brut dans ses convulsions du dessin,le groupe Cobra et ses coagulations frénétiques du pigment comme le souligne Pierre Alechinsky dans un film visible à la sortie du parcours, ou plus récemment Cy Twombly. Cette dimension internationale est soulignée par le partenariat noué par le Kunst avec le Musée Royal des Beaux Arts d'Anvers à cette occasion. Mais si l'on connait principalement Ensor pour ses masques et ses squelettes (homme explicite de l'américain William Anthony et tant d'autres) d'autres facettes de son univers double et inversé nous sont révélées notamment à travers ses dessins, moins connus du grand public. Le fantastique héritage de la tradition flamande de Bosch à Bruegel mêlé à la fréquentation, enfant, de la boutique de sa grand-mère à Ostende marquent définitivement son imaginaire fantasque. Après les paysages où il se sert du couteau pour traduire l'action vivifiante de la lumière (exceptionnelle "Voiture baignoire" de la 1ère salle) coquillages, dentelles, poissons, vieux livres, gravues, armes, porcelaines chinoises vont peupler natures mortes rutilantes et intérieurs bourgeois, ultimes refuges face aux espaces surpeuplés des villes. Mais les gardes-fous d'un monde inhibé par la raison vont voler en éclats dans la gravure (eaux-fortes, pointes sèches et lithographies) alors qu'il explore dans le dessin la captation de la lumière. Tandis que l'avant-garde se détourne de lui il puisera dans sa marginalité une revendication nécessaire à son génie, la pointe sèche devenant une forme aiguë de dessin. A cette égard l'eau-forte "l'Entrée du Christ à Bruxelles le Mardi Gras en 1889" de 1898 qui reprend l'oeuvre capitale "l'Entrée du Christ à Bruxelles" réalisée 10 ans auparavant se veut une synthèse radicale des critiques de la société contemporaine et de la scène artistique, peu encline à recevoir la bonne parole christique. La figure du messie au centre du tableau renvoie à l'expérience métaphysique d'Ensor, un fou qui à l'instar du Christ exprime ses visions face à la foule. Carnavalisation barbare et expressionnisme visionnaire dans un déploiement de couleur sans précédent. Avec les figures allégoriques des 7 péchés capitaux gravés sur cuivre il s'agit de défier l'iconographie chrétienne avec l'ordre établi de la bienséance sociale dans un contexte narratif et quotidien. Hypocrisie où l'insolence et le cynisme règnent dans cette écriture de chaos. Mais c'est dans la dernière salle qui couvre pas moins de 40 ans de production que la légende d'Ensor prend tout son envol dans un monde fantasmé où la ligne prend une autonomie croissante. Une perception plus phsychique que graphique qui ouvre un nouveau mode de vision. Lumière désormais cruelle et empâtements explosifs (Masques intrigués, 1930) nous précipitent dans un vaste jeu de dupes orchestré par l'artiste dont le squelettre peintre (1896) n'en finit par d'intriguer par son grotesque absurde. Ensor et ses masques, Ensor et son âme,les angoisses se démultiplient jusqu'à s'inverser sur le spectateur qui devient la victime offerte et consentante à ces démons obscurs et protecteurs.
 
Egalement autre icône de l'art moderne, Kasimir Malevitch et ses recherches autour du "Monde comme non-figuration" (essai publié en 1927 dans la série des livres du Bauhaus) pour la permière fois au Cabinet des Estampes. Dessins préparatoires à la mise en forme de son langage formel suprématiste. Une synthèse et vision du monde fortement imaginaire et mystique qui surgit sous nos yeux. Captivant !
 
Infos pratiques :
 
Les maques intrigués : James Ensor
jusqu'au 25 mai 2014
 
Kasirmir Malevitch
Le monde comme non-figuration
jusqu'au 22 juin 2014
 
Kunstmuseum Basel (Suisse)
 
 
 
 
 

Odilon Redon, quintessence d'un précurseur (Fondation Beyeler, Bâle suite)

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Odilon Redon, La Mort de Boudha, vers 1899 Pastel sur papier, 49x39,5 cm Collection Millicent Rogers Photo : Davis A. Gaffga

Odilon Redon Le Char d'Apollon, vers 1910 Huile et pastel sur toile 91,5 x77 cm Musée d'Orsay Paris Photo : RMN Grand Palais (Musée d'Orsay)/Hervé Lewandowski

Odilon Redon Le Boudha, vers 1905 Pastel sur papier, 90x73 cm Musée d'Orsay Paris Photo : RMN Grand Palais (Musée d'Orsay)/Hervé Lewandowski

Odilon Redon Le Cyclope, vers 1914 Huile sur carton sur bois 65,8x52,7 cm Musée Kröller-Müller, Otterlo Photo : Collection Musée Kröller-Müller, Otterlo

Odilon Redon Yeux Clos, vers 1854 Huile sur carton, 44,5x36,5 cm Fujikawa Galleries, Tokyo

Alors que l'exposition du Grand Palais se concentrait sur les "Noirs"énigmatiques et affinités littéraires d'Odilon Redon, la Fondation Beyelerà Bâle explore avec virtuosité son cosmos chromatique et souligne son influence sur de nombreux artistes Picasso le premier, allant jusqu'à ouvrir le champ de l'abstraction (Kandinsky, Mondrian, Ellsworth Kelly ou Barnett Newman et Mark Rothko) au beau milieu des chefs d'oeuvre de cette période de la Fondation. Des interactions qu'il est donc possible de vérifier in situ et dans l'instant, ce qui scelle définitivement sa postérité et non sur les malentendus réducteurs habituels. Saluons le travail remarquable mené par Raphaël Bouvier, conservateur de la Fondation et commissaire qui a élaboré ce parcours dans une chronologie libre qui met en jeu les différents rapports à la modernité de Redon trop souvent cantonné à la sphère symboliste et au courant Nabis. Des oeuvres de collections particulières et de grands musées internationaux, dont Orsay, présentées par groupes soulignent les ruptures et conduisent du noir des premiers travaux au fusain à l'explosion de la couleur des pastels et huiles, opérant des allers et retours constants. Ainsi du traitement modeste et recueilli du dessin de la figure surgit un déploiement très sensuel de la surface colorée comme dans "Yeux clos". Ce fond évocateur de l'imaginaire renvoit au fameux tableau de Gauguin "Vision après le sermon" qui aura un impact puissant sur lui. Une vision intérieure et extérieure (de l'obscurité à la lumière) qui nous plonge dans un double niveau de lecture. On connait aussi l'influence de Delacroix et son char d'Apollon découvert au Louvre qu'il dissout peu à peu dans la couleur pure. Si Redon marque profondément les Nabis c'est pour ses peintures sacrées ou à caractère ésotérique. Des figures nimbées, des Boudhas, des visions sous-marines et métaphoriques concourent à une forme de sérénité mélancolique. Des germinations et une ambiguité latente qui ouvrent sur la possibilité de l'applat comme on le remarque dans les très beaux panneaux décoratifs du château de son mécène le baron de Domecy au début du parcours. Un hommage à la peinture pure entre perception et sensation où le spectateur se trouve immergé. Si Matisse peut se prévaloir d'une parenté manifeste autour de la ligne et de l'arabesque, la matérialité même de la couleur sera explorée quelques décennies plus tard par Yves Klein avec ses anthropométries. Dès lors il convient de se plonger dans les mille strates de ce coloriste virtuose pour pouvoir dessiner des cosmogonies fécondes sur tout l'art du XXè siècle. Du "Rêve" et monstres hybrides chers aux surréalistes à l'arbitraire de la couleur repris par Marcel Duchamp c'est une même quête essentielle qui s'incarne sous nos yeux dans une scénographie subtile et propice à la méditation. Et Redon de conclure "L'art est une fleur qui s'épanouit librement hors de toute règle".

Cette exposition est le pendant indispensable à James Ensor au Kunstmuseum. Un congrès a d'ailleurs rassemblé des éminents spécialistes autour de ces deux iniatives.
 
Infos pratiques :
 
Odilon Redon
jusqu'au 18 mai 2014
 
Fondation Beyeler (Suisse)
 
Parmi les nombreuses manifestations autour de l'exposition notons la présence de Guy Cocheval le 16 avril prochain et un Hommage à Schumann le 4 mai.
 
 
 

Kôichi Kurita, l'arpenteur aux mille vies à Maubuisson

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Kôichi Kurita Portrait, 2013 Courtesy of the artist/ Abbaye de Maubuisson, Saint-Ouen l’Aumône

Kôichi Kurita vus de l'exposition mille terres mille vies abbaye de Maubuisson 2014 Salle du Chapitre
Titre : « Bibliothèque de terres » Médium : Installation / 365 terres de la région Poitou-Charentes, flacons en verre, bois, métal / 9 x 2,50 x 0,90 m
Année : 2014
Production : abbaye de Maubuisson / Conseil général du Val d'Oise
Photo : Catherine Brossais © Conseil général du Val d’Oise / Courtesy de l’artiste Kôichi Kurita

Kôichi Kurita vue de l'exposition mille terres mille vies abbaye de Maubuisson 2014 Salle des religieuses
Titre : « Notre terre – Votre terre » Médium : Installation / 1000 terres de France (régions Centre, Poitou-Charentes, Ile-de-France, Normandie,
Picardie, Nord-Pas-de-Calais, Champagne-Ardenne), papier végétal, bois / 15,75 x 4,25 m
Année : 2014
Production : abbaye de Maubuisson / Conseil général du Val d'Oise
Photo : Catherine Brossais © Conseil général du Val d’Oise / Courtesy de l’artiste Kôichi Kurita

Kôichi Kurita
life_soil_life, 2012
49 terres de différentes localités du Japon, eau de Chamarande et coupelles en verre
Dimensions variables, Courtesy de l’artiste
Adaptation pour le Domaine de Chamarande

