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Channel: Métamorphoses et Vagabondages
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Fondation Cartier, 30 ans déjà !

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CHÉRI SaMba J’aime la couleur, 2010
Acrylique et paillettes sur toile,  205 × 305 cm
Collection Fondation Cartier pour l’art contemporain
© Chéri Samba
Courtesy Galerie MAGNIN-A, Paris
 
 
Bodys Isek Kingelez, Projet pour le Kinshasa  du troisième millénaire, 1997
Bois, Carton-plume, papier,  métal, matériaux divers,  332 × 100 cm
Collection Fondation Cartier  pour l’art contemporain,
© Bodys Isek Kingelez
Courtesy Galerie MAGNIN-A, Paris
Photo © André Morin
 
 
RON MUECk In Bed, 2005 Matériaux divers,
162 × 650 × 395 cm, A/P Collection Fondation Cartier pour l’art contemporain,
© Ron Mueck
Photo courtesy Anthony D’Offay, London
 
Les lucioles d'Issey Miyake nous ouvrent la voie colorée et joyeuse dans les jardins de la Fondation Cartier, oeuvre à part entière commandée à l'artiste Lothar Baumgarten. Non pas parc de sculptures mais biotope en puissance et écho à l'élégant bâtiment tout en transparence de Jean Nouvel. Ainsi de l'extérieur l'on peut apercevoir le concept-jet de Marc Newson ou les tableaux de Chéri Samba. Mémoires Vives se dessine telle une constellations d'instants uniques sur 30 ans de mécénat et d'engagement au plus près des artistes. Une fresque vivante qui se déroule à tous les niveaux, à commencer par cet écran LED géant conçu par David Lynch qui projette en continu une large sélection de films et d'archives de la Collection. En mouvement perpétuel, comme cet anniversaire prévu sur plusieurs séquences tout au long de l'année. Peinture, sculpture, cinéma, design, musique, la diversité est de mise, libre et généreuse. Agnès Varda, Patti Smith, Nan Goldin, Jean-Paul Gaultier, Takeshi Kitano mais aussi Moëbius, les Mathématiques, le Graffiti, Robert Adams, les thèmes se suivent et ne se ressemblent pas depuis le geste pionnier de l'ouverture à Jouy-en-Josas en octobre 1984. C'est au sous-sol que le dialogue se fait le plus puissant et cohérent entre le In Bed de Ron Mueck (exposé en 2005) et Moëbius ou Denis Oppenheim, David Hammons et Mario Merz aux confins de l'immatériel. Affinités de regard car derrière chaque oeuvre se déroule le souvenir d'un visage, d'un moment, d'un lieu. C'est là toute la subtilité de cette mise en scène évolutive (l'accrochage de juillet et août rendra hommage à la place de la photographie dans la collection) qui offre des correspondances pour aller bien au-delà du temps de l'anniversaire. Une façon de tisser des liens à la croisée des mondes dans cette géographie multiple au coeur de l'esprit de la Fondation. Comme dans une vie parallèle, les Nuits de l'incertitude et Soirées nomades prolongent le décor entre poésie et performance, philosophie et improvisation, danse et spectacle. Féériques rendez-vous.
 
 
Infos pratiques :
1984-2014 : Fondation Cartier 30 ans
Mémoires vives
 
Fondation Cartier
261 Bd Raspail, Paris
 
 
Plateforme dédiée à l'événement :
 
 
 
 
 
 





Floriane de Lassée "How much can you carry ?"(musée des Avelines)

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Putrie, Pays Toraja, Sulawesi, Indonésie 2013 ©Floriane de Lassée/La Galerie Particulière

Moussa et les lives de lois, Istanbul, Turquie, 2013 ©Nicolas Henry

Les 3 âges, Nicolas Henry ©Nicolas Henry

Aru, Ethiopie Floriane de Lassée  ©Floriane de Lassée/La Galerie Particulière



D'Afrique au Pacifique en passant par l'Amérique Latine, le face-à-face des deux photographes Floriane de Lassée et Nicolas Henry invités par le musée et jardin des Avelines (Saint-Cloud) nous transporte sous d'autres latitudes. Comme des traits d'union, ces créations bricolées aux confins de la performance et du théâtre nous interpellent sur des fragments de vie décalés et sensibles. Floriane avec sa série How much you can carry ? se focalise sur les fardeaux réels ou imaginaires de l'individu rencontré. Comme une métaphore de la précarité de l'existence, chaque modèle puise dans des objets de son quotidien prêts à vaciller. Ainsi de la jeune éthiopienne Aru qui porte sur sa tête des fardeaux de bois surmontés d'une chèvre ! Vision burlesque tragi-comique croisée par le regard de son compagnon de route (et de vie) Nicolas Henry qui compose des petites narrations éphémères où chacun endosse des habits et accessoirs non familiers, le temps de la mise en scène. Comme une vie projettée à partir du vécu individuel où l'on joue les trois âges de la femme, le théâtre des animaux qui parlent ou une scène de demande de mariage au Tibet. L'un de ses clichés le plus impressionnant est sans doute ce fonctionnaire turc au milieu de ses livres de lois, comme pris dans un tourbillon de papier. Une roue de suplicié moderne ! Un très beau film campe les conditions de tournage et le travail effectué avec les populations locales sur les différents continents traversés.
Dans le parc avoisinnant la déambulation se poursuit et nous retrouvons ces instants de vie chamarrés et chavirés avec bonheur dans la lignée de grands photographes artistiques tel Georges Rousse et Vik Muniz. Le parcours se poursuit dans le domaine de Saint-Cloud où résonnent en plein air les "cabanes de nos grands-parents" ou les "Contes autour du monde"du jeune photographe, le 1er artiste à investir ce lieu.

Pour la Nuit des musées c'est à un véritable tour du monde que nous conduisent les artistes, suivi d'un concert. (sans réservation)

Infos pratiques :

Traits d'Union
Floriane de Lassée et Nicolas Henry, photographes

Musée des Avelines (92)
jusqu'au 13 juillet 2014

http://www.musee-saintcloud.fr/

et Domaine de Saint-Cloud
jusqu'au 30 juin 2014

http://www.monuments-nationaux.fr/


Disponible pour I phone et Android.




 

Lucio Fontana et Douglas Gordon au MAM (Paris)

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Lucio Fontana, "Concetto spaziale" 1969 (détail), au Musée d'art moderne de la Ville de Paris© ADAGP Paris 2014, Fondazione Lucio Fontana, Milano / photo Etienne Laurent / EPA / MAXPPP
Lucio Fontana, "Concetto spaziale, nature", au Musée d'art moderne de la Ville de Paris © ADAGP Paris 2014, Fondazione Lucio Fontana, Milano / photo Etienne Laurent / EPA / MAXPPP

Douglas Gordon, Pretty much every film and video work from about 1992 until now© Studio lost but found / ADAGP, Paris 2014

Même si le Palais de Tokyo lui fait de l'ombre, le Musée d'art moderne résiste et nous offre une sélection pointue et très internationale pour ce printemps.
La grand arabesque en néon blanc nous accueille suspendue au plafond du hall du musée d'art moderne, rappellant le côté précurseur de Fontana qui dès 1951 utilise le néon à part entière.
Artiste des perforations et des lacérations, Lucio Fontana, fondateur du Spatialisme dans l'Italie de l'après-guerre, icône de l'histoire des avants-gardes garde un impact profond sur de nombreuses générations d'artistes d'Yves Klein à Anish Kapoor, Peter Fischli, Maurizio Cattelan pour les plus contemporains, nombreux s'inscrivent dans la filiation de ses recherches et ses écrits. Et pourtant l'homme derrière le créateur reste peu connu ou comme désincarné face à une oeuvre polymorphe à la conquête de nouveaux espaces. Un nouvel art en lutte avec le déterminisme de l'histoire où la question du sacré et des forces telluriques ne doit pas être éclipsée. Si le Musée d'art moderne de la Ville de Paris est le premier deux ans après sa mort à lui consacrer une exposition en 1970, suivi par le Centre Pompidou, il revient sur le devant de la scène avec une nouvelle rétrospective en collaboration avec la Fondazione Lucio Fontana de Milan couvrant l'ensemble des grands cycles de sa production de la fin des années 1920 à sa mort en 1968. Plus de 200 sculptures, toiles, céramiques, environnements, dessins dont certaines pièces montrées pour la première fois en France, dans un parcours chronologique révèlent les ressorts d'un engagement esthétique qui repose sur la radicalité d'un geste qu'il pousse jusqu'à une violence extrême. Refuser la bidimensionnalité pour tendre vers l'immatériel, la toile n'étant qu'illusion, concept clé qui résume toute sa pensée.A travers les Bucchi, Olii et Tagli (trous, coupures, béances,fentes multiples) jusqu'aux entailles sur monochromes les Concetto Spaziale, le cheminement n'est pas qu' iconoclaste et entend ouvrir une brèche métaphysique, au bord de l'abîme. De l'atelier de son père sculpteur italien immigré en Argentine où nait son goût pour l'expérimentation à ses manifestes autour des concepts de temps et d'espace pour arriver à la consécration et la Biennale de Venise où il remporte le Grand prix de la peinture, c'est un large panorama et de nouvelles pistes de lecture qui s'offrent à nous d'une oeuvre aussi emblématique qu'énigmatique.

