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Channel: Métamorphoses et Vagabondages
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Chamarande et l'art du paysage, défi et idéologie

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Claire Tabouret, Le radeau, acrylique sur toile, 250 x 180 cm, 2011 ©DR courtesy galerie Isabelle Gounod
Edouard Wolton, Lentille, acrylique et huile sur toile, diamètre 60 cm, 2012 ©DR
Duncan Wylie, Untitled, 2012 courtesy JGM galerie


Prenant comme point de départ le tableau d’Hubert Robert qui accueille le visiteur à Chamarande une « Vue du château » de 1785 l'association COAL (coalition pour l’art et le développement durable) commissaire associté, invite 15 artistes contemporains à réinvestir la peinture de paysage, un genre qui mêle nature réelle et fantasmée et innerve toute l’histoire de l’art. Chacun à leur manière s’empare des codes de la représentation environnementale et rejoint les questionnements menés à Chamarande, inscrit au patrimoine historique et centre d’art contemporain depuis 2001. Comment l’histoire du paysage influence t-elle notre regard ? Comment l’artiste modifie t-il notre perception d’un monde en perpétuelle mutation ? quelle place tiennent nos projections anciennes et futures sur la nature ? le tout sous l’angle de la continuité (technique et motifs employés) et non de la rupture.

La scénographie avec cette cimaise en bois qui court d’une salle à l’autre et ornementée telle que pratiquée au XIXè siècle, facilite une proximité avec le parc extérieur et des interactions fortes. Ainsi Laurent Grasso en vis-à-vis d’Hubert Robert pose d’emblée la question de la filiation et réappropriation comme si les arbres d’inspiration italienne de sa scène dionysiaque renvoyaient aux pins toscans du maître. Réappropriation également chez Cyprien Gaillard avec ces gravures ou eaux-fortes de Rembrandt dans lesquelles il introduit des bâtiments modernistes contemporains ou encore Guillaume Bresson avec la technique de la grisaille et ses effets de trompe l’œil. A signaler la présence de deux artistes en résidence à Chamarande Stefan Shankland qui réactive le principe de la vedute à partir de sources plus populaires les cartes postales ou Etienne de France qui se lance le défi d’un périple hors de toute contagion avec la société dans la peau d’un animal entre l’Essonne et sa maison familiale en Bourgogne. Le paysage se conjugue alors au futur antérieur et d’espace de liberté devient acte de résistance et de contestation. COAL à Chamarande inscrit durablement les enjeux sociétaux et environnementaux d’une culture de l’écologie faisant de ce lieu un véritable laboratoire pluridisciplinaire, ouvert au monde et en phase avec les spécificités de son territoire.
Liste des artistes : Guillaume Bresson, Étienne de France, Cyprien Gaillard, Laurent Grasso, Markus Hansen, Tommy Hilding, Filip Mirazovic, Nicolas Moulin, Lucien Pelen, Mathieu Pernot, Stefan Shankland, Claire Tabouret, Marie Velardi, Edouard Wolton, Duncan Wylie.


Infos pratiques :

Vues”Paysages d’aujourd’hui d’après Hubert Robert
au Domaine deChamarande, Essonne
du 30 novembre 2013 au 30 mars 2014
 
 

Happy 2014 ! des surprises, de l'émotion, de l'incandescence...

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David Lynch dans l’œil d’Henry Chapier !

Robert Mapplethorpe, Autoportrait à la canne

Amos Gitaï, architecte de la mémoire

Bill Viola, Going Forth By Day (détail), 2002, "The Deluge"

Martial Raysse, 'Peinture à haute tension', 1965

Angelika Markul au Palais de Tokyo

Niki de Saint-Phalle Heart/Cœur, 1963 Courtesy of the artist, Galerie G-P and N Vallois, Paris

Illya and Emilia Kabakov, The Fallen Angel, 1997-2004 © Centquatre, Paris

On dit OUI à 2014, même si le cru 2013 était excellent (entre autres Biennale de Venise, saison de l'Afrique du Sud en France, Dewar et Gicquel prix Duchamp, printemps cinétique, nouvel accrochage au Centre Pompidou...) exit les To Do List et autres bonnes résolutions, place au rêve et à la légèreté avec un agenda bien rempli mais pas trop. N'oublions pas que la culture en France contribue à hauteur de 3,2% à la richesse nationale (PIB). Sélection et exigence au programme en ce temps d'incertitude où il est bon de revenir aux fondamentaux de l'art :
 
à tout seigneur...
 
-DavidLynch, Small Stories, à la Maison européenne de la photographie.Du 15 janvier au 16 mars 2014.
 
-Robert Adams. L’endroit où nous vivons, et Mathieu Pernot, La traversée au musée du Jeu de Paume.Du 11 février au 18 mai 2014.
 
-Gustave Doré (1832-1883). L’imaginaire au pouvoir, au musée d’Orsay. Du 11 février au 11 mai 2014.

- Angelika Markul et David Douard invités du Palais de Tokyo se penchent sur l'état du ciel et de notre planète. (du 13 février au 7 septembre 2014).

-Berlinde de Bruyckere et Philippe Vandenberg. Il me faut tout oublierà la Maison Rouge(du 13 février au 11 mai 2014).

- Mikhael Subotzky et Patrick Waterhouse ou les dynamiques spatiales de Ponte City, l'emblème de Johannesburg (le BAL) du 23 janvier au 20 avril 2014.

- Double actualité pour Robert Mapplethorpe au Grand Palais (du 26 mars au 14 juillet 2014). Mapplethorpe et au musée Rodin (du 8 avril au 21 septembre 2014) (commissariat Judith Benhamou-Huet)

- Bill Viola au Grand Palais (du 5 mars au 28 juillet 2014).

-Prix Guerlain Dessin Contemporain du 26 au 31 mars 2014 parmi les trois finalistes Martin Assig (Allemagne), Matt Bryans (Royaume-Uni) et Tomasz Kowalski (Pologne).

- Henri Cartier Bresson (du 12 février au 9 juin 2014) et Martial Raysse au Centre Pompidou (du 14 mai au 22 septembre 2014).

- Dries Van Noten, au musée des Arts décoratifs (du 1er mars au 31 août 2014).

- l'Atlantique Noir de Nancy Cunard au musée du Quai Branly (du 4 mars au 18 mai 2014)

- Amos Gitaï. Architecte de la mémoire,à la Cinémathèque française, (du 26 février au 6 juillet 2014).

-Van Gogh / Artaud. Le suicidé de la société, au musée d’Orsay. (du 11 mars au 15 juin 2014).

Centenaire Henri Langlois. Le musée imaginaire d’Henri Langlois, l’exposition,à la Cinémathèque française.(du 9 avril au 3 août 2014).

- Le duo russe Kabakovà Munumenta après un long suspens..l'Etrange Cité ou les Anges déchus ?(du 10  mai au 22 juin 2014).

-Abou Dabi, Le Louvre expose le Louvre, au musée du Louvre. 1/4 des œuvres qui partiront pour Abou Dabi seront exposées. (du 2 mai au 28 juillet 2014).

-Tatoueurs, tatoués, au musée du Quai Branly,(du 6 mai 2014 au 19 juillet 2015).

- Lucio Fontana au musée d'art moderne de la Ville de Paris (du 25 avril au 24 août 2014).
et Sens des réalités ou absence d’idéal. Art contemporain en Iran, (du 16 mai au 24 août 2014).

- Kati Horna et Óscar Muñoz. Photographies, au Jeu de Paume (du 3 juin au 21 septembre 2014).

 - MarcelDuchamp, la peinture même. 1910-1923 au Centre Pompidou (du 24 septembre 2014 au 5 janvier 2015).

- Niki de Saint Phalle, au  Grand Palais. (du 8 octobre 2014 au 18 janvier 2015).

- Garry Winogrand, au Jeu de Paume (du 14 octobre 2014 au 25 janvier 2015).

- Jeff Koons, au Centre Pompidou  Du 26 novembre 2014 au 27 avril 2015.

-Bouchra Khalili lauréate du prix SAM Art projects 2013 exposition au Palais de Tokyo décembre 2014

- Hokusai, partie 1 et 2, au Grand Palais.De septembre à décembre 2014.

That's All Falks ! Enjoy...