Kôichi Kurita, Innocence, soil of Fukushima 2011

Kôichi Kurita, Installation détail Musée de l'île d'Oléron

 
Le dépouillement doré de l'église romane de Melle, l'abbaye de Noirlac et à présent Maubuisson où la vie close et récluse égrenne les jours des moniales. Il faut croire que le spirituel et la quête de l'harmonie soit partie intégrante du projet de vie de Kôichi Kurita qui conçoit son art comme un voyage. Constituer une "Bibliothèque des terres du monde", de son Japon natal à l'Europe au fil de ses résidences et collecter chaque jour pour les générations futures, une mission qu'il se donne et une réflexion sur le temps et l'éphémère et notre propre rapport à la nature. Comme une offrande dans le dépouillement de la salle du parloir de Maubuisson dans le silence et la rigueur toute cistercienne ce sont 108 terres du Japon qui nous accueillent. Retour à l'origine, aux origines de ces 3218 arpentés des 3233 villages et villes qui constituent l'archipel nippon. Symbolique des nombres le 1 décrivant l'objet, le 0 le néant et le 8 l'infini et des formes ici le cercle chez ce sage qui nous invite autour de cet unique pillier à une circonvolution comme dans une prière du Boudhisme Thibétain. La myriade des tons chromatique du rouge au violet en passant par les oranges, les jaunes et les bleus joue avec les dalles colorées et nous rappelle l'infinie diversité et richesse de la terre traversée. Une poignée et une seule (l'unité de mesure est la main) qu'il sèche, concasse et passe au tamis, filtre pour n'en garder que l'essence, une parcelle du cosmos. Travail de patience qui demande une intense concentration et précision du geste. Simplicité et économie de moyens toujours. Puis dans une progression très subtile nous pénétrons dans la salle du Chapitre où un grand plateau semble flotter entre deux colonnes centrales. Le cercle s'est élargit et tout autour rayonne 365 bouteilles en verre contenant cette fois les terres de la région Poitou-Charente où commence son odyssée française. D'île en île, de terre en terre puisqu'il s'est penché sur le territoire de l'île d'Oléron et ses marais et forêts environnants. Comme un calendrier chromatique à géométrie variable, son journal mis sous capsule à la lumière d'un condensé de vie qu'il faut conserver mais aussi transmettre. C'est dans la salle des religieuses que le rituel prend une autre dimension à ras du sol comme dans un jardin japonais aux mille tonalités pour mille carrés de terre sur du papier végétal. Les terres classées chronologiquement évoquent le passé mais aussi le présent avec celles de la région de Maubuisson et limitrophe. La lecture nous explique l'artiste se commence comme dans un livre en haut à gauche.Différentes textures, différentes histoires mais le même continuum cette conscience aiguë du cycle de la vie matérialisée par le mouvement du regard guidé par l'orientation de l'installation. Une conscience qui prend des accents tragiques dans les anciennes latrines où la terre collectée à Fukushima avant la catastrophe nous renvoit à la folie humaine. Une seule oeuvre éminement symbolique comme statufiée, muséifiée sur un socle dans une vitrine avec comme titre "Innocence" Si "le crime est humain. La terre est innoncente"déclare Kôichi avec une grande émotion face au traumatisme de ces populations déracinées et privées de tout dans l'instant. Une terre vierge et pure, vestige qu'il nous incombe à présent de préserver. Si l'artiste ne se revendique pas d'un courant minimaliste ou du land art il nous conduit à une mise en perspective dans des lieux dont il réveille les qualités architecturales ou environnementales, comme c'est le cas également à l'Orangerie de Chamarande où il nous livre le fruit de sa récente résidence. Des performances uniques et singulières en prise avec la philosophie de ce sage, cet obsessionel au coeur pur qu'il est urgent d'approcher et de déchiffrer dans notre monde saturé de superflu.

Infos pratiques :

Mille terres mille vies
Kôichi Kurita

du 12 mars au 5 octobre 2014

Abbaye de Maubuisson

site d'art contemporain du Val d'Oise
(Saint-Ouen l'Aumône)

L'abbaye de Maubuisson est soutenue par la DRAC Ile-de-France et membre de TRAM — réseau art contemporain Ile-de-France.

Nombreux événements en lien avec l'exposition : Visite à Chamarande, Fête de la nature, Rendez-vous aux Jardins, Cinéma carte blanche...

http://www.valdoise.fr



A Posteriori : 10 ans de création à la Maréchalerie

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Felice Varini Des cercles, des toits, des façades, 2013 la Maréchalerie

Vincent Mauger, Sans titre, 2012 Briques cuites — Dimensions variables, installation in situ Courtesy de l’artiste/ Galerie Bertrand Grimont — Photo © Aurélien Mole

Karine Bonneval je cherche des parfums nouveaux..., 2012, la Maréchalerie

Vincent Ganivet, Caténaires, 2009 © Adagp

Humberto et Fernando Campana, Garrafa, Versailles, 2009 © L.Tura

Cécile Bart, Vue de l'exposition Ever living Ornement, 2012 La Maréchalerie

Tadashi Kawamata, Gandamaison 2008, La Maréchalerie

A Posteriori, vue de l'exposition rétrospective 2014 Photo © Aurélien Mole


C'est avec Karine Bonneval, Charlotte Charbonnel et Jean-Luc Bichaud que je fête les 10 ans et 30 artistes exposés par la Maréchalerie centre d'art contemporain depuis sa création au sein de l'Ecole nationale d'architecture de Versailles. Une exposition anniversaire et collective, véritable tour de force qui s'offre comme un paysage dont les échos renvoient à l'architecture et au monde contemporain dans une scénographie décloisonnée et sans cartel, favorisant des associations sensibles et formelles. Projet inédit en France qui repose sur des constants va-et-vient et workshops entre artistes et étudiants, la Maréchalerie, lieu chargé d'histoire, s'est rapidement imposée comme un laboratoire précurseur et pluridisciplinaire à travers les expositions mais aussi son pôle d'édition, de débat et de production et de diffusion des oeuvres in situ et hors les murs. Cette véritable plateforme qui ne comporte pas de cimaise pour favoriser l'ouverture des points de vue au cahier des charges très précis, repose sur la personnalité de sa directrice Valérie Knochel, sensible à la variété des mediums et l'absence de carcan. Voyage dans l'espace et dans le temps, deux dénominateurs communs à de nombreux artistes invités autour de la spécificité du lieu qui reste omniprésente. Les différents formats réunis me conduisent à un petit travail de mémoire de ce que je retiendrai spontanément de ces 10 ans. L'accumulation aléatoire de cagettes de Kawamata sur la façade, les grandes colonnades de sel de Charlotte Charbonnel, le chantier en suspens de Vincent Ganivet, la serre faussement exotique de Karine Bonneval, les pérégrinations de François Daireaux, les Clouds de Lucy et Jorge Orta, les trompes l'oeil d'Emmanuelle Villard ou la topographie inversée de Vincent Mauger ?...pardon pour ceux que je n'ai pas cités mais les éditions de chacune des initiatives combleront mes lacunes (et celle en préparation). L'important étant de saluer ce travail de prospective au plus près de la création.

Liste des artistes exposés pour cet anniversaire : Cécile Bart, Jean-Luc Bichaud, Michel Blazy, Karine Bonneval, Jennifer Caubet, Charlotte Charbonnel, Didier Courbot, François Daireaux, Anne de Nanteuil, Dector & Dupuy, Vincent Ganivet, Jakob Gautel, Christian Gonzenbach, GUsto, Claire-Jeanne Jézéquel, Jacques Julien, Jason Karaïndros, Tadashi Kawamata, Jan Kopp, Perrine Lievens, Stéphane Magnin, Vincent Mauger, Lucy et Jorge Orta, Laurent Pariente, David Saltiel, Emmanuel Saulnier, Olivier Sévère, Laurent Sfar, Felice Varini, Emmanuelle Villard.

Infos pratiques :

A POSTERIORI
La Maréchalerie
Ecole nationale supérieure d'architecture de Versailles
5 avenue de Sceaux (78000)

Une édition sera publiée à cette occasion.

Rencontres et évènements : samedi 22 mars 2014 à 15h Finissage en présence de Dector et Dupuy, GUsto et Laurent Sfar.

La Maréchalerie est membre de TRAM — réseau art contemporain Ile-de-France.

http://lamarechalerie.versailles.archi.fr



La machine lanceuse de ballons et autres objets ludiques au Musée Tinguely (Bâle, fin)

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Jean Tinguely, Rotozaza No. 1, 1967 - [mac], musée d’art contemporain, Marseille © 2014, ProLitteris - photo Christian Baur, Museum Tinguely, Basel


Yayoi Kusama, «The Obliteration Room», 2002-2014. Meubles, peinture blanche, pastilles autocollantes. Dimensions variables.


