Joana Hadjithomas & Khalil Joreige, Fidel, 2014.
Video HD 11 mn, 48 sec.Photo : Villa Arson - J. Brasille
Courtesy des artistes et galeries In Situ Fabienne Leclerc (Paris), CRG (New York), The Third Line(Dubai).
Joana Hadjithomas & Khalil Joreige
La Chambre des trophées, 2014.
Béton, verre et photographie. Tirages photographiques plastifiés sur rouleaux. Dimensions variables.
Courtesy des artistes et galeries In Situ Fabienne Leclerc (Paris), CRG (New York), The Third Line(Dubai).
Joana Hadjithomas & Khalil Joreige
It’s all real / Tout est vrai : Sasha, 2014.
Installation vidéo, 2 projections synchronisées HD, 4 min 23 sec, 2014.
Courtesy des artistes et galeries In Situ Fabienne Leclerc (Paris), CRG (New York), The Third Line(Dubai).
Joana Hadjithomas & Khalil Joreige
La Géométrie de l'espace, 2014.
Sculpture, acier étiré oxydé, diamètre approximatif 80 cm. Dessins muraux, chronologie de 2005, 2008, 2010. Photo : Villa Arson
Courtesy des artistes et galeries In Situ Fabienne Leclerc (Paris), CRG (New York), The Third Line(Dubai).
Joana Hadjithomas & Khalil Joreige
A Letter Can Always Reach its Destination / Une lettre arrive toujours à destination, 2012.
Installation vidéo. 2 vidéos HD synchronisées, 122 min, écran hologramme.
Courtesy The Abraaj Group Art Prize.
Courtesy des artistes et galeries In Situ Fabienne Leclerc (Paris), CRG (New York), The Third Line(Dubaï)
Vue de l'exposition "Trois pas de côté"les diplômés 2014 de la Villa Arson Nice
Vous en avez tous certainement déjà reçu un, ce message mail qui commence toujours par "dear friend, I must first apologise... let me start by introducing myself".. pour ensuite vous offrir une proposition d'affaire venant d'un dignitaire haut placé ou de sa famille avec un substantiel bénéfice à la clé qui changera à jamais votre vie. Jouant sur l'éloignement géographique et une possible vraisemblance du récit, ces escroqueries surnommées "arnaques nigérianes" la plupart du temps jetées à la poubelle de nos ordinateurs continuent cependant à faire de nombreuses victimes aux quatre coins du globe, entraînant même parfois meurtres et suicides. C'est ce phénomène qu'ausculte les cinéastes plasticiens libanais Joana Hadjithomas et Khalil Joreige dans leur nouvelle exposition à la Villa Arson de Nice. Remontant la trace de plus de 4000 mails indésirables pour en faire ressortir les ressorts cachés, ils nous donnent à voir les différentes strates de ces images qui dessinent une cartographie potentielle des vérités et catastrophes du monde comme souvent dans leur pratique artistique dans une mise en abyme aux multiples résonances et canaux virtuels. Il s'agit ici au delà de la question de la croyance, véritable fil rouge du parcours de donner une physicalité à l'imaginaire dans des récits où réalité et fiction sont inextricablement liés. Puisant ses racines dans la tradition des Lettres de Jérusalem au 18è siècle littéraire plus tard analysés par Vidocq où maîtres et valets en fuite sollicitent l'aide d'un tiers devenu "seule personne de confiance", ces scams sortes de remakes contemporains se basent sur le même principe dans un contexte de mondialisation et bouleversement politiques et idéologiques. Comme une rumeur du monde qui se déploie magistralement galerie carrée, il faut d'abord tendre l'oreille donc prêter attention à l'un de ses 38 acteurs spontanés recrutés pour nous délivrer une histoire dans ce qui constitue dès lors une architecture sonore, visuelle comme sur une scène de théâtre. Notre curiosité étant acquise nous sommes prêts à franchir le miroir et lever le voile des illusions pour pénétrer mieux encore dans cette géométrie d'un espace virtuel révélateur d'un état du monde de la corruption où l'on croisera des personnages aux destins peu communs qui incarnent finalement cette projection mensongère et façonnée de toutes pièces au départ. Pour atteindre cette vérité il faudra écouter le témoignage incroyable d'un ancien scammeur reconverti