La galerie Tornabuoni Art, qui possède un nombre important de ses oeuvres, est un des principaux prêteurs privés. Elle propose conjointement une exposition inédite autour du chef d'oeuvre retrouvé "Le Jour"de 1962, l'une des plus grandes toiles sur fond doré perforée par l'artiste dans la maison du collectionneur Louis Bogaerts à Knokke en Belgique. Le film de la performance est visible à la galerie et au musée. 
"Pretty much every film and video work from about 1992 until now", l'installation spectaculaire de Douglas Gordon achetée en 2003 par le musée vient d'être enrichie de 43 nouvelles videos de l'artiste. Ce grand corpus de 82 videos réparties sur 101 moniteurs posés sur de simples caisses de bière (ses souvenirs étudiants !) est désormais visible au sous sol, proche de la Réserve des enfants de Boltanski. Fragmentation et dysfonctionnement de la mémoire, obsession pour l'anormalité et la schizophrénie, réfléxion sur le temps qui passe et la mort, le spectateur est mis à rude épreuve. 
 
Ce panorama serait incomplet sans l'art iranien contemporain qui ouvre, demain (à lire dans prochaine chronique).
Infos pratiques :

Lucio Fontana
Rétrospective
25 avril-24 août 2014
 
Douglas Gordon
jusqu'au 14 décembre 2014 (salle 20)
"Pretty much every film and video work from about 1992 until now",

Musée d'art moderne de la Ville de Paris
 
 
 

Le coup de gueule de Martial Raysse à Pompidou !

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Martial Raysse, Made in Japan La grande Odalisque 1964 Photo Philippe Migeat/Centre Pompidou/Adagp, Paris 2014

Martial Raysse, Heureux Rivages 2007 Courtesy the artist/kamel mennour Paris

Martial Raysse, N'éon 2011 Courtesy the artist/kamel mennour Paris

Martial Raysse, Poissons d'avril 2007 Courtesy the artist/kamel mennour Paris


"Tous responsables !" nous sommes devant la mise en quarantaine du plus célèbre des Nouveaux Réalistes français qui bénéficie enfin d'une rétrospective à sa mesure au Centre Pompidou. A 78 ans c'est tard, surtout quand on le compare à ses compagnons de route Pop américains avec qui il a exposé, Warhol en tête. Mais depuis que François Pinault, généreux prêteur d'un ensemble de 16 pièces avec Marin Karmitz se penchent sur sa trajectoire et récent retour à la peinture, parions que sa côte va reprendre des couleurs même si ses prix n'ont jamais été bas ! Le grand public lui reste dérouté par la rupture de ces vingt dernières années et ces grandes toiles fourmillant de détails anachroniques entre burlesque et grinçant carnaval. Grand écart donc entre la palette kitsch des reliquaires de la société de consommation du niçois fougueux de l'après guerre (Raysse Beach, Made in Japan la grande odalisque) qui maitrise déjà le plexiglas et le néon et les grands formats dans la lignée de la grande peinture française du XVIIè siècle où il se compare volontiers à Poussin et Raphaël. Car l'homme toujours sémillant n'a pas la modestie en bandoulière même s'il soupèse ses apparitions. "ça me suffit d'avoir l'estime de quinze personnes" déclare celui qui s'est retiré dans une ferme au milieu des vignobles de Bergerac. Dosage subtil de médiatisation et nécessaire retrait du monde. Cette rétrospective arrive à point nommé pour revivre les riches heures des années 60 version française entre substances illicites, cinéma (Godard sort le Mépris en 63), communautés hippies le tout dans nos campagnes. Scènes d'anthologie entre les poules et le Solex en négatif couleur où Martial s'essaie au cinéma expérimental dans une odyssée homérique "le grand départ", moment charnière de sa production et de la rétrospective. De ce paradis infernal aboutira un retour à la grotte, aux héros antiques. Du processus intiatique à la mythologie personnelle l'écart n'est jamais très loin.
 
Infos pratiques :
Martial Raysse
Rétrospective
14 mai-22 septembre 2014
 
 
Commissariat : Catherine Grenier
 
Catalogue publié pour l'occasion.
 

l'Iran au Musée d'art moderne de la Ville de Paris

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Mohsen Rastani, De la série La famille iranienneEpreuve Gelatino-ArgentiqueCollection de l’artiste

Kazem Chalipa, BasijyHuile sur toile© Hozeh Honari va Sazemaneh Tablighat Eslami, Téhéran

Bahman Jalali, Photos de guerre, Iran, 1980-1988Epreuve Gelatino-ArgentiqueCollection particulière

Behzad Jaez, Madresseh-e-Taleb, (Ecole coranique) 2001-2004Epreuve Gelatino-ArgentiqueCollection de l’artiste


Cela me fait penser au poème poignant d'Etel Adnan "To be in a time of war/Vivre en temps de guerre" que je relis souvent. Cette femme qui imprime dans sa chair ce quotidien d'angoisse, de résignation, de conflit. Comment problématiser le moment historique ? Chacun à sa manière y réagit. Qu’ils soient déjà historiques (Bahman Mohassess, Behdjat Sadr, Kaveh Golestan, Bahman Jalali) ou issus de la plus jeune génération (Barbad Golshiri, Arash Hanaei…) ces artistes iraniens élargissent notre regard sur leur pays et sa quête de modernité. L’exposition à l’ARC/Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris et le livre qui l’accompagne interrogent l’art et la culture visuelle en Iran des années 60 à nos jours. Conçu sous forme de séquences inachevées, ce panorama favorise la transversalité à travers des allers-retours passé /présent, local/global autour d’éléments clés de la culture visuelle moderne iranienne et de médiums tels que la peinture, la photographie ou le cinéma, mais aussi essais critiques et documentation historique. "Unedited Story" qui emprunte son titre au cinéma se veut une histoire latente (à l'état de rushes), fragmentée. Non pas une vision lisse et uniforme de la modernité, elle nous en montre au contraire toutes les marges, les contours, les ruptures. La Révolution de 1979 n'a pas été un coup d'arrêt comme on le croit souvent même si de nombreux artistes contraints à l'exil expérimentent alors médiums et approches qui leur sont étrangers au départ. L'ouverture ou le repli sont les deux pôles de ces enjeux contemporains en Iran où le marché international impose alors ses normes et son conformisme. Je citerai la très belle installation inspirée du Cabinet d'enquête sur les oiseaux du poète iranien Farid ad-Din à travers laquelle Narmine Sadeg réinterprète l'allégorie et le conte plaçant l'oiseau au coeur de sa quête existentielle. Qui sont et seront les vainqueurs ou perdants de l'histoire ? au delà des clichés et stéréotypes cette question nous renvoit à notre propre regard sur les événements.

 Artistes exposés :Morteza Avini (1947-1993), Mazdak Ayari (né en 1976), Kazem Chalipa (né en 1957), Mitra Farahani (née en 1975), Chohreh Feyzdjou (1955-1996), Jassem Ghazbanpour (né en 1963), Kaveh Golestan (1950-2003), Barbad Golshiri (né en 1982), Arash Hanaei (né en 1978), Behzad Jaez (né en 1975), Bahman Jalali (1944-2010), Rana Javadi (née en 1953), Khosrow Khorshidi (né en 1932), Bahman Kiarostami (né en 1978), Parviz Kimiavi (né en 1939), Ardeshir Mohassess (1938-2008), Bahman Mohassess (1931-2010), Morteza Momayez (1935-2005), Tahmineh Monzavi (née en 1988), Mohsen Rastani (né 1958), Narmine Sadeg (née en 1955), Behdjat Sadr (1924-2009), Kamran Shirdel (né en 1939), Kourosh Shishegaran (né en 1944), Behzad Shishegaran (né en 1952), Esmail Shishegaran (né en 1946).
Archéologie de la Décennie Finale présente le Festival des Arts, Shiraz-Persepolis et Kaveh Golestan - Shahr-e No
Consultez la Biographie des artistes ici.

Infos pratiques :

UNEDITED STORY Iran 1960-2014

Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris

Exposition et publication


Un programme de rencontres, conférences, projections est proposé en parallèle de l’exposition.