Charlotte Posenenske, Vierkantrohre Serie DW, 1967–2007 Galerie Mehdi Chouakri, Berlin © Charlotte Posenenske - photo Courtesy Mehdi Chouakri, Berlin Reproduction Jan Windszus

Julio Le Parc, Ensemble de onze jeux surprises, 1963–1965 Atelier Le Parc, Cachan © 2014, ProLitteris, Zürich - photo BUGADA and CARGNEL Gallery

Dieter Hacker, Essbild, 1965, Holz, Metall, Schokolinsen, 60 x 60 x 80 cm, Foto Helmut Bauer © Dieter Hacker

Il faut voir la joie des enfants devant la Rotozaza de Jean Tinguely, grande sculpture en métal noir qui crache des ballons ou la pièce immaculée de Yayoi Kusama qu'il peuvent peindre d'une foule de stickers colorés, tranformant ainsi l'espace et l'environnement au départ domestique en une gigantesque boule à facettes multicolore. Le Musée Tinguely a décidé de jouer avec l'art nous entrainant à la fin des années 60 sur les traces des objets de "variation"  de l'art concret constructif et cinétique. Pour Tinguely lui-même la nouvelle approche participative du réel passe par la machine, le moteur électrique, issus de rebus d'usine en contrepoint avec le matérialisme grandissant de l'époque. Et quand ces machines folles se transforment elles adoptent un comportement chaotique et suicidaire et produisent aussi du son, de la peinture ou de l'eau comme on peut le découvrir tout au long de la visite. La philosophie du musée est de laisser les spectateurs interagir le plus possible avec les oeuvres, ce qui mérite d'être souligné.
Un art des possibles qui prend naissance dès les années 1930 et 1940 avec les artistes suisses (Le Corbusier) ou argentins (groupe MADI créée par Gyula Kosice et Carmelo Arden Quin). Si l'oeuvre d'art est modulable elle devient au cours des années 1950 et 70 plus concrètement participative avec Didier Roth par exemple et ses rangées de clous comme zone de jeu en puissance l'utilisateur pouvant y tisser des diagonales avec des élastiques (Gummibandbild) ou ses interférences visuelles à la manière de l'Op Art (Drehhrasterbild). Quant à l'oeuvre "Vierkantrohre Serie DW" de l'allemande Charlotte Posenenske (présente au Palais de Tokyo dans l'exposition Pergola) fabriquée dans un matériau peu coûteux elle se veut révolutionnaire, chacun la toucher et se l'approprier. Un art pour tous en quelque sorte. Chez les sud-américains Carlos Cruz-Diez, Mary Vieira ou Julio Le Parc l'art participatif devient manifeste sociopolitique. L'"ensemble des onze jeux surprises" de ce dernier même s'il parait aujourd'hui un peu désuet sous ses airs de baraque de foire n'en recèle pas moins comme ambition à travers le renversement de la vision de renverser l'ordre établi. Son "Jeu avec balles de ping-pong" lui n'a pas pris une ride sous ses allures de flipper ! Avec les italiens du gruppo 7 de Milan fondé par Gianni Colombo en 1959 le spectateur est invité à une expérience sensorielle totale à partir de jeux de lumière qui impliquent et perturbent l'espace et le mouvement. Défier les sens comme avec le Tableau tactile de l'israélien Yaacov Agam monté sur ressorts ou les dragées blancs sur plateau de jeu noir de l'allemand Dieter Hacker (Essbild) que l'on peut déplacer ou retirer pour les manger ! Mais ces artistes sous une apparente naïveté s'inscrivent en réaction à leur environnement politique et social comme l'allemand Rolf Glasmeier à partir de d'objets du quotidien détournés de leur valeur propose à l'utilisateur-acteur de choisir la constellation qui lui convient. Des compositions d'images, de reliefs et d'éléments de sculptures indéfiniment modifiables qui nous conduisent à l'environnement au départ totalement blanc de la japonaise Yayoi Kusama, emblématique du Pop Art et égérie de grandes marques du luxe (Louis Vuitton), entièrement bariolée sous l'action des jeunes visiteurs. Petits et grands sont d'ailleurs invités à poursuivre, avant d'interagir sur les traces du danois Jeppe Hein (galerie Templon) qui vise à destabiliser nos habitudes muséales et relation à l'espace. Repoussant les limites mêmes de l'art conceptuel autour du fonctionnement surprenant d'oeuvres que l'on voit aussi dans l'espace public il s'agit de prendre le contre-pied de l'articulation oeuvre d'art et espace d'exposition, dans une tradition toute duchampienne. Un fantôme qui plane tout au long de ce panorama international qui ne cesse d'interroger la présence du spectateur agissant tel un catalyseur. Un seul mot d'ordre : le lâcher prise !
 
 
 
Infos pratiques :
 
Objets ludiques. L'art des possibilités
jusqu'au 11 mai 2014
 
Museum Tinguely, Basel (Suisse)
 
Calendrier visites et programmation événements.
 
 
 
 










Nancy Cunard, hors-la-loi et championne de la cause afro-culturelle

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Nancy Cunnard par Barbara Key-Seymer, vers 1930. (Photo The Estate of Barbara Ker-Seymer)

Nancy Cunard et Henry Crowder dans-l'imprimerie des éditions "hours press"-15 rue Guenegaud, Paris-1930. Photo DR Les héritiers de Nancy Cunard.

Lourd bracelet en ivoire ayant appartenu à Nancy Cunard


Nancy Cunard, l'excentrique des années 30 aux bracelets d'ivoire immortalisés par Man Ray, amante d'Aragon et amie des surréalistes mais pas seulement. Editrice-imprimeur, écrivain, poète, journaliste et militante cette anglaise bien née (héritière de la compagnie de navigation éponyme) mais avant tout indisciplinéene renoncera jamais à sa liberté d'agir et de penser. J'avais dévoré la biographie de François Buot et avec le musée du Quai Branly c'est toute son aventure aux côtés des avant-gardes comme passeuse entre les milieux littéraires et artistiques anglos-saxons et parisiens qui s'incarne sous nos yeux et l'ouvrage de sa vie "Negro Anthology"véritable manifeste où pour la première fois "la parole est donnée aux dominés" comme le souligne Sarah Frioux-Salgas, commissaire de l'exposition et responsable des archives des collections du musée. Il ne reste en France que 2 exemplaires de cet ouvrage de 800 pages conçu comme un collage-documentaire où la majorité des auteurs sont Africains, Africains-Américains mais aussi Antillais ou Malgaches journalistes, universitaires ou militants dans le sillage de W.E Du Bois ou Jomo Kenyatta, représentants majeurs de l'histoire noire américaine. Femme-époque sur laquelle "on projette des tas de stéréotypes"collectionneuse d'art africain et océanien et croqueuse d'hommes, ses premiers poèmes sont publiés en 1926 dans le sillage du Bloomsbury Group et de Woolf, figure de proue de la contre-culture londonienne. Mais il serait vain de retracer ce destin romanesque "ce parcours très ambigu" de Harlem (Henry Crowder musicien afro-américain rencontré à Venise avec qui elle entame une union mixte la sensibilise à sa cause) à l'Amérique du Sud en passant par l'Espagne et le Sahara sur fond de jazz et d'intolérance américaine. "Egalité des races, égalité des sexes, égalité des classes" son vrai combat est là et guide ses pas, quitte à se couper de son milieu d'origine. Marquée en 1931 par l'affaire des "Scottsboro boys"9 gamins noirs accusés du viol de deux blanches dans l'état de l'Alabama dont 8 seront condamnés à mort après un procès expéditif, elle s'entête à décrire et documenter cette violence de la ségrégation et discrimination raciale aux Etats-Unis. Les créateurs artistes, photographes, musiciens, chanteurs, acteurs noirs sont également mis en valeur dans Negro Anthology ainsi qu'un large inventaire dédié aux oeuvres d'art africain. Quelques années plus tard Nancy Cunard confirmera son engagement politique en soutenant la cause Républicaine pendant la guerre civile espagnole où elle rencontrera Pablo Neruda avec qui elle souhaite allerter les intellectuels sur le sort de ce pays. Militantisme toujours chez cette affranchie qui déclarera : « J’aime : la paix, la campagne, l’Espagne républicaine et l’Italie antifasciste, les Noirs et leur culture africaine et afro-américaine, toute l’Amérique latine que je connais, la musique, la peinture, la poésie et le journalisme (...) Je hais :le fascisme. Et le snoblisme et tout ce qui va avec » Justice soit rendue à celle qui mourera seule et dans un dépouillement total pour avoir su ouvrir la voiede la modernitéface à cette montée des périls qui va peu à peu embraser toute l'Europe.

Egalement et comme en écho ne manquez pas Bois sacré, initiation dans les forêts guinéennes, un système instauré par les Toma dès le XVIè siècle dévoilé pour la première fois. Réclusion, masques et cérémonie tous les 7 ans pour célébrer le secret et le pouvoir dans la confrérie du Poro.
 
Infos pratiques :
 
L'Atlantique Noir de Nancy Cunard
Musée du Quai Branly
 
jusqu'au 18 mai 2014
 
Autour de l'exposition : before/soirée festive, publication de Gradhiva, hors-série et rendez-vous du Salon de lecture J Kerchache.
 
