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Channel: Métamorphoses et Vagabondages
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De Giotto à Caravage, itinéraires d'une passion ! @Jacquemart André

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Caravage, Michelangelo Merisi dit (1571 - 1610) Amour endormi 1608, huile sur toile, 72 x 105 cm Florence, Istituti museali della Soprintendenza Speciale per il Polo Museale Fiorentino – Galleria Palatina, Palazzo Pitti © S.S.P.S.A.E e per il Polo Museale della città di Firenze - Gabinetto Fotografico.
Caravage, Michelangelo Merisi dit (1571 - 1610) 1594, Garçon mordu par un lézard, huile sur toile 65,8x52,3 cm Florence, Fondazione di Studi di Storia dell'Arte Roberto Longhi Studio Sébert Photographes.
Giotto di Bondone (vers 1267 – 1337) St Jean l'Evangéliste Vers1320, tempera et or sur bois, 128 x 55,5 cm / 120 x 54,3 cm Abbaye royale de Chaalis, Musée Jacquemart-André – Institut de France © Studio Sébert photographes.
Masaccio, Vierge à l’enfant, vers 1426-27, tempera et or sur bois. Attribuée par Longhi Galerie des Offices, Florence © Soprintendenza Speciale per il Patrimonio Storico Artistico ed Etnoantropologico e per il Polo Museale della Città di Firenze/ Gabinetto Fotografico.
 Matthias Stomer, Annonce de la naissance de Samson à Manoach et à femme, vers16301632  © Firenze, Fondazione di Studi di Storia dell’Arte Roberto Longhi


Si l'exposition de Giotto à Caravage célèbre l'influence d'un des grands historiens de l'art italien Roberto Longhi (1889/90-1970), auteur de nombreux ouvrages, dessinateur, professeur et collectionneur, elle est aussi à l'honneur du goût des époux Jacquemart André, dont la collection donne très tôt une large place aux Primitifs. La rencontre entre eux et l'éminent spécialiste se fait à l'occasion d'une nouvelle attribution qu'il propose, selon sa méthode habituelle, en 1930 du polyptyque conservé à l'abbaye de Chaalis représentant St Jean l'Evangéliste et St Laurent, au départ attribué à l'école Siennoise alors que Roberto Longhi reconnait et authentifie Giotto, en qui il voue une grande admiration. Sans doute l'exposition aurait elle pu s'ouvrir sur ce fait d'arme mais les trois commissaires (deux florentins et le conservateur du musée Jacquemart Nicolas Sainte Fare Garnot) ont préféré démarrer le parcours sur le coup d'éclat de Caravage, au centre des recherches menées par l'historien qui choisit encore étudiant de lui consacrer sa thèse, alors qu'il se voit oublié par la critique. "Le garçon mordu par un lézard"version jumelle de celle de la National Gallery, dénichée chez un antiquaire parisien annonce les bouleversements à venir, cette dualité des sentiments, ici la douleur et la jouissance et cette dramaturgie en puissance. Elle est l'un des joyaux de la Fondation Longhi créée en 1971 et se voit assortie d'" un Amour endormi"du Palazzo Pitti et du "Couronnement d'épines", dont l'audace de la composition et le renouvellement de l'iconographie religieuse plaident pour la période romaine si féconde.Caravage est pour Longhi le "premier peintre de l'époque moderne"pour sa veine humaniste et ses atmosphères troubles et ambigües. Il n'aura de cesse d'étayer sa thèse de nombreux essais. L'influence du maître du clair-obscur sera grande et de nombreux caravagesques (courant qui embrase toute l'Europe) sont réunis, tels Manfredi, Saraceni pour le cercle romain mais aussi dans le sud de l'Italie à Naples où se trouve notamment Jusepe di Ribera (trois saisissants apôtres achetés par Longhi en 1921) ou les représentants des Pays Bas : Matthias Stomer (Guérison de Tobit) et Dirck van Baburen (Arrestation du Christ). 
L'autre volet de la passion Longhi pour les Primitifs qu'ils soient du Trecento et du Quatrocento est explorée dans l'autre grand axe du parcours, même si cela n'est pas clairement explicite. Il publie en 1940 une étude déterminante sur Masolino et Masaccio, le"précurseur de Michel Ange" selon lui. Sa "Vierge à l'Enfant"est l'une des grandes découvertes" de ce détective hors pair tel que le décrit N. Sainte Fare ! Exceptionnellement prêtée par les Offices, cette tempera est une merveille de raffinement gothique. Pierro della Francesca et Cosmè Tura son héritier complètent favorablement l'influence de cette école florentine sur la maison d'Este et l'Atelier de Ferrare. 
Si l'on sait que la collection constituée par Roberto Longhi compte plus de 250 tableaux parmi lesquels des Primitifs, des représentants du Seicento mais aussi des peintures plus avant-gardistes tel son ami Giorgio Morandi, le futuriste Carlo Carrà ou le fondateur de la Scuola Romana Mario Mafai, il semble que l'éventail de ses passions soit large. Une autre exposition pourrait être organisée dès lors. A la fin de l'exposition hommage de l'un de ses élèves, l'emblématique réalisateur Pier Paolo Pasolini qui lui dédicacera son 2è film.Enfin, Roberto Longhi et son épouse la romancière Anna Banti sont à l'origine de la revue culte Paragone, véritable incubateur d'idées et de débats. 
Le mérite de cette exposition même incomplète à Jacquemart aux vertus pédagogiques certaines est d'ouvrir une porte sur cet insatiable découvreur, charge à chacun ensuite de poursuivre ses recherches.Scénographie impeccable d'Hubert Le Gall mais étroitesse des lieux !

Infos pratiques :

De Giotto à Caravage
les passions de Robert Longhi

Musée Jacquemart André
(Institut de France)
jusqu'au 20 juillet 2015

158 Bd Haussmann 75008 Paris
ouvert tous les jours de 10h à 18h






Velázquez et les "Velazqueños" au Grand Palais

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Diego Velázquez Portrait de l'infant Baltasar Carlos sur son poney (1634-1635)
Madrid, Museo Nacional del Prado/RMNGP

Diego Velázquez Portrait du pape Innocent X, 1650.
Amministrazione Doria Pamphilj srl/RMNGP

Diego Velázquez Portrait de l'infante Marguerite en bleu (vers 1659), 
Kunsthistorisches Museum, Vienne/RMNGP

Diego Velázquez,l'Infante Marie-Thérèse (vers 1652)
New York, the Metropolitan Museum of art/RMNGP


Diego Velázquez La forge de Vulcain (vers 1630)
Madrid, Museo nacional del Prado/RMNGP

Exposition majeure à plus titre au Grand Palais, première rétrospective en France du "peintre des peintres"  Diego Velázquez (1599/1660),chef de file de la peinture espagnole étonnamment absent des collections du Louvre ! Une lacune qui explique en quoi il est resté inconnu pour les français jusqu'au XIXè siècle, son voyage prévu à Paris après le second séjour en Italie (1649-1651) n'ayant pu se faire à cause des menaces de guerre. Cette découverte indirecte et lente s'en trouve définitivement réparée par cette rétrospective pour laquelle Le Louvre et le Grand Palais en partenariat avec le Kunsthistorishes Museum de Vienne ont bénéficié de l'appui précieux du Prado, obtenant des prêts très exceptionnels tels "La Forge de Vulcain" (Prado) mais aussi "la Vénus au miroir" (Londres, National Gallery) ou le "Portrait d'Innocent X" (Rome, Galleria Doria Pamphili) même si "les Ménines" (joyau faut-il le rappeler du Prado) ou le "Porteur d'eau" (Apsley House, Londres) n'ont pas fait le voyage...Des manques qui n'occultent pas cependant le mérite scientifique d'une telle démarche et le plaisir des yeux pour les spectateurs.
Outre le talent de portraitiste magistralement développé sous la cour du roi Philippe IV lorsqu'il est nommé à son service pour donner un autre visage d'une monarchie en banqueroute, deux angles sont au coeur de cette lecture renouvelée des mythologies du maître : l'influence possible du caravagisme et la question de l'atelier et des suiveurs, ceux que l'on nomme "les velazqueños".
La thèse naturaliste s'inscrit d'abord dans les variations naturalistes (les bodegones en vogue à Séville à cette époque) puis dans la découverte des oeuvres de Jusepe de Ribera et la modernité des compositions castillanes de Juan Bautista Maino et Bartolomeo Cavarozzi. Mais c'est dans son usage du profane et son ancrage dans le réel qu'il retient le mieux la leçon du Caravage avec cette ambiguïté des personnages telle ce troublant et flou visage de la Venus à son miroir qui fait dos au spectateur.
Resté dans l'ombre de son beau père Juan Bautista Martinez del Mazo est son fervent disciple et apprenti, tout comme son esclave Juan de Pareja ou son collaborateur à Rome Pietro Martire Neri. Pour la première fois un nombre important de toiles et de nouvelles attributions permettent de mesurer le style propre de Martinez del Mazo et de mesurer l'influence du maître sur toute une génération d'artistes qui deviennent les protagonistes de la seconde école de Madrid. Ainsi si Velázquez a certainement été marqué par sa rencontre avec Rubens dans ses années d'apprentissage il a lui même a son tour en tant que chef d'atelier et a posteriori laissé une trace prépondérante sur ses assistants et les canons esthétiques d'alors.
Même si l'on nous explique qu'il ne faut pas "déontologiquement" emprunter un chef d'oeuvre tel que les Ménines le dispositif numérique prévu n'est pas forcément un plus étant donné la charge symbolique qu'il représente en filigrane du parcours. L'image finale de ce grand "Cheval Blanc" encadré de deux autoportraits saisissants de vérité laisse sans voix. Clap de fin digne du génie !

Infos pratiques :

Velázquez
jusqu'au 13 juillet 2015

Grand Palais

Catalogue de l'exposition RMN/Musée du Louvre, 408 pages, 50€

Nombreux événements autour de l'exposition.