Frac Dunkerque, trait d'union nouvelle génération et constellations d'oeuvres

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Frac Nord-Pas de Calais , Agence Lacaton et Vassal ©Philippe Ruault

Arno Nollen, Untitled Black and white n°1, Collection Frac Nord-Pas de Calais/©Arno Nollen

Jenny Gage, Sans titre n°10, 1996 Collection Frac Nord-Pas de Calais/DR

David Douard, Sans titre, 2009 Collection Frac Nord-Pas de Calais/©David Douard, Courtesy galerie Valentin, Paris
 
Latifa Echakch, A chaque stencil une révolution 2007 Collection Frac Nord-Pas de Calais.Courtesy the artist and kamel mennour
 
Projet architectural unique et exemplaire s'inscrivant dans la mémoire et le paysage de Dunkerque, le Frac Nord-Pas de Calais a su concilier sa vocation maritime première avec les défis de la création et de l'art contemporain. Quartier du Grand Large, le bâtiment jumeau conçu par Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal, entièrement modulable est adossé côté mer à l'ancien atelier de fabrication n°2 AP2 des chaniers navals de la cité portuaire dunkerquoise, dite la halle cathédrale. Son enveloppe transparente et isolante à la fois répond à un parti prix bioclimatique d'élargissement des volumes (total de 9300m²) pour une meilleure gestion et conservation de la collection. Avec une fréquentation record de 40 000 visiteurs depuis son ouverture (dont 11 000 pendant le week-end d'inauguration) l'on peut dire que ce nouvel écrin outre son implantation géographique nord européenne stratégique et l'orientation internationale de sa collection a largement dépassé ses enjeux de départ. Comme une "maison ouverte" aux influences et au partage, sa saison d'exposition de 2014 sur le thème de la Nouvelle Génération s'inscrit dans un véritable projet de société qui place l'individu au coeur du dispositif. Sa directrice la belge Hilde Teerlinck insiste sur l'orientation interdisciplinaire de l'édifice pensé comme un terrain d'expérimentation découpé en 6 niveaux, la halle AP2 restant un espace ouvert pour de futures oeuvres monumentales ou des événements gérés par la ville. Installations pérennes et semi-permanentes cohabitent dans un esprit d'interaction art et design visible dès le rez-de-chaussée avec l'espace accueil et café signé Lang et Bauman. Au fil de l'ascension qui mène jusqu'à un belvédère, espace d'exposition culminant prodigieux, l'on découvre différentes strates de la vocation d'un Frac nouvelle génération à travers : un Studio dédié à la pédagogie, un Salon pour les publications et les cartes blanches (la blogueuse parisienne Valentine Vanesse), un Cinéma pour les oeuvres video, un Labo pour la médiation et ressources documentaires et un espace Vitrine pour des projets artistiques annexes émergeants (la BD avec Herr Seele), sans oublier la programmation hors-les-murs, les résidences d'artistes et les réserves d'une capacité de 2600 m². L'exposition focus qui ouvre l'ensemble "Constellations" revient aux sources de la collection du Frac Nord Pas de Calais commencée en 1983, en dialogue avec des acquisitions récentes sur le thème des croisements art et science. Cosmologie (Lisa Oppenheim et Bouchra Khalili), particules élémentaires (Bernd Lohaus), machinerie complexe (Panamarenko), rayons lumineux (Ann Veronica Janssens) l'idée est de se concentrer sur la perception de l'oeuvre et ses multiples visions. L'installation de Latifa Echakhch ""A chaque stencil une révolution" (niveau 1) laisse également une grande place au regardeur. Monumental et modulable, composé de milliers de feuilles de carbone dont l'encre se diffuse à même le sol, ce geste radical et simple s'inscrit comme un pamphlet à la fois esthétique et politique. C'est un temps fort du parcours, confronté à l'oeuvre plus historique de l'allemande Isa Genzken.
Seconde exposition du Frac depuis son ouverture "Nouvelle Génération" occupe l'espace Forum (niveau 4) transformé pour l'occasion en murs d'inspiration d'adolescents. Un recensement subjectif et singulier, typologie socio-culturelle où tous les rapprochements sont permis. Ainsi Robert Doisneau voisinne avec Annika von Hausswolff, David Noonan, Arno Nollen ou Adel Abdessemed et Erik van Lieshout tandis qu' Angela Bulloch et Ryan Gander dialoguent avec un cliché sublime d'Hedi Slimane. De multiples visages pour dire la mise en scène de soi, l'autodestruction, la stigmatisation, la haine ou au contraire la reconnaissance. Une quête subtilement évoquée entre innocence et permissivité qui dérange et questionne. Son fort ancrage du côté des Flandres rappelle le rôle prédominant de Jan Hoet, ancien directeur du Musée d'art contemporain de Gand (SMAK) qui fut l'un des premiers protagoniste dans cette sélection d'oeuvres majeures de la collection. Prochainement l'exposition consacrée à l'arte povera "Latin Lovers" lui rendra hommage. Un mouvement exceptionnellement représenté au Frac et remis au goût du jour lors de la dernière Biennale de Venise (reconstitution de l'exposition culte "When attitudes become form").
Ainsi l'on peut regarder l'avenir ("le Futur commence ici" titre de l'exposition inaugurale) , être de son temps, sans oublier de puiser dans la mémoire. Pari tenu et au-delà pour ce lieu unique en Europe carrefour ouvert et perméable. Une visite s'impose !
 
Vous découvrirez alors que la ville de Dunkerque a un équipement culturel important avec, le LAAC consacré à l'art des années 1950-80 et le musée des Beaux Arts qui célèbre actuellement la mer dans tous ses états avec des oeuvres classiques ou contemporaines et une collection d'objets océaniens fascinante. A cette occasion, l'artiste Laura Henno dans le cadre d'une résidence dans la région et d'une commande du CNAP est invitée à présenter son projet filmique et photographique "Missing Stories" autour des récits de la migration.


Infos pratiques :

FRAC Nord Pas-de-Calais
503 avenue des Blancs de Flandres, Dunkerque (59)

http://www.fracnpdc.fr/

Collection du Frac en 3 volumes.

(Dunkerque est à 2h de Paris en TGV direct !)

http://www.musees-dunkerque.eu/

Des D' DAYS en mouvement !

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Vincent Leroy au Careau du Temple

Capsules du design, Docks

Constance Guisset, Palais de Tokyo

Lin Utzon, musée de la chasse et de la nature

Verralia France au Centre National de la Danse, Pantin

En ce temps de crise, le Design est perçu plus que jamais comme un atout majeur de redressement collectif et une vitrine du génie français pour une 13è édition de D'DAYS conçue comme un festival placé sous le signe du mouvement. Nouveaux studios de design à découvrir, nouvelles participations dont de nombreuses institutions muséales (Palais de Tokyo, musée d'art moderne de la Ville de Paris, musée Guimet,Carnavalet, Mona Bismarck American Center, cité de l'architecture), nouveaux opérateurs (Orange sur les Champs Elysées, la Fondation James Dyson, le Lab de l'institut culturel de Google, la Jeune Rue...) nouveaux lieux (berges de la Seine, Carreau du Temple,banque de France à Pantin et Ciné 104, l'autre axe de la manifestation qui grignotte à l'est) le programme se veut éclectique et expérimental. Si les métiers de ce secteur évoluent vite, l'innovation et la prospective sont récompensées par des prix mis à l'honneur toute la semaine. Grands prix de la création de la Ville de Paris, prix français de design, prix Emile Hermès, prix de l'intelligence de la main et Dialogues (fondation Bettencourt), Audi Talents Awards, les jeunes talents n'ont jamais été aussi courtisés même si les mécènes de ce secteur sont encore relativement peu nombreux. Festif, sociétal (Tramway une école française), engagé (Réenchanter le monde), environnemental (Lausanne Jardin+Ecal) poétique (Nicolas Cesbron, Antoine Boudin, Stéphanie Langard, Constance Guisset), ludique (Parapanorama), numérique et connecté, il y en a pour tous les goûts de Paris à Pantin et au-delà ! Si D 'DAYS est éphémère, les Capsules du design présentées aux Docks cité de la mode autour de 5 grandes collections publiques françaises auront une nouvelle vie dès l'automne prochain dévoilant au public les vraies maquettes de ces capsules.
Laissez vous surprendre et composez votre parcours sur mesure grâce à l'application téléchargeable gratuitement sur App Store. Pour les flâneurs, les 4 parcours sont signalés par des pastilles orange fluo, sans oublier les plus petits avec un parcours dédié et un Guide de l'explorateur à vocation pédagogique.