au Liban en coach sportif, pénétrer dans la "Chambre des trophées" pour un duel sans merci encore ceux qui traquent les scammeurs les scambeaters et leur infligent toutes sortes de mises à l'épreuve rituelles comme dans un jeu de rôle, jusqu'à éprouver physiquement cette mobilité des liens virutels que procure le cybercafé depuis que la loi 419 réprimande sévèrement au Nigéria les scammeurs. Dès lors "Tout est vrai" dans ce brusque retour au réel et cette galerie d'exilés à la recherche d'une vie meilleure, prisonniers entre plusieurs identités et temporalités viennent se confondre avec les récits virtuels des scams. Ils nous disent leur souffrance mais aussi leur espoir avec retenue ou impuissance muette. Et comme "une lettre arrive toujours à destination"nous parvenons par des réajustements constants à une sorte d'incarnation de fantôme, une présence qui émerge de ce groupe. Un imaginaire (celui de la victime) fait d'amour et d'addiction qui hante l'exposition et suggère un autre accès au monde. Comme avec leurs films (the Lebanese Rocket Society a été projeté le week-end du vernissage), Joana Hadjithomas et Khalil Joreige mettent en scène ce paradoxe des possibilités et impossibilités de voir soulevant la duplicité intrinsèque d'une image et son extraordinaire pouvoir de contamination. Ainsi notre captivité ne serait toujours que consentante et nos savoirs que partiels et déficients face au destin d'une image. Comme avec Catherine Deneuve devant les ruines d'un Liban ravagé (Je veux voir) nous restons face aux ruines d'une conscience qui a déjà abdiqué. Abolissant les frontières art contemporain et cinéma, le duo continue de poser des questions aussi urgentes que décisives. Cette invitation à investir la plupart des espaces de la villa Arson place résolument cet établissement artistique fondé en 1972 par André Malraux au coeur des problématiques actuelles.
Place à présent aux diplômés 2014 puisque la Villa Arson en même temps qu'un centre national d'art contemporain,une résidence d'artistes et une médiathèque est d'abord et avant tout une école nationale supérieure d'art dont le cru chaque année est attendu par de nombreux professionnels et soutenu par le prix de la jeune création contemporaine remis à la galerie de la Marine de Nice où sont également exposés une partie des travaux. Sous le commissariat de Frédéric Bonnet et intitulée Trois Pas de côté cette exposition collective se place sous le signe du décalage et du braconnage culturel. Des recherches hétéroclites pour une vision de l'art renouvelée dans cette architecture minérale et brutaliste remarquable signée Michel Marot au milieu du jardin méditerranéen de la villa Arson ou cette ancienne halle aux poissons de la galerie de la Marine. Détournements et réécriture du réel au rendez-vous.
Découvrez toutes les propositions via le site internet dédié :
diplomes2014.villa-arson.orgPRIX DE LA JEUNE CREATION 2014 :La Ville de Nice a reconduit pour la sixième année, avec le soutien de la Fondation Bernar Venet, le Prix de la jeune création contemporaine qui permet de distinguer deux artistes. Ce prix a été remis le 4 juillet, respectivement àAnna Tomaszewski(dotation Ville de Nice) et à Simon Nicolas (dotation Fondation Bernar Venet). Infos pratiques :Je dois tout d'abord m'excuser.. I must first apologise..
Joana Hadjithomas and Khalil Joreige
jusqu'au 13 octobre 2014
Villa Arson
20 avenue Stephen Liégeard, Nice
(accès du centre par le Tram)
Trois pas de côté : les diplômés 2014
jusqu'au 25 septembre 2014 à la Villa Arson
jusqu'au 5 octobre 2014 galerie de la Marine
59 quai des Etats-Unis, Nice
A Nice, également au
Mamac dans le cadre d'une résidence en Géorgie en 2013 six artistes issus de la Villa Arson décident de se regrouper en collectif et nous présentent l'
arbre Culbuto autour des principes d'acclimatation et d'expérimentation. Ne manquez pas non plus la 1ère exposition en France de l'artiste portugais Juliao Sarmento.