Archipel Secret @Palais de Tokyo @Singapour en France

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SPEAKCRYPTIC Personal Condition Archipel Secret 2015 Palais de Tokyo courtesy of the artist

Svay Sareth, Mon Boulet, Performance, Documentation Phnom Penh (Cambodge), 2011Courtesy of the artist

Kamin Lertchaiprasert, No Past, No Present, No Future, 2015Matériaux mixtes — Dimensions variablesCourtesy of the artist
Chris Chong Chan Fui, Endemic, 2015 (création en cours)Plantes artificielles mécanisées — Dimensions variablesCourtesy of the artist
Ruangsak Anuwatwimon, GOLEM (2011 — 2015)Matériaux mixtes — Dimensions variablesCourtesy of the artist
Aung Ko, Ko Shwe, 2014Matériaux mixtes — Dimensions variablesCourtesy of the artist


Cap sur l'Asie déclarée zone de prospection prioritaire pour le Palais de Tokyo ! L'exposition "Archipel Secret" s'inscrit dans ce vaste programme pluridisciplinaire de rencontres et d'échanges initié dès 2013 avec Nouvelles Vagues. La nomination de Khairuddin Hori par Jean de Loisy comme directeur adjoint de la programmation du Palais de Tokyo est un signal fort et c'est en tant que commissaire d'Archipel Secret qu'il nous accueille avec les 35 artistes d'Asie du Sud Est sélectionnés dans le cadre du festival Singapour en France. S'ils sont issus des marges, certains sont déjà connus et visibles dans les grandes biennales ou expositions tel l'indonésien Eko Nugroho que Sandra Mulliez avait exposé au musée d'art moderne de la ville de Paris dès 2012 (programme de résidence de SAM Art Projects) Saluons son audace et sa vision prospective !
L'archipel malais incarne convoitises et confrontations coloniales, une histoire de métissages qui resurgit chez de nombreux artistes dont les oeuvres incarnent des forces obscures, introspectives et viscérales. 
Une oeuvre emblématique ouvre le parcours, sur les murs du grand hall d'entrée, le wall painting de SpeakCryptic qui témoigne d'un tissus urbain, mouvant et dense et la perte de liens avec sa culture d'origine. Cette constante transformation et perméabilité est palpable tout au long des propositions qui innervent véritablement les sous sols du Palais. Tel un palimpseste en devenir qui se nourrit de pratiques ancestrales et d'un syncrétisme spirituel fort. Entrer dans ce paysage c'est accepter de se défaire de ses a prioris occidentaux pour se laisser habiter par ces contre courants secrets et marginaux. La barque du singapourien Zai Kuning invite à ce voyage, sur les traces du premier maharaja de la dynastie Srivijaya qui au VIIè siècle s'engagea dans les mers de l'archipel. Puis les expéditions et performances sauvages des jumeaux Le Brothers dans la jungle,les rizières, les fabriques de briques interrogent la conscience d'après guerre du Nord et Sud-Vietnam tandis que Kamin Lertchaiprasert reste dans une posture méditative imperturbable héritée du texte bouddhiste fondateur "La lumière de la Voie vers l'éveil". Symbolique puissante également à l'oeuvre chez Ruangsak Anuwatwimon dans ces rituels de crémation sur le cycle de la vie aux fondements bouddhistes également. Espèces botaniques endémiques troublantes avec Chris Chong Chan Fui, tandis que ISE (Roslisham Ismail) scrute la tradition de l'oralité dans des dispositifs de dessins, cartes, videos, livres sur la base de savoir-faire traditionnels. Emouvantes performances physiques du cambodgien Svay Sareth autour de l'actuel contrôle politique d'Angkor Wat et plus largement sur les épisodes de la guerre du Cambodge. Dénonciation des justices également chez l'indonésien Tisna Sanjaya envers les communautés locales et résistance de la société vietnamienne face au capitalisme rampant chez Tran Luong. L'on referme ce panorama foisonnant avec "The incredible adventures of border-crossers" sorte de synthèse de toutes ces trajectoires sous la performance stupéfiante de ceux qui vivent cet exil au quotidien et ne sont jamais montés sur scène !
L'autre volet indispensable d'Archipel Secret s'écrira au MAC de Lyon avec "Open Sea" ou l'odyssée sur les mers de ces multiples traversées et influences. Plus de 30 artistes sont réunis par Thierry Raspail et Khairuddin Hori à partir du 17 avril, toujours en collaboration avec le National Heritage Board de Singapour.

Infos pratiques :

Archipel Secret
jusqu'au 17 mai 2015

Palais de Tokyo
13, av du Président Wilson, 75116 de midi à minuit

dans le cadre de Singapour en France, le festival qui continue ! bientôt Lille et Lyon.

à suivre en 2015/2016 :
présentation d'une monographie de l'artiste thaïlandais Korakrit Arunanondchai,intervention sur le bâtiment par l'artiste sud coréenne Lee Bul, exposition à l'Institute of contemporary de Singapour réalisée par le Palais de Tokyo...
Partenariat Fondation d'entreprise Total "Talents émergents des pays émergents".



Choc des titans : Icônes américaines@Grand Palais et Clés d'une passion@Fondation L.Vuitton

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Andy Warhol, Liz #6 [Early Colored Liz], 1963 ;silkscreen ink and acrylic on linen, 40 in. x 40 in. (101.6 cm x 101.6 cm) ; Collection SFMOMA, Fractional purchase and bequest of Phyllis Wattis © The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc. / Artists Rights Society (ARS), New York

Ellsworth Kellyn Cité 1951 huile sur toile, 20 panneaux assemblés, San Francisco Museum of Modern Art, the Doris and Donald Fisher Collection at the San Francisco Museum of Modern Art, et Helen and Charles Schwab Collection

Henri Matisse, La Danse, 1909-10 Saint Pétersbourg, musée de l'Ermitage Succession H.Matisse. Photo : The State Hermitage Museum, Saint Petersbourg, 2015/Vladimir Terebenin 2014

Fernand Léger, Trois femmes (le Grand Déjeuner) 1921 22 Huile sur toile New York, the Museum of Modern Ar. Fonds Mrs Simon Guggenheim 1941

Mark Rothko, N°46 (Noir, ocre, rouge sur rouge) 1957 huile sur toile, Los Angeles, The Museum of Contemporary Art, The Panza Collection

D'un côté, des "icônes américaines" de l'Après Guerre au Grand Palais du SFMOMA (San Francisco Museum of Modern Art) qui voyagent le temps des travaux nécessaires à son grand projet d'extension, de l'autre une sélection d'oeuvres majeures à l'origine des jalons de la modernité prêtés par les plus grandes institutions, en résonance avec les lignes structurantes de la collection contemporaine de la Fondation Louis Vuitton. Ou comment la mise en correspondance est la clé d'un tout ! Le public parisien est encore une fois très gâté mais en a t-il vraiment conscience ?

Dépositaire de l'une des plus importantes collections privées d'art moderne et contemporain, la collection de Doris et Donald Fisher fondateur de la marque GAP (1100 oeuvres au total), le SFMOMA plus ancien musée d'art moderne des Etats Unis après le MOMA de New York,constitué d'importantes donations de fortunes de la côte Ouest peut rivaliser avec  les plus grands musées du monde sur cette période. 
Ces "Chefs d'oeuvre du SFMOMA et de la collection Fisher" présentés pour la 1ère fois, d'abord auGrand Palais et ensuite au Musée Granet d'Aix en Provence,49 en tout, de 14 artistes américains volontairement mis en dialogue vont à la rencontre du public français, sous l'égide d'un commissariat franco-américain tripartite : Gary Garrels, conservateur en chef au SFMOMA, Laurent Salomé, directeur scientifique de la RMN-Grand Palais et Bruno Ely, directeur du musée Granet. Des premiers développements de l'abstraction : Alexander Calder qui ouvre le bal magistralement et Ellsworth Kelly dans sa période parisienne jusqu'à l'émergence du conceptualisme (Dan Flavin, Donald Judd, Carl André et Sol LeWitt) en passant par le Pop (Andy Warhol et Roy Lichtenstein) et l'abstraction picturale (Cy Twombly, Agnes Martin) ces tableaux sont comme un avant-goût synthétique qui préfigure le nouveau SFMOMA à sa réouverture printemps 2016.

"Les Clés d'une passion" signée Suzanne Pagé pour la Fondation Louis Vuitton, première exposition "historique" qui réunit de véritables icônes grâce à des prêts exceptionnels d' institutions muséales du monde entier (Russie, Etats-Unis, Australie, Europe..) donne à voir au delà d'une émotion sans pareil, les partis pris d'une collection engagée et incarnée. Quel pouvoir une oeuvre iconique garde t-elle sur le temps qui passe ? Comment le transcende t-elle ? Quelle clef mystérieuse délivrerait au spectateur l'accès à son aura ? Autant de questionnements que nous abordons au fur et à mesure des paysages et des territoires qui se dessinent, mouvants et perméables, à l'image des axes structurants de la collection de la Fondation. 4 axes miroirs, 4 séquences : l'expressionnisme subjectif, le contemplatif, le popisme et la musique/le son traversent cet espace temps et possible histoire de la modernité. Le Cri de Munch exceptionnellement venu d'Oslo d'une folle audace répond à la décrépitude frontale d'Hélène Schjerfbeck, tandis que Hodler, Nolde et Mondrian annoncent le "degré zéro des formes" de Malévitch ou la matérialité vibrante de Rothko. La 3è séquence "popiste" pas forcément très convaincante même si les trois Léger exceptionnellement réunis ouvrent cette quotidienneté ordinaire, tandis que Picabia et ses montages annoncent les appropriations de notre époque. C'est la dernière séquence autour de la musique avec Matisse et sa "Danse (1909 St Pétersbourg, l'Ermitage)" en guest star qui offre l'expérience la plus immersive que l'on soit face à l'exubérance colorée de Kupka ou au chromatisme proche de la synesthésie de Kandinsky. Comme la fable matissienne à plusieurs visages de la "Tristesse d'un Roi"nous oscillons entre une note mélancolique et enjouée dans une dynamique des lignes et des couleurs saisissante.

Cette rencontre sensible d'icônes devenues accessibles est favorisée par cet accrochage d'une grande audace et élégance. Prolongeant les questionnements suscités par cette exposition hors normes et son catalogue, un colloque international se tiendra les 12 et 13 juin prochains dans l'auditorium de la Fondation.