MaGMA collection : un carnet de vie en escale chez Sotheby's Paris

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Mark Goh devant Icon n°1 de Su Xinping, 2004, MaGMA Collection. Galerie Charpentier-Sotheby's France, Paris, 2014 © Photographie Gilles Kraemer, 6 janvier 2014
 
Yang Shaobin, Lovers 1994 © MaGMA Collection
 
Guillaume Lévy-Lambert devant la copie de Desk Calendar de Roy Lichtenstein. Galerie Charpentier-Sotheby's France, Paris, 2014 © Photographie Gilles Kraemer, 6 janvier 2014
 
Zeng Fanzhi, "Mask No. 6," 1997 (detail) ©MaGMA Collection

Zhou Chunya "Green dog No8" 2004 © MaGMA Collection

Exposition MaGMA. Galerie Charpentier-Sotheby's France, Paris, 2014. Au premier plan Untitled (Mr Dai) de Zeng Fanzhi, 2005, MaGMA Collection. Au fond Icon n°1 de Su Xinping, 2004, MaGMA Collection © Photographie Gilles Kraemer, 6 janvier 2014

 
Alors que s'ouvre dans quelques jours Art Stage la foire d'art contemporain asiatique à Singapour, le duo de collectionneurs Guillaume Lévy-Lambert et Mark Goh (MaGMA) sont à l'honneur et exposés pour la première fois en Europe à la galerie Charpentier, siège de Sotheby's Paris, rappelant s'il en est besoin la position stratégique occupée par la ville-Etat sur l'échiquier de l'art. Nouvel eldorado et nouvelle génération de collectionneurs tel que l'incarne ce couple réuni sous les auspices de Roy Lichtenstein et son Calendar Story découvert en 1999, au Museum of Contemporary Art de Los Angeles. Affinités des signes de cette double page entre les dates de leurs anniversaires respectifs toutes deux entourées de la main du maître. S'ils croient aux contes de fées (Fairy Tales, titre de leur exposition singapourienne d' il y a 3 ans) les quelques témoins de cette incroyable histoire d'amour et d'intuition savamment mis en boîte dans des dyptiques portatifs par Jean-François Milou, l’architecte lauréat du concours international pour la conception de la National Art Gallery of Singapore, le futur musée d’Art Contemporain (ouverture en 2015) confortent la place dominante occupée par les artistes chinois sur les 300 artistes du Sud Est Asiatique de la collection, hormis quelques exceptions indonésiennes et vietnamiennes. Parmi lesquels citons : Liu Ye,Wang Guangyi, Yue Minjun, Li Shan, Zeng Fanzhi, Zhou Chunya, Yang Shaobin, David Chan, Jimmy Ong, Agus Suwage, Geraldine Javier, Eko Nugroho, Natee Utarit, Sopheap Pich, Jumaldi Alfi, Yunizar et Nyoman Masriadi.
Un texte anecdotique rédigé par Mark ou Guillaume accompagne chaque oeuvre de même qu'un code à 4 chiffres donnant une dose de mystère et de poésie incomparables. Si l'art est une histoire de révélation intime et universelle, il est aussi l'occasion pour Sotheby's de conforter son leadership sur le marché de l'art contemporain asiatique où la concurence reste rude entre acteurs mondiaux. Joli coup de projecteur donc au moment même où l'artiste Chinois Zeng Fanzhi est exposé au musée d'art moderne de la Ville de Paris. Des coïncidences qui ne doivent rien au hasard cette fois !
 
 
 
Infos pratiques :
 
“The Calendar Story – Collection MaGMA à Paris”
Du 6 au 18 janvier 2013 (fermeture exceptionnelle le dimanche 12 janvier 2014)
Du lundi au samedi de 10h à 18h
Sotheby’s – Galerie Charpentier
76, rue du Faubourg Saint-Honoré 75008 Paris
 

 
 
ART STAGE Singapore
16-19 janvier 2014
 
 
 


Jean de Loisy au Palais de Tokyo : nouvelles orientations et saison 2014

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© Angelika Markul, Gorge du Diable, 2013. © Hiroshi Sugimoto, Lightning Fields 130, 2009. © Ed Atkins, Us Dead Talk Love, 2012.

David Douard, vue de l'exposition Sick Saliva, 2013 Courtesy Chez Valentin, Paris

Didier Faustino, ‘Opus Incertum’, 2008, Coll.CNAP Adagp, Paris/CNAP. Courtesy Galerie Michel Rein, Paris.

Angelika Markul, vue de l'exposition Domaine de Chamarande "Installation monumentale"2013 courtesy galerie Suzanne Tarasiève, Paris

Aby Warburg, Bilderatias Mnemosyne 1927-29, planche 42.Pathos de la douleur dans son inversion énergétique

2014 sous le signe de la maturité au Palais de Tokyo qui affiche une vraie cohérence avec sa nouvelle saison "l'Etat du Ciel", surfaces en mutation, zones de turbulence et bouleversements de la planète dans des multiples scenarii imaginés par les artistes, "ces sentinelles sur le qui-vive" pour reprendre la citation de Breton chère à Jean de Loisy. Réinventer le langage et l'idée même de l'exposition, l'ADN du Palais se voit constament réactivité pour une institution qui compte de plus en plus à l'international et affiche un excellent bilan en terme de fréquentation avec quelques 750 000 visiteurs pour l'année 2013. Avec une capacité d'autofinancement qui frise les 54% le pari semble tenu et les orientations stratégiques à venir scellent le pacte pris avec le Ministère de la culture, notamment dans la promotion des métiers de l'art et du design qui faisait partie de la feuille de route du départ. La prospection internationale est le 2è axe fort de ces ambitions avec un focus sur l'Asie du Sud Est et la Chine décidément objet de toutes les attentions. Le street art est le 3è gagnant renforçant l'idée d'espaces dérobés et sous-jacents au Palais ou l'on ne s'enferme pas dans les catégories et stéréotypes.
Partant de la déclaration de Victor Hugo "l'état normal du ciel, c'est la nuit", la partie 1 de la Saison (février-septembre 2014) plonge avec Georges Didi-Huberman et Arno Gisinger dans les méandres de la lamentation, de la mémoire, de la souffrance pour en transcender l'essence à partir de l'atlas Mnémosyne de Warburg et plus spécifiquement la planche 42 déjà explorée au Fresnoy en 2012 (spectaculaire expérience que je ne suis pas prête d'oublier). Notre regard peut dès lors se pencher sur les catastrophes de Tchernobyl et questionnements soulevés par Angelika Markul sur laquelle je reviendrai en profondeur ou les rumeurs virales de David Douard. Parenthèse chorégraphique avec les oeuvres immatérielles du CNAP qui invitent à de nouveaux protocoles, avant que le rêve éveillé n'aboutisse à la disparition du monde à partir d'avril 2014 (Hiroshi Sugimoto ou Thomas Hirschhorn) et enfin la chute en juin (Gérard Wacjman ou Ed Atkins). Mais tout n'est pas si sombre et de la déploration à l'énergie, de l'individu au collectif, des "larmes aux armes"pour reprendre les propos d'Arno Gisinger, cet Etat du Ciel n'est autre qu'un état de veille politique et idéologique auquel nous sommes conviés. Un réveil qui sonne comme une faculté d'agir en ce début d'année, l'époque de tous les possibles...
 
 
Infos pratiques :
 
l'Etat du Ciel
Palais de Tokyo
partie 1
du 14 février au 7 septembre 2014
 
 
 
 

Renaud Auguste-Dormeuil poursuit sa traversée intiatique

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Renaud Auguste-Dormeuil, Le Tourbillon de la vie #03, 2013 Courtesy of the artist/ Galerie In Situ, Fabienne Leclerc, Paris

Renaud Auguste-Dormeuil, I was there, Power Blackout, May 12, 2012, Istanbul, 41°01’57.23’’N _28°58’37.46’’E, 2012. Série « Black Out ».109 x 203 cm Courtesy the artist/galerie In Situ Fabienne Leclerc, Paris

Renaud Auguste-Dormeuil, vue de l’exposition « Include Me Out », MAC/VAL 2013 — Au premier plan, Elk’s Rest, 2012 Collection du FDAC de l’Essonne/Domaine départemental de Chamarande — Photo © Martin Argyroglo / MAC/VAL

Renaud Auguste-Dormeuil, Elk’s Rest, 2012 Installation, bois et matériaux divers — 250 × 120 × 120 cm © Renaud Auguste-Dormeuil, Galerie In Situ Fabienne Leclerc, Paris.

Renaud Auguste-Dormeuil, Contre-Projet Panopticon, 2001 Vélo de course, structure en Plexiglas, miroirs — 230 × 200 × 140 cm © FRAC Bourgogne, Renaud Auguste-Dormeuil/Galerie In Situ / Fabienne Leclerc, Paris.

Renaud Auguste-Dormeuil, Les ambitieux #01, 2008 Tirage lambda couleur — 18 × 13 cm Courtesy In Situ, Fabienne Leclerc, Paris
 
 
Pas moins de 3 expositions sont consacrées à Renaud Auguste-Dormeuil et ses questionnements autour du "hors-champ". Entamée au Mac Val"Include Me Out"l'élasticité du temps se poursuit à la fondation Ricard avec cette distance métaphorique et poétique, subtile et paradoxale. Du "black out "des villes traversées d'une écriture nocturne à nulle autre pareille, l'artiste amplifie le propos en choisissant délibérement des images "hors couverture" de magazines italiens des années 70 à qui il confère un autre statut. De même avec la réadaptation du film d'Hitchcock Vertigo où les personnages rendus muets sont comme déconnectés de toute narration. Avec l'étonnante galerie de collectionneurs en dernière salle dont le visage est sectionné par le milieu, nous abordons une fois encore une zone de doute et un territoire de l'art dégagé de ses certitudes. Geste violent et radical où l'ego d'habitude omniprésent est violemment effacé du portrait."Que voyons-nous ? Comment voyons-nous ?"sont les leitmotivs de ce passionné de l'hyper-contrôle qui scrute le flux des images et leur usage paranoïaque.
Avec "fin de représentation" titre d'une oeuvre et également de l'exposition à sa galerie In SituFabienne Leclerc,Renaud Auguste-Dormeuilse penche sur l'histoire d'une jeune terroriste de la bande à Baader en mettant en scène une disparition picturale maquillée d'un noir profond, ce qui va à l'encontre de notre obsession occidentale d'apparaître dans les réseaux sociaux. Egalement brouiller les pistes en abordant la question de l'exercice du pouvoir dans des images de guerre et de bombardements. Montrer l'autre réalité, celle des victimes, ces populations civiles oubliées des livres d'histoire. En choisissant méticuleusement le lieu, l'année, le jour, la minute précédant l'entrée du jour J dans la grande histoire, Renaud Auguste-Dormeuil croise la fabrication des images avec l'invention de l'écriture et de l'art. Révéler le non signifiant encore et toujours...