Extraits du programme :

Lundi 19 mai 

15h : D’TALK, Grande rencontre Intramuros
Lieu : Conseil Économique, Social et Environnemental (
9, place d'Iéna 75016 Paris

18h : Lancement de la manifestation 
Lieu: Palais de Tokyo ( 
13, avenue du Président Wilson 75116 Paris)

18h · 23h : Vernissages Paris Ouest 

Mardi 20 mai

10h : D’TALK, Dialogue entre artisanat d’art et design 
Lieu : Musée des Arts Décoratifs (
107, rue de Rivoli 75001 Paris

12h : Ouverture de tous les parcours (Paris Ouest, 
Paris Centre, Paris Est et Pantin)

18h · 23h : Vernissages Paris Centre

Mercredi 21 mai

18h : D’TALK, Le design interactif s’invite au Lab 
Lieu : Le Lab de l'Institut Culturel de Google (
8, rue de Londres 75009 Paris)

18h · 23h : Vernissages Paris Est

Jeudi 22 mai

17h · 19h : D’TALK
Lieu: La Gaîté Lyrique (
3bis, rue Papin 75003 Paris)
18h · 23h : Vernissages D’TOUR

Vendredi 23 mai

12h · 20h  : D’TOUR, ouverture des studios de designers

17h · 19h : D’TALK
Lieu: La Gaîté Lyrique (
3bis, rue Papin 75003 Paris)

18h · 23h : Vernissages Pantin

Samedi 24 mai

17h · 19h  : D’TALK
Lieu: La Gaîté Lyrique (
3bis, rue Papin 75003 Paris)

Dimanche 25 mai

13h : Design et cinéma
Lieu : Le Ciné 104 (
104, avenue Jean Lolive 93500 Pantin) / Côté court 

19h : Fermeture Paris / Pantin



More about :

DDAYS | Festival de design paris pantin


Emmet Gowin, fondation Cartier Bresson

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Nancy, Danville (Virginie), 1969 © Emmet Gowin, Courtesy Pace/MacGill Gallery, New York

Edith, Noël, Danville (Virgine), 1971 © Emmet Gowin, Courtesy Pace/MacGill Gallery, New York

Elle sa muse, la femme de sa vie et sa complice en photographie, Edith Morris que le photographe américain Emmet Gowinépouse en 1964 devenant son sujet de prédilection dans le quotidien d'une vie familiale. Comme dans une symphonie pastorale née dans la petite ville de Danville en Virginie rythmée par les sermons de son père pasteur et les gammes de sa mère musicienne. Alors qu'il aurait dû suivre la voie religieuse, il opte pour les arts graphiques et la photographie dans le sillage de Robert Frank,Henri Cartier Bresson, Frederick Sommer, Henry Callahan et Walker Evans, mentors ou amis de l'époque. Ce qui est troublant dans son approche visible à la Fondation Cartier Bresson est cette tension entre une atmosphère austère et puritaine créée par le noir et blanc et le cadrage frontal et cette intimité qu'il nous donne à voir, brute et animale. Edith de dos cheveux noués (sans doute l'image la plus célèbre) dans des tons gris le dispute à des poses crues, nue et enceinte ou en train de pisser dans une grange. Que penser de sa façon d'entrouvir son corsage alors qu'une vieille grand mère somnole ou d'apparaitre telle une icone en désabillé blanc dans un halo de lumière au milieu des cadeaux de Noël éparpillés. Sans tomber dans l'indécence ou le voyeurisme, c'est la vertu et la ferveur qui triomphent toujours. Et l'amour. Comme ces papillons de nuit qu'il pose au Panama sur le visage de sa douce. Car Emmet Gowin voyage et c'est l'une des révélations de cette rétrospective.
Avec ces photographies aériennes presques iréelles d'une grande valeur esthétique, il s'agit de dénoncer les traces de l'homme sur la nature. Essais nucléaires, agriculture intensive, éruptions, cicatrices de toutes sortes. Proches de l'abstraction elle incarnent cette pureté originelle qu'il ne cesse de poursuivre. Ainsi de conclure "même lorsqu'un paysage est profondément défiguré ou brutalisé, il brûle encore d'une vive animation intérieure". Servie par des tirages d'une qualité toujours irréprochable, cette exposition faisant suite à celle de la Fondation Mapfre Madrid exerce sur nous une sorte de magnétisme dont Emmet Gowin seul a le secret.

Infos pratiques :

Emmet Gowin
Fondation Cartier Bresson
jusqu'au 27 juillet 2014

Catalogue publié aux éditions Xavier Barral (en collaboration avec la fondation Mapfre)

http://www.henricartierbresson.org/







Le coup de coeur d'Art Collector à Jeune Création

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Lucie and Simon,Silent world série 2009 courtesy the artists

Jérémie Delhome,Sans titre, acrylique sur bois, 150 x 180 cm, 2011.courtesy the artist

Les collectionneurs Jacques et Evelyne Deret à l'initiative d'Art Collector nous présentent leur coup de coeur commun, pour la première fois. Car ils gardent chacun leurs goûts dans leurs choix. Le partenariat avec Jeune Création s'inscrit en droite ligne avec leur parti-prix de découverte et de soutien d'un jeune artiste à un instant clé de son parcours. Rassembler et mutualiser des réseaux de collectionneurs et autour d'un comité de sélection désigner 2 artistes lauréats, l'un provenant de leur collection initiale et l'autre non, telle est la vocation d'Art Collector.
Lucie et Simon et Jérémie Delhome sont donc exposés au Studio Patio Opera cette semaine et je dois dire que la confrontation fonctionne plutôt bien. A la solitude des mondes perdus du couple répond les formes indéfinies et quasi abstraites du dessinateur réalisées à partir d'empreintes de papier carbone. Le spectateur est au coeur des deux démarches.
J'ai l'occasion de rentrer en contact avec le couple franco-allemand très chaleureux. La série Silent world au delà de ses qualités formelles possède une puissance hyptonique immédiate. Ces grands espaces urbains, la place de l'Opéra vide mais aussi Madison Square ou Grand Central, cette errance, mélancolie sous-jacente. Avec leur toute nouvelle video visible au sous-sol dans l'"abri"il s'agit d'une grande fesque, sorte d'épopée qui nous entraine dans les quartiers colorés de la Goute d'Or à Paris sur un air d'Opéra. Une sorte d'atemporalité plane. L'on songe à Roland Barthes et au "langage sans code". Temps suspendu, énigmatique et magique.

En parallèle sont annoncés les 53 projets d'artistes (sur une sélection de près de 3000 dossiers) participant à la 65è édition de Jeune Création 2014.


Infos pratiques :

Lucie et Simon
Jérémie Delhome, coup de coeur Art Collector, Jeune Création 2013

Exposition du 20 au 25 mai 2014

Patio Opéra
5 rue Meyerbeer, 75009 Paris

Art [ ] Collector | Des collectionneurs invitent un artiste



http://www.jeunecreation.org/

L'exposition manifeste "Réenchanter le monde"

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Les lauréats du Global Award for Sustainable Architecture

Anne Feenstra, Kaboul, Afghanistan – Global Award for Sustainable Architecture 2012 Pavillon d’accueil et salle des fêtes, parc national de Pamir, Wakhan, Afghanistan, 2008.

WANG SHU et LU WENYU, Hanghzou, Chine - Global Award for Sustainable Architecture 2007 / École supérieure des Beaux- Arts de Chine, Hangzhou, Zhejiang, Chine, 2002-2008.

Conçue avec les 40 architectes lauréats du Global Award for Sustainable Architecture qui met en avant une scène de recherche autour de l'architecture durable et des grandes transitions du Nord au Sud de la planète, Réenchanter le monde (titre de l'ouvrage du philosophe Bernard Stiegler) qui vient d'ourvir à la Cité de l'architecture est dense, complexe,protéiforme et peuplée à l'image de nos mégapoles du XXIè siècle. Marie-Hélène Contal, architecte, directrice adjointe de l'institut d'architecture à Paris, la commissaire déclare avoir pensé l'exposition pour ceux qui ont 20 ans aujourd'hui afin de leur donner une vision plus optimiste et concrète du métier. Elle insiste aussi sur la philosophie très novatrice du prix où les architectes ne reçoivent pas d'argent mais intègrent et relètent cet observatoire du monde. Témoignage et acte critique donc pour ces acteurs du développement et leur démarche dans une vision neuve de la globalisation et le partage de ses fruits. Tutoyer l'utopie en proposant une pensée alternative et scientifiquement renouvelée. Le manifeste est rédigé en 6 priorités qui se déclinent en trois grands récits dans des espaces majeurs de la Cité, rejoints par les univers des architectes dans des Cabinets de sciences et des projets exceptionnels (laboratoire à l'échelle 1) qui constituent comme des Fragments du monde.