Infos pratiques :

Icônes américaines, chefs d'oeuvre du San Francisco Musuem of Modern Art et de la collection Fisher

jusqu'au 22 juin 2015

Grand Palais

http://www.grandpalais.fr/fr


Les Clés d'une passion
jusqu'au 6 juillet 2015

Fondation Louis Vuitton
8 av. du Mahatma Gandhi 75116 Paris


http://www.fondationlouisvuitton.fr/





Les 5 finalistes du Prix Canson® 2015

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©Rokni Haerizadeh, Adrian Villar Rojas,Mithu Sen, David Musgrave, Trisha Donnelly : finalistes prix Canson® 2015

Vocation principale du Fonds Canson® pour l'Art et le Papier créé en 2010, le prix Canson®développe ses ambitions à l'international, après Barcelone, l'exposition de ses finalistes aura lieu à New York en 2016 au Drawing Center. Rencontre à Paris de Laurent Boudier, son directeur artistique et Tunga, artiste brésilien président du Jury 2015. Composé d'éminents représentants du monde de l'art : Jean de Loisy, Christine Macel conservatrice au Mnam/Centre Pompidou pour la partie française mais aussi Bala Starr, directrice de l'Institute of Contemporary Arts de Singapour, Mia Locks, curatrice au MoMA PS1 New York, Claire Gilman, curatrice au Drawing Center, Catherine Lampert, curatrice et historienne de l'art (Londres), Staffan Ahrenberg, collectionneur et propriétaire des Cahiers d'Arts (Suède) et enfin Natalie Bell, curatrice au New Museum (New York), le Jury récompense "un univers graphique fort" parmi une quarantaine de dossiers, la particularité étant que chaque membre du Jury sélectionne trois artistes connus ou méconnus. Les 197 filiales répertoriées du groupe présentent également un candidat sur les mêmes critères. 
Le lauréat outre une importante dotation en papier Canson® (d'une valeur de 10 000€) bénéficie d'une visibilité forte dans une foire et une institution de prestige, cette année il sera désigné au Palais de Tokyo en juin. Dorénavant annuel, le prix Canson® s'incarne en acteur majeur de soutien à la création contemporaine, Canson® leader mondial du papier Beaux Arts a toujours accompagné les artistes depuis sa création en 1557 par la famille Montgolfier.
Pour ne pas vous faire attendre davantage, les 5 finalistes sont :
-Trisha Donnelly
L'artiste américaine représentée par des galeries importantes son exposition l'année dernière à la Serpentine Gallery avait frappé les esprits autour d'un matériau vidéo devenu variation météorologique, blanc, lumineux. Au Palais de Toko dans la saison des Dérives de l'imaginaire, elle jouait de libres associations et des conventions visuelles et linguistiques. Ses dessins travaillent sur des indices, des frottements entre perception et intuition.Assurément, ma favorite !
-Rokni Haerizadeh
Seul ou en duo avec son frère Ramin, l'artiste iranien construit des fables morales et politiques autour de sa propre culture et histoire. Féroce et mordant, son trait délicieusement cruel est alimenté par un recyclage intense des images des medias.
-David Musgrave
L'artiste anglais David Musgrave mêle l'installation murale, l'image numérique et le dessin.Comme des fragments archéologiques ou graffiti ses objets, éléments de plastique,papiers découpés, dépassent les frontières habituelles. Comme un réseau en puissance.
-Mithu Sen
L'artiste indienne Mithu Sen (galerie Nathalie Obadia, Paris) sur des grands formats met en scène des théâtres d'ombre pour explorer les parts secrètes d'une identité confuse. Un cortège désarticulé qui nous entraîne aux confins d'une intimité dévoyée entre règne humain et animal. Impertinence du trait.
-Adrian Villar Rojas
L'artiste argentin Adrian Villard Rojas, imagine une fin du monde dans des paysages de ruines, entre science fiction et archéologie. Une mutation constamment nourrie de bandes dessinées, de musique, de littérature où le dessin vient en écho interférer ces scénarios. Présent pour l'ouverture de la nouvelle aile de la Serpentine.

Mondialisation oblige, pas de français cette année.
Suspens.. et que le meilleur gagne !

Pour en savoir plus :


Prochain Rendez-vous : désignation du lauréat 2015 au Palais de Tokyo le 22 juin 2015, 
Simon Evans, lauréat 2014 y présentera son travail en 2016 lors d'une exposition personnelle.




Art&Entreprise : Critina Escobar et France-Lanord/Bichaton, une résidence exemplaire !

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Cristina Escobar, Le Lotissement 2014-2015 installation Polyuréthane, bois, fibre de verre, polystyrène et vernis noir. dimension variable. courtesy l'artiste
Cristina Escobar, Croisières, 2014, ensemble de 64 dessins courtesy l'artiste
Cristina Escobar, vue de l'exposition Autres lieux, galerie NaMiMa 2014 courtesy l'artiste
Cristina Escobar, Lignes de mire 2013 installation cerfs-volants sérigraphie sur tissu courtesy l'artiste
Cristina Escobar, Jeu de ficelle 2012 installation plâtre synthétique et verre, Premier Regard courtesy l'artiste

Lancé par le ministère de la Culture et de la Communication lors de la Semaine de l'industrie, en partenariat avec le ministère de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique le programme Art et Entreprise vise à favoriser les liens entre deux mondes qui ne se connaissent pas ou mal. Les résidences d'artistes sur des sites industriels emblématiques sont l'une des actions engagées. Pour cette 1ère édition, Cristina Escobar en Lorraine au coeur de l'entreprise France-Lanord et Bichaton est l'une des 5 résidences de 2 à 10 mois sur 5 régions du territoire, les autres étant Guillaume Leblon en Limousin chez Feutres Depland et Terrade, Maeva Barrière en Midi Pyrénées dans l'usine agoralimentaire Poult, Organic Orchestra en Rhônes Alpes portée par le CNAS et Arnaud Vasseux en Provence-Alpes-Côtes d'Azur au sein des tuileries Monier.

En étroite collaboration avec l'Ecole nationale supérieure d'art de Nancy (ENSA, dont est diplômée Cristina), France-Lanord et Bicharton, membre du réseau Artem Entreprises et la Drac Lorraine ont retenu Cristina Escobar artiste cubaine de 38 ans, installée et investie dans la région. Son immersion dans l'entreprise d'avril 2014 à janvier 2015 se traduit aujourd'hui par une exposition de sa production au musée des Beaux Arts de Nancy. Un chemin remarquable à plus d'un titre qui a non seulement fédéré les équipes, valorisé des savoir-faires mais produit des éléments novateurs pour le futur. Cristina Escobar et Olivier Crancée, actuel président de cette PME de 100 personnes spécialisée dans le BTP et la réhabilitation de monuments historiques ont oeuvré de concert tout au long du projet pour décloisonner,faire bouger les lignes et "casser les habitudes". Cristina nous a "fait gagner 10 ans de recherche et développement. Grâce à elle nous sommes précurseurs aujourd'hui dans notre domaine" déclare son jeune et dynamique président ! Partant des archives de l'entreprise inscrite dès l'origine dans l'histoire de l'Ecole de Nancy, Cristina s'oriente vers l'architecture, l'économie et l'espace pour réaliser une oeuvre inaugurale "Premières Pierres" au sein de l'Atelier taille de pierre. Cette installation au sol présentée à la galerie NaMiMa (Ensa Nancy) partait des courbes de l'inflation immobilière dans le monde.
Les questionnements de l'artiste sur notre société sont toujours mêlés à sa mémoire intime entre poésie et gravité, beauté et douleur. Avec "Le Lotissement" qui a nécessité la collaboration de multiples compétences en menuiserie mais aussi en numérique et usinage, il s'agit d'une vingtaine de tentes noires qui évoquent les sans abris et la précarité qu'elle remarque dans Paris dans l'indifférence générale, même si l'affaire des Enfants de Don Quichotte fait parler d'eux. Elle qui vient de Cuba se dit choquée par ce phénomène de marginalisation étendu à l'ensemble de la capitale. A l'image de cette constellation d'arrondissements parisiens (20 au total) qu'elle dessine dans un matériau solide et dense (le polyuréthane) à l'encontre de la toile de tente habituellement pliable et légère. Le noir qu'elle emploie souvent signe le deuil des utopies après Guerre et des Trente Glorieuses où les lotissements sortent de terre comme des champignons et la faillite de nos systèmes qui tendent à uniformiser et gommer l'innommable. "Mirage" nom de l'exposition décrit ce décalage constant entre la beauté de la matière, le rendu des plis de ces objets, les variations de la lumière et ce pourquoi ils sont là. Le noir c'est aussi cette absence, ce néant comme un tunnel qui vous aspire, cette négation absolue de l'être. Comme une tâche de pétrole qui se répandrait sur nos consciences endormies, "Mirages" joue de ces paradoxes comme dans l'installation "Accident"découverte en 2012 à l'espace parisien Premier Regard. L'ensemble de dessins "Croisières" en contrepoint de l'installation ajoute à cette dimension désespérée de naufrage collectif avec ces images de boat people issues de la presse, des individus livrés à une désillusion programmée.
Ainsi de la tente au bateau, vecteurs d'idées de loisirs et de détente nous basculons dans une autre réalité, brutale et menaçante, anxiogène et mortifère.Cet immense cimetière de nos utopies se referme et l'on se dit que pour Cristina Escobar l'engagement n'est pas un vain mot, preuve en est de ces liens uniques qu'elle a su susciter auprès des salariés de France-Lanord et Bichaton à qui elle a donné des clés de compréhension de l'art contemporain et une parcelle de son émotion. Nul doute que les fruits de ces échanges multiples iront bien au delà de cette exposition manifeste aux Beaux Arts de Nancy. Une rencontre au coeur de l'humain.

Ne manquez pas lors de votre visite de découvrir ou redécouvrir les trésors de ce musée, le plus ancien de la ville qui outre les collections Jean Prouvé et Daum, ses fleurons, abrite des peintures des écoles italiennes, nordiques et françaises des XIVè au XVIIè, complétées par le XVIIIè et XIXè (exceptionnel Delacroix "Bataille de Nancy"), tandis que le XXè et l'art contemporain se déploient dans l'extension contemporaine (fascinante ellipse de Felice Varini). Et en prime Roger de la Fresnaye (mon aïeul lointain) présent dans le cabinet des arts graphiques et son tableau "Deux femmes nues dans un paysage" de 1910 d'une très grande modernité. 

Infos pratiques :

Mirages Cristina Escaobar

jusqu'au 4 mai 2015

Musée des Beaux Arts de Nancy,
place Stanislas.

http://mban.nancy.fr

Video de la résidence sur le portail de l'Economie et des Finances :

http://www.economie.gouv.fr/residence-artiste-maria-cristina-escobar-entreprise-france-lanord-bichaton


Site de l'artiste :

http://cristinaescobar.net/




Felice Varini, suite majeure pour La Villette

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Preview Felice Varini, La Villette En Suites 2015 ©Photo : Marie de la Fresnaye


"Je joue toujours avec ce que l'architecture me donne comme réalité"telle est la démarche résumée par l'artiste suisse Felice Varini dont les oeuvres visibles dans le monde entier, dynamiques et multiples élargissent le champ de la perception. Appliquant sa grille de lecture in situ sur des bâtiments emblématiques, intérieurs ou extérieurs il construit des projections optiques et géométriques autour du trompe l'oeil, du dédoublement, de la dispersion. Autant de points de vue éclatés que le spectateur recompose au gré de sa déambulation. L'horizontale et la verticale, le cadre et le hors champ, des contraires pour une mise en abîme en écho aux enjeux de l'histoire de l'art et de la création in situ dans un processus cinétique à chaque fois unique et infini. Pour cette carte blancheà La Villette que je découvre en avant-première, il intervient à trois endroits :

-Le pavillon Paul-Delouvrier
Oeuvre de l'architecte catalan Oscar Tusquets ce pavillon à la façade en marbre blanc au milieu du parc de Bernard Tschumi et des jardins à thèmes, accueille des expositions d'art contemporain (Duane Hanson, Pascale  Marthine Tayou,Lucy+Jorge Orta...) sur 1000m2 de surface. Felice Varini commence par s'imprégner de l'espace, ses lumières, ses volumes, prend des mesures puis se projette par le dessin et enfin pose les adhésifs peints. Une intervention minimale, éphémère à géométrie variable. Chaque salle répond à une autre sans interférence dans cette partition nommée :
Quatorze triangles percés/penchés, Rouge jaune noir bleu entre les disques et les trapèzes et Sept carrés pour sept colonnes
C'est d'une grande élégance et simplicité par ces combinaisons de couleurs primaires et subtiles anamorphoses.