 

Joséphine, 1ère dame et passion des collections

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Diadème de camées offert à Joséphine par Murat 1805 – Or et camées, H. 6,7 x L. 17 x prof. 20 cm Nice, Musée Masséna – © Musée Masséna, Ville de Nice : PHOTO Image Art Claude Germain

"Portrait de l'impératrice Joséphine, reine d'Italie" d'Andrea Appiani Huile sur toile.
 © Musée national du château de Malmaison © Rmn-Grand Palais / Gérard Blot
Anneau de mariage donné par Napoléon Bonaparte à Joséphine aux initiales JNB
Or et émail.
© Musée national du château de Malmaison © Rmn-Grand Palais / André Martin
Boucles d'oreille de la parure de saphirs et de diamants de l'impératrice Joséphine
Début XIXe siècle. Or, argent, diamant, saphir.© Musée du Louvre, Paris © Rmn-Grand Palais (musée du Louvre) / DR


Parce que la mort passe très près d'elle (elle y échappe à la chute de Robespierre à la Révolution) et qu'elle reste marquée à jamais par son enfermement aux côtés de son premier mari Alexandre de Beauharnais qui lui est guillotinné, Joséphine cherchera toujours à se rapprocher du pouvoir, de ses facilités et de protecteurs pour elle et ses deux enfants. Barras d'abord éminent directeur de la société thermidorienne dans le salon duquel elle rencontre un jeune général corse, Napoléon Bonaparte. La suite on la connait et il semble d'ailleurs que la tournure des événements la dépasse un peu en quelque sorte de sa Martinique natale au faste de l'Empire :"Je sens que je n'étais pas née pour tant de grandeur" comme elle le déclare elle-même. Mais elle se glisse avec une aisance étonnante dans ses nouveaux habits et devient une ambassadrice de haut vol de l'élégance et de la distinction françaises. Son habit de cour immortalisé par le  tableau de David au Louvre est dans tous les esprits avec ce long manteau et sa "chérusque" (collerette de dentelle rigique) imaginé par le célèbre marchand de mode Hippolyte Leroy et ses parures de diamants des plus grands bijoutiers parisiens de l'époque (les joyaux de la Couronne sont complétés par Napoléon à l'occasion du sacre). Mais c'est auprès des artistes qu'elle puise ses choix et forme son goût pour l'Antique composant des intérieurs luxueux auprès des fournisseurs les plus reconnus : la maison Jacob frères devenue Desmalter, l'ébéniste et marchand Martin Eloi Lignereux, le tabletier et orfèvre Martin Guillaume Biennais et le bronzier Thomire. Cet ameublement de la dernière élégance ressurgit sous nos yeux ainsi que de nombreux souvenirs personnels à l'occasion du bicentenaire de sa mort au Musée du Luxembourg qui grâce à des prêts exceptionnels français et étrangers retrace l'empreinte sur les arts et son époque de celle qui restera pour l'Empereur la "grâce personnifiée" ce sont ses mots à Saint-Hélène. Une femme sensible qui se passionne pour les collections exposées dans la grande galerie de la Malmaison, l'oeuvre de sa vie où elle se retire à son divorce se consacrant alors à la botanique et aux sciences naturelles (sa serre chaude et sa ménagerie en relation avec le Museum sont une réfénce pour de nombreux spécialistes). Elle patronne également la musique à l'instar de Marie-Antoinette, son modèle absolu qu'elle réincarne en quelque sorte. S' il y a un revers à la médaille pas évoqué dans l'exposition ce sont ses dettes, sujet de querelle fréquent avec l'Empereur même s'il lui ordonne de représenter fastueusement sa cour. Jamais une image n'aura été à ce point peinte, sculptée, gravée, autant incarnée et c'est ce mythe qu'il vous est proposé de revivre aux côtés du directeur du musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau, Amaury Lefébure conservateur général du patrimoine et commissaire général de l'exposition du Luxembourg dans une scénographie qui lui rend hommage.
 
 
Infos pratiques :
 
Joséphine
jusqu'au 29 juin 2014
 
Musée du Luxembourg
 
Exposition organisée par la Réunion des musées nationaux-Grand Palais en collaboration avec le musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau.
 
Programmation culture en écho : parcours croisé au théâtre de l'Odéon Europe, musée du Louvre, visites thématiques, ateliers..
 
A partit du 5 juin 2014, ouverture du Jardin des roses anciennes et création de la rose "Souvenir de Joséphine" au château de Malmaison et Bois-Préau (92).
 
 
 
 

Dries Van Noten, a man for all seasons...

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Dries Van Noten, le styliste cérébral par le New York Times à Paris dans sa ville d'adoption

Un tableau de Damien Hirst painting et un ensemble d'Elsa Schiaparelli de 1937 réunis au musée des Arts Décoratifs par Dries Van Noten et ses "Inspirations"

Les saisons de la monde sont un éternel recommencement chez le styliste designer belge Dries Van Noten qui partage les bans de l'école de mode de l'Académie Royale d'Anvers avec Ann Demeulemeester (le fameux collectif des 6) et règne à 55 ans sur un empire aux 500 points de vente dans le monde, sans la moindre publicité. Une réussite qu'il doit à un processus de création acharné qu'il remet sans cesse en question et des inspirations qui ont l'audace de concilier la rigueur flamande d'un maître du XVIè siècle avec la flamboyance toute contemporaine d'un Damien Hist. C'est à Paris qu'il nous ouvre son jardin secret à l'invitation du Musée des Arts décoratifs de parcourir l'ensemble de ses archives pour les remettre en perspective avec son propre univers. Qu'ont en commun Francis Bacon, Yves Klein, Elizabeth Peyton, Marcel Proust, Robert de Montesquiou mais aussi David Bowie,Patti Smith, Queer ou encore Orange Mécanique, la Leçon de Piano, Yves Saint Laurent, Thierry Mugler, Vivienne Westwood ? et j'en oublie.. la palette du peintre, du créateur, foisonnante et précise à la fois. Exigence toute personnelle et comble de raffinnement pour celui qui crée 95% de ses tissus. Dans un accrochage brillantissime où nous jouons entre les camouflages et les fleurs de son jardin (il partage un manoir XIXè siècle en bordure d'Anvers avec son associé et compagnon Patrick Vangheluwe)se conjuguent les époques et les styles comme dans une "chambre des merveilles"selon les termes de Pamela Golbin, conservatrice en chef et commissaire de l'événement. Un ADN se dessine alors au milieu de cette passion des étoffes et influences multiples parfaitement calibré et maîtrisé, un anticonformisme poétique et nostalgique en perpétuelle ébullition. Sans doute l'une des expositions les plus riches et abouties de cette décennie aux Arts Décoratifs. De la mode donc mais pas seulement. A ne manquer sous aucun prétexte !
 
 
Infos pratiques :
 
Dries Van Noten
Inspirations
jusqu'au 31 août 2014
Musée des Arts Décoratifs
107 rue de Rivoli
 
 
 
 
 
 

Petit tour en galeries (peinture et dominante anglo-saxonne)

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Jason Martin, vues de l'exposition Gestual Ubiquity Photo : Charles Duprat / Courtesy Galerie Thaddaeus Ropac Paris/Salzburg

Ry Rocklen, Untitled, 2014 Cast bronze — 14 × 30 × 33 inches — Edition of 4 Courtesy of the artist and Praz-Delavallade, Paris

Matt Bollinger, The Reservoir, 2014, Flashe, acrylique et collage sur toile libre, 255,5 x 358 cm (100,5 x 141 in) Courtesy the artist and Zücher galerie

David Ostrowski Das Goldene Scheiss, Courtesy the artist and galerie Almine Reich, Paris

Cevdet Erek, Rulers and Rhythm Studies (courtey Mor Charpentier)

Nathaniel Mellors, The Sophisticated Neanderthal (Courtesy Art:Concept)


Jason Martin, chorégraphie du geste chez Thaddaeus Ropac
Il revient à la galerie avec de nouveaux tableaux qui interrogent la frontière peinture/sculpture d'ou le titre de l'exposition "Gestual Ubiquity". Révélé avec les Young British Artists de la collection Saatchi Jason Martin nous livre une vibration de couleur et de pigments dans un palimpseste de sérénité sous la verrière de l'espace de la rue Debelleyme. Un peu comme dans une chapelle, nous pénétrons dans une dimension mystique où la mémoire et le regard se livrent une danse organique et désordonnée. Des paysages enfouis et accumulés au plus profond de soi surgissent alors dans nos rétines. Matière pure.
 
Matt Bollinger, The Reservoir (Zücher)
Titre d'une oeuvre et de l'exposition, sorte de toile de fond mentale cette librairie en ruine où les livres sortent de leurs rayons m'a fascinée. Sans doute l'image la plus proche de mon appartement ! Une jachère où l'artiste puisse sans cesse expériences et inspirations. Les livres chez lui sont autant de portes, de passages vers des mondes parallèles. Fiction, histoire de l'art, réminisences personnelles, les collages des papiers à la peinture incarnent chez cet américain présent à l'exposition New York Moment au musée de St Etienne, un dispositif fragmentaire puissant.
 
Kirsten Everberg, New York (After William Golding)
Pour cette nouvelle exposition personnelle à la galerie Hussenot, Kisten Everberg puise dans le roman Sa majesté des mouches cette atmosphère singulière et hallucinatoire qu'elle distille dans des architectures et lieux emblématiques de Los Angeles. Un langage cinématographiques se superpose alors à ces visions abstraites et où toute tentative narrative se dérobe. Métaphores fluctuantes, immanentes et palpables.
 
Ry Rocklen, A living (Praz-Delavallade)
Chacun de ses ready-made qu'il façonne après les avoir trouvés dans des brocantes ou déchages se veut un portrait déchu de la classe moyenne américaine des années 90. Un pneu dégonflé en bronze mais d'un Hummer, des poils de barbe agrandis et hérissés sur un mur baptisé "Five O'Clock Shadow",une rocking chair en faux marbre, des vêtements de marque moulés dans de la porcelaine, la liste est longue pour ce Californien qui joue des échelles et des matériaux.

Nathaniel Mellors, The Sophisticated Neanderthal (Art:Concept)
Incursion dans la video avec The Sophisticated Neanderthal Interview co produit avec Le Hammer Museum à mi chemin entre pseudo primitivisme et lavade de cerveau. Un jeune homme incarnant le monde moderne rencontre un chasseur-cueilleur nomade Neandertal qui se révèle vite plus intelligent que lui. Une fable sur l'idée de l'art comme marqueur et révélateur de conscience absurde qui se prolonge avec les indices visuels parsemés dans toute la galerie. Quand Shakespeare rencontre l'homo sapiens cela fait des étincelles !