-Le monde global est-il vraiment devenu plat ?
-Condition humaine, condition urbaine
-L'eau, l'air, la terre, ressources vitales
-L'habitat pour tous, une priorité, partout
-Architecture techniques et sociétés
-Des utopistes pour ouvrir l'horizon.


Avec plus de 100 projets et autant de débats, chantiers, leviers d'émancipation.

Mais la section qui m'a le plus touchée est celle des Cabinets de curiosité qui montrent les hommes et les femmes derrière ces grandes réalisations à travers dessins, objets personnels collectés, bricolages de tous genres. Comme pour prôner et revenir à un encyclopédisme humaniste. Quant aux fragments du monde ils sont présentés par des films inédits qui retracent l'aventure du campus de l'école des Beaux Arts de Hangzou, Chine de Wang Shu et Lu Wenyu, le parc national de Kakadu, Australie de Troppo Architects/Phil Haris et Adrian Welke ou le village de Gando, Burkina Faso de Diébédo Francis Kéré. En tous cas pendant le vernissage on se serait cru à un carrefour monde, étant donné le nombre de nationalités présentes et les langues parlées. A Paris voilà qui donne un nouveau souffle et confirme la mue opéréé par la Cité de l'architecture qui propose au même moment "Haut bois d'amour" du designer artiste Nicolas Cesbron et "Architecture en uniforme" pour les amateurs d'histoire (Seconde Guerre mondiale).

Infos pratiques :

Réenchanter le monde
Architecture, ville, transitions
jusqu'au 6 octobre 2014
Cité de l'architecture et du patrimoine
1 pl. du Trocadéro, Paris

Autour de l'exposition : tables-rondes, rendez-vous du Global Award for Sustainable Architecture...

Publication : Hors Série de la revue "L'architecture d'aujourd'hui"


http://www.citechaillot.fr/

Coup d'envoi de Choices !

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Juergen Teller, Masculine No10, London 2013
Courtesy the artist/galerie Suzanne Tarasiève Paris

Hélène Delprat
L'homme-singe en fausse fourrure a disparu, 2014
Courtesy Galerie Christophe Gaillard

Francisco Tropa
Terra platónica, 2012
Courtesy Galerie Jocelyn Wolff

Alain Bublex
Paysage 35 (Passamaquoddy bay, North Shore), 2008
Courtesy Galerie GP N Vallois, Paris

Laurent Pernot
Montagnes, 2009
Courtesy Laurent Pernot, galerie Odile Ouizeman

Esther Stocker
Sans Titre, 2013
© Meinrad Hofer, Courtesy Galerie Alberta Pane

Vincent Mauger,
Sans titre 2013
Courtesy the artist/galerie Bertrand Grimont

La Rive Gauche est en ébullition ce week-end avec Choices, le week-end des collectionneurs. Saint Germain des Prés, Le Marais mais aussi Belleville s'associent pour donner le meilleur et inscrire Paris dans l'agenda international printannier, en contrepoint avec le temps fort automnal. Initié par Marion Papillon, fille de Claudine et directrice associée de la galerie, l'évènement repose sur des partenariats inédits tel le Meurice pour les invités de prestige, la Fondation Ricard ou encore la Ville de Paris dont les expositions sont en accès illimité et privilégié. Gageons que cette impulsion festive sur le modèle de Berlin, Bruxelles ou Chicago, prenne et attire d'autres acteurs de taille manquants à cette première, tels kamel mennour, Perrotin, Templon, Thaddaeus Ropac qui attendent de voir sans doute les retours.

Parmi les propositions je remarque :
-Hélène Delprat pour les 20 ans de sa peinture chez Christophe Gaillard, une actualité dense pour cette plasticienne. "Fair is Foul and Foul is Fair" l'art de jouer avec les mots et les références littéraires.
-Juergen Teller à la galerie Suzanne Tarasiève. L'enfant prodigue a 50 ans mais ne s'est toujours pas assagi ! Il joue du masculin dans la sculpture antique qu'il part d'attributs contemporains.
-Alain Bublex endosse le rôle de commissaire pour la galerie Vallois avec "Portrait de 3/4"établissant des connivences secrètes plutôt réussies.
-Michel Parmentier, galerie Loevenbruck qui représente la succession de l'artiste. Radicalisme et refus de tout compromis à la frontière du non dit et du visible dans ces griffonages persistants.
-Claire Tabouret remarquée par François Pinault et récemment exposée à Venise Palazzo Grassi chez Isabelle Gounod. Rituels de l'autoportrait, migration comme passage d'une rive à l'autre, citations de l'histoire de l'art.
 
L'exposition inaugurale et collective au Palais des Beaux Arts (ENSBA) marque le lancement du week-end : chaque galerie est représentée par un artiste. Voici la liste complète :


Michel Aubry (France) / Eva Meyer

Pauline Bastard (France) / Eva Hober

Cathryn Boch (France) / Claudine Papillon

Alain Bublex (France) / Georges-Philippe et Nathalie Vallois

Nina Childress (États-Unis) / Bernard Jordan

Matthew Darbyshire (Royaume-Uni) / Jousse entreprise

Jeremy Deller (Royaume-Uni) / Art : Concept

Hélène Delprat (France) / Christophe Gaillard

Damien Deroubaix (France) / In Situ / Fabienne Leclerc

Franck Eon (France) / Cortex Athletico

Dominique Figarella (France) / Anne Barrault

Ryan Gander (Royaume-Uni) / GB Agency

Gilgian Gelzer (Suisse) / Jean Fournier

Khaled Jarrar (Palestine) / Polaris

Jiří Kolář (République Tchèque) / Le Minotaure

Laurence De Leersnyder (France) / laurent mueller

Élodie Lesourd (France) / Olivier Robert

Vincent Mauger (France) / Bertrand Grimont

Didier Mencoboni (France) / Galerie Eric Dupont

Dan Miller (Chine) / Christian Berst

Rui Moreira (Portugal) / Jaeger Bucher

Navid Nuur (Iran) / Max Hetzler

Michel Parmentier (France) / Loevenbruck

Laurent Pernot (France) / Odile Ouizeman

Françoise Pétrovitch (France) / Semiose Galerie

Clément Rodzielski (France) / Chantal Crousel

Moussa Sarr (France) / Martine et Thibault de La Châtre

Barbara Steinman (États-Unis) / Françoise Paviot

Esther Stocker (Italie) / Alberta Pane
 
Claire tabouret (France) Isabelle Gounod
Juergen teller (Allemagne) Suzanne Tarasieve
stéphane thidet (France) Aline Vidal
Francisco tropa (Portugal) Jocelyn Wolff
Ida tursic & Wilfried Mille (Serbie-France) Almine Rech
Gil Joseph Wolman (France) Natalie Seroussi

Infos pratiques :

Choices

23/25 Mai 2014

Plan des parcours ICI

- CHOICES Paris – Collectors Weekend

Turbulences au FRAC Centre

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Jordi Colomer Anachitekton, Barcelona, 2002
Sarah Fauguet et David Cousinard, S.A.S (version B), 2011
La peau de lumière de Jakob+ MacFarlane
Cécile Beau, C=1/Vpx, 2008
Berdaguer et Péjus After..2001
Louidgi Beltrame, Gunkanjima 2010
Les Turbulences par Jakob+MacFarlane
 