-La galerie est de la Grande Halle
L'intervention se découvre à rebours, sur le côté et non dans le sens logique de la marche. Un indice nous est donné sur le mur de la Cité de la musique de Portzampac (Philarmonie 2) par un éclat de couleur qui prolonge  Arcs de cercle sur diagonale. Sur ces arcs métalliques témoins du passé industriel de ces anciens abattoirs l'artiste pose les jalons d'une expérience de la troisième dimension dans ces formes qui se détachent et se superposent à l'architecture dans un ballet sans cesse fluctuant. Cela me rappelle notamment l'oeuvre réalisée sur le port de St Nazaire pour Estuaire 2007 visible depuis la terrasse panoramique de la base sous marine qui avait été la source d'une vraie émotion.

- Hall 3 de la Grande Halle
Une rétrospective en images et vidéos nous plonge dans les nombreuses interventions de l'artiste en France (Orangerie de Versailles, Maison Rouge fondation de Galbert,le Grand Palais/Expo Dynamo, Metz Nancy..) mais aussi à l'international (Osaka Art Kaléidoscope, Milan/spazio Fendi, Suisse/Vercorin, Finlande/Porin Art Museum). Comme une fresque en devenir...

Découvrez Les Ateliers Enfants :

Ma première installation à la manière de Felice Varini
Photo-performance"Espace et points de vue"

Profitez d'une pause gourmande à la Petite Halle dans son joli décor : formule brunch à volonté !

                                  

Infos pratiques :

Felice Varini
La Villette En Suites

Parc de La Villette
211 av. Jean Jaurès 75019 Paris

Du 15 avril au 13 septembre 2015

Entrée libre

http://lavillette.com








Du côté des galeries @Laurant Tixador,Terry Richardson,Off Budapest, Hicham Berrada...

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Laurent Tixador, "Electroplatane", 2015 Courtesy l'artiste et galerie In Situ Fabienne Leclerc

Terry Richardson "The Sacred and the Profane" 2015, Courtesy the artist, galerie Perrotin 

Eva Kotàtkovà et  György Jovànovics, "Space Trouble" 2015 Galerie Cortex Athletico Paris

Hicham Berrada, Paysages a circadiens 2015 Courtesy l'artiste/ kamel mennour galerie 

Une machine à faire des pâtes (délicieuses j'en témoigne !), un atelier de confection de bagues en bois de renne, une épuisette à frites en forme de piège à rêves amérindien, autant de "bons moments de bricolage" en terre Astrale de Laurent Tixador artiste de la galerie In Situ Fabienne Leclerc découverts aux Rencontres photographiques d'Arles cet été que je retrouve avec un plaisir renouvelé pour sa 3è exposition à la galerie. Avec "Electroplatane" il s'agit d'habiller le circuit électrique de la galerie jusqu'au mobilier d'exposition de bois de platane, arbre citadin par définition.Recourant à des technologies simples et pauvres et des matériaux disponibles dans son environnement immédiat, Laurent Tixador poursuit ses "Architectures Transitoires" (prix COAL 2013) entre art du bricolage et économie de la récupération. La marche comme récit à travers son blog, véritable journal de bord complété de collectes au bord des routes fait partie d'une expérience performative sur le mode de la décélération. Facultés d'adaptation face à un territoire inconnu ou hostile (il qualifie les trois mois passés sur les îles Kerguelen comme une utopie communautaire en fonctionnement, tel ce vestige de fusée soviétique tirée en 1977 rapporté) qui lui permet de tester et livrer un nouveau corpus de possibilités en prise avec les défis de l'homme du XXIè siècle. 

"Depuis toujours pêché et sainteté dépendent l'un de l'autre pour survivre" déclare l'artiste américain Terry Richardson de 50 ans exposé à la galerie Perrotin. "The Sacred and the Profane" réunit de nouvelles séries de photographies documentant les loisirs estivaux des américains : parades,festivals, foires dans une tension entre l'industrie du sexe et l'omniprésence du religieux. Ces croyances héritées des puritains sont encore très tenaces sur tout le territoire comme il a pu le constater au fil de ses nombreux voyages. Ainsi l'idée d'un oeil divin qui condamne et maintient l'ordre plane sur ces paysages grandioses du Grand Ouest tandis que le fanatisme continue de frapper la société. Mystique et décapant !

Dans un tout autre registre, OFF Biennale Budapest est une plateforme d'artistes, de commissaires, de galeristes, de collectionneurs hongrois lancée fin 2013 visant à renforcer et fédérer des acteurs locaux indépendants à un niveau international. L'exposition à la galerie Cortex Athletico rassemble dans "Space Trouble" 4 de ces artistes : György Jovánovics, Eva Kotátková,Josef Dabernig et Zsolt Tibor  qui partagent des affinités conceptuelles tout en développant un vocabulaire très personnel. Mon coup de coeur l'emporte pour Eva Kotàtkovà et ses collages surréalistes qui traitent de l'enfermement sociétal et normatif vécu comme des contraintes imposées au corps. Pour la première fois visible en France, tandis que les reliefs en plâtre de György Jovànovics entre architecture constructiviste et enjeux picturaux en écho aux courants de l'avant-garde internationale s'imposent comme témoignage de cette 3è génération d'artistes progressistes "Ipartev" qui ont révolutionné le statut de l'art hongrois. 

De l'autre côté de la Seine, Hicham Berrada à présent dans l'écurie de Kamel Mennour, joue sur notre mémoire olfactive avec son jardin plongé dans un clair-obscur surnommé le "Mesk-ellil"ou "galant de nuit"plante ornementale qui diffuse son ester dans le bleu du soir. Entre nature et artifice son théâtre botanique dégage des arômes envoutants, tandis qu'Azur agit en vase clos sur les état changeants de la matière. Une rêverie aérienne et inversée en chapitres successifs telle ce mirage, ce présage "Céleste" qui s'envole et se fond dans le ciel...En parallèle l'artiste bénéficie d'une exposition au Centre d'art Micro Ondeà Vélizy. 

Infos pratiques :

Space Trouble - Josef Dabernig, György Jovánovics, Eva ...






Maîtres de la sculpture de Côte d'Ivoire@Quai Branly, une tournée européenne

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© Masque avec animal (bélier) - artiste :Maître de Bouaf © Zürich, acquis avant 1927
Maître de Bouaflé, masque avec animal, museum Rietberg, Zurich Photo Rainer Wolsfberger
Sabu bi Boti. Masque zaouli avec figurine © Museum Rietberg Zürich, photo: Rainer Wolfsberger
Émile Guebehi et Nicolas DamasSans titre (scène d'adultère), 1991. © CAAC - The Pigozzi Collection, Genève.
Maître dit "de Himmelheber"figurine assise avec une coupe vers 19è siècle DR Collection privée
Jems Robert Koko BiDiaspora II, 2013. Collection privée

Après Zürich, Bonn et Amsterdam, l'exposition "Les Maîtres de la sculpture de Côte d'Ivoire"signée Lorenz Homberger et Eberhard Fischer, éminents spécialistes, se pose à Paris, musée du Quai Branly pour 4 mois. Un évènement  qui confirme la force de l'héritage des sculpteurs de l'Afrique de l'Ouest dont l'identité et le contexte géographique et rituel sont volontairement mises en valeur dans un parcours aux vertus à la fois esthétique, scientifique et pédagogique rassemblant quelques 330 oeuvres historiques et contemporaines. "Induire un nouveau regard sur l'art africain" tel est le défi lancé à partir de collections européennes, africaines, américaines publiques et privées. La notion d'apprentissage au sein des ateliers est essentielle pour comprendre que l'art n'était jamais figé et que les apprentis sculpteurs bénéficiaient d'une certaine liberté dans l'interprétation de leurs modèles.
C'est l'ambition de la Galerie des Sculpteurs reconstituée au coeur de l'exposition, après avoir introduit les 6 régions artistiques de la Côte d'Ivoire, dédiée aux oeuvres de 40 artistes du XIXè et début XXè. Un focus sur 7 maîtres de la culture Dan, parmi lesquels Uopié (village de Nyor Diaplé), Sra le plus réputé (village de Béléwalé) et Dyeponyo célèbre le pouvoir des masques et des grandes cuillères de cérémonie. Puis nous découvrons l'art des peuples des lagunes (sud-est de la Côte d'Ivoire), des Baoulé, des Gouro, des Lobi et des Sénoufo, sous l'angle de la singularisation de l'artiste. Ainsi émergent une interprétation personnelle des canons stylistiques chez ceux que l'on nomme" Maître des volumes arrondis", "Maître des mains en forme de pelle","de la coiffure en crête de coq", "Maître dit de Himmelheber", "Maître de Bouaflé"selon le style, le nom du découvreur ou la zone géographique. Un peu comme dans la peinture primitive occidentale flamande ou italienne du Gothique tardif sur les retables.
Une section transversale présente les différentes techniques utilisées par ces artistes : la sculpture sur bois mais aussi le placage à la feuille d'or, la fonte de laiton, le tissage et la poterie.

Enfin, le dernier espace s'ouvre sur des installation d'artistes contemporains ivoiriens Jems Robert Koko Bi,Koufi Kouakou, Emile Guebehi et Nicolas Damas, dignes héritiers de la tradition du passé, transnationaux qui sont dans cette continuité de pratiques. Les trois robots de Koffi Kouakou créés pour le collectionneur Jean Pigozzi incarnent cette double conscience entre la charge émotionnelle d'un objet ancestral et les technologies mondialisées des touristes ou riches expatriés. 

La scénographie dans ces tonalités brunes et ces cimaises-écrins sert magistralement le propos. Démarche inédite à souligner elle resservira pour l'exposition "Sepik, l'art au long du fleuve" selon une volonté éco-citoyenne de réduction des coûts de production. 

Un somptueux catalogue coédition Skira/quai Branly permet de prolonger le voyage...

Infos pratiques :

Les Maîtres de la sculpture de Côte d'Ivoire

jusqu'au 26 juillet 2015

Musée du Quai Branly

Programmation autour de l'exposition : les vacances de printemps en Côte d'Ivoire !

Soirée BEFORE : Vendredi 24/04/15

Pendant cette soirée, les visiteurs sont invités à découvrir l'exposition de manière
privilégiée et insolite et à profiter ensuite d'un moment convivial et festif.




Nøne Futbol Club, rien ne se perd, tout se transforme !