Wade Guyton (Chantal Crousel)
C'est l'exposition qui m'a le plus résisté, ces grandes peintures noires énigmatiques et muettes.
Monchrome en trompe-l'oeil, image imprimée (jet d'encre Epson) comme le décrit un spécialiste au Centre Pompidou lors d'une séance "peinture parlée". Appropriation, détournement perpétuel de l'image, abstraction anonyme. Suite à un ratage avant son exposition à la Friedrich Petzel de New York il réimprime les peintures avec un rectangle tracé sur Photoshop rempli de couleur noire. Répétition de surimpressions qui engendre un procédé artistique inattendu. Réitération d'un malaise, d'un maelstrom de l'imagerie récupéré par la publicité et les mass media. Dans la lignée de Reinhardt, Stella mais vus par le prisme de Richard Prince, Sherry Levine, Jeff Wall pour qui la notion d'auteur reste problématique. La pratique de l'art abstrait et le contexte américain comme cadre de référence mais réitéré. A ne pas comparer donc avec la démarche de Soulages même si l'aspect visuel premier peut s'en approcher. Wade Guyton bénéficiera ce printemps d'une rétrospective à la fondation Pinault de Venise, (espace Punta della Dogana).
 
David Ostrowski (Almine Reich)
Abstraction à l'oeuvre également chez cet artiste né à Cologne qui revient à sa toute première exposition personnelle à la Raum für Kunst und Musik. La série des F Paintings (sa lettre préférée de l'alphabet) l'une des plus emblématique joue des multiples sens et résonnances : F like Failure, Foot (obsession pour les pieds féminins), Flying (toiles suspendues), Format (presque toujours le 240x190 cm)...Mais c'est avant tout l'acte de peindre qui le préocupe et cet inframince, ces atomes d'information distilés (taches, goutte de laque, bout de scotch) où erreurs et coïncidences jouent de cette dychotomie permenante entre qui pourrait être enlevé et ajouté.
 
Re-Cevdet Erek (Mor Charpentier)
Cet artiste turc passionné par le rythme m'avait intrigué à la documenta 13. Le temps, la musique, le passé et la chronologie qu'il matérialise souvent par des règles. En plastique ou en bois, similaires à celles des écoliers et pourtant elles figurent d'autres repères spatio-temporels. L'histoire n'est pas toujours linéaire et si le temps est une convention, un consensus collectif il est aussi perception, intime et personnelle, unique. Il en est de même selon lui pour la perception de la beauté et du décor. Des enquêtes sonores et plastiques sont alors ouvertes combinant éléments architecturaux et performances dans l'espace de la galerie rue Saint Claude.


A venir : Matt Saunders chez Marian Goodman


Ne pas se fier aux motifs apparents ! Terracotta Daughters à Paris

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Prune Nourry, Terracotta Daughters, Xi’an, China, 2013PhotographieCourtesy galerie Magda Danysz — Photo © Zachary BakoPrune Nourry expositions à la galerie Magda Danysz, Paris-ShangaïPascale Marthine Tayou,Favelas, 2012Courtesy Galleria Continua, San Gimignano / Beijing / Le Moulin — Photo © Pascale Marthine Tayou

Pascale Marthine Tayou, Empty Gift, 2013
Courtesy Galleria Continua, San Gimignano / Beijing / Le Moulin — Photo © Markus Tretter

Jérémy Gobé, Porte 2012 Courtesy the artist


Ils sont 5 artistes à investir le Centquatre jusqu'à cet été, partageant pratiques in situ et préocupations engagées, aussi soyez vigileants à débusquer dans leurs installations des infiltrations ambivalentes qui traitent des déséquilibres démographies, de la globalisation, au conditionnement, à la perte des savoirs-faires, à nos addictions alimentaires ou autres.
 
Prune Noury et son armée de 108 filles de Xi'An halle Aubervilliers, sans doute l'oeuvre la plus marquante.
Chiffre sacré 108,ce projet présenté pour la première fois en France après Shangaï avec la galerie Magda Danysz dénonce la préférence et le déterminisme du genre en Chine. Suite à son travail "Holy Daughters" réalisé en Inde, la jeune artiste française basée à New York, a inflitré le patrimoine ancestral et les célèbres soldats de terre cuite de l'au delà de l'empereur Qin pour nous en donner sa version à partir du visage de jeunes orphelines. Une façon de faire revivre les techniques du moulage auprès d'artisans qu'elle rencontre et de donner lieu à une performance contemporaine d'un site archéologique millénaire. Prune Noury n'en n'est pas à son coup d'essai autour des questions de l'identité sexuelle dans des dîners procréatifs où l'on peut jouer avec des bébés-éprouvettes derrière des bars à ovules et à sperme ou des happenings en Inde qui traitent de la marchandisation des jeunes filles. Dérives de la science et visée anthropologique dans des démarches qu'elle veut participatives. En tous cas, le résultat dans la halle Aubervilliers où l'on peut déambuler parmi les "Terracota Daughters" touche au plus profond ! Egalement visible à la galerie Magda Danysz Paris.

Pascale Marthine Tayou et ses Court-circuits (mur d'entrée et show room de la galerie Continua)
Dans un espace nouvellement aménagé par la galerie Continua pour ses clients en transit dans la capitale à la fois brut et pointu où les créations de Michelangelo Pistoletto nous accueillent avant que Pascale Marthine Tayou ne prenne le relais et dès le mur d'enseignes lumineuses où le mot open est écrit en toutes les langues. Avec les fils électriques et lampadaires délibérement hétéroclites de Court-circuit il est question de connexions à établir avant qu'à l'étage Favelas (nichoirs à oiseaux) et Empty Gift (globe terreste mobile couvert d'emballages vides) n'instaure une étange chorégraphie avec des images filmées dans des véritables favelas. Spontanée et généreuse, l'oeuvre de l'artiste d'origine camerounaise liée à l'idée du voyage et du village global se déploit comme une allégorie à notre acculturation, nos déséquilibres et stéréotypes.

Jérémy Gobé
Je l'avais rencontré à son Prix Bullukian 2011, c'est avec plaisir que je le retrouve de nouveau au Centquatre autour d'un récent projet avec Emmaüs tout proche. Matériaux et gestes abandonnés qu'il récupère et transforme. Non pas une usine en décrépitude (comme avec le feutre à Mouzon dans les Ardennes) mais cette fois des meubles à qui il redonne corps et un métier à tisser qui vient de Belgique parce que disparu en France. Des formes étranges et flottantes nous interpellent dès l'extérieur du Centquatre sculptées en laine. Un maillage où le motif subit des variations inattendues et nous entraine dans une grotte, une matrice, un maelstrom isolant. "La liberté guidant la laine"un temps tricoté par la transmission, la répétition, le geste. Redonner une noblesse aux objets passés et aux hommes (Monument aux mains) ces propriétaires fantomatiques dont il sculpte les mémoires.
 
Xavier Juillot, Déprime passagère
Dispositif aérien et volatile qui fait corps avec le château d'eau bâtiment historique qu'il assimile à un objet de consommation de masse pour mettre à l'épreuve le lieu. Forces centrifuges (soufflage) et zones de turbulences (mise sous vide) sont autant de traitement de circonstance qu'il applique à des sites choisis pour leur identité forte.
Plasticien mais églamenent professeur à l'Ecole d'architecture de Paris-La Villette en "art et scénographies urbaines".

Alice Mulliez, Vestiges (à venir début juin)
Décadence, gâchis, surconsommation, l'artiste par le biais d'assemblages gourmands et d'aliments du quotidien (ici le sucre) traite de problématiques contemporaines dans des territoires et milieux profressionnels qu'elle rassemble à chacune de ses interventions. Artiste mais aussi commissaire, directrice artistique de manifestations elle obtient son CAP de cuisine en candidate libre. Le statut de l'artiste est l'une de ses préocupations.
© Pascale Marthine Tayou, Empty Gift, 2013. Courtesy © Pascale Marthine Tayou, Empty Gift, 201oulins© Pascale Marthine Tayou, Empty Gift, 2013. Courtesy GALLERIA CONTINUA, San Gimignano / Beijing / Les Moulins

Robert Mapplethorpe : sex, beauty and darkness

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Robert Mapplethorpe Patti Smith1976 Épreuve gelatino-argentique New York, Fondation Robert Mapplethorpe

Robert Mapplethorpe Self-Portrait (Autoportrait)1988 61 x 50,8 cm Épreuve platine Collection particulière

Robert Mapplethorpe Patti Smith1978 50,8 x 40,6 cm Épreuve gelatino-argentique New York, Fondation Robert Mapplethorpe

Robert Mapplethorpe Ken Moody, 1983 Épreuve gelatino-argentique New York, Fondation Robert Mapplethorpe
 
La pochette de l'album"Horses" est le serment de leur fidélité, Patti Smith androgyne dans l'objectif de Robert Mapplethorpe, qui allait devenir le photographe du classicisme et des hommes musclés. Ils se rencontrent alors qu'ils ne sont que des gamins "Just Kids" comme l'écrira plus tard Patti Smith qui mêle déclaration d'amour, poèmes, collages avec cette plume incandescente. Un moment de plénitude et de grâce à savourer avant d'aller découvrir la rétrospective du Grand Palais qui couvre plus de 250 oeuvres de celui qui reste scandaleusement talentueux. Ce jeune homme à la beauté d'ange qui croise sa route avec la future poétesse de 20 ans débarquée de son Chicago natal va entamer le chemin de sa révélation quand elle l'encourage à persévérer les collages et installations et oser ses propres photos. Le Chelsea Hotel, épicentre du Village, les nuits au Max's Kansas City à la recherche d'Andy Warhol, les errances et le doute. Se nourir de chaque rencontre et accepter que l'autre vous quitte et vole de ses propres ailes un jour. L'amitié indéfectible survivra quand Robert Mapplethorpe le photographe esthète passionné de sculpture classique affirme son homosexualité et rencontre Lisa Lyon, première championne de bodybuilding. Puis ce sera la relation amoureuse avec Sam Wagstaff, collectionneur qui lui est présenté par John MacKendry, conservateur des dessins et de la photographie au Metropolitan Museum de New York. Il partagera également sa vie avec Milton More, son modèle au sexe dressé dans "Man in polyester"et un ancien marin Jack Walls dans le sillage de Jean Genet (Querelle de Brest). Mais s'il est considéré comme une icône de la culture gay (à ne pas voir avec n'importe quel public donc) il serait réducteur de le cantonner à cette image teintée de sadomasochisme.Sa véritable quête dépasse son attirance pour la sexualité "La photographie et la sexualité sont comparable, elles sont toutes deux inconnues. Et c’est cela qui m'excite le plus"et rejoint la perfection  "J'ai une admiration sans limite pour le corps nu. Je le vénère". Mystique, la photo qui ouvre le parcours, comme à rebours, son autoportrait à la canne et à la tête de mort, vieilli par l'annonce de la mort éminente,  résume à elle seule son testament créateur et son charisme. A vous de juger ce qu'il lègue à la postérité mais l'ambiance très unique du New York libre et contestataire des années 70 qu'il incarne est sans doute aussi l'une des raison du culte qu'on ne cesse de lui rendre. 