Le geste est radical. Sur un ancien entrepôt de l'armée, les Subsistances militaires, l'agence Jakob+MacFarlane a imaginé une ossature tubulaire modélisée à partir d'une matrice numérique. Ces "turbulences" prolongent le bâtiment existant et interragissent avec l'environnement urbain en invitant Electronic Shadow à activer cette peau de lumière. Une dynamique visuelle audacieuse pour un lieu en évolution permanente. Qu'en est il de l'intérieur ? Cette déformation de la trame de l'existant se poursuit et les tubes métalliques des trois excroissances apparaissent, abritant le pôle d'accueil des publics et distribuant les flux de visiteurs. Malheureusement l'élégant café n'est pas ouvert en ce dimanche après midi où je viens en famille.
Dans le sillage d'Archilab (Rencontres internationales d'architecture d'Orléans) et à partir de l'ADN de sa collection fondée sur les questionnements art et architecture, le Frac Centre invite douze artistes de sa collection à présenter et choisir un architecte en dialogue avec leur oeuvre. Agissant comme commissaires, les artistes se sont concentrés sur la période des années 60-70 au cours de laquelle des artistes collaboraient avec des architectes ou des collectifs d'architectes organisaient des performances artistiques. "Double jeu" donc avec des ricochets et allers et retours qu'il incombe au spectateur de dessiner,longtemps après. Le parcours s'ouvre avec Dora Garcia qui a fait le choix des florentins Superstudio et leur processus mental débarassé des modèles ou imitations du passé. Chez la jeune artiste Cécile Beau (dont j'avais déjà parlé ici) il s'agit d'explorer les croisements onde sonore et fluide dans une raffinerie miniature conçue pour l'occasion qu'elle rapproche des univers futuristes de l'architecte autrichien Bernhard Hafner. Une circulation sinueuse qui débouche sur un paysage de désert algérien donné à voir en négatif par Kader Attia. Il rapproche cette installation du processus de réappropriation de l'architecte italien Ugo La Pietra. Louidgi Beltrame dans ses décors fantômes d'urbanisation verticale abandonnée a choisi Claude Parent et Paul Virilio et leurs villes futuristes. Un peu d'humour avec les photomontages de Berdaguer et Préjus et la "Pornographie architecturale" par Ettore Sottsass, avant les transformations hyptnotiques de Bertrand Lamarche. L'acmé est atteinte selon moi dans la confrontation entre Jordi Colomer et Yona Friedman à partir de ces dispositifs fictionnels, théâtres de la vie quotidienne qu'ils partagent. Et pour conclure, très belle pièce de Sarah Fauguet et David Cousinard télescopage d'une cabine d'ascenseur et isoloir d'église face au hors-champ fantastique de Günther Günschel.
Des croisements extrèmement féconds à l'image du lieu qui ouvrent sur la carte blanche donnée au franco-suisse Bernard Tschumi, figure emblématique de la collection célébré en ce moment au Centre Pompidou qui imagine des "Chronomanifestes"pour ces 30 ans des Frac. Architecte et théoricien, il retrace l'aventure des avant-gardes radicales dont il questionne les propres limites.
 
Enfin, ne pas manquer dans la galerie permanente, la collection du Frac (Architectures expérimentales) des années 50 à nos jours où cohabitent de véritables icônes de l'architecture contemporaine et des projets d'architectes dans une approche transdisciplinaire passionnante.
 
 
Infos pratiques :
 
Double jeu, artistes et architectes collection Frac Centre
Chronomanifestes, collection Frac Centre 1950-2010
 
Frac Centre les Turbulences
Orléans (45)
 
 
 
 
 
 



L'intranquille Manuela Marques à la Fondation Gulbenkian, Paris

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Manuela Marques, Chaman 2014 Courtesy the artist/gallery Anne Barrault, Paris/ Caroline Pagès, Lisbonne

Manuela Marques, Untitled (Miroir), 2010 Courtesy the artist/gallery Anne Barrault, Paris/ Caroline Pagès, Lisbonne
Manuela Marques, Suspension 2, 2014 Courtesy the artist/gallery Anne Barrault, Paris/ Caroline Pagès, Lisbonne
 
Regarder le silence, retenir la parole, habiter l'impermanence, telle est l'invitation que nous adresse Manuela Marquesà partir d'un vers de poésie portugaise, son pays d'origine. "La taille de ce vent est un triangle dans l'eau" mathématique des contraires, verticalité des métaphores, jeu des références fugitives d'une pratique photographique plus proche de la soustraction que de l'accumulation. Rais de lumière, ombres projettées, reflet des miroirs, des instants suspendus, sur le fil, comme des menaces. Association d'objets ou d'éléments stoppés ou sous la contrainte. La main qui donne et la main qui reprend. Cette main c'est celle de la femme sans fard, témoin et déclencheur de ces cycles de la nature. Le vent, le bois, la terre ou le feu sont les grandes matrices de l'ordre fragile que nous impose l'artiste. Des séquences qui ponctuent et construisent ce long poème visuel déroulé avec tant d'élégance dans l'espace d'exposition de la Fondation Gulbenkian. Des graines semées dans l'écume impénétrable des jours monochromes. Tourments des passions contenues à force de liens, cruautés et suspension du désir sous la transparence des surfaces. Paradoxe d'une photographie qui pour une fois se refuse à montrer. De la pénombre à la lumière du regard.Une image qui ne se referme jamais tout à fait. Comme une promesse.
Dans le très bel ouvrage qui accompagne l'exposition, des images-clés surgissent au fil de la déambulation comme un jeu de hasard qu'il incombe au spectateur de dénouer longtemps après.
 
Laissons à Fernando Pesso le mot de la fin "Sage est celui qui monotonise la vie, car le plus petit incident acquiert alors la faculté d'émerveiller (..) et de préciser : "Toute chose, à bien y regarder est donnée en proportion de celui qui la reçoit".
 
Infos pratiques :
 
 
Manuela Marques
 
La taille de ce vent est un triangle dans l'eau
 
jusqu'au 26 juillet 2014
 
Fondation Gulbenkian
 
39 Bd de la Tour-Maubourg 75007 Paris
 
 
 
 
 




Envie de lumière ? Venise, Palazzo Grassi

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©Latifa Echakhch
©Bertrand Lavier
©Dan Vo
©Vidya Gastaldon
©Claire Tabouret
©Antoni Muntadas
 

 
Pour ce long week-end si vous larguez les amarres, la Sérénissime offre une belle lumière sous le coup de projecteur de Caroline Bourgeois, Fondation Pinault. Un Palazzo Grassi nimbé des sortilèges de l'illusion optique, sensorielle, sensitive, poétique. Mirage du californien Doug Wheeler pour l'atrium, ce champ immaculé et hypnotique blanc qui abolit tous nos repères. Puis Philippe Parreno et sa "marquise" qui joue des codes de la Venise du VXIIIè siècle dans l'escalier d'honneur orné de fresques à la gloire de la riche famille des Grassi dont il souligne puissance et vacuité. Avec l'arc-en-ciel de Vidya Gastaldon nous pénétrons dans le monde merveilleux du Magicien d'Oz avec cette pluie de guirlandes qui joue de nos sens. Le Salon noir de Marcel Broodthaers surgit comme en contre-point de cette avalanche lumineuse, un hommage à l'ami disparu.Stratégie de résistance incarnée par le néon de Dan Flavin qui ouvre sur la video de Bruce Conner et le champignon atomique, une horreur devenue presque séduisante. Antoni Muntadas signe l'une des oeuvres les plus puissantes de ce brillant parcours avec le dialogue entre une ampoule et une bougie, transfigurant un objet banal en un paradoxe temporel. Avec Julio Le Parc, clin d'oeil à l'ambitieux "Dynamo" qui avait illuminé le Grand Palais, l'on retrouve les jeux du hasard d'un artiste fondateur du mouvement de l'art optique. Le film au ralenti de David Claerbout sur les mouvements de l'eau et les enjeux de l'exploitation du pétrole semble un peu hors propos, de même pour Dan Vo qui court-circuite la mémoire liée au colonialisme.Chez Latifa Echakhch il s'agit aussi de souvenirs et de fatalité face à un destin avorté, celui du printemps révolutionnaire arabe. Chaos mortifère que réveille le blanc des lettres AIDS du collectif General Idea qui théâtralise la stigmatisation de la maladie par le gouvernement américain. Chez Sturtevant (récemment décédée) ce que l'on voit (n') pas ce que l'on croit. Remake et prise de pouvoir chez Bertrand Lavier, tandis que l'interrupteur permet à l'installation fluorescente de Robert Irwin destabilisante et enveloppante d'envahir et modeler l'espace. Rideau final sur les "veilleurs" de Claire Tabouret qui s'inspirant de Paolo Uccello fixent le spectateur d'un regard froid et iréel. Aura de mystère que nous laisse ce panorama où l'on bascule entre l'effroi et la grâce, l'aveuglement et la révélation, la folie et la transfiguration. Du jour à la nuit.
 
More about :
 

The Illusion of Light | Palazzo Grassi

 

 


Inauguration de la rubrique "Suivez mon regard" pour Artistics.com

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105.01.97, Klaus Kampert. Tirage numérique, 50 cm × 40 cm ©Artistics.com
Sans Titre VII, Elvire Ferle. Huile sur toile, 100 cm × 70 cm ©Artistics.com
Ebb & Flow, Jonathan Shearer. Huile sur toile, 57 cm × 107 cm ©Artistics.com



A la suite de ma rencontre pasionnante avec Sonia Rameau, fondatrice du site Artistics.com, je me vois sélectionnée pour ouvrir la nouvelle rubrique "Suivez mon regard #1".

Retrouvez mes coups de coeur parmi la sélection d'artistes proposés :

http://www.artistics.com/fr/magazine/suivez-mon-regard-1-marie-de-la-fresnaye

Pour chacun des artistes sélectionnés, unevidéode présentation est visible sur le site Artistics.com.