Infos pratiques :

Renaud Auguste-Dormeuil
Include Me Out
Mac Val
jusqu'au 19 janvier 2014
http://www.macval.fr

Il serait temps
Fondation Ricard
jusqu'au 25 janvier 2014
http://www.fondation-entreprise-ricard.com

Fin de représentation
In Situ/Fabienne Leclerc, nouvel espace : 17-19 rue Michel le Comte 75003 Paris
jusqu'au 1 er février 2014
http://www.insituparis.fr


Nouvelle monographie de l'artiste, publiée par le MAC/VAL.

Quelles expos début 2014 dans le Marais ? Sarkis

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Sarkis,D’après Satantango De Béla Tarr, 2013 — Vue de l’atelier de Sarkis à Villejuif Courtesy de l’artiste/galerie Nathalie Obadia, Paris-Bruxelles

Sarkis, D’après le Retable d’Issenheim de Grünewald, 2012. Néons, cuivre, transformateur, cristal de roche, 270 x 320 cm (106 1/4 x 126 in.).
Courtesy Galerie Nathalie Obadia, Paris/Bruxelles.


Sarkis, à la limite de 120cm, 2012. Néon, cuivre, 147 x 37 cm (57 7/8 x 14 5/8 in.). Courtesy Galerie Nathalie Obadia, Paris/Bruxelles.

Sarkis, Image touchée (2), 2013. Aquarelle et impression photographique sur papier Arches 300g, 56 x 76 cm (22 x 29 7/8 in.). Courtesy Galerie Nathalie Obadia, Paris/Bruxelles.


Au commencement le blanc..et l'invitation avec Sarkis dans le nouvel espace de la galerie Obadiaà se dépouiller de tout le superflu pour entrer dans un monde ouaté de silence et de méditation. Une couleur ou non couleur qu'il décline dans ses matériaux de toujours néon, cuivre, brique, or auxquels il rajoute pour la première fois le riz. Une partition du sensible autour de quatre mesures sonores magistrales : D’après Satantango de Béla Tarr (2013), la Scène en cuivre avec néons (2012), La colonne vertébrale du Retable d’Isenheim de Grünewald (2012) et À la limite de 120 cm (2012). Les Ikones apparaissent alors dans des variations de lumières propice à une intense spiritualité. Des cadres recouverts d'une toile de soie (apparition de la Sainte Face sur le voile de Véronique) invitent le spectateur à découvrir, aller au-delà, entrer en communion mais aussi déflorer le caractère virginal et sacré. Sacrilège ou plutôt renouveau tel que nous y invitent les cicatrices d'or du papier recollé délicatement après l'outrage du geste.
 
Non plus "Au commencement l'eau et le lait", video autour de la Crucifixion de Mantegna mais toujours ce bol où les couleurs et l'aquarelle se mélangent (video Blanc sur noir jour et nuit), le doigt de l'artiste sur les vitraux ou les photos, comme pour évoquer les propriétés intrinsèques et infinies des matériaux employés. Sarkis est un artisan et un alchimiste qui révèle la matière pure et la sème dans des sillons qu'il creuse à la surface comme dans cette série inédite de dessins d'après la technique céramique japonaise des Kintsugi ou ce cabinet d'estampes After Ice Age où l'huile agit librement sur les traces des objets préhistoriques du British Museum. Artefacts d'un autre temps, d'une mémoire originelle, d'un passé archétypale qui débordent du cadre dans des multiples passages et temporalités qui explorent l'inframince et l'aura même de la peinture. Sublimation des formes, force du rituel, et énergie primordiale des objets choisis. Ressenti à la fois tactile et mental qui conduira le spectateur longtemps après à explorer plusieurs strates d'une mythologie intime et universelle, vibrante et incantatoire. Comme dans un voyage dont on ne revient pas.
 
 
Infos pratiques :
 
Sarkis Au commencement le blanc
9 janvier-1er mars 2014
galerie Nathalie Obadia
18 rue Bourg-Tibourg 75003 Paris
 
 
 
 

"Vivre en pensée" avec Lionel Estève

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Lionel Estève, "La Beauté d'une Cicatrice", 2012, 125 pierres, aquarelle, vernis acrylique, dimensions variables Macedonian Museum of Contemporary Art, Thessalonique, Grèce - Courtesy Galerie Perrotin - Crédit photo : Florian Kleinefenn

Lionel ESTEVE "Une ligne" / "A limit" 2011 Vues de l’exposition Lionel Estève, Galerie Perrotin
Lionel Estève, Vivre en pensée, vues de l'exposition les Eglises de Chelles 2013 © Anne-Frédérique Fer, vernissage, le 11 janvier 2014.

J'ai souvent été séduite par les mobiles fragiles et célestes de Lionel Estèveà la galerie Perrotin mais aussi à la Verrière Hermès à Bruxelles où il habite depuis de nombreuses années ou sa dernière installation à Art Basel (la Beauté d'une cicatrice) qui oscillent entre esthétique de l'ornementation et sculpture de l'aléatoire. Un univers fictionnel qu'il compose avec une économie de moyens, créant de petites constellations à partir de la couleur et du mouvement. C'est fois et à l'invitation des églises de Chelles il ne faut pas regarder vers le haut mais vers le bas comme en contre-point avec l'architecture du lieu où la sacralité aspire naturellement le spectateur vers l'envol. Le graphisme au sol qui n'est pas sans évoquer son exposition au CAC de Brétigny en 2005 part d'un motif de dallage échappé des perspectives des peintures flamandes au grand siècle et découpé dans de grandes dimensions. N'oublions pas que l'artiste est avant tout un sculpteur pour qui cette méthode de découpage à la fois intuitive et empirique comme il le définit lui-même est le socle d'expérimentations autour du vertige et de la perte de repères selon un rythme systématique. Le spectateur ne se trouve plus pris dans les filets habituellement en hauteur mais au ras du sol dans ce ballet de lampes qui se déplacent selon un mécanisme motorisé et viennent entraver les déplacements, tout en dégageant une lumière indirecte. Tout l'espace change alors de couleur au gré des accidents et des rotations. Nul échappatoire possible ! L'in situ semble avoir beaucoup influencé l'artiste qui se dit fasciné par les carrelages au sol dans les églises tout autant que par les vitraux. Géographie mouvante, dessin spatial, seconde peau, vibration, déplacement, l'oeuvre de la pénombre à la lumière se révèle dans sa globalité "évidente et distante"à la fois, selon ses mots. Enigmatique et paradoxale la chorégraphie indéfinement rejouée incite au cheminement et au vagabondage de l'esprit. "Vivre en pensée" c'est avant tout vivre en poésie. Osez la balade jusqu'aux Eglises à Chelles, ce centre d'art atypique qui depuis 2008 n'en finit par de redéfinir et repousser les limites de la création de David Douard l'artiste précédent à Farah Atassi, Louidgi Beltrame, Simon Boudvin ou Melik Ohanian pour n'en citer que quelqu'uns, dans des saisons qui s'orchestrent comme de véritables actes scéniques. Mais cela se mérite, l'éloignement participe sans doute aussi à la démarche à entreprendre avant cette expérience que vous ne regretterez pas.
 
 
Infos pratiques :
Lionel Estève
Vivre en pensée
jusqu'au 9 mars 2014
les Eglises, centre d'art contemporain de la ville de Chelles (77)
 
 
Membre du réseau TRAM, le centre d'art bénéficie du soutien de la drac Ile de France,Ministère de la culture et de la comunication et du Conseil général de Seine et Marne.
 
 

Drouot lance la 1ère vente d'art video

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Sylvie Fleury (née en 1961) CarWash, 1995 Cassette VHS, durée : 52' Accompagnée d'un tirage signé et numéroté par l'artiste Edition de 5 exemplaires Estimation 5000-7000€

Robert Barry (1936) Coll.Bootleg #6 Vid‚éo sign‚ée et num‚érot‚ée Edition… à 50 exemplaires Coffret conç‡u par les graphistes Antoine & Manuel Edition : Yvon Lambert, Paris
 
Paul-Armand Gette (né en 1927) Coloriage et estompage, 1990 (Modèles : Frédérique, Sophie) Sony KSP-60, U-Matic, 8'46", Coul. Signé, titré et daté  Estimation 800-1000€   

Tony Oursler (né en 1957) Air Block, 1996 Installation sculpture vidéo, 18'14" 60 x 70 x 75 cm Provenance : Lisson Gallery  Estimation 20 000-25 000 €
                                             
Jeanne Susplugas/Alain Declercq Protection civile, 2011 Video HD Durée: 15 mns Edition signée et numérotée 1/5 Estimation 1500-2000€