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Nøne Futbol Club, "une saison en enfer", 2015 vues de l'installation les Eglises, Chelles. courtesy les artistes/galerie Derouillon

A contrepied le duo d'artistes Nøne Futbol Club avance, tels les complices activistes d'un détournement généralisé. Une petite entreprise qui ne connait pas la crise et produit en circuit fermé. Espiègles ou cyniques il s'attaquent à la culture de masse (le football au Brésil est une religion) tout en revendiquant l'anonymat (telle la figure d'Ulysse ou le ø dans le Nøne qui suggère l'absence). Encore sur les bancs de l'Ecole des Beaux Arts, leurs interventions redoutables et iconoclastes déroutent et fascinent : le Salon de Montrouge, le prix Sciences Po, le Palais de Tokyo des lieux qui résonnent déjà pour eux. Je découvre à l'occasion d'un Taxi Tram leur dernière installation pour les Eglises, centre d'art contemporain de la ville de Chelles "Une saison en enfer". Le titre d'une grande importance à la fois poétique (Rimbaud, Alchimie du Verbe) et grave (le devenir du centre d'art, l'angoisse existentielle de l'artiste). Efficace. L'idée est d'imaginer une usine de production dont les ouvriers seraient des pigeons et de recycler en oeuvre d'art le fruit de leurs "dropping paintings ou peintures de chutes". Humour et dérision face à cette gigantesque volière, visible de l'extérieur où 150 ouvriers/performeurs composent en temps réel la devise "HOLD ON", telle une imprimante entièrement éco-responsable à grande échelle. Rien ne se perd, tout se transforme et tous les 10 jours les fientes sont récupérées par les artistes tandis que l'image enregistrée est retransmise simultanément dans la 1ère salle des Eglises sur un écran à même le sol qui agit comme un miroir. Big Brother ? Fiction d'une époque où la télé-réalité prend le pouvoir ? Le spectateur devenant voyeur dans ce processus où le gazouillis des oiseaux (emblème de Twitter) se répand peu à peu sur nos consciences. Ces "bird's thoughts" qu'ils capturent et scrutent au fil de leurs interventions, de "Hello world" aux Beaux Arts à "Get high get rich" pour les élites de Sciences Po précédemment, chaque écriture révélant une personnalité et organisation sociale, la vie en entreprise. Pour l'affiche ils se sont inspirés du Modulor cher à Le Corbusier sauf que le corps humain y est remplacé par des silhouettes de volatiles. Le concept de circuit de visite impose après cette vision de l'atelier ou l'usine en banlieue, la découverte du show room dans la galerie Derouillon dans le très tendance Haut Marais. L'on y découvre dessins préparatoires et prototype des perchoirs spécialement conçus en forme de lettres.
La boucle est bouclée et nul doute que leur diplôme en poche ces deux là vont poursuivre leur travail de sape de notre époque qui repose paradoxalement sur la notion des savoir-faire. Comme une bombe à retardement constamment désamorcée. Les Nøne Futbol Club,agitateurs low profile (leur ego s'efface étrangement devant les oeurvres) mais à la volonté d'acier ! 

Egalement au cours de la balade, halte à la galerie municipale Jean-Collet de Vitry-sur-Seine qui en plus du Prix International de peinture "Novembre à Vitry" organise des expositions de jeunes artistes ou de talents confirmés, en l'occurrence Frédéric Lecomte (galerie Claudine Papillon) nous offre un panorama de 20 ans de création. Sous le titre "Bal des ampères" (référence à Polanski et au scientifique du XVIIIè) l'artiste orchestre une symphonie dissonante de machines illusoires entre Tinguely, Breton et Duchamp. Eros et Thanatos se cachent sous ces oripeaux mécaniques.

Enfin ultime étape à la Maison des Arts de Malakoff, dirigée par Aude Cartier, par ailleurs Présidente du réseau Tram et pas des moindres puisque l'artiste Pierre Ardouvin nous convie à une odyssée blanche, un "retour dans la neige" plein d'aléas et de surprises. Un décor factice qui nous enveloppe, fige, anesthésie. Comme un linceul ambigu d'où aucune échappée n'est possible. Nostalgie de l'enfance, de pureté ? une inquiétante étrangeté s'installe. Fiction intime et désenchanté. Déflagrations du temps qui passe chez cet artificier de l'instant volé.

Parcours Taxi Tram proposé par le réseau Tram : 32 membres actifs sur l'ensemble du territoire francilien qui proposent outre des visites, des actions communes et rencontres professionnelles. Une mutualisation de savoirs et compétences exemplaire qui fêtera bientôt ses 35 ans. 

Infos pratiques :

Nøne Futbol Club
Une saison en enfer
jusqu'au 31 mai 2015

Commissariat : Eric Degoutte

Les Eglises, centre d'art contemporain de la ville de Chelles (77)


Frédéric Lecomte
Le bal des ampères

jusqu'au 3 mai 2015

Galerie municipale Jean-Collet, Vitry sur Seine

Pierre Ardouvin
Retour dans la neige

jusqu'au 3 mai 2015

Maison des Arts, Malakoff


TRAM : réseau art contemporain Paris/Ile de France

Hospitalités 2015, 11 balades uniques !
Inscrivez-vous : taxitram@tram-idf.fr




Geneviève Claisse, musée Matisse le Cateau-Cambrésis

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Geneviève Claisse, Cercles 1969 Musée départemental Matisse, Le Cateau Cambrésis, donation de l'artiste en 1982 ©ADAGP, Paris 2015 Courtesy l'artiste. Photo Florian Kleinefenn

Geneviève Claisse, Jet de pierre, structures ouvertes 1962 Musée départemental Matisse, Le Cateau Cambrésis, donation de l'artiste en 1982 ©ADAGP, Paris 2015 Photo Florian Kleinefenn

Geneviève Claisse,Unité rouge 1970 FIAC Officielle 2014 courtesy l'artiste, galerie Bertrand Grimont

Geneviève Claisse, Photomontage d'après Léon Herschtritt tirage gélatino-argentique  Musée départemental Matisse, Le Cateau Cambrésis ©Léon Herschtritt/agence La Collection


"La véritable abstraction se libère du signe verbal et de tous les autres signes, qu'ils soient formels,symboliques ou conceptuels. L'abstraction n'a pas besoin de support emprunté à d'autres disciplines". Geneviève Claisse
Cette citation résume à elle seule l'ensemble de ses recherches qu'expose le musée départemental Matisse Le Cateau Cambrésis avec comme point de départ la généreuse donation de 12 oeuvres au total de l' artiste née en 1935 à Quiévy, un village proche du Cateau-Cambrésis. L'exposition des années 1950 à aujourd'hui dégage une grande force et cohérence et s'inscrit dans ses liens avec Auguste Herbin, son maître et son oncle, dont les oeuvres sont un élément fondateur de l'ADN du musée Matisse. Partie prenante dans la scénographie et l'organisation du parcours, Geneviève Claisse choisit comme seuil une citation en néon "Encore écolière j'étais déjà abstraite"comme pour nous rappeler son intuition de départ directement liée à ce courant quand à 15 ans elle se forme à travers la revue "Art d'aujourd'hui" et la lecture passionnée de poètes tels que Rimbaud et Michaux. Une autodidacte confirmée par Herbin, dont elle devient la collaboratrice et partage l'atelier à Paris à partir de 1959, tout en poursuivant ses propres questionnements autour de la rigueur et l'organisation constructiviste de l'espace. N'ayant pas à se libérer de l'emprise figurative, elle réalise ses première séries, des "thèmes"à partir d'un nombre réduit de couleurs (le noir et blanc) et d'une économie de moyens pour favoriser une interaction avec le spectateur et induire une impression de mouvement. En 1961 elle entre à la galerie Denise René qui organise sa 1ère exposition.
"Jet de pierre" en 1962 représente un tournant avec cet agencement ouvert de formes jamais encore rencontrées : les triangles et les losanges et l'éclatement de la composition, en rupture avec les principes constructivistes de Mondrian. Cette hésitation entre l'ouvert et le fermé annonce les périodes à venir avec le dynamisme comme constante. En 1965 les "triangles" stables et mobiles (Jazz) et les "cercles" (333, Universaux et Che) opposés mais complémentaires font partie de mêmes compositions murales (Tour SCAC à la Défense). Comme une antithèse, les "Cercles" sécants ou tangents, dans leur emploi de couleurs créent des variations cinétiques inépuisables et saisissantes. Des développements chromatiques où s'oppose espace ouvert et espace clos.
Bientôt elle imagine des permutations chromatiques appliquées aux carrés comme dans la série ADN (1971-72). Dans les années 1970 elle introduit un effet perspectif proche de l'art optique dans ces formes élémentaires reliées entre elles dans des équilibres précaires autour de tensions rétiniennes fortes. Comme une réponse au développement de l'art optique en France tout en restant dans la mouvance de Malévitch. Cette épuration du langage donne naissance à des recherches autour de ligne qui vont l'occuper pendant plusieurs années aboutissant à la décennie suivante à une tension entre plein et vide dans les séries "Plénitudes" et "Transparences"qui renouent avec le suprématisme "intuitif".
Mais loin de se laisser enfermer dans une formule, elle risque toujours le discordant dans son oeuvre comme avec "Baryon", tableau singulier exposé en 1985 par Denise René et les "tondos" avec ou sans alvéoles incluses, d'une grande variété. C'est en 2012 qu'elle conçoit "Vibrations rythmées" reprenant ses recherches optiques précédentes. Point culminant du parcours l'oeuvre in situ conçue spécialement par l'artiste qui libérée de son tondo perd un peu de sa puissance à mon sens. Chronologique ou à rebours, selon votre inspiration l'idée est que chacun puisse composer sa propre initiation à l'oeuvre de Geneviève Claisse. Si elle fait référence dans le paysage de l'abstraction géométrique, son exploration très personnelle des problématiques plastiques de son temps lui donne une place très à part privilégiant l'expérimentation au discours. 
Son rayonnement retrouve ici sa source dans le territoire de sa naissance au Cateau Cambrésis mais aussi à Cambrai musée partenaire, qui a contribué à ce panorama de sa carrière en prêtant des oeuvres majeures données par l'artiste. Une générosité qui ne peut la rendre que plus attachante, en témoigne son émotion face à cette rétrospective.

Genevieve Claisse sera prochainement exposée aux Beaux Arts de Paris* dans le cadre de Choices (galerie Bertrand Grimont).

Prolongez donc votre visite au musée des Beaux Arts de Cambrai avec "Variations sur la ligne : femmes artistes de l'abstraction géométrique" prenant comme point de départ le travail de dessin de Geneviève Claisse. L'occasion de découvrir une parcelle de la Région Nord-Pas de Calais aux 49 musées

Infos pratiques :

Geneviève Claisse

Du 18 avril au 20 septembre 2015

Musée Matisse le Cateau-Cambrésis (59)
Palais Fénelon

http://museematisse.lenord.fr/

La Région des musées - Nord-Pas de Calais


*Choices,Collectors week-end :29-31 mai. Ecole nationale des Beaux Arts de Paris et dans la capitale.