En ce moment pour quelques chanceux, concert de Patti Smith avec une chanson spécialement composée.

A suivre Robert Mapplethorpe et Rodin en son musée, début avril.

Infos pratiques :

Robert Mapplethorpe

Grand Palais
26 mars-13 juillet 2014

http://www.grandpalais.fr/




C'est parti pour la Drawing Attitude !

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Le Gun, collectif (Victoria and Albert Museum, Suzanne Tarasiève)
 
Emeli Theander,Reverse Me, 2013, crayon sur papier, 29,7 x 42 cm (©Galerie C).

Marco Maggi (Josée Bienvenu gallery, New York)

Marcel Miracle (Magnin-A)

Sofie Muller (Martin Kudlek, Cologne)

Damien Deroubaix (Nosbaum and Reding, Luxembourg)

Drawing Now, Drawing Talks, Drawing Night, Drawing in Process, cette semaine le dessin se décline sous toutes les coutures avec un grand nombre de professionnels mobilisés que ce soit dans les foires, les maisons de vente mais aussi les institutions. Chacun entend profiter de la manne ! Commençons par le salon du dessin contemporain l'initiateur en quelque sorte qui après quelques vissicitudes dues à une poignée d'intermittents récalcitrants a ouvert ses portes hier soir dans le haut marais, Carreau du Temple (superbement réhabilité) et Espace Commines (autre verrière que l'on connait). Une nouvelle configuration au coeur du Paris arty où 87 galeries internationales sélectionnées par un comité prestigieux offrent le meilleur. Une plateforme INITIAL signale une première participation au salon (au sous sol dans deux salles aveugles, dommage !), tandis que FRESH (Espace Commines principalement) est réservée aux jeunes galeries. Le principe du FOCUS, un tiers du stand consacré à un artiste permet de rentrer véritablement dans la démarche et l'univers d'un artiste. Mon coup de coeur revient à la galerie Suzanne Tarasiève avec le collectif Le Gun, illustrateurs basés à Londres qui nous livrent un fragment de mémoire dans une installation en trois dimensions absolument incroyable ! Sorte de chariot tiré par des renards, leur médecine ambulante conduite par un chaman revisite l'époque reculée des contes et légendes urbaines. Leurs dessins à grande échelle ont été exposés dans des lieux internationaux et ils publient une revue annuelle Le Gun au grand rayonnement. Autre focus remarqués : Jérémy Liron chez Isabelle Gounod, Alan Suicide Vega chez Laurent Godin, Angélique Lacaille chez MelanieRio, Andrey Klassen chez le berlinois Fruehsorge Contemporary, Mircea Suciu chez le belge Aeroplastics, Elias Kafouros chez la grecque AD Gallery, Emeli Theander chez le suisse Galerie C, Alex Hamilton chez l'anglais Patrick Heide Contemporary, Panopticum Berlin (pour les artistes Wim Hardeman et Onno Schilstra) chez le hollandais JCA de Kok Center for Contemporary art, Sofie Muller chez l'allemand Martin Kudlek. A noter que le prix Drawing Now d'une dotation de 5000€ par le fonds du dessin contemporain créé par Christine Phal, présidente du salon, a été attribué à Cathryn Boch représentée par la galerie Claudine Papillon. Cathryn Boch actuellement visible à l'exposition "Donation Fondation Daniel et Florence Guerlain"au Centre Pompidou a été remarquée par les membres du comité de sélection 2014, à savoir :
Colette Barbier, Aude Cartier, Marc Donnadieu, Olivier Kaeppelin, Nicolas Libert, Bernard Point, Claire Gilman et Jean Papahn.
Cathryn trace à la machine à coudre des lignes qui percent le papier, comme autant d'histoire que l'on tisse.
A l'occasion de cette 8è édition le Parcours Drawing Now renouvelle son partenariat avec l'Ambassade Suisse à travers son Levier culturel et s'étoffe avec de nouveaux lieux en résonance comme l'Observatoire du BHV Marais qui accueille l'exposition de Didier Rittener, lauréat Prix 2013, l'Ecole nationale supérieure des Beaux Arts qui lance à la Cité internationale des arts de Paris la Biennale du dessin, la BNF, l'Ecole Spéciale d'architecture, l'Espace Culturel Louis Vuitton, la fondation d'entreprise Ricard, la Maison Rouge, le Laboratoire, Mona Bismarck American Center, Musée de la chasse et de la nature, ENSCI-les Ateliers, le Musée d'art et d'histoire du Judaïsme, l'TYGREC l'espace d'exposition de l'Ecole nationale supérieure d'arts de Paris Cergy.
Parmi ces institutions partenaires : le Centre Culturel Suisse, le Musée de la chasse et la Biennale du dessin des Beaux arts, vivront au même rythme la Drawing Night de vendredi autour de performances, projections et autres événements qui attendent les visiteurs.
 
Pendant cette Semaine du dessin, il faut également citer le Salon historique à la Bourse et j'y reviendrai à l'occasion du prix Guerlain, D Dessin la foire Off qui monte, et les maisons de vente de concert : Christie's et Millon à Drouot.
 
Infos pratiques :
 
DRAWING NOW
du 26 au 30 mars 2014
 
Carreau du Temple et Espace Commines
 
Drawing Night : le 28 (jusqu'à 22h)
 
 
 
 
 

Art Paris Art Fair résolument à l'Est

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Huang Rui, Chai-na/ China , 2004 Courtesy galerie 10 Chancery Lane Hong Kong

Wang Quingsong,Art Express 120 x 200 cm C-Print 2002 Courtesy Analix Forever

Zhang Xiao, Coastline n°2 ,2009, Courtesy Blindspot gallery

Nøne Futbol Club
Work n° 54-1 : Keep warm burnout the rich , 2011 Courtesy galerie Derouillon
 
Jung Min Choi
The great days , 2013 Courtesy galerie Géraldine Banier
 
Evgenia Arbugaeva, Tiksi, 2010 Courtesy In Camera Paris

Nøne Futbol Club
Work n° 54-1 : Keep warm burnout the rich , 2011 Courtesy galerie Derouillon
 
Friederike Von Rauch, SPSG 8/201 Courtesy La Galerie Particulière
 

Art Paris Art Fair, une 16è édition labellisée "France-Chine 50"où la venue du chef d'Etat chinois nous vaut une attente que certains ne trouvent pas à leur goût et traitement de VIP munis de leur coupe fil ! Mais une fois admis dans le sérail, l'ancrage à l'est (l'ADN de la foire comme le souligne Guillaume Piens commissaire général), une forte participation étrangère (à hauteur de 50%) et un savant dosage entre oeuvres classiques et émergentes (dont secteur"Promesses") conforte une ambition de défrichage et de découverte loin des diktats habituels. Des prix un peu moins excessifs que ceux que l'on connait et une réelle volonté pédagogique (conférences, fiche descriptive du projet de chaque galerie, exploration des liens avec le design et le dessin contemporain) devrait séduire un public de plus en plus nombreux et européanisé (programme VIP et passerelles avec grandes institutions). Un total de 137 exposants, 18 pays représentés et 90 artistes chinois sur les 33 galeries venues de Beijing, Shanghaï et Hong Kong sans oublier les enseignes occidentales mixtes telles Paris-Beijing, Loft, Daniel Templon, A2Z Art Gallery. Un focus qui s'explique aussi par la présence constante d'artistes chinois dans la capitale comme Zao Wou Ki (galerie Bogéna, Thessa Herold) Chu Teh Chun (Patrice Trigano), Wang Kepping (Zürcher) ou encore Gao Xingjian (Claude Bernard). Dès le parvis du Grand Palais le ton est donné avec le poing de 3,40 m de haut de Liu Bolin en guise de protestation et également sur le stand de sa galerie Paris-Beijing, tandis qu'avec l'installation "Budha Jumps over the Wall" de Zhang Ding co produite par les galeries Helene Bailly et Shanghart découverte à la dernière Biennale de Lyon il est question de violence dans notre rapport à la nourriture. Il faut dire que les stéréotypes ont la vie dure sur la prétendue surchauffe du marché de l'art chinois répondant à des appétits compatibles avec les critères occidentaux et à une ouverture probable de l'ordre de 100 musées d'art contemporain dans la décennie à venir sur tout le territoire. Hormis les stars Liu Bolin (déjà cité) caméléon qui se fonde dans les couleurs des décors choisis pour ses performances et Yue Minjun (Daniel Templon) au rire grinçant (réalisme cynique) exposé récemment à la fondation Cartier, certains sont plus discrets comme Huang Yan, autre performeur dont les tatouages reproduisent des paysages de la Chine impériale à la galerie Loft ou Jung Min Choi (mon coup de coeur), coréen défendu par la galerie Géraldine Banier qui croque des moments forts de l'actualité. Car il faut bien distinguer entre la cote des artistes chinois sur la scène internationale et celle des artistes chinois en Chine.Il est temps de réviser nos tablettes donc quand on remarque l'engoument récent pour cette scène comme à l'Armory Show ou lors de la dernière foire Basel Miami avec l'exposition organisée par les Rubell sur ces artistes.
Dans le secteur Promesses qui m'a vraiment séduite je retiendrai la participation de Feizi (Shanghaï,Bruxelles), Jiali (Beijing), Derouillon et Charlot (Paris). Sur la plateforme ArtDesign, le nouvel entrant Jousse Entreprise empoche le prix avec les créations de Florence Doléac qui seront offertes par Maserati au musée des arts décoratifs de Paris.
Dans le cru général on observe une grande place à l'abstraction géométrique notamment chez Oniris (Rennes) qui mêle les générations avec talent comme pour Catherine Issert (Saint Paul de Vence) qui rapproche Claude Viallat et Michel Verjux d'artistes plus jeunes ou Catherine Putman avec Geneviève Asse et Georg Baselitz. Lahumière met l'accent sur Jean Dewasne (actualité oblige au Cateau-Cambrésis) de même que Nathalie Obadia en dialogue avec Barry X Ball. Dans la photographie j'ai été interpellée par le japonais Masao Yamamoto chez Camera Obscura et Tomohiro Muda chez Frédéric Moisan. Analix Forever (Barbara Polla) me précise quant à elle avoir été la première à Genève à exposer de l'art chinois hyper contemporain sous la bannière"Under Pressure"avec notamment une oeuvre de Wang Quingsong visible sur le stand. Du côté des jeunes, notons la première participation de la galerie Maubert avec un accrochage subtil autour de la trace et la forme (Gabrielle Conhilh de Beyssac) et Duplex 100m²(Sarajevo) où je retrouve le Jardin des délices de Mladen Miljanovic du pavillon Bosnie-Herzégovine de la Biennale de Venise. Les Balkans, nous sommes bien à l'Est !
 