L'Etude Wapler associée à la chaîne de télévision artistique Souvenirs from Earth lance le 29 janvier 2014, jour de la date anniversaire de Nam June Paik, le père de l'art video la vente-événement #ARTVIDEO autour d'artistes emblématiques tels que Tony Oursler ou Takahiko Iimura, reconnus Samuel Rousseau, Carole Benzaken, Jeanne Susplugas, Alain Declercq ou plus émergents Bérengère Henin (salon de Montrouge), César Pesquera (OFF Barcelone). Simple coup médiatique ou anticipation réelle d'un phénomène dont le marché ne s'est pas encore accaparé ? Etant donné les questions qui se posent autour des mutations technologiques du numérique Arnaud Brument, l'expert de la vente a décidé d'organiser une table-ronde inaugurale avec un certain nombre de témoins et spécialistes artistiques, juridiques et même collectionneurs avec le fameux couple des Lemaître, véritables précurseurs et mécènes dans le domaine. L'on s'aperçoit vite que si des zones d'ombres subsistent notamment sur les droits patrimoniaux d'originalité, de cession et de diffusion des oeuvres, l'on peut faire confiance moyennant certificat d'authenticité, à un grand nombre d'acteurs de cette nouvelle économie des services et de l'accessibilité où l'artiste est devenu entrepreneur ou réalisateur selon le contexte. Une mutation que devra nécessairement accompagner le droit face à ces nouveaux supports, formats et matériaux pour reprendre l'essentiel des propos de la préface de l'excellent catalogue.  Avec des prix allant de 1€ à 100 000€, ce sont quelques 150 lots et pas moins de 140 artistes qui sont proposés à la vente pour une estimation attendue entre 525 000 et 600 000€, même si la prudence reste de mise. Les coûts de production restent élevés et le souhait de certains jeunes artistes est de se rapprocher de l'économie du cinéma tel Philippe Parreno (dont l'exposition se termine au Palais de Tokyo), Pierre Huyghe (Centre Pompidou), Anri Sala (Biennale de Venise), Douglas Gordon ou Loris Gréaud et Neil Beloufa pour les plus jeunes, organisant des projections dans le noir face à des spectateurs confortablement assis. Autant de glissements d'un art "entre deux mondes" immatériel et encore en devenir. Soyez les premiers à participer à cette belle et exigente aventure !

Infos pratiques :

#ART VIDEO
Vente aux enchères le mercredi 29 janvier 2014 à 14h salle 15
Exposition publique : mardi 28 2014 de 11h à 18h et le matin de la vente de 11 à 12h

Interview du commissaire-priseur :

#art video par vincent wapler on Vimeo

Catalogue visible sur :

http://www.wapler-auction.fr

http://www.drouotlive.com/

 

Camouflages et Small stories à la MEP

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Joan Fontcuberta, Narcisse sodomisé par une mâchoire repentante, 1959© Joan Fontcuberta.

Joan Fontcuberta, “Spoutnik”, Iván et Kloka effectuant leur sortie historique hors de la capsule, 1968. Tirage gélatino-argentique. © Joan Fontcuberta.

Joan Fontcuberta, Herbarium Guillumeta polymorpha, 1982© Joan Fontcuberta.

Joan Fontcuberta, Alopex Stultus (photo du bipède poilu à tête de tortue, pouvant se camoufler verticalement comme un arbuste).

David Lynch Head #15 © David Lynch Courtesy Galerie Item, Paris

David Lynch © Richard Dumas

Né en 1955 à Barcelone Joan Fontcuberta chercheur, critique et historien a connu les années du Franquisme et de l'infomation falsifiée ce qui le conduit après trois ans de journalisme à une pratique artistique qui interroge les fondements mêmes de la photographie et sa légitimité. A la Maison Européenne de la Photographie il présente un vaste ensemble de 10 séries autour du camouflage sous toutes ses formes. Comme "l'encyclopédie de d'Alambert de Diderot actualisée et filtrée par l'humour de Borgès" pour rependre ses termes. Au sous-sol il transpose la rhétorique spécifique des expositions des musées d'histoire naturelle dans une sorte de cabinet de curiosités contemporain, comme il l'avait fait au museum of Modern Art de New York mélangeant photographies, fragments, fossils, outils scientifiques,croquis, dessins comme pour simuler les archives d'un zoologiste. Autant de chimères et d'excentricités de la nature que le spectateur devra déjouer. Après cet herbier "ironiquement pervers" et totalement absurde il aborde les espaces white cube avec la même dilectique entre l'image et son contexte dans des séries où recherche de la vérité rencontre celle de la beauté, irrévocablement comme avec ce firmament étoilé (Constellations) ou ces paysages fictionnels (Orogenesis). Mais l'imposture éclate avec l'affaire du "Spoutnik"ou les prétendues "Sirènes" pétrifiées. L'absurde rencontre l'humour avec "Miracles "documentaire enregistré au monastère carélien de Valhamönde. Enfin la série "l'artiste et la photographie" qui innerve tout l'espace et de façon inatendue reprend les grands chefs d'oeuvre de l'histoire de l'art comme le Greco dont le visage est composé de plusieurs éléments physionomiques de l'artiste. Des parodies où la dimension critique n'est jamais loin.
Avec David Lynch (himself !) sur le divan d'un Henri Chapier en grande forme, nous assistons à des épiphénomènes, des fantasmagories où comme dans ses films (Mulholland Drive m'habite encore) le spectateur peut projetter son imaginaire sur ses créatures d'ombre et de lumière. Les Still Life et Interiors se transforment peu à peu en hallucinations fantastiques et violentes. Des oeuvres en noir et blanc dont l'étrangeté confirme le talent de touche à tout du maître. A ne manquer sous aucun prétexte pour les cinéphiles avertis !
Le teasing de son exposition est un morceau choisi.
 

Infos pratiques :
Joan Fontcuberta
Camouflages
David Lynch
Small Stories

jusqu'au 16/03/2014


Maison Européenne de la Photographie
5/7 rue de Fourcy 75004 Paris


http://www.mep-fr.org/



Guido Guidi à la fondation Cartier Bresson

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Guido Guidi, Elblag, Pologne, 08.1994 ©Guido Guidi

Guido Guidi, 15624 Baia Flaminia, Pesaro 30/04/2005
©2006 Guido Guidi/Jarach Gallery

Guido Guidi, 54/Malbork/PL ©Guido Guidi


Pour la première fois en France la Fondation Cartier Bresson accueille 40 ans de carrière du photographe italien Guido Guidi, pionnier du renouveau du territoire contemporain et encore peu reconnu en France. D'abord attiré par l'architecture, il bifurque vers la photographie au milieu des années 60 pour s'y dédier exclusivement d'abord en noir et blanc dans la mouvance de l'art conceptuel d'alors. Quand il intègre le département d'urbanisme de l'université de Venise 10 ans plus tard, il opte pour la couleur à la chambre et recherche les espace périphériques, à la marge pour "travailler à la frontière" dans ces "sortes de zones libres qui offraient des possiblités infinies". Cela donne la magnifique série et le livre "In Between Cities"ma préférée, dans les villes européennes en devenir et en mouvement. La transformation du territoire rejoint ses préocupations pour l'architecture et ses nombreuses recherches et publications. Aller au delà des clichés ou stéréotypes pour se concentrer sur la "simple réalité actuelle"peut sembler banale mais atteint le sublime avec la série Preganziol réalisée entre les quatre murs d'une cabane de jardinier abandonnée qui devient le prétexte d'une réflexion sur la lumière et le temps qui passe ou cette tête de la Venus de Milo échouée sur un parking à St Denis ! Surgissement de la beauté et acte qui devient autobiographique dans une palette volontairement restreinte et grande sophistication du geste.

Exposition organisée avec le soutien de l'Institut culturel italien de Paris.

Cette exposition sera présentée à Huis Marseille, Amsterdam du 14 juin au 7 septembre 2014 puis au Museo d’Arte della Città de Ravenne du 11 octobre 2014 au 11 janvier 2015.

Infos pratiques :

Guido Guidi
Veramente
jusqu'au 27 avril 2014
Fondation Cartier Bresson
http://www.henricartierbresson.org/

Catalogue publié par MACK avec une introduction d'Agnès Sire, commissaire de l'expositon et Marto Daho, historienne de la photographie.


Bande dessinée et immigration : un siècle d'histoire croisée

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Marjane Satrapi, auteur de Persépolis (exposition Portraits de femmes, galerie J. de Noirmont)

"La vie de Pahé", Pahé

"Goscinnyrama"Photo : Albert Uderzo

"Aya de Yopougon", Marguerite Abouet et Clément Oubrerie

"Paris n'est pas une île déserte" (planche 1), Zeina Abirached

"Arbre généalogique", Farid Boudjellal


Un samedi en famille au Musée de l'histoire de l'immigration Porte Dorée (anciennement musée des colonies avec son décor Art Déco exceptionnel puis musée des Arts d'Afrique et d'Océanie) pour une exposition intitulée Albums qui rapproche courants migratoires et évolutions du 9è art de 1913 à 2013. Un parti-prix audacieux qui tient la route et réserve de belles surprises dans une scénographie en mode travelling,comme pour mieux évoquer les étapes du migrant et aléas de son quotidien. Plus d'une centaine d'auteurs émigrés ou fils d'émigrés et 500 documents inédits soulignent l'originalité des parcours mais aussi l'universalité des situations dans des formes très variées allant du western à la sience fiction en passant par les comics, le reportage ou le roman graphique car si le personnage du migrant a évolué, le genre de la BD aussi empruntant de plus en plus au cinéma ou à la littérature. Ainsi des précurseurs tels George McManus, René Gosciny ou Will Eisner l'on passe aux années 40 avec l'argentin José Munoz puis les années 50 avec Enki Bilal ou Farid Boudjellal qui dénonce et ouvre la voie pour les plus jeunes tels : Pahé ou Marjane Satrapi elle même à l'origine de la vocation de Marguerite Abouet originaire d'Abidjan vivant en France (scénariste d'Aya de Yopougon) et Zeina Abirached née à Beyrouth dont le feuilleton "Paris n'est pas une île déserte" que l'on peut suivre en direct est un petit bijou ! Si la part belle est réservée à l'Afrique, le continent américain n'est pas en reste avec l'évocation des premiers comic strips, comme le fameux "Bringing up Father" ou "Famille Illico" en Français.
Après "Nos ancêtres n'étaient pas tous des gaulois" et "L'immigration ça fait toujours des histoires"l'établissement public s'attache à déboulonner les préjugés les plus ancrés dans la mémoire et réflexes culturels français car Albums n'est rien d'autre qu'une exhoration à revoir l'immigration et son apport au delà de toute considération idéologique ou politique. L'immédiateté du medium et la volonté pédagogique des 4 commissaires avec notamment ces salons de lecture prévus tout au long du parcours et nombreuses activités en résonance, devraient assurer un vrai succès à l'entreprise. Telle l'oeuvre de Barthélémy Toguo (Road to exile) qui accueille le visiteur à l'entrée du musée laissons derrière nous intolérance et discours simpliste pour aborder un voyage tumultueux et fondateur entre l'ici et l'ailleurs.
 