Marcel Broodthaers @La Monnaie de Paris

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Marcel Broodthaers Monsieur Teste : Personnage mécanique dans son décor dans l’exposition L’Angélus de Daumier, Paris, 1975 Copyright Estate Marcel Broodthaers 

Marcel Broodthaers Musée d’Art Moderne Département des Aigles, Section Financière, 1971 © Estate Marcel Broodthaers

Salle blanche © Marcel Broodthaers


Marcel Broodthaers Musée d’Art Moderne Département des Aigles (David-Ingres-Courbet) 1968 © Estate Marcel Broodthaers


Marcel Broodthaers Musée d’Art Moderne Département des Aigles, Section Financière © Estate Marcel Broodthaers


Marcel Broodthaers Musée d’Art Moderne Département des Aigles, S.Littéraire 1971 © Estate Marcel Broodthaers

La malle, le jardin d'hiver, la projection sur caisse, les plaques, autant d'indices semés que le spectateur doit déchiffrer dès le début de l'exposition Marcel Broodthaers (1924-1976) à la Monnaie de Paris. Sauf qu'il n'est pas facile d'établir instinctivement la connexion avec Mallarmé, Magritte, La Fontaine et Schwitters, ses figures d'élection. Si son oeuvre a une évidente légitimité à être montrée à la Monnaie de Paris à qui il voulait emprunter le Balancier d'Austerlitz, une introduction à son parcours et au contexte de l'époque eut été bienvenue. Les néophytes devront donc s'appuyer sur les médiateurs présents pour interpréter cette étonnante reconstitution du "Musée d'art Moderne -Département des Aigles", au coeur de sa démarche qui a nécessité pas moins de 3 ans de recherches partout dans le monde en lien étroit avec son épouse Maria Gilissen Broodthaers. 
Plasticien, poète, photographe, Marcel Broodthaers reste inclassable même si son influence auprès des artistes de sa génération, tels que Joseph Beuys, Piero Manzoni, Hans Haacke, James Lee Byars est immense et d'artistes plus contemporains : Dan Graham, Daniel Buren, Danh Vo (présent dans le parcours) Wim Delvoye ou Mike Kelley pour n'en citer que quelques uns. Belge, il abandonne ses études de chimie pour une vie d'homme de lettres jusqu'à son geste fondateur de 1964 quand il mutile 50 exemplaires d'invendus de son dernier recueil de poésie Pense-Bête déclarant "Moi aussi, je me suis demandé si je ne pouvais pas vendre quelque chose et réussir dans la vie". Dès lors libéré il s'autoproclame en 1968 directeur et conservateur du "Musée d'art Moderne-Département des Aigles", institution fictive et mensongère, ouvert dans sa maison de Bruxelles, qui pendant 4 ans (de 1968 à 72) de ville en ville, interroge l'authenticité artistique et son contexte d'exposition à travers 12 sections. La "Section des Figures.L'Aigle de l'oligocène à nos jours"conçue pour la Staatliche Kunsthalle de Düsseldorf en 1972 considérée comme majeure a pu être partiellement reconstituée grâce aux prêts nombreux des mêmes institutions contactées à l'époque. Comprenant environ 300 objets à l'effigie de l'Aigle, allégorie de l'impérialisme et du pouvoir, c'est la première fois après 43 ans que ce travail de recherche est entrepris par Chiara Parisi la commissaire. La Section Financière "pour cause de faillite" en 1971 permet le mieux de faire le lien avec la Monnaie de Paris avec cette édition de lingots d'un kilo d'or frappés de l'emblème du musée et vendus moyennant une surtaxe sur la valeur du marché de l'or, métaphore de la valeur de l'art. Ici il s'agit pour l'artiste Danh Vo qui se réclame dans son utilisation de l'or et des "décors" de la sphère de Broodthaers, de collectionner le lingot frappé de l'Aigle par les Ateliers de la Monnaie de Paris. La Section Publicité et la Section Cinéma démontrent une fois encore son extraordinaire anticipation du rapport entre l'original et sa reproduction,de la circulation et diffusion des images des oeuvres d'art et du lien entre l'art et son économie. Alors un petit effort s'impose pour déjouer cette fiction à grande échelle en miroir avec les enjeux de la réouverture de la Monnaie de Paris qui s'interroge sur son futur parcours muséographique et la place de ses collections.

Un happening inspiré des projets inachevés l'Ile du Musée et Bateau sur le Rhin de 1971 a eu lieu le jour de l'inauguration sur une péniche face à l'Ile de la Cité investie de nombreux artistes en écho.

Les éditions de l'exposition prévoient la publication outre d'un catalogue en édition limitée et numérotée, la publication du recueil de dessins de 1971 de l'artiste.

Infos pratiques :

Marcel Broodthaers
Musée d'art Moderne-Département des Aigles

jusqu'au 5 juillet 2015

Monnaie de Paris

11, quai de Conti 75006 Paris

http://art.monnaiedeparis.fr/




Markus Lüpertz, insoutenable légèreté de l'être...

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Markus Lüpertz, Sans titre, 2013, Galerie Werner © ADAGP, Paris 2015

Markus Lüpertz, Zelt 40 - dithyrambisch, 1965 © ADAGP, Paris 2015

Markus Lüpertz, 5 Bilder über das mykenische Lächeln - Der Frühling, 1985, Pinakothek der Moderne Kunstareal Munchen © ADAGP, Paris 2015

Markus Lüpertz, Achilles, 2014 © ADAGP, Paris 2015

Markus Lüpertz, Ohne Titel (Herkules), 2010 fusain et aquarelle sur papier Coutesy de l'artiste et galerie Suzanne Tarasiève


Je suis venue à Markus Lüpertz par ses poèmes lus et partagés avec Charlotte Rampling à l'occasion de son exposition à la galerie Suzanne Tarasiève,un instant magique où son dandysme baudelairien le disputait à la puissance du verbe. Récemment ses dessins que la galerie a exposé en avant-première à Drawing Now nous rappelaient le processus exploratoire de son travail autour de motifs mythologiques qu'il creuse, taille,capture dans des lignes tortueuses comme si ce monde de héros en déroute détenait un élan vital.
Ainsi de l'Arcadie qui ouvre sa rétrospective au Musée d'art moderne de la Ville de Paris nous basculons dans le flux tumultueux de l'histoire, charriant avec elle vestiges et témoins de l'horreur et de la barbarie. Un casque allemand abandonné, la carapace d'une tortue ou d'un escargot, symbole fossilisé de perpétuelle renaissance, un tunnel la peinture est ce Styx que l'on remonte tel notre parcours à rebours. Comme la métaphore obsédante du théâtre du monde après-Guerre, cette tragédie nazie, plaie ouverte et béante qu'il tente d'exorciser à coup de camouflage et d'artifice.(Il est curieux de penser que s'ouvre aujourd'hui le procès du financier d'Auschwitz). Les 140 oeuvres emblématiques rassemblées nous parlent de Poussin et de Maillol qu'il vénèrent mais aussi de Goya, Manet et Picasso dans cette zone de tension qu'il instaure entre peinture et sculpture, les soeurs ennemies réconciliées d'une Divine Comédie dont il a le secret. Wagner le dispute à Dante, tandis que Nietzsche fait une entrée décisive avec ces dithyrambes, motifs planants au dessus du sol dans une réinvention joyeuse et bohème du registre. Né dans cette région à l'est (aujourd'hui la République Tchèque) il revendique cette posture dans la vie, insoutenable légèreté d'un être a contrapposto face à la folie des hommes. "Jambe d'appui-jambe libre" une figure qu'il esquisse volontiers devant son public, s'appuyant sur un pommeau richement orné. Un esthète qui n'a rien de mélancolique et n'en reste pas moins en prise avec les enjeux des créateurs de son temps, tels De Kooning et Franz Line qu'il découvre à Berlin à l'âge de 20 ans.Une révélation qu'il n'aura de cesse d'explorer en lien avec la mise en perspective de la vision européenne. Cette capacité de synthèse en fait un artiste inclassable et hors norme qui déclare que sa peinture tend à rajeunir au fil des années. Précieux adage arcadien sur plus d'un demi-siècle de questionnements qui trouve son paradis enfin !

Markus Lüpertz est grand prix artistique 2015 (sculpture) de la Fondation Simone et Cino del Duca.

Infos pratiques :


Markus Lüpertz

Une rétrospective

jusqu'au 19 juillet 2015

Musée d'art moderne de la Ville de Paris

http://www.mam.paris.fr/


Visitez les Flandres ! Triennale de Bruges, Beaufort au delà des frontières et Contour 7 à Malines

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A Dog Republic ©Beaufort 2015
Lily van der Stokker ©Beaufort 2015
Nedko Solakov, Optimistic Stories, 2008/2009 © Contour 7
An van Dienderen © Contour 7 ©Lisa Spiellaert 
Rehearsals for Work/Travail/Arbeid © WIELS, Brussels, August 2014 © Anne Van Aerschot

C'est à l'occasion d'Art Brussels 2015 que je découvre au WIELS le projet hors norme d'Anne Teresa De Keersmaeker Work/Travail/Arbeid d'une exposition sous la forme d'une expérience chorégraphique performée en continu, interrogeant l'espace muséal et le corps comme matière et écho. Une partition singulière où la musique et le mouvement ouvrent des combinaisons infinies dont le public s'imprègne librement. Une première puisque l'exposition voyagera ensuite à Paris au Centre Pompidou et à Londres à la Tate Modern.
Autre révélation venue des Flandres, n'oublions pas que Bruxelles a aussi un coeur qui bat de ce côté là :
L'art dans l'espace public, le fil rouge qui irrigue ces trois manifestations d'envergure à Bruges, Beaufort et Malines.
-Triennale de Bruges, le retour !
Bruges ville historique intouchable devient la protagoniste réelle ou imaginaire de questionnements autour de l'urbanisation globale dans divers lieux avec des artistes et architectes du monde entier. "Que se passerait-il si les cinq millions de visiteurs que Bruges accueille chaque année décidaient tout à coup de s'y établir ?"Une projection de départ qui s'incarne dans des effets de miroir que l'on soit le long des canaux et des cygnes ou dans les musées comme à l'Arentshuis qui présente deux expositions emblématiques : The Intelligent City (Stanza) et la Ville visionnaire (Ungers et Hoste). La première Triennale eut lieu en 1968, la dernière en 1974, ce projet 40 ans plus tard renoue donc avec la tradition tout en dessinant l'identité future de la ville entre utopie et dystopie. Parmi les personnalités participantes : le Studio Mumbaï (Inde), l'atelier Bow-How (Japon), l'architecte allemand Oswald Mathais, l'artiste canadien Nicolas Grenier ou le belge Daniel Dewaele "To become a new citizen of Bruges"...Les commissaires de cette aventure sont : Till Holger Borchert et Michel De Wilde.