Infos pratiques :
 
Art Paris Art Fair
du 27 au 30 mars 2014
 
Grand Palais
 
 
Evènements : Prix Canson, Art Books librairie,reliure d'art, conférences,"Imagerie chinoise" au salon d'honneur...
 
 
 
 
 

Tomasz Kowalski, Prix dessin 2014 fondation Guerlain (Salon du dessin)

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Untitled (2012), de Tomasz Kowalski. Prix Guerlain 2014 (Photo André Morin. Courtesy galerie carlier gebauer, Berlin Collection Florence et Daniel Guerlain)

Charles Le Brun (1619-1690) Étude d’homme portant une figure
Sanguine avec des rehauts de craie blanche, 286 x 218 mm.Courtesy galerie de Bayser

Nicolas de Staël (1914-1955) Composition, 1948
Encre de chine sur papier, 750 x 1 050 mm. Signée et datée en bas à droite.Courtesy Applicat-Prazan

 Matthias Weischer (né en 1973) Sans titre, 2004
Fusain et crayon sur papier, 180 x 245 cm. Courtesy Galerie Karsten Greve Paris, Köln, St. Moritz

Josep Santilari (né en 1959) Nature morte au gobelet Dessin au crayon, 310 x 338 mm.
Signé et daté en bas à droite Josep Santilari 2013.Courtesy Galerie Bérès

Szapocznikow Alina
From the cycle "Paysage humain", 1971 - 1972
Aquarelle et marker sur papier Courtesy galerie de France


Alors que la donation au Centre Pompidou des 1200 dessins de Daniel et Florence Guerlain est encore exposée en partie jusqu'à la fin du mois, le 7è lauréat du Prix de dessin de leur fondation d'art contemporain a été attribué hier au polonais Tomasz Kowalski par un jury composé de 4 étrangers et 5 français "pour apporter au Prix une ouverture supplémentaire". Une visibilité toujours renforcée et des artistes internationaux, cette année un polonais donc mais aussi un allemand (Martin Assig) et un anglais (Matt Bryans) entretenant avec la France un lien culturel privilégié. Partager et transmettre le goût pour les belles feuilles et valoriser les artistes dans des musées ou institutions françaises et étrangères, telle est la mission que se fixe sans relâche ce couple de collectionneurs passionnés. Le lauréat reçoit une dotation de 15 000€ et l'une de ses oeuvres est offerte par la Fondation au Centre Pompidou. Né dans une famille d'artistes Tomasz Kowalski a étudié à l'Académie des Beaux-Arts de Cracovie. S'inscrivant dans une large tradition et références à l'histoire de l'art de Brueghel à l'expressionnisme allemand en passant par Bosch ou Arcimboldo la question de la narration est centrale dans son travail dans une approche d'un art total héritée du dramaturge polonais Tadeusz Kantor. La pensée de Jacques Derrida autour de la déconstruction et la place du subliminal rejoint aussi le monde des rêves qui l'habite et qu'il traduit de façon très intuitive. Laissez vous charmer donc par ces petits signaux, ces surprises qui ponctuent ce monde figuratif proche du théâtre et génèrent une perte de repères pour le spectateur. Des éléments apparaissent alors qui se relient entre eux pour créer de nouvelles histoires. Un sens de l'absurde qui fait partie de notre insconscient collectif.
 
A la sortie admirez également dans une atmosphère feutrée et élégante la sélection exceptionnelle de feuilles anciennes, modernes et contemporaines qui livrent un salon du dessin au meilleur de ses 23 ans d'existence. Louis de Bayser, nouveau président salue l'action remarquable de son prédécesseur Hervé Aaron qui a su faire de l'événement un salon-référence dans le monde entier. Je remarque sur leurs stands respectifs galerie de Bayser une exceptionnelle sanguine de Charle Le Brun et chez Aaron un lavis de Fragonard. Egalement une étude de Tiepolo chez l'américain WM Brady ou une sanguine de Le Guerchin chez l'anglais Stephen Ongpin Fine Art. Pour les modernes, Nicolas de Staël en majesté chez Applicat-Prazan, un Miro de 1935 chez l'espagnol Galeria De Osma, une aquarelle d'Emil Nolde chez l'allemand Martin Moeller. Les contemporains de plus en plus présents : Luc Tuymans à la galerie de France, une somptueuse nature morte de Josep Santilari chez Berès, Matthias Weischer chez Karsten Greve ou Andy Warhol galerie des Modernes. Ecletisme de rigueur donc pour 40 participants triés sur le volet d'un salon, au carrefour du marché et des musées. En clin à son 23è anniversaire ce sont 23 musées qui participent à la XVè Semaine du dessin avec tout un programme en résonance de visites et rencontres. A noter également l'invité privilégié cette année est le musée des Beaux Arts de Nancy et les Rencontres internationales sont consacrées au Dessin d'architecture. Le leadership semble assuré !
 
Infos pratiques :
 
 
Prix de dessin de la Fondation d'art contemporain Guerlain
 
Exposition des oeuvres des trois nominés au Palais de la Bourse
 
Salon du Dessin
 
du 26 au 31 mars 2014
 
 




D Dessin, fraîcheur et carte blanche à Art Collector

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Vues de l'exposition carte blanche Art Collector D Dessin 2014 (courtesy Jacques et Evelyne Deret) vernissage presse 27.03.2014

Isabelle Oziol de Pignol All-Over 2013 Courtesy l'artiste

Frédérique Loutz, Sans titre, 2012, Technique mixte, 29,7 x 21 cm Collection privée Evelyne Deret

Nima Zaare Nahandi Sans titre, Courtesy de l'artiste et Dastan's Basement gallery Téhéran

Tudi Deligne, prix D Dessin 2014 Sans titre 6.8, 2013 
Crayon noir sur papier 
Courtesy de l'artiste et Galerie Mariska Hammoudi



Je fais quoi ce week-end ? semble se demander cette jolie parisienne un peu blasée par tant d'opportunités arty, croquée par Isabelle Oziol de Pignol. Je file retrouver ses silhouettes of course sur le corner Ilustrateurs de D Dessin 2è édition. Déambuler sous les verrières de l'Atelier Richelieu reste un pur moment de plaisir, un événement au format proche d'un cabinet de curiosités où le dessin s'enrichit chaque année. Parmi les temps forts, l'invitation faite au couple de collectionneurs Jacques et Evelyne Deret (fondateurs du concept inédit www.art-collector.fr/ ) d'exposer une partie de leur collection. Chacun ayant la sienne, madame a le mur de droite avec cette superbe oeuvre d'Iris Levasseur qui accroche le regard de loin, et monsieur celui de gauche (à ne pas confondre avec les 2 hémisphères du cerveau bien sûr !) plus dans l'abstraction où l'on retrouve Véra Molnar, Claire Chesnier et Emmanuel Régent pour la jeune scène. Autre belle et généreuse histoire celle de l'artiste slovaque Tomas Scherer qui n'a pas encore de galerie pour une acquisition encore très abordable donc. Comme le souligne Christophe Delavault, le directeur artistique l'achat d'un dessin correspond au premier pas d'une collection. Dans cette valorisation des pratiques émergentes remarquons l'installation inédite de Julie Brusley sur une proposition du commissaire indépendant fondateur de la NoMuseum gallery de Bordeaux Andéric Berthonneau. "Disegno lux" est une plongée néo conceptuelle où le dessin flirte avec la lumière au delà de sa trace sensible. Mais le rayonnement de D Dessin dépasse la capitale avec le partenariat noué avec l'Institut français de Tangerà l'occasion du Prix et de la résidence offerte au lauréat galerie Delacroix. Les membres du jury cette année sont :

Evelyne Deret, collectionneuse - Présidente du jury
Marie Deparis-Yafil, critique d'art et commissaire d'exposition indépendante
Bertrand Dumas, historien de l'art et codirecteur de Chester Collections (Genève)
Antoine Genton, journaliste à ITELE
Céline Lefranc, rédactrice en chef adjointe de Connaissance des Arts
Laurence Migne-Peugeot, artiste, photographe
Grazia Quaroni, critique d'art et conservateur, Fondation Cartier
Alain Quemin, sociologue et spécialiste de l'art contemporain
Nina Rodrigues-Ely, directrice de l'Observatoire de l'art contemporain

 
Le lauréat 2014 est Tudo Delligne (galerie Mariska Hammoudi Paris). Après avoir exposé à Jeune Création et au 55è Salon de Montrouge, l'artiste remporte le Swiss Art Awards à Bâle et fera partie d'une exposition collective à Francfort en mai prochain. Il travaille à partir de photos trouvées révélant leur potentiel de manipulation et de déconstruction, laissant au spectateur une large part à ce dispositif.