A l'occasion de l'exposition, une cinquantaine de planches et dessins originaux viendront rejoindre la collection permanente et l'enrichir (section Repères).
 
Infos pratiques :
Albums
Bande dessinée et immigration 1913-2013
 
Musée de l'histoire de l'immigration
jusqu'au 27 avril 2014
 
 
Autour de l'exposition : programmation
 
Catalogue : co-édition Musée de l’immigration/ Futuropolis, octobre 2013, 26€
 

"New York Art Now", Thaddaeus Ropac Pantin

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Rob Pruitt, Michele Abeles, John Miller, Keith Edmier, vue de l'exposition "Empire State, l'art de New York", 2013.Courtesy Galerie Thaddaeus Ropac, Paris/Salzburg. photo : Charles Duprat  

Bjarne Melgaard, vue de l'exposition"Empire State, l'art de New York", 2013.Courtesy Galerie Thaddaeus Ropac, Paris/Salzburg. photo : Charles Duprat  

Keith Edmier, John Miller, vue de l'exposition "Empire State, l'art de New York", 2013.Courtesy Galerie Thaddaeus Ropac, Paris/Salzburg. photo : Charles Duprat

Dan Graham, Antoine Catala, Nate Lowman, vue de l'exposition "Empire State, l'art de New York", 2013. Courtesy Galerie Thaddaeus Ropac, Paris/Salzburg. photo : Charles Duprat

Renée Green, Adrian Piper, vue de l'exposition "Empire State, l'art de New York", 2013.Courtesy Galerie Thaddaeus Ropac, Paris/Salzburg. photo : Charles Duprat  

Takeshi Murata : Bernies (2012), courtesy de la Galerie Thaddaeus RopacParis/Salzburg



Célébré par le New York Times comme le petit Brooklyn, Pantin ne cesse de se transformer et offre l'atmosphère éclectique de cette gentrification naissante le long des berges du Canal de l'Ourcq avec comme fers de lance Hermès, Chanel ou encore la galerie Thaddaeus Ropac dont on connait l'îlot industriel reconverti par Buttazzoni/ Associés et qui vient d'ouvrir le Café Bleu où l'on peut prolonger les expositions autour d'une large table conviviale au milieu de photographies de l'un des artistes "maison".
 
Jack Pierson justement dont les rêves sur grandes lettres s'échappent de la cour d'entrée semblent se réaliser pour qui a l'audace de franchir le périf ! La programmation de cette nouvelle annexe ambitieuse et hors normes a de quoi séduire. Après le dialogue Beuys/Kiefer, la vision collective de la chute et le côté sombre de Bazelitz, place au paysage de la création New Yorkaise, ses mythes et ses réalités. New York garde t-elle toujours une supprématie face à l'émergence de nouveaux acteurs et appétits fortunés lointains mais redoutablement affutés ? La réponse s'écrit au fil de ce parcours intergénérationnel qui mêle peinture, installations, photographie et sculpture avec de grandes pointures : Jeff Koons, Dan Graham, Julian Schnabel ou de jeunes révélations comme Joyce Pensato, Michele Abeles, Moyra Davey, La Roya Ruby Frazier ou encore Tabor Robak, le plus jeune artiste repéré à la Biennale de Lyon. L'ouverture est saisissante et nous plonge dans ces prophéties modernes de la Mondialisation, fantasmes et énergies que concentre Big Apple. Décrypter cette hégémonie sous le signe de l'hybridation mais toujours en taille XXL tel l'ancienne Pennsylvania Station revue et corrigée par Keith Edmier symbole de ce nouveau monde indutriel et malheureusement démoli en 1963. Flamboyante, néo-Pop (on imagine très bien les dollars de Wall Street et Leonardo di Caprio pleuvoir sur les ballons de Jeff Koons ou les dinosaures de Rob Pruitt), trash avec ces poupées désincarnées de l'autralo-norvégien Bjarne Meelgard (autre révélation de Lyon) décadente, énergisante, Empire State dont le titre est emprunté aux figures de l'underground Jay Z et Alicia Keys, n'est autre qu'une déifiction sauvage et puissante. Mais n'oublions pas "Eveyrhing will be taken away" comme le scande Adrien Piper. A la fin des contes il y a toujours une morale. Laquelle ? Celle du mainstream ? pour reprendre le titre de l'ouvrage de Frédéric Martel l'un des protagoniste de l'entreprise qui a necessité plus de 100 visites d'ateliers new yorkais. Les deux commissaires l'anglais Norman Rosenthal, directeur des expositions à la Royal Academy et l'américain Alex Gartenfeld, conservateur au Museum of Contemporary Art à Miami nous laissent face à nos questionnements dans cette gigantesque caisse de résonnance aux multiples échos qui après Rome se pose à Paris/Pantin encore pour quelques semaines. Ne ratez pas cette escale unique !

Infos pratiques :

Empire State,
l'art de New York aujourd'hui
jusqu'au 15 février 2014

69 avenue du Gal Leclerc, Pantin

http://ropac.net/

En parallèle et j'y reviendrai dans l'espace du Marais Harun Farocki et Lady Gaga par Robert Wilson.


Jean Marais, 100 ans à l'Elephant Paname

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Agnés Laurent et Jean Marais in Amour en poche, Pierre Kast, 1957

Jean Marais, collection de mode

Jean Marais, croquis contes pour enfant

Costume pour Peau d'âne

Atelier de Jean Marais reconstitué à l'Eléphant Paname


Hôtel Particulier Second Empire, Eléphant Paname est né de la volonté de Fanny et Laurent Fiat, soeur et frère passionés de danse et d'arts plastiques. Un rêve devenu réalité après deux ans de travaux et 5 millions d'euros. Jean Marais, l'histoire d'une vie après Verdi propose une vision inédite du créateur avant la vente aux enchères d'une partie de ses souvenirs en mars prochain par la maison Art Talents Enchères fondée par Romain Leray et Didier Jovenet auteurs du livre d'art Jean Marais, l'éternel retour. Un ensemble de 1200 pièces rassemblé dans une scénographie féérique et enchanteresse autour des multiples facettes du génie et sur trois étages. Le théâtre, le cinéma, les arts plastiques mais aussi la mode et l'illustration pas un talent n'est oublié dans cette somptueuse distribution. Mais si on connait l'artiste notamment à travers sa rencontre avec Cocteau ou d'autres personnalités on découvre l'homme véritable, son enfance, sa famille, ses lettres et carnets intimes et son atelier, spectaculairement mis en scène au 2è étage. Cabinet de curiosité, collection de mode très avant-gardiste qui ferait pâlir Jean Paul Gaultier, collection de céramiques dont certaines sont signées Picasso qui l'y initie et bien entendu tout l'univers du théâtre au dernier étage. Nous évoluons de passages en passages, d'arches en miroirs, de métamorphoses en songes dans le mythe d'Orphée, son film le plus célèbre. L'arbre de vie sous le dôme nous rappelle son symbole par excellence, sa grande bienveillance et curiosité. "Tu m'étoiles, tu es étoilé" ces paroles de Cocteau son mentor prennent tout leur sens. L'on quitte à regret cet onirisme en repensant à cette réplique de Prospero dans la Tempête de Shakespeare que Jean Marais devait jouer quelques jours avant sa mort et qu'il affectionnait tant "Ce que le ciel nous accorde, nous le devons à nos semblables". Un testament toujours vivant.
 
Infos pratiques :
 
Jean Marais
l'histoire d'une vie
jusqu'au 16 mars 2014
Elephant Paname
10, rue Volney
75002 Paris
 
Dispersion d'une partie de l'ensemble : le samedi 22 mars 2014.
 