Ce qui m'a séduit dans la démarche de Sonia, professionnelle de l'Internet et passionnée d'art c'est sa grande proximité et l'humanisme qui se dégage de ses choix. L'entrepreunariat au féminim qui a un vrai visage ! Mais le chemin est long pour une démocratisation dans les faits de la diffusion des oeuvres. A chacun d'inventer son mode de partage en bonne intelligence des enjeux et réseaux.


Julie Dossavi au Tarmac, le pari du solo dans le partage

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Cross and Share, Compagnie Julie Dossavi
Crédit photo : Grégory Brandel


La danseuse et chorégraphe Julie Dossavi, dont la compagnie est installée à Poitiers depuis 2004 fait escale à Paris au Tarmac (scène internationale francophone) que je découvre à l'occasion. C'est un choc des cultures et du geste, de l'hybridation des formes et de la puissance de la plastique pour cette artiste originaire du Bénin qui a fait ses premiers pas de danse sur le sol français. Athlète de formation elle nous livre les quelques rencontres qui ont marqué son parcours, 4 qui comptent plus que les autres réussissant le pari d'un processus de création personnel, nourri et partagé dans ce spectacle où l'humour et l'auto-dérision ne sont pas en reste. Une certaine distanciation qui lui permet cette synthèse de techniques et d'influences. Michel Schweizer, scénographe, Thomas Lebrun, Serge Aimé Coulibaly rencontré au Burkina Faso et Hamid Ben Mahi (l'un des meilleurs danseurs de hip hop). Une chorégraphie partagée donc mais qu'elle porte seule sur ses épaules robustes accompagnée d'une chanteuse et d'un musicien, ce qui favorise l'idée de transformation et de travertissement. La prise de parole devient dès lors nécessité et manifeste. Et c'est parti pour "Cross and Share" où il est question de violence et de douceur, de sensualité et d'animalité, de préjugés et de quête identitaire. Une Vénus noire contemporaine qui compose son propre Bolléro de Ravel. Des métissages qui vont au delà des outrages pour tutoyer l'ivresse de la performance. Entre chorégraphe et interprète, Julie Dossavi innove tout en restant fidèle à son exigence première. Provoquante et généreuse, elle saura séduire un large public curieux et réceptif au voyage qu'il soit réel ou fantasmé. L'un des petits miracles du Tarmac dont la saison fait la part belle au déracinement et à la rencontre de l'autre. Un aller simple que complète la guadeloupéenne Myriam Soulanges avec "Mika..heure locale" ou une transposition de l'histoire personnelle et universelle de la chaussure de la honte. Une invitation à échapper pour regarder l'intérieur de soi.
 
Infos pratiques :
 
Cross and Share
du 3 au 7 juin 2014
France/Bénin Danse
Julie Dossavi
 
 
Mika, heure locale
du 24 au 28 juin 2014
Guadeloupe/Danse
Myriam Soulanges
 
 
 
 

Oscar Muñoz, Oscar Murillo, Fredi Casco : le trio gagnant de la semaine !

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Oscar Munoz,Pixeles (Pixels), 1999–2000Tâches de café sur morceaux de sucre, plexiglass — 35 × 35 × 3 cmCourtesy de l’artiste et Sicardi Gallery, HoustonOscar Munoz,Aliento (Souffle), 1995Sérigraphie et graisse sur miroirs métalliques, 7 miroirs — Diamètre 20 cmCourtesy de l’artisteOscar Munoz,Línea del destino (Ligne du destin), 2006Vidéo 4/3, noir et blanc, sans son — 1' 54"Courtesy de l’artisteOscar Munoz,Narcisos (en proceso) [Narcisses (en cours)], 1995–2011Poussière de charbon et papier sur eau, plexiglas, 6 éléments — 10 × 70 × 400 cmCourtesy de l’artiste

Vue de l’exposition Oscar Murillo : We Don’t Work SundaysCourtesy of the artist and Marian Goodman Gallery, Paris

Fredi Casco, Sans titre de la série Le Retour des Sirènes, vol.1,2005

Fredi Casco, Sans titre de la série Le Bonheur, 2008

Fredi Casco, Sans titre de la série Le Retour des Sorciers, vol.3, 2011


La Colombie est à l'honneur à Paris, en particulier la ville de Cali pour son carnaval (Oscar Murillo, galerie Marian Goodman) et sa scène artistique effervescente (Oscar Muñoz, Jeu de Paume) rejointe aussi par le Paraguay en la personne plus historique de Fredi Casco artiste mais également éditeur, réalisateur et curateur à la Maison de l'Amérique Latine où il faisait bon être le soir du vernissage dans les jardins au son d'une harpe traditionnelle dans cette douce lumière printanière. Mais bien évidemment ce sont les 10 ans du Jeu de Paume qui auront le plus marqué les esprits avec outre des buffets dans les Tuileries (Paris est un jardin !), une programmation de choix entre Oscar Muñoz, Kati Horna (redécouverte d'une photographe mexicaine d'adoption dont le destin est captivant !) et Kapwani Kiwanga.

Oscar Muñoz confronte la réalité sociale et meurtrière de son pays la Colombie aux enjeux de la matérialité de l’image autour des questions de la trace, l’apparition et la disparition. Le Jeu de Paume propose un panorama de 40 ans de sa carrière autour des séries majeures, poétiques et métaphoriques à forte charge psychologique. « Protographies » néologisme volontaire, symbolise les tensions entre les événements et leurs témoins par son utilisation de substances éphémères (fragilité de la mémoire) et l’implication physique du spectateur (traversée, jeux de miroirs et reflets du visage,empreinte par contact). Une expérience sensuelle et conceptuelle à la fois où les frontières entre chaque medium s’effacent à l’aide de l’exploration de processus non conventionnels et éléments fondamentaux liés aux cycles de l’existence. Du début de sa pratique dans les années 70 à Cali dans l’effervescence culturelle d’alors jusqu’à de nouvelles créations produites pour l’exposition se dessinent des constellations qui se répondent entre elles à l’image des mouvements instables et fluctuants du délitement du souvenir. Ainsi de cet autoportrait emblématique de l’artiste aspiré par l’eau charbonneuse d’un lavabo ou dans le creux de sa main qui vacille, se décompose et se recompose telle une encre sur une surface. Art de la dissolution, temps de la révélation, Oscar Muñoz sculpte l’érosion, ce moment décisif antérieur ou postérieur à la fixation pour toujours d’une image, latente.
Exposition itinérante, co-produite par le Jeu de Paume avec leMuseo de Arte – Banco de la República, Bogotá (Colombie).
Oscar Murillo, galerie Marian Goodman part de la Feria de Cali où chaque année le carnaval, les concours de salsa, défilés de tous genres lui donne l'idée d'un projet associant des étudiants de l'Ecole Duperré à Paris pour la confection de costumes librement inspirés des tenues de carnaval. L'on retrouve sa capacité de stratification interculturelle avec ces emballades de produits alimentaires issus de la mondialisation et les séries de photographies transformées en dessins par des graphistes chinois.

Avec Fredi Casco, sous l'excellent commissariat d'Albertine de Galbert (à l'initiative de la plateforme d'art contemporain sud américain  Artesur ) il s'agit d'une métahistoire du Paraguay, sa part manquante en quelque sorte. S'attaquant à la dictature de Stroessner et son goût pour les mondanités, il infiltre et détourne ces clichés trouvés au marché aux puces d'Asuncion en parant ces figures de masques à gaz (le Retour des Sorciers) ou avec le criminel de guerre Josef Mengele réfugié  et naturalisé au Paraguay qu'il rapproche de fêtes traditionnelles autrichiennes. Comme des spectres qui surgissent. Des fantômes d'une histoire définitivement dévoyée. Foto zombie, Chaco Fantôme, les titres parlent d'eux mêmes. Evocation de la tristement célèbre Ecole des Amériques qui a donné des générations de dictateurs dans toute la région. Procédant par séries, la très pertinente scénographie permet d'établir des archipels au milieu des lesquels on perd pied facilement, comme dans tous ces épisodes évoqués ! Et le chant des sirènes d'exercer sa séduction longtemps après...