-Beaufort au delà des frontières, une 5è édition conçue par les commissaires d'exposition Lorenzo Benedetti (De Appel à Amsterdam), Patrick Ronse (plate-forme Be-Part de Waregem), Hilde Teerlinck (commissaire indépendante) et Philip Van en Bossche (Mu.ZEE d'Ostende) le long des 67 kms de la côte belge. En parallèle du projet féérique de "Musée promenade" en plein air de Dog Republic dans les rues, les ports, les plages et les digues, une exposition de groupe concentrée sur 3 sites uniques : Het Zwin (Knokke), Raversijde (Ostende) et De Nachtegal (Méteren) rassemble une quarantaine d'artistes contemporains confirmés ou émergents. Films, maquettes, installations florales, néons, dioramas mais aussi conférences, concerts intimistes,spectacles, ateliers, résidence de recherche alimentent la réflexion art et architecture, art et science, art et écologie, en franchissant les frontières de l'exposition et du monde de l'art.

-Contour 7, Biennale de l'image en mouvement
Le commissaire, Nicola Setari engage la ville de Malines, capitale des Pays Bas au XVIè siècle au delà de sa trajectoire tragique vers un nouvel avenir puisant ses racines dans "l'utopie" de Thomas Moore dont nous célébrons le 500è anniversaire. Le thème "les monstres, les martyrs et les medias" revisitera un riche passé dans des figures légendaires transculturelles qui éclairent notre présent. Videos, films, installations interrogeront les rapports du livre à l'image, la culture visuelle et l'iconoclasme, domaine de prédilection de Nicola Setari, docteur en histoire de l'architecture et des sciences des arts à l'Université de Venise, professeur d'anthropologie visuelle à la Nouvelle Académie des Beaux Arts de Milan et actuellement directeur du projet pilote européen "New Narrative for Europe".

N'oubliez pas également "Rubens, privé" l'exposition et nouvelle promenade à Anvers.


Infos pratiques :

Triennale Brugge 2015

du 20 mai au 18 octobre 2015

Beaufort Beyond Borders - Beaufort2015

du 21 juin au 21 septembre 2015

du 29 août au 8 novembre 2015

Thalys, partenaire naturel de vos voyages en Flandres !

Organiser votre séjour : www.visitflanders.com



Art Brussels, forte présence américaine et avant-goût de Venise

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Kathryn Andrews, Long Island, (2015) Gladstone Gallery’s booth  
©Art Brussels. (Photo: David Noels)

Sadaharu Horio's "Art Vending Machine" ©Axel Vervoodt Gallery ©Art Brussels 2015

Sorry We're Closed gallery's booth  ©Art Brussels 2015 Photo: David Noels Courtesy Art Brussels

KOW gallery's booth ©Art Brussels 2015 Photo: David Noels Courtesy Art Brussels

Billie Zangewa, The Rebirth of the Black Venus, 2010. Silk tapestry, 127 x 130 cm. Private collection


Réunissant 191 galeries de 34 pays,  réparties dans 3 sections : PRIME, YOUNG et la nouvelle DISCOVERY, Art Brussels compte en 2015 un important contingent des Etats-Unis pour la première fois avec un total de 29% de galeries participantes et l'année prochaine l'ouverture d'une antenne de la new yorkaise Independent. Une omniprésence qui confirme le pouvoir de l'art américain contemporain très prisé auprès des collectionneurs belges et majoritairement représenté dans de nombreuses galeries belges telles Xavier Hufkens et Office Baroque. Autre particularité attractive, Katerina Gregos, la directrice artistique de la foire est commissaire du pavillon belge à la Biennale de Venise, ce qui explique la présence de nombreux artistes de l'exposition d'Okwui Enwezor comme Marcel Broodthaers, Barthélémy Toguo ou Ricardo Brey et des pavillons nationaux tels le Japon avec Chiharu Shiota (galerie Templon), la France avec Céleste Boursier-Mougenot (Mario Mazzoli), le Luxembourg avec Filip Markiewicz (Aeroplastics)...Enfin, la section SOLO avec des projets d'artistes curatés et la place donnée aux structures associatives présentant un contre-pouvoir autour de propositions expérimentales, immatérielles ou plus aventurières.



Art Brussels confirme sa place de choix et grande cohérence servie par une une capitale internationale de l'art contemporain avec de nombreux événements et lieux en résonance comme l'ouverture de la Patinoire Royale, le japonisme à l'honneur à la Thalie Art Foundation, la scène de Chicago au CAB, les objets volants à la Fondation Boghossian, les Icônes à la Maison Particulière sur laquelle je reviendrai, l'Afrique à WIELS et au BRASS, Ann Veronica Janssens à la Verrière/Fondation Hermès.. bref, un nouvel eldorado qui fascine de plus en plus !

Autres temps forts en Wallonie : Mons 2015, capitale européenne de la culture !

et Bicentennaire Waterloo, nouveau mémorial de la bataille et concept interactif de 6000m² !

Infos pratiques :

ART BRUSSELS 2015

du 25 au 27 avril 2015

http://www.artbrussels.com/

Next year : moving to Tour & Taxis (inner city)

Paris-Bruxelles : 25 liaisons par jour en Thalys !

Organiser votre séjour :  http://visitbrussels.be/





Pol Bury, Instants donnés @Fondation EDF

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Pol Bury, maquette de fontaine boule "Gianada" ©Michel Bury
Pol Bury, 25 oeufs sur un plateau, 1970 ©Collection privée
Pol Bury, maquette de fontaine "plus aérée" ©Michel Bury
Pol Bury, fontaine du Palais Royal Paris
Vue de l'exposition Pol Bury, Instants donnés 2015 ©Fondation EDF

La Fondation EDF outre des actions citoyennes et sociales favorise le mécénat de compétences et s'engage auprès de jeunes architectes (Bourse bisannuelle). Elle anime aussi l'Espace Electra (75007) où de nombreuses expositions sont organisées en accès libre. Après le Street art, "traverser la lumière", les mondes électriques, c'est le sculpteur belge Pol Bury qui est à l'honneur alors que sa dernière grande rétrospective parisienne remonte à 1982 au Musée d'art moderne de la Ville de Paris (et l'historique de 1967 "Lumière de mouvement"). Parce qu'il a passé plus de la moitié de sa vie en France, choisissant Paris plutôt que New York, il fait partie de notre paysage à travers notamment ses nombreuses fontaines qui enchantent le quotidien urbain au Palais Royal (enfin en restauration !) mais aussi dans de nombreuses agglomérations d'Ile de France et surtout à la Fondation Maeght de St Paul de Vence, emblématique d'une longue collaboration et amitié entre les deux hommes. Les 80 oeuvres exceptionnellement réunies retracent son parcours, de sa Belgique natale où il se forme à la peinture à l'Académie des Beaux Arts de Mons jusqu'à ses années de professeur invité à Berkeley en passant par la Biennale de Venise en 1964 décisive dans sa rencontre avec le marchand new yorkais John Lefebre. C'est encouragé par Aimé Maeght qui l'invite à rejoindre sa prestigieuse galerie en 1968 qu'il revient à Paris et devient un artiste reconnu. Il se livrera alors avec le soutien de la Régie Renault à de nouvelles expérimentations autour du cinétisme et de l'aléatoire du mouvement, réalisant plus d'une soixantaine de fontaines dans le monde.Une période extrèmement novatrice et féconde qui le place aux origines du cinétisme."La vitesse limite l'espace, la lenteur le multiplie" cette déclaration résume à elle seule ses recherches à travers des mediums et perspectives sans cesse renouvelés, fils de nylon des premiers érectiles, bois, aimants, acier qu'il découvre à New York, ronde bosse, il s'agit de décliner à l'infini sa vision géométrique de l'espace. L'humour et la poésie ne sont jamais loin pour ce digne héritier des Surréalistes ! Des" instants donnés" qui couvrent un demi-siècle de création auprès de nombreux artistes de son temps. Une période fascinante qui revit sous nos yeux à travers la très subtile scénographie d'Hubert Le Gall dans les moindres espaces de la Fondation.Ne boudons pas notre plaisir...


Superbe catalogue aux éditions Flammarion, sous la direction de Daniel Marchesseau,commissaire de l'exposition avec de nombreux souvenirs de la veuve de l'artiste, Velma Bury, sa complice pendant 40 ans.


Infos pratiques :

Pol Bury, Instants donnés

Espace Fondation EDF

jusqu'au 23 août 2015

6, rue Récamier 75007 Paris

Pol Bury – Instants donnés | Fondation EDF



Rencontre avec Hicham Berrada à l'Onde

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Présage, tranche 2007-2015
Paysages chimiques en évolution ralentie dans cuve en verre
© Hicham Berrada
Courtesy the artist and kamel mennour, Paris


Turner et Poussin le passionnent, la nature et ses mouvements, ses artifices qu' Hicham Berrada recréé dans des protocoles d'expérimentation, les Présages visibles au centre d'art de l'Onde à Vélizy-Villacoublay dans l'exposition Sol. Une camera obscura (l'espace est volontairement dans le noir) d'où surgissent les 5 aquariums et videos leur faisant face.Comme pour faire le lien en temps réel entre le protocole scientifique et son résultat empirique. Le public peut également le voir manipuler éprouvettes et composants chimiques lors de performances dans une esthétique toujours très radicale capable de susciter "les facultés visionnaires de l'esprit" pour reprendre les propos de Max Ernst qu'il cite également souvent. Le collage-frottage qu'il avait mis au point est transposé ici dans des béchers, la mine de plomb étant remplacée par la chimie apprise en autodidacte à l'issue de son baccalauréat scientifique alors qu'il entame les Beaux Arts de Paris complété par le Fresnoy et une résidence à la Villa Médicis en 2013. Son approche laisse une grand part à l'intuition et ces paysages éphémères et fluctuants sont d'une grande poésie. Entre peintre et laborantin il projette une réflexion sur le microcosme et le macrocosme, deus ex machina d'un monde en puissance. Nous assistons fascinés à cette catalyse entre le froid, le chaud, l'acidité, la viscosité, le magnétisme et la lumière. Des métamorphoses non visibles à l'oeil nu, rarement réunies qu'il nous faut attendre, apprivoiser dans le silence. Invitation à ralentir. "Contrôler et servir la nature", une ambivalence qu'il revendique. Philosophe, il nous invite à entreprendre le monde, suivons le !

En parallèle prolongez l'expérience à sa galerie, kamel mennour avec "Paysages a arcadiens"vous plongerez dans des parfums envoûtants qui vous laisseront captifs...


Infos pratiques :


Hicham Berrada, Sol

Micro Onde, centre d'art de l'Onde

8 av. Louis Bréguet, Vélizy-Villacoublay (78)





Ambitieuse et pantagruélique Triennale de Milan, le monde entier à rendez-vous à l'Expo !