 
 
 
 

A tribute to Elsa Schiaparelli

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Défilé Elsa Schiaparelli Haute Couture printemps-été 2014
 
Marisa Schiaparelli Berenson devant boléros rebrodés de sa grand-mère © CHRISTIE’S IMAGES LIMITED 2013
 
Shocking (projet d'affiche), aquarelle, encre et graphite sur carton, Marcel Vertès, vers 1946
© CHRISTIE’S IMAGES LIMITED 2013
 
Elsa Schiaparelli, Horst P. Horst, Paris, 1937
© Courtesy Condé Nast / Horst Estate
 
Fashion Week oblige, un défilé inédit lundi celui de la maison Elsa Schiaparelli, place Vendôme à quelques pas de la boutique historique de celle qui inventa le rose shocking et insuffla l'esprit surréaliste dans la mode. "Déglingué mais portable" comme le souligne Jean-Paul Gaultier aux premières loges avec Carla Bruni-Sarkozy qui souligne "un nouveau Schiaparelli avec le parfum de légende". Du beau monde pour célébrer un vestiaire excentrique et bigarré dont une partie est mise à l'enchère ce jour par sa petite fille l'actrice Marisa Berenson chez Christie's. Schiap' muse et inspiratrice des artistes de son temps Dali, Man Ray, Giacometti, grande rivale de Coco Chanel a révolutionné la mode des années 30 en introduisant de nouveaux matériaux disponibles tels le plastique ou la fermeture éclair, comme le rappelle Patricia Frost, directrice internationale du département mode de la maison de vente avenue Matignon. Une femme indépendante, libérée du carcan aristocratique qui habille les icônes de l'âge d'or hollywoodien : Katharine Hepburn, Marlène Dietrich, Joan Crawford...de ses facéties métaphoriques loin du modernisme qui règne alors. Sur les 180 lots d'une collection à valeur de 800 000€ (1.1 million de dollars) des vêtements et objets d'art ou de curiosité. Parmi les pièces phares : le chemisier de soie violet de la collection astrologie (25 000 à 35 000€), boléro rebrodé inspiré de ses voyages (12 000 à 15 000€), portraits solarisés de Man Ray (10 000 à 12 000€) ou le lampadaire en bronze d'Alberto Giacometti (60 000 à 80 000€).
Nul doute qu'après la grande exposition du Metropolitan de New York en 2012 et l'hommage de Christian Lacroix l'année dernière, cette initiative sous la houlette de la sublime Comtesse Lady Lindon dans le mythique Barry Lindon de Kubrick ne ravive nostalgie et sens de la fête chez les socialites de toujours.
 
Infos pratiques :
Collection personnelle d'Elsa Schiaparelli
Christie's Paris
23 janvier 2014, 17h
 
9 avenue Matignon
75008 Paris
 
 
 
 




Lida Abdul "expérimenter le désastre" Fondation C.Gulbenkian

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Lida Abdul
Still from White House, 2005
5’00'' NTSC 16:9 16mm film transferred to DVD, Courtesy of the artist

Lida Abdul
White House, 2005
5’00'' NTSC 16:9 16mm film transferred to DVD, Courtesy of the artist

Lida Abdul
Still from Dome, 2005
4’00'' NTSC 16:9 Digital Video, Courtesy of the artist

Lida Abdul
Still from In Transit, 2008
DVD, Courtesy the artist and Galleria Persano, Turin Italy

Lida Abdul,
still from What We Have Overlooked, 2011, 16mm film, 2 channel video installation. Courtesy the artist and Galleria Persano, Turin Italy.dOCUMENTA 13, Kassel

Si vous avez aimé "les Cerfs-volants de Kaboul", vous aimerez la poésie étrange et absurde de Lida Abdul, artiste afgane vivant à Los Angeles que j'avais découverte à la Documenta 13 avec sa video "What we have overlooked". Pour la première fois exposée à Paris à la Fondation Calouste Gulbenkian elle nous livre sa nouvelle production "le Temps, l'amour et les rouages de l'anti-amour" installation sonore qui mêle un poème et des photographies anonymes, directement inspirée de la théorie de Blanchot comme la plupart de ses oeuvres qui nous parlent des dilemnes de son pays natal en proie aux ruines et à la guerre depuis plus de 10 ans. Des images largement relayées par les medias. Mais de ce désastre peut naitre des métaphores plus poétiques autour de l'identité, de la révélation, de l'action à entreprendre y compris chimérique comme on le voit dans de nombreuses videos projettées. "Tout reste possible alors que tout semble perdu" titre choisi par Isabel Carlos, la commissaire de cette exposition où il est nullement question de pathos mais plutôt de connexion émotionnelle avec le spectateur. Des gamins jouant autour de la carcasse d'un avion soviétique à l'abandon, des vendeurs de brique à la queue leu leu en équilibre précaire et inventant une chorégraphie en attendant leur maigre salaire, un gosse levant les yeux au ciel au milieu des sifflements des bombes. Des enfants qui en Afghanistant "parviennent à vivre à mi chemin entre le monde de l'enfance et celui des adultes, sans avoir connu la première ni tout à fait compris l'autre" comme le déclare l'artiste. Des mises en scène dont le pouvoir transformateur cherche le vide et établit une relation d'absence-présence comme l'affirme Susan Sontag avec la photographie. Des corps qui participent à une sorte de rédemption, ces tâches manuelle répétitives qui atteignent une sorte de musicalité dans ces paysages ravagés. Avec "White House", c'est Lida elle-même qui peint de blanc les décombres d'une maison dont les niches abritaient autrefois les fameux bouddhas profanés et détruits de Bamiyan Bamyan. Le blanc symbole de la purification qu'elle badigeonne aussi sur la chemise noire de cet homme debout et de dos dans la grande photographie qui nous accueille. Comme dans une performance filmée, le défilement en boucle et en silence des mouvements ralentis donne une sensation de vacuité et d'échec troublante. Documenter "ce qui reste" pour créer un avant et un après et rendre vie au paysage même dans ce qu'il a de plus inhumain. Réflexion puissante et engagée sur le destin ultérieur des lieux de catastrophe et de ceux qui les traversent, Lida Abdul aborde l'architecture comme moyen de réflexion sur la condition humaine. Une approche autant autobiographie qu'universelle.
 
Infos pratiques :
 
Lida Abdul
Tout reste possible alors que tout semble perdu
jusqu'au 29 mars 2014
Fondation Calouste Gulbenkian-Délégation en France
39 Bd de Latour Maubourg
75007 Paris
 
En partenariat avec le Centre d'Art Moderne de la Fondation Calouste Gulbenkian à Lisbonne.
 
 
 
 

A ne pas manquer : Robert Wilson, Tacita Dean and Lady Gaga !

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Robert Wilson, Living Rooms, Le Louvre 2013/2014 © The Watermills Center Collection

Robert Wilson, Gaga portraits Tête de Saint Jean-Baptiste, d'après Andrea Solario,Mort de Marat David, Melle Caroline Rivière Ingres.Courtesy galerie Thaddaeus Ropac Paris

Robert Wilson, Einstein on the Beach, Festival d'Automne 2013

Tacita Dean, Film still from JG, 2013 JG, film 35 mm anamorphique couleur et noir et blanc, son optique, en boucle, — 26 1-2 minutes. Tacita Dean / Courtesy Tacita Dean and Marian Goodman Gallery, Paris / New York

Patrick Saytour, Trophée, 2013 Peinture acrylique sur jean, patère, cintres et bois Courtesy of the artist and Galerie Valentin, Paris. Photo : Sylvie Chan-Liat

Ivan Argote, Hangover and Extasy, 2014 Béton, bois, feuille 379x912x180 cm Courtesy of the artiste and Galerie Perrotin Paris

Moussa Sarr, Courtesy the artist and Galerie MartineetThibault de la Châtre, Paris.

Robert Wilson Deus Ex Machina au Festival d'Automne et au Louvre.
Ses living Rooms entre art tribal et objets trouvés, escarpins de Marlène Dietrich et chaises du monde entier méritent le détour salle de la Chapelle. Un processus de création qui s'inscrit comme une constellation artistique pendant 3 mois et qui s'inspire aussi de tableaux de grands maîtres comme Ingres ou Andrea di Bartolo Solari, sous les traits de Lady Gaga qui le fascine. Ainsi Mademoiselle Caroline Rivière, la Mort de Marat ou la tête de St Jean Baptiste sur un plateau ce sont 24 portraits de l'actrice et performeuse que l'on retrouve aussi à la galerie Thaddaeus Ropac. Un phénomène à la hauteur des multiples identités de la star (en visite à Paris pour la Fashion Week émue aux larmes par le résultat) et une invitation à vivre dans la tête du célèbre metteur en scène que l'on retrouvera au Chatelet pour son chef d'oeuvre Einstein on the Beach de nouveau à l'affiche pour 5 représentations seulement. Légendaire à plus d'un titre cet opéra sur une musique de Philip Glass s'impose comme une myriade d'histoire sensorielles insaisissables et hyptnotiques.
 
Avec la plasticienne britannique Tacita Dean chez Marian Goodman il s'agit de se battre contre l'obsolescence du médium argentique face au virage numérique. Elle choisit pour cela le mystère de la Spirale Jetty à travers le défi que lui lance l'auteur américain de science fiction JG Ballard. JG titre du film anamorphique de 35 mm en couleur et noir et blanc avec son optique de 26 minutes et demie projeté en boucle au sous sol de la galerie mélange le paysage et le temps, masquant partiellement l'obturateur à l'aide de caches et générant ainsi des accidents du hasard, petits miracles, fossiles disparus. A l'étage, photographies trouvées et aussi dessin à la craie sur tableau noir comme on l'avait apprécié à la dernière dOCUMENTA de Kassel. Une fragilité menacée à l'instar de la lente disparition du numérique.