Infos pratiques :

Oscar Muñoz, Protographies
Jeu de Paume
jusqu'au 21 septembre 2014

http://www.jeudepaume.org

Oscar Murillo, We don't work sundays
Galerie Marian Goodman
jusqu'au 18 juillet 2014

http://www.mariangoodman.com/

Fredi Casco, la Fascination des sirènes
Maison de l'Amérique Latine
jusqu'au 23 septembre 2014

http://mal217.org/
 

Gail Pickering à la Ferme du Buisson

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Gail Pickering, Vue de l’exposition, Near Real Time, 2014Courtesy of the artist & La Ferme du Buisson — Photo © Émile Ouroumov

Gail Pickering, Sans titreCourtesy de l’artiste © Gail Pickering 2014

Spécifiquement conçue pour le centre d'art contemporain de la Ferme du Buisson, l'installation "Near Real Time" est emblématique de la pratique de l'artiste britannique Gail Pickering. Une voix qui nous guide dans les différents espaces, collective du narrateur à différents protagonistes comme pour dérouler un imaginaire où individus, lieux et contexte sont ambivalents face à leur passé. Libérés ou anéantis, ils deviennent le véhicule de réflexions plus larges sur une expérience sociale ancrée sur le remaniement et la subjectivité de l'image. Passant de rouge au noir, le spectateur oscille entre différents états et sensations dans la logique de l'image video saturée ou effacée. Des résidus qui intensifient la puissance du contenu des archives à partir des seules traces des émissions télévisées de la Vidéogazette, expérience unique en son genre initiée en 1973 dans le quartier de la Villeneuve à Grenoble. "Near Real Time" est la première exposition d'envergure en France de cet artiste dont les oeuvres ont été récemment montrées à la Tate Britain ou dans d'autres institutions internationales importantes. Des enjeux et une période clé du cinéma militant qu'il rejoue pour chaque lieu avec le même impact. Des rituels sociaux désamorcés et la résistance d'un corps écran dans des mises en scène entre action et représentation aux confins de la performance. Atmosphère d'étrangeté proche de la claustrophobie garantie !

Near Real Time est une commande de FLAMIN Production via le Film London Artists’ Moving Image Network, avec le soutien du Arts Council England, d’Elephant Trust et de Goldsmiths, University of London. L’exposition bénéficie du soutien de Fluxus, fond franco-britannique pour l’art contemporain. Elle est produite en partenariat avec BALTIC Centre for Contemporary Art à Gateshead où elle sera visible en octobre 2014.
 
Infos pratiques :
 
Gail Pickering
Near Real Time
 
Ferme du Buisson (Noisiel 77)
jusqu'au 27 juillet 2014
 
Prochainement : Pique-nique de saison !
 
www.lafermedubuisson.com
 

"Au doigt et à l'œil" Françoise Huguier et Marie-Paule Nègre "Mine de rien"

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Françoise Huguier,Pêcherie, Noviport, presqu’île de Iamal, Sibérie, 1992© Françoise Huguier / Agence VU’


Françoise Huguier, Les appartements communautaires. Nus dans la cuisine, Saint Pétersbourg, Russie, 2005© Françoise Huguier / Agence VU’


Marie Paule Nègre,Contes des temps modernes ou l’aisance ordinaire, Bal des débutantes, Hôtel Crillon, Paris, 1999© Marie-Paule NègreMarie Paule Nègre,Jazz dans tous ses états, Barney Wilen et Mary Moor, 1986© Marie-Paule Nègre


Françoise Huguier, prix World Press Photo, la "bretonne africaine" pose ses valises à la Maison Européenne de la Photographie pour notre grand bonheur ! Des podiums aux appartements communautaires de Saint-Pétersbourg, de Libération aux Rencontres d'Arles, de l'Afrique à la Sibérie polaire, du Cambodge à Soa Paulo, elle arpente le monde depuis bientôt 40 ans. Cette grande dame de la photographie nous invite dans son intimité sur les traces de son enfance prisonnière des Viêt-Minh jusqu'à son journal de bord en solitaire. A l'occasion de la sortie de son recueil de textes "Au doigt et à l'oeil"Jean-Luc Monterosso son complice et ami lui offre une rétrospective sous la forme d'un jardin secret. Comme un monde rêvé, une collection d'images au fil de l'eau et des rencontres, l'aventure de sa vie se déroule de la guerre d'Algérie à mai 68 jusqu'aux sentiers de l'Asie du Sud-Est. "Pince-moi, je rêve"un titre clin d'oeil pour celle qui ne manque pas d'humour.
 
Chez Marie-Paule Nègre, prix Nièpce en 1995 cofondatrice de l'agence Métis en 1989, dans la lignée des photographes de l'instant ce sont vingt dernières années exposées sans pathos mais au nom de l'exclusion. Ces "gens du dehors" intouchables, dont elle rend compte de la misère ordinaire. Des "Contes des temps modernes" où la détresse s'inscrit en filigrane. Par réaction elle se penche sur les rich and famous, la jeunesse dorée des beaux quartiers à la manière de Diane Arbus. Corps et âmes, femmes en résistance, histoire de famille, à fleur de l'eau, des artistes en leur monde, autant d'instants de grâce ici et ailleurs.

Katia Maciel, la troisième femme exposée est brésilienne, artiste, réalisatrice, poète et chercheuse il s'agit de poser des pièges perceptifs dans des actions en boucle qu'elle étire indéfiniment. Comme en suspension les images de flux et reflux créent l'illusion d'un présent en continu. De multiples rebonds visuels qui agissent comme des échos spatio-temporels poético-sensibles.

Un homme rompt cette dominante, lycéen passionné de photographie Adrien Lévy-Cariès qui nous livre avec un réel talent son Paris Plages.

Infos pratiques :
4 expositions
du 4 juin au 30 août 2014

Maison Européenne de la Photographie


Un état du ciel proche de la chute !

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© Ed Atkins, Ribbons 2014, Courtesy the Artist, Cabinet, London and Galerie Isabella Bortolozzi, Berlin.

© Willy Kautz, IL H O O Q, 2013. Drawing, painting and collage animation, 37'' (loop). Animated by Crec Maniak

©Dominique Ghesquière, terre de profondeur, 2013, Terre cuite, dimensions variables Aurélien Mole ; courtesy Galerie Chez Valentin, projet sélectionné en 2012, par la comission mécénat de la Fondation Nationale des Arts Graphiques et Plastiques qui lui a apporté son soutien.

© Sébastien Martinez Barat, To pour (2014).

© Eduardo Basualdo, Nervio 2012


L'étrange météorite "Teoria -la cabeza de Goliath", de l'argentin Eduardo Basualdo (SAM art projects) est là pour nous inviter à entrer dans les lois de la gravité car ce chapitre 3 de l'Etat du ciel (Palais de Tokyo) se veut une dramaturgie de la chute. Métaphorique ou idéologique, désastreuse ou jubilatoire, la pesanteur nous rabaisse ou nous libère.
C'est tout le paradoxe exploré avec une grande cohérence par le psychanaliste Gérard Wajcman et la critique d'art Marie de Brugerolle qui signent une sublime exposition "All that fall" (titre emprunté à Samuel Beckett). Balayant l'histoire de l'art des XXè et XXIè siècles ils s'interrogent sur notre civilisation et renversement de valeurs. Un axe qui a définitivement basculé du Mur de Berlin et des Twin Towers comme pour ouvrir des brèches. Des objets pour nous rendre toujours plus addictifs et un art de la fragmentation et du déchet de plus en plus prégnant. Comme si "la dure loi de la gravitation qui régit le monde est entrée au musée" pour reprendre les propos du psychanaliste. De la dégringolade à la dégradation il n'y a qu'un pas. Et qu'en est-il de la désublimation ? Leur petit dictionnaire illustré de la chute dans le Magazine Palais #19  truffé de références est un viatique que je conseille vivement avant d'entreprendre plus avant les découvertes.

Avec Ed Atkins, le britannique que l'on avait découvert à la Biennale de Lyon il s'agit du choc des processus analogiques. Une autopsie de l'image animée comme pour réaffirmer son potentiel d'illusion idéologique. "Bastard" est l'errance d'un personnage sous influence, controlé par l'artiste lui même et des forces contraires. Une dérive à la fois viscérale et organique où la parole a valeur de suplique et les manipulations, des déclencheurs catharciques. Il y a du Shakespaere dans cette alternance entre sublime et abject, élévation spirituelle et confrontation de ses propres finitudes. Une expérience de l'extrême boulversante.
 
Retour à plus de sérénité avec le Pavillon Neuflize, laboratoire de création qui a invité Shuhô, maître d'ikébana et responsable du Ginkaku Jishô-ji Kenshu Dojo à imaginer une série d'échanges interculturels à partir de la tradition des fleurs et du thé où le vase sert de fil conducteur à ces pratiques, discours et objets.
 
Restez aux aguets car les interventions sur les bâtiments sont comme des éclairs pour nous tomber dessus !
 
Prochainement au Palais : Michaela Eichwald, lauréate du prix Lafayette 2012 et Ange Leccia "Jamais la mer se retire".
 
De quoi maintenir l'alerte...
 
Infos pratiques :
 
l'Etat du Ciel partie 3
 
 
 




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