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Pavillons : Azerbaijan, Italie, France, Angleterre, Mexique ©Milan Expo 2015
Vues de l'exposition Arts&Foods ©Triennale Milan

Tom Wesselmann Still Life #8, 1962 mixed media and collage on board©Estate of Tom Wesselmann/Licensed by VAGA, NY, NY Photo: Jeffrey Sturges

Sous la thématique d'Arts and Foods, Germano Celant place directement la ville de Milan et ses habitants au coeur des enjeux de l'Exposition Universelle 2015, avec un clin d'oeil à l'Expo de 1906. Sur les 7000 m²du Palazzo del Arte (Triennale) construit entre 1931 et 1933 par Giovanni Muzio pour accueillir l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs, l'expérience multi-disciplinaire est partie prenante du dispositif. La reconstitution d'ambiances de 1851 à nos jours où la nourriture est pensée dans son "habitat naturel"est proprement stupéfiante ! Artistes, graphistes mais aussi écrivains, réalisateurs, musiciens, photographes, architectes donnent vie au concept autour de plus de 1000 objets liés à l'alimentation et ses usages, en Europe et dans le reste du monde. Un tour de force et une belle introduction à "Nourrir la planète.Energie pour la vie".

Sur fond de scandales et de manifestations urbaines violentes, s'est ouverte Milano Expo le 1er mai et contrairement aux retards annoncés les 147 pays participants sont prêts à accueillir les 250 000 visiteurs/jour. Plus de 50 pavillons nationaux (l'Inde la grande absente) sur 110 hectares (moins qu'à Shangaï) rivalisent d'audace et de créativité dans ce qui ressemble à un grand tour pour un budget total avoisinant les 2,5 milliards d'euros.Logistique et mesures de sécurité exceptionnelles (l'on se croit dans un aéroport à notre arrivée) et quelques 9 millions d'entrées déjà vendues pour des retombées estimées par l'Italie à 10 milliards d'euros. Du supermarché de demain (le très innovant Future Food district) au rachat par le Quatar du quartier des affaires de Porta Nuova à la transformation de la capitale de la Lombardie en destination les plus branchées selon le New York Times avec une explosion de start up dans l'alimentaire, tous les signaux sont au vert pour faire de cette expérience un levier économique sans précédent et non une ville fantôme comme à Séville. A la question "Est il possible d'assurer à toute l'humanité, une alimentation suffisante, de qualité, saine et durable ?"deux tendances s'observent dans le choix des pavillons entre tradition et innovation, l'idéal étant de concilier les deux. Le Maroc et le Quatar y arrivent pleinement, la France mise sur ses savoirs-faire avec un mécano entièrement démontable en bois brut de 2000m², gigantesque place de marché à l'envers qui attise déjà les appétits mais trop tourné vers ses acquis et pas assez vers l'avenir, contrairement à l'Angleterre misant sur le design haute technologie. Spectaculaires, la Chine, les Emirats Arabes Unis (signé Norman Foster) et le Quatar se positionnant sur l'échiquier mondial. A signaler le pavillon Slow Food conçu par Herzog & De Meuron autour des problématique de la malnutrition et le pavillon Zéro à l'entrée sorte de récit universel autour des mythologies et des symboles des rituels de la consommation. Pari remporté donc et presque sans faute à l'ouverture excepté problème du pavillon turc. 

En ville événements prestigieux à ne pas manquer au Hangar Bicocca l'espace de Pirelli et à la nouvelle Fondation Prada signée Rem Koolhas de 19 000m², "bub d'analyse de la culture contemporaine". Milan, smart city ? vous avez 6 mois pour le vérifier...

En 2020 l'Exposition Universelle aura lieu à Dubaï !

Pour ceux qui ne peuvent se déplacer, optez pour le tour virtuel via une technologie Dassault Systems, cocorico !

Infos pratiques :

Expo Milano, votre tour du monde commence !
du 1er mai au 31 octobre 2015

Expo Milano 2015 - Nourrir la Planète, Energie pour la Vie



Organiser votre séjour :

Milan est à 1h05 de Paris par avion et 7h par le train qui vous amène directement sur le site.

Inflation du prix des hôtels, privilégier logement type B&B.

Du centre ville, accès par métro ligne 1 ou train de la gare centrale.

Station de taxi à 800 m du métro RHO Fieramilano (pas indiquée du tout !)





Salon de Montrouge : 60 artistes pour une 60è édition-événement

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©Vincent Gautier, "Sassy gals get the hose" ©Nøne Futbol Club ©Caroline Trucco ©Willem Boel

Sélection resserrée, scénographie de matali crasset plus pertinente (chaque univers est préservé), programme Hors les Murs inédit, Olivier Assayas président du Jury et jean-Michel Alberola artiste invité, ce 60è Salon de Montrouge frappe fort ! Parmi les nouveautés concoctées par Stéphane Corréard, focus sur la performance (voir mes vidéos Instagram) et les arts numériques avec l'exposition AFTERMATH au coeur du parcours, oeuvre collective et évolutive le long de l'ascenseur du Beffroi tel un cadavre exquis, interventions dans l'espace public (les très mordants Nøne Futbol Club ,lauréats prix Conseil Général 2013, reviennent au milieu des roses d'un square) et Tatiana Wolska (lauréate Grand Prix 2014) invitée à intervenir au Palais de Tokyo. Fidèle à son ADN de départ (Collège Critique notamment) et sélection drastique (3000 candidatures reçues) ce cru se veut exceptionnel. Qu'en est il sur place ?  Dans l'écrasante majorité de peinture/dessin je remarque Marie Jacotey et ces visages de femmes saisies dans des situations intimes graves, parfois désespérées, des combattantes ordinaires.Autre dessinateur virtuose, Thomas Barbey dont les côtes granitiques qui, de prime abord revendiquent le sublime cachent en réalité des copies de pages imprimées. La peinture de Caroline Ebin, une "forme de résistance"résulte d'un processus morcelé à l'image de son parcours professionnel des bancs de l'Essec à executive woman pour finalement l'art. Prenant une photo avec son téléphone qu'elle agrandit, fractionne et numérise ensuite pour la révéler avec une imprimante jet d'encre. Chaque fragment est alors réagencé dans une mosaïque dépliée dans l'espace choisi. L'esthétique post hollywoodienne saturée de Vincent Gautier fait mouche avec sa dose de réalisme pompier transposé au bord des piscines où de jeunes narcisses somnolent et baignent dans une joie factice.
Dans les pratiques dites mixtes, humour ravageur de Julien Borrel qui transpose le rangement et le nettoyage de la vaisselle à l'abondance d'images dans notre cerveau. Egalement aléatoire à l'oeuvre dans les accidents glorieux de Willem Boel dont la bétonnière en exercice remportera le Grand Prix du Salon (ex-aequo avec Marion Batillard, toujours dommage de ne pas être capable de départager !). Le duo Fleuryfontaine déjà remarqué au Prix Dauphine continue son exploration d'une modernité post-cybernétique, tandis qu'Elia David surfe sur le spleen avec ces vanités et célébrités déchues, l'un de mes coups de coeur ! Mention spéciale également pour les ready-made teintés de nostalgie de Mathieu Roquigny dont "la vie mode d'emploi"résonne joyeusement.
Dans la catégorie installation/sculpture Caroline Trucco (métaphores d'ici et de là bas) et Tarik Kiswanson "Be in, be twin"autour des archétypes m'interpellent mais ne seront pas récompensés.
Dans la sélection photographie, je retiens Mélanie Feuvrier, élève d'Eric Poitevin et Térence Pique, dont les mots-objets placés dans des serres intensives du sud de l'Espagne jouent de l'intervention in situ pour délivrer une critique de la société. Aucun prix n'est décerné pour cette catégorie, ni pour la suivante : video/arts numériques, les choix cette année se portant majoritairement sur la peinture.
Elsa Fauconnet avec son intervention multimédia "L'invention" me fascine dans ses variantes combinatoires pythagoriciennes, tandis que Randa Maroufi actuellement au Fresnoy brouille les codes du réel et de la fiction.
Bilan des courses : un excellent millésime pour paraphraser Stéphane Corréard qui s'emploie à tisser de nombreux liens avec d'anciens participants (présents notamment dans le Hors les murs) comme pour souligner l'accompagnent unique dont bénéficie les artistes. Si 80% d'entre eux sont contactés par une galerie dans la période qui suit, il a largement rempli sa feuille de route ! et au-delà quand on mesure le rayonnement de Montrouge auprès de nombreux décideurs du monde de l'art, présents dès la preview. Cercle vertueux et modèle à suivre...

Détails des Prix :

Prix Spécial du Jury, Arthur Lambert

Grand Prix du Salon, Marion Bataillard ex-aequo avec Willem Boel

Prix du Conseil Général des Hauts-de-Seine, François Malingrëy

Prix Kristal (Conseil municipal des enfants de la ville de Montrouge), Mathieu Roquigny

Prix ADAGP, Kenny Dunkan

La Fondation Culture et Diversité est associée à ce 60è anniversaire.

Infos pratiques :

60è Salon de Montrouge
du 5 mai au 3 juin
tous les jours, gratuit

Le Beffroi
2,place Emile Cresp 92120 Montrouge

http://www.salondemontrouge.fr

Liens sociaux :
Facebook


Tout le programme sur : http://bit.ly/1mQOrJB





Tania Mouraud PERCEVOIRDISCERNERIDENTIFIERRECONNAITRE

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Tania Mouraud en 1968, posant devant Infini au carré © Droits réservés


Tania Mouraud, A Collection, 1996
Feuilles de papier collé sur mur, dimensions variables
Vue d’installation, University Museum CSULB, Long Beach, Californie
© ADAGP, Paris 2015
© Phoraphie Tania Moura



























« Il n’y a pas lieu de craindre ou d’espérer, mais de chercher de nouvelles armes » Gilles Deleuze

L’importante rétrospective dédiée à Tania Mouraud au Centre Pompidou Metz se déroule en deux temps. Sur les 1100m² de la galerie 2 ce sont plus de 70 œuvres autour de cette conscience politique du regard qu’elle n’a de cesse de convoquer. De l’autodafé de 1968 en rupture avec sa pratique de la peinture aux chambres de méditation et d’initiation et travaux sur le langage des années 70 jusqu’à des œuvres plus actuelles  dont Ad Nauseam récemment présentée au MacVal, il s’agit de dessiner le portrait d’une artiste profondément marquée par l’engagement résistant de ses parents. Peinture, installation, performance, video, photographie, son, l’idée étant d’interroger la fonction de l’art et le potentiel plastique et phénoménologique de l’écriture. Et parce que le parcours de l’artiste est intiment lié au territoire messin à travers le soutien constant du Frac Lorraine qui achète dès 1995 City Performance N°1 et engage le projet monumental HCYS ?, c’est tout naturellement que fin juin l’exposition se déploie dans 8 lieux partenaires dont le Frac, l’Arsenal et le musée de la Cour d’Or. A cette occasion l’emblématique campagne d’affichage de 1977 faisant du NI, la négation ultime un espace de liberté à saisir par le passant, sera reconduite.





Infos pratiques :
TANIA MOURAUD. UNE RÉTROSPECTIVE
Jusqu’au 05.10.15
GALERIE 2 DU CENTRE POMPIDOU-METZ

FIN JUIN < 05.10.15
AU CENTRE POMPIDOU-METZ ET DANS 8 SITES CULTURELS PARTENAIRES À METZ





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