Réinterprétations, reprises, déconstructions de la peinture et de ses codes à l'heure même où Supports/surfaces fête ses 20 ans, Patrick Seytour comme dans une auto-parodiepervertit dans un jeu la notion de multiple et de linéarité inhérente à la toile. Fragments, greffe, plis, découpages, il rapièce, suture, recouvre pour mieux bouculer les hiérarchies et aboutir à un effondrement sensuel et poétiquement probable.
 
Saluons le parcours fulgurant d'Ivan Argote, lauréat du prix SAM pour l'art contemporain 2011 et à présent chez Perrotin où il continue à s'attaquer aux symboles de domination qu'ils soient gréco-romains, colombiens (son pays d'orginie), espagnols ou contemporains. Le jeune plasticien de plus en plus irrévérencieux et faussement dilettante passé par les Beaux Arts de Paris et repéré au salon de Montrouge se dit à présent No Limit !A voir son obélisque ramenée au sol et débandée, ses lions domestiqués et ses images découpées au laser, la subversion du départ (il avait tagué deux tableaux de Mondrian au musée d'art moderne) monte d'un cran mais sans jamais renoncer à l'ironie et à l'humour.
 
Humour et auto-dérision à l'oeuvre également chez Moussa Sarr (mois de la photo 2012) photographe et vidéaste qui par le biais de la fable se met en scène dans un acte engagé et convaincu. Sa récente video "Corps d'esclaves" réalisée au Fresnoy à l'occasion de Panorama 15 où il prête le flan à un boxeur résonne étangement avec la sortie du film 12 Years of Slave de Steve Mc Queen. Dans sa nouvelle exposition chez Martine et Thibault de la Châtre, conçue comme une carte blanche il invite deux de ses alter-égos Mary Sue et Yassine Boussaadoun à jouer de leur propre image devant la caméra. Résultat sans concession et très percutant dans un subtile jeu de ping pong à trois.
 

Nuit de Chine, coup d'envoi au Grand Palais

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L'affiche de l'ouverture du 50è anniversaire des relations diplomatiques avec la Chine était prometteuse, Nuit de Chine, ces lettres graphiques écrites comme dans un cartouche sur le fond rouge de la Cité impériale et je m'imaginais déjà des pontons flottants, des concubines rebelles, des héroïnes de Wong Kar Waï lentes et rêveuses, des échoppes bariolées, des feux de bingales, des lampions, des parfums d'interdit. Mais peut-être suis je trop nostalgique...en tous cas ce Grand Palais toujours qualifié d'imprenable a une fois encore montré que ces volumes grandioses sont saisissants et c'est sans doute cette impression qu'a voulu donner M. Donnedieu de Vabres le commissaire de l'évènement dont la direction artistique est assurée par Patrick Bouchain architecte. L'année du cheval à quelques jours du Nouvel An célébrée par Bartabas et ses écuyers de génie dans un spectacle inédit qui rappelle cette armée de soldats en terre cuite Xian. Cirque, danseurs étoile, récital de Mu Ye Wu et tomber de rideau pour un cinémascope géant avant que les portes ne s'ouvrent pour un public très nombreux (file d'attente de plusieurs kilomètres jusqu'à la Seine) pour une nuit électro-rock franco chinoise qui devrait redonner un peu de chaleur. Si l'ensemble doit coûter plus de 2 millions d'euros financés par du mécénat des deux pays et met à l'honneur 2000 étudiants chinois, choisis dans des filières prestigieuses des "futurs ambassadeurs des intérêts de la France"(certains en habit de Polytechnique font penser au sublime acteur du film  l'Amant de Marguerite Duras) je reste partagée sur le résultat. Mais d'autres festivités sont attendues (plus de 400 notamment culturelles sur toute l'année et dans les 2 pays) à commencer par la foire Art Paris Art Fair (sis Grand Palais) en mars prochain qui mettra également la Chine à l'honneur. J'ai déjà cité dans l'actualité parisienne et intenationale la place de l'art contemporain chinois. De l'art et de la diplomatie...
 
 
Site officiel :
 
 
 
 
 

Allers/ Retours : Tapisserie contemporaine à Angers

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Blood cannot be washed out with blood., Unn Sönju Tapisserie, laine

Rhinoceros, Randi Studsgarth Tapisserie, soie, papier, laine, or et argent

The Face of Shadow, Renata Rozsivalová
 
Arid landscape II, Ann Naustdal Tapisserie, laine, lin, fibre de coco, feuille d'or 
 
Anne Jackson, The Great European With-Hunt : the word witch in 10 languages Tapisserie, point noué, coton, lin, fils synthétiques
 
Sarah Perret, Struggling for all eternity Tapisserie, laine, coton, soie, et fibres synthétiques

Paul Klee, La légende du Nil 1981 coutesy musée Jean Lurçat et de la tapisserie contemporaine

Alexander Calder, Soleil rouge, 1964 coutesy musée Jean Lurçat et de la tapisserie contemporaine
 
Il n'y a pas qu'à Paris que l'on voit de la tapisserie contemporaine, au Musée d'art moderne avec Decorum, mais dans toute l'Europe et pour s'en apercevoir rien de mieux que de se rendre à Angers (1h30 de TGV) qui accueille au musée Jean Lurçat et de la tapisserie contemporaine la 3è édition d'Artapestry à l'initiative du Forum Européen de la Tapisserie (ETF). Après le Danemark, la Finlande, la Suède c'est au tour de la France à Angers précisément et bientôt la Lettonie avec 38 artistes liciers sélectionnés par un Jury de spécialistes dont Yves Sabourin (ministère de la culture) commissaire de l'exposition Sacré Blanc à Angers en hommage à Thomas Gleb en 2012. Le parti-prix du dialogue et ces allers-retours essentiels entre oeuvres plus anciennes de la collection du musée et artistes d'aujourd'hui permet de mesurer par exemple la filiation entre les pionniers de la "Nouvelle tapisserie" et les liciers contemporains d'Artapestry. Neuf thématiques ont été retenues dans ce parcours où règnent respect de la tradition et foisonnement créatif dans une scénographie qui assure fluidité et méditation. Ainsi nous commençons par les ressources propres au medium de la tapisserie avec Rythme/tissage (Yves Millecamps/Brita Been) et Tapisserie/Motifs décoratifs (Jean Lurçat/Aino Kajaniemi). Nous abordons ensuite l'Objet (Pierre Daquin/Iveta Vecenane), le Paysage (Paul Klee/Fiona Hutchison et Atelier Wissa Wassef/Iska van Kempen-Jarnicka), la Couleur-vitalité (Alexander Calder/Ariadna Donner et Patrice Hugues/Lise Frolund, extraordinaire réflexion autour du genre), la Mort-Guerre (Sarah Perret dans une vision hallucinée avec la polonaise Magdalena Abakanovicz ou le turc Mario Prassinos tandis que la norvégienne Unn Sonju probablement l'oeuvre la plus forte est confrontée avec le catalan Josep Grau-Garriga). Pause pour reprendre son soufle avec spiritualité/art sacré : Thomas Gleb avec la danoise Ane Henriksen ou la française d'origine polonaise Katherine Lavocat face à la grande dame de la "nouvelle tapisserie" la yougoslave, Jagoda Buic. La tapisserie s'échappe du mur. Anne Jackson avec son oeuvre sur la chasse aux sorcières européennes me fascine avec cette résurgence de nos peurs et ce monde obscur réputé féminin. Car si la tapisserie est un art pratiqué par les femmes il n'a rien de mièvre et de tendre, c'est aussi ce qui ressort de ce panorama savant et élégant. Avec Lumière/Op Art nous nous rapprochons des problématiques de ce courant plastique avec Victor Vasarely confronté à la danoise Grethe Sorensen (magnique néon capturé à Hong Kong) ou Mathieu Matégot (Piège de lumière) avec Jane Freear-Wyld (Reflect). Pour finir note onirique avec Espace/Constellations et l'extraordinaire rhinocéros de la danoise Randi Studsgarth inspiré de Dürer face au Silence de Jean Picart, l'un des artisans de la renaissance de la tapisserie française d'après-guerre. Avec le cycle Univers de l'allemand Peter Horn nous prenons le télescope et plongeons dans le mystère du trou noir, tandis que le bugare Maryn Varbanov nous conduit sur les traces d'Orion métaphore d'un régime politique oppresant qu'il quittera pour rejoindre la Chine et y fonder la section tapisserie à l'école des Beaux Arts de Hangzhou. En refermant ce parcours inédit et fort on se dit que ces images produites dans le silence et la lenteur nous poussent à réfléchir aux fondements mêmes du processus créatif. Si ce métier est en pleine renaissance saluons l'audace de cette exposition triennale-concours européen qu'est Artapestry relayé par Françoise de Loisy, conservateur du musée Jean Lurçat et ses équipes pointues et passionnées.
 