Les Soirées dessinées sont une autre façon de partager en direct l'impulsion du geste lors de performances d'artistes.
 
Pénétrons sous cette lumière zénithale propice pour découvrir ce que nous réserve la vingtaine de galeries françaises et internationales sélectionnées, dans une gamme de prix allant de 80 à 9000€. Je remarque chez les parisiens School gallery, Raphaël Tachdjian, Nidhal Chamek chez Talmart, Richard Caldicott chez Less is More Projects. La lyonnaise Elisabeth Couturier nous livre la gueule cassée de Lucas Weinachter, tandis que le marseillais Polysénie fait mouche avec Christophe Barthes de Ruyter. Du côté étranger l'italien Bonioni Arte intrigue avec les cartographies de Simone Pellegrini, le japonais Maison d'art (curieux nom !) d'Osaka offre les environnements énigmatiques et nostalgiques de Yukari Miyagi, tandis que l'iranien Dastan's Basement Gallery basé à Téhéran revient avec Nima Zaare Nahandi, lauréat du prix prix 2013 !

Infos pratiques :

D DESSIN
Atelier Richelieu
du 28 au 30 mars 2014
60 rue de Richelieu, 75002 Paris


http://ddessinparis.fr/




Paris Art + Design PAD 2014 : éclectisme à la française

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Carl Hörvik, cabinet dessiné pour le Pavillon suédois de l’exposition des Arts Décoratifs de Paris, 1925, Galerie Modernity. PAD2014


Havre de paix en cette semaine trépidante,
le Pavillon des Arts et du design fondé en 1997 par Patrick Perrin, rassemble le meilleur des arts décoratifs, design et art contemporain de plus en plus présent. Dès l'entrée dans le jardin des Tuileries l'installation cinétique de l'artiste français Laurent Debraux (Tools Galerie) donne le ton, aérien et raffiné. Présentation soignée des stands conçus comme des appartements et unité stylistique sont les clés du succès de la manifestation d'envergure internationale. Des collectionneurs américains et anglais sont attendus même si les français restent majoritaires. Soucieux de soutenir la jeune scène de nouveaux marchands sont annoncés : Torri (France) remarqué par le jury pour sa participation avec Victoria Willmotte et SMO Gallery (Liban) pour la partie design contemporain, Alexandre Guillemain (France) pour le mobilier XXème et Fitzgerald Fine Arts (USA) et Finch and Co (UK) pour les arts décoratifs. Trois prix sont à l'honneur :
 
Prix du design remporté par TORRI avec le mobilier Magma de Victoria Willmotte
Prix du stand remporté par Jacques Lacoste
Prix des arts décoratifs du XXè siècle par Modernity
 
Le jury présidé par Jean-Michel Willmotte rassemble critiques, collectionneurs, conservateurs, architectes. Moët Hennessy comme chaque année soutient le Prix du PAD avec une nouvelle dotation au musée des Arts décoratifs. Egalement partenaire historique HSBC, confie cette année son salon au designer ultra-branché Mathias Kiss qui nous transporte dans la pure tradition des ensembliers entre codes passés et futurs.  Il vient d'ouvrir à Paris la Kiss Room aux mille miroirs que l'on peut louer pour une nuit "galactique".
Parmi mes coups de coeur, saluons le retour d'Agnès Kentish (En attendant les barbares) autour de nouvelles créations du duo mythique Garouste-Bonetti. Dans les céramiques Mouvements modernes mélange pièces vintage d'après guerre et plus contemporaines. Sèvres dans une mise en scène signée Mathieu Bassée offre les lignes sublimes d'Aldo Bakker ou James Brown, tandis que l'on peut admirer le Vase noir et or de Pierre Soulages dernier exemplaire numéroté de l'artiste. Egalement en porcelaine je remarque l'exploit de BSL avec une assise légère et résistante "Lightweight Porcelain".La constallation sculpturale en céramique de Shizue Imai pour Chahan Gallery est prodigieuse. Chaise étonnante chez Carpenters en os par l'artiste Rick Owens. Autre rareté Joaquim Tenreiro (galerie James) à l'origine du mouvement moderniste brésilien.
Des mélanges savants de tendances et atmosphères subtiles sauront une apothéose à un Paris de l'art et du design qui résiste en temps de crise.
 
 
Infos pratiques :
PAD
Tuileries
du 27 mars au 30 mars 2014, de 11h à 20 h,
 
 
 
 

Allumez une bougie (virtuelle) pour Saint Janvier !

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Michele Dato, Collier de San Gennaro 1679-1933
or, argent, pierres précieuses Naples, Museo del Tesoro di San Gennaro ©Matteo D'Eletto

Orfèvre napolitain, Croix épiscopale 1878
or, diamants, émeraudes Don de Umberto 1er et de la reine Marguerite de Savoie. Naples, Museo del Tesoro di San Gennaro ©Matteo D'Eletto

Ilya Kabakov La cuisine communautaire 1992-1995 installation ©Adagp


Les Italiens m'étonneront toujours, ce mélange de superstition et piété populaire à l'ère des nouvelles technologies avec cette nouvelle application iTunes lancée par le musée Maillolà l'occasion de l'exposition du Trésor de Naples qui sort pour la 1ère fois d'Italie. Vous pouvez ainsi à distance allumer un cierge à San Gennaro le grand saint patron de la ville de Naples mort en martyr dont le miracle (liquéfaction de son sang) galvanise les foules trois fois par an lors d'une cérémonie fastueuse qui sera transmise en simultané au musée le 3 mai prochain. Car Naples n'a pas peur des contrates, de la démesure, du sang et des larmes si l'on sait que San Gennaro a su écarter la menace du Vésuve et de la peste. Les caprices d'un volcan forgent l'âme napolitaine au fil des siècles et les Joyaux étincelants du Saint cristalisent le destin et le caractère de tout un peuple. En effet cette plus grande collection de joaillerie au monde comparable aux joyaux de la Reine d'Angleterre, de la Couronne de France ou des tsars de Russie, n'appartient ni à une famille régnante, à l'Eglise ou à l'Etat mais au peuple lui-même par le truchement de l'une des organisations les plus singulières d'Italie, laïque de surcroit, la Députation, gardienne de la chapelle du trésor. C'est donc l'histoire d'une cité plurimillénaire que nous sommes invités à redécouvrir dans les pas de Patricia Nitti, conservatrice du musée Maillol qui a obtenu ce prêt tout à fait exceptionnel constitué des joyaux mais aussi des chefs d'oeuvres en argent massif (quinze bustes colossaux et deux statues) et raconte à qui veut l'entendre avoir assisté elle-même au prodige l'année dernière. Témoignage inestimable de l'histoire des arts décoratifs, de l'orfèvrerie et de l'argenterie napolitaine entre le XIVè et XXè siècle dont le premier don est dû à un français le roi Charles II d'Anjou qui offre au saint un buste reliquaire en or et pierres précieuses en 1305. Dès lors le talent des orfèvres et sculpteurs angevins et napolitains ne peut qu'exceller puisque la tradition veut que tous les monarques européens qui sont passés par Naples ont ajouté un nouvel élément à la pièce la plus emblématique du trésor, le Collier de San Gennaro dont la réalisation s'étale sur plus de 250 ans. Diamants, rubis, émeraudes, saphirs s'offrent au regard dans une extraordinaire combinaison géométrique, mosaïque chatoyante et souple dont la technique d'assemblage atteste de l'habileté de l'orfèvre italien. D'autres chefs d'oeuvre de cet immense trésor sont visibles dans cette exposition- événement à la valeur autant estétique et émotionnelle qu' éminement symbolique et culturelle dont le mérite est de retracer la grande capitale que fut Naples et son extraordinaire contexte.
 
Pour ceux que toutes ces merveilles laissent de marbre, découvrez au sous sol "la Cuisinecommunautaire" d'Emilia et Ilya Kabakov qui annonce Monumenta au Grand Palais à partir du 10 mai. Réalisée pour Dina Vierny en 1992, cette installation construite comme une chapelle se veut le témoignage douloureux de ces expériences de vie communautaire en Union Soviétique pendant 70 ans. Egalement et en écho à Duchamp ready made de Vladimir Yankilevsky "la Porte" ou placard-appartement, allégorie sobre et poignante du mode de vie de ses parents. Après les ors de Naples, un contrepoint engagé qui retrace aussi le destin de visionnaire de Dina Vierny.
 
Infos pratiques :
 
Le trésor de Naples
Les joyaux de San Gennaro
 
Musée Maillol
jusqu'au 20 juillet 2014

Découvrez le Teaser de l'expo !
 
 
 
 
 
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