Il faut dire que la tapisserie fait partie du patrimoine à Angers car le Chant du Monde de Lurçat n'aurait vu le jour sans l'extraordinaire héritage de l'Apocalypse, commande exceptionnelle du duc d'Anjou exposée au château d'Angers qui mérite le détour. Forteresse et résidence fastueuse, ce palais dont subsiste l'enceinte et la résidence seigneuriale se visite avec comme chef d'oeuvre la tenture de l'Apocalypse de St Jean, à l'origine constituée de 6 tapisseries de 6 mètres de haut sur 23 mètres de long. Vision prophétique de la lutte du Bien et du Mal illustrée par 76 panneaux restitués dans leurs couleurs d'origine ce travail titanesque est une merveille des sens et l'un des fleurons de notre histoire. Cette allégorie sacrée atteste du rayonnement des musées d'Angers dont je pourrai aussi citer les Beaux Arts avec une exposition sur l'art des miniatures. Beau prétexte pour y passer la journée et revivre les riches heures de la Cour angevine ou des témoinages plus contemporains.
 
Infos pratiques :
 
Angers Artapestry 3
Allers-Retours
 
Musée Jean Lurçat et de la tapisserie contemporaine
jusqu'au 18 mai 2014
4 Bd Arago, Angers (49)
 
 
 
 
 

La femme d'à côté et Pastoral, deux coups de coeur en photographie

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Anni Leppälä, Untitled-morning-light, 2013 courtesy the artist

Janaïna Tschape, Batwoman, 2001

Laura Henno, A tree of Night, 2004

Dorothée Smith,Sans titre, série Sub Limis, 2010

Elisabeth Llach,«Ne t’inquiète pas #216», 2009

Nelli Palomäki, Pecky at 23, 2011

Katinka Lampe, Sans titre, 2013

Patricia et Marie-France Martin, C’est comme être, 2003

Alexander Gronsky, Strogino I, 2009 Courtesy the artist/Polka galerie

Alexander Gronsky, Dzerzhinskiy II, 2009 Courtesy the artist/Polka galerie

Alexander Gronsky, Zapadnoe Biryulevo I, 2011 Courtesy the artist/Polka galerie


La femme d'à côté, le mythe masculin par excellence véhiculé par le cinéma, Truffaut au sommet de son art avec une Fanny Ardant, ardente et un Depardieu amoureux fou mais ici à la galerie des Filles du Calvaire ce sont les femmes qui écrivent le scénario de ce qui ressemble à une tragédie des temps modernes. L'amour impossible mais pas seulement. Il est aussi question d'histoires, du modèle et de sa représentation et finalement d'autoportrait. Une femme à multiples facettes, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre comme dirait le poète, qui passe du romanesque à l'extase, de la douceur à la violence, de la sensualité à la passion jusqu'à en mourrir comme la belle Ophélie de Shakespeare (Ellen Kooi). Fétichisme des corps et des étreintes, émotion palpable et pourtant retenue, le parcours de ces 20 artistes femmes, ouvert par un homme le seul Laurent Fiévet, créé un vrai suspens et transforme le spectateur peu à peu en voyeur quand il monte au 2è étage dans la partie plus intimiste. Incroyables portaits et corps offerts de Dorothée Smith comme polarisés dans une tiédeur troublante où le féminin du masculin vascille et hésite. La question du genre en filigrane toujours chez cette artiste qui interroge nos modes de représentation les plus courants. Avec la video à quatre mains des soeurs Martin où chacune devient le miroir de l'autre pendant une séance de maquillage au ralenti il s'agit d'introduire une réflexion sur le dédoublement de soi et la gémélité. Dans un kaléidoscope d'effets et de motifs, leurs corps se confondent et se répondent. Belle façon de conclure cette fresque extrèmement dense conçu par Charlotte Boudon commissaire et co-directrice de la galerie qui a su convaincre des artistes extérieures à la galerie et c'est là l'un de ses mérites. Au delà des stéréotypes qui perdurent (formidable série Belgravia de Karen Knorr) nous basculons dans les fantasmes et l'on y prend un réel plaisir.
 
Si de nombreuses images de l'exposition dégagent une veine romantique ou un écho à la peinture de la Renaissance avec le photographe estonien Alexander Gronsky exposé à la galerie Polka on se place immédiatement du côté de Caspar David Friedrich. Ses pastorales héritées de la grande peinture de genre du paysage choisissent pour cadre la périphérie urbaine moscovite. Des lieux sans dénomination comme il le souligne, friches abandonnées qu'il pare d'une atmosphère bucolique à l'aide d'un sens de la perspective et de la lumière. Une vision harmonieuse de l'homme et de la nature qui occulte la laideur environnante mais sans la masquer tout à fait. Ce nouvel opus reprend sa réflexion sur les étendues enneigées et silencieuses, hostiles de Moscou, "The Edge" récompensé par le prix Foam Paul Huf en 2010, parmi les nombreux autres prix accumulés par ce jeune photographe. A l'occasion du festival des cultures russes et russophones Russenko son dernier projet "Norilsk"ville parmi les plus polluées du monde au Nord du cercle polaire arctique, construite par des condamnés aux travaux forcés sous Staline où se dégage une atmosphère faussement paisible.
 
Infos pratiques :

La femme d'à côté Exposition collective
jusqu'au 22 février 2014

Les Filles du Calvaire

http://www.fillesducalvaire.com/

Prochainement la galerie participe au parcours video Sunday’s Screening #10 – dimanche 9 février 2014

Alexander Gronsky
Pastoral
jusqu'au 1er mars 2014

Polka galerie

http://www.polkagalerie.com/

En parallèle : Sebastião Salgado.




 

La Vitrine.am à la croisée de l'art et des marques.Expérience 7

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Dana Wyse, Jesus had a sister productions
Guarantee the heterosexuality of your child,Courtesy of Aeroplastics contemporary, Brussels
 
Benjamin Sabatier, Peinture en kit, Courtesy IBK /galerie Jousse Entreprise, Paris
Wim Delvoye, Cloaca
Puzzle Anal Kiss,
© studio Wim Delvoye, Belgique, Courtesy Galerie Perrotin
 
Yann Toma, "Dynamo Fukushima" Grand Palais 2011
l'Or Bleu "eau parfumée en Ouest-Lumière"
 
Damien Beguet, Microclimat


Après Jeff Koons, Bernardaud ou Per Barclay, l'Art en direct poursuit son exploration sur les relations multiples art et marques à en donnant carte blanche à Isabelle de Maison Rouge commissaire indépendante qui en partenariat avec Art/Flux (art, économie, sciences politiques) invite une dizaine d'entreprises d'artistes à la Vitrine.am. Car si en général la marque se nourrit de l'artiste (créativité, sens de l'innovation, leadership), aujourd'hui certains artistes renversent la tendance et utilisent le modèle entrepreneurial pour s'exprimer et s'inspirer dans un processus de détournement subtilement mis en scène. Prenant le parti pris et la posture d'une présentation type foire commerciale avec des stands et une signalétique immédiatement indentifiable, Isabelle de Maison Rouge joue des codes en vigueur dans l'économie réelle et repousse encore plus les frontières de l'art contemporain. Un acteur de choix Yann Tomas son complice à Art/Flux et président à vie de l'entreprise artiste Ouest-Lumière incarne ce positionnement et son playdoyer est très convaincant. Son eau parfumée l'Or Bleu que nous sommes invités à boire fruit de sa rencontre avec le parfumeur Francis Kurkdjian utilise le monde industriel comme medium à part entière. Ses nombreux projets et ouvrages critiques autour de l'oeuvre participative Ouest-Lumière et son rôle d'observateur à l'ONU à la fois décalés et savants sont irrésistibles, tout comme lui d'ailleurs ! Sur cette note d'humour nous continuons avec Wim Delvoye et son entreprise Cloaca, machine qui reproduit le système digestif dont la promotion est assurée par de nombreux produits dérivés ou Maurizio Cattelan et son magazine photographique TOILETPAPER dont certaines images ont été exposées au Palais de Tokyo récemment. Chez Dana Wyse "Jesus had a sister productions" il s'agit de mettre le spectateur dans un questionnement critique sur la société de consommation et ses habitudes d'auto- médication avec toutes sortes de pilules miracles pour les bobos du quotidien. Sarah Roshem développe aussi un laboratoire de santé publique autour d'un nouvel art de guérir qui prône le "care"à l'aide de slogans positifs "Who cares about me ?".Portée critique également à l'oeuvre chez Sylvain Soussan "fournisseur de musées"  ou Benjamin Sabatier et son esthétique du chantier. Avec Philippe Mairesse il s'agit du vivre ensemble sous forme de photographies trouvées dans la rue qu'il compile sous forme d'une anthropologie anonyme et sociale. Chez Damien Beguet il s'agit par exemple d'utiliser le principe de la sous-traitance réadaptée au milieu artistique à la Biennale de Rennes et ici de détourner les codes des cadeaux promotionnel d'entreprise. N'oublions que les premiers artistes entrepreneurs s'appelaient Marcel Duchamp et Man Ray créateurs de la Société Anonyme Inc. en 1920, comme en témoigne la pièce historique au début du parcours. Ils ont donné naissance à des générations d'entrepeneurs en herbe avec cet échantillon sélectionné par Art/Flux qui cloture l'exposition où l'on trouve notamment l'agence internationale de remplacement AIR si un jour vous ne pouvez honorer un rendez vous qu'il soit officiel ou sentimental. Des entités foisonnantes et des frontières poreuses qui repensent la question de l'écosystème de l'art et le font évoluer. Les idées ne manquent pas et en ce moment de morosité aigue c'est plutôt salutaire...
 
Infos pratiques :
 
Business Model
Entreprises d'artistes
 
Carte blanche à Isabelle de Maison Rouge
 
jusqu'au 21 mars 2014
 
les Conversations de la Vitrine, en écho à la programmation.
 
 

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