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Channel: Métamorphoses et Vagabondages
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Timothée Chaillou entrouvre Appartement et donne le ton

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Nina Childress, Rondeau sur fond rouge 2007 Courtesy l'artiste et galerie Bernard Jordan

Armand Jalut, Rêveries insulaires (4), 2012 Courtesy l'artiste et galerie Michel Rein Paris/Bruxelles

Loïc Raguénès, Baiser vert 2014

Natacha Lesueur, Sans titre 2013

Corentin Grossman, 2014

Philippe Mayaux, Idole 2012



Des Esseintes dans A Rebours vit une expérience sensible et esthétique du parfum, c'est à cela que je songe quand je franchis le seuil du nouveau lieu de vie et d'exposition Appartement imaginé par Nathalie Miltat et confié pour une 1ère saison en 5 séquences à Timothée Chaillou. "Le Manifeste du désert" de l'artiste Christophe Sarlin spécialement conçu pour l'occasion mêle les essences olfactives d'une nature luxuriante mais domestiquée en un espace imaginaire à portée de main. Y entrer par effraction "Quelque chose pour eux qui ne peut être compris que par vous (Pierre Bismuth) ou sur les coups du tambour (Vincent Olinet) c'est en suivant les accords du piano que je découvre ce prélude où ce talentueux commissaire imagine partir des collections d'art primitif de la maîtresse des lieux investies d'oeuvres (Philippe Mayaux, Vincent Beaurin). Des totems qui insufflent une aura particulière à notre cheminement. Il sera question du socle, de l'ailleurs et de sa réprésentation (Natacha Lesueur) des idoles et de leur pendants : les fantômes (Marnie Weber) et de notre possible aveuglement (Corentin Grossmann) ou vénération. Fragmentation et ambivalence d'un chaos de gestes et d'évènements dont ressort pourtant une certaine cohérence formelle comme dans les toiles baroques et suréalistes d'Armand Jalut, mon coup de coeur. En perpétuelle mutation ces grands formats au foisonnement proche de la jouissance invitent à une lecture plurielle sous l'emprise de la métaphore. Une beauté impérieuse, affranchie, iréversible et dont les associations fortuites entre art contemporain et art primitif, qui se jouent des codes et des usages, imposent peu à peu un rythme. Si Des Eissentes est un héros en négatif, il semble bien que ce chaos là dans son maillage conscient et inconscient s'inscrive dans une allégresse non feinte dont nous attendons le dénouement dans les chapitres à venir. Seul indice connu parmi ces paysages mouvants, les premiers artistes annoncés sont : Farah Atassi, Matthieu Cossé et Justin Morin.


More about :

Prélude : Sinon le chaos (du 6 au 14 juin 2014)

avec : Vincent Beaurin, Pierre Bismuth, Nina Childress, Vidya Gastaldon, Corentin Grossmann, Armand Jalut, Natacha Lesueur, Benjamin Magot, Philippe Mayaux, Vincent Olinet, Guillaume Pinard, Loïc Raguénès, Christophe Sarlin, Ida Tursic and Wilfried Mille, Marnie Weber.(et leurs galeries respectives)


Première saison : septembre 2014 -mai 2015


Appartement
27 Bis rue Jacques Louvel Tessier 75010 Paris

Visite du mardi au samedi de 15 à 19h et sur rendez-vous

http://appartement-27bis.com/







La Saline Royale, vivre en utopie et habiter le monde

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"Jardins nomades" 14è édition du Festival
Saline Royale d'Arc et Senans, mémoire d'un lieu
Bertille Bak Courtesy l'artiste/Xippas galerie
Claire Tabouret, le passeur Courtesy l'artiste/Isabelle Gounod galerie
William Kentridge, Other Faces/dessins pour projection Courtesy the artist/Marian Goodman galerie
Barthelemy Toguo Tampons, Empreintes (variante de l'installation The World's Climax, 2001)Courtesy l'artiste/Lelong galerie
Laurent Malone, le Silence, 2012 video Courtesy l'artiste
Zineb Sedira, Escaping the Land (2006) triptyque Courtesy l'artiste/kamel mennour galerie
la Saline Royale de nuit, éclairage signé Michel Verjux
 
Patrimoine mondial de l'Unesco, centre culturel de rencontre, la Saline Royale d'Arc et Senans née de la pensée éclairée de Claude Nicolas Ledoux reste son chef d'oeuvre absolu. Emblème d'un utopiste visionnaire, elle se déploie tel un temple industriel dédié à la production de sel. Théâtre et lieu de vie de toute une communauté, son histoire contrastée qui bascule dans le cauchemar de l'enfermement (réfugiés espagnols et tziganes) incarne les tensions propres à toute cité idéale. Véronique Barcelo, depuis son arrivée à la tête de ce lieu singulier a voulu s'emparer de cette contradiction inhérente au rêve des Lumières pour la transformer en un moteur directeur et impulsion nouvelle de ce que pourrait être le vivre ensemble à l'époque d'une mondialisation affichée. Comme une traversée philosophique et sensible, le projet "Citoyen du monde"engage une forme de récit pluriel où l'exil, le nomadisme, la frontière, l'altérité prennent les visages de l'illusion ou son contraire à partir d'expositions mais aussi de déambulations dans les jardins qui interagissent en écho, de rencontres et débats lors des colloques du Laboratoire Eutopia en partenariat avec de nombreux acteurs du territoire. Car ces enjeux de l'utopie se vivent aussi au-delà des murs de la Saline dans le cadre de projets européens d'envergure : artistes en résidence (dont Richa Navani de New Delhi chez Saatchi), coopération transfontalière avec la Suisse, mobilité des jeunes et enjeux du plurilinguisme (très beau journal d'enfants du voyage), sans oublier la promotion du patrimoine historique du sel. Comme si tout devenait possible que l'on soit un enfant, une famille, un adulte sur la route ou en séjour puisque l'on peut profiter des services de l'hôtel 3 étoiles et je peux dire que les chambres revisitées par Jean-Michel Wilmotte offrent tout le confort propice à cette expérience hors du commun. Lorsque j'interroge la directrice des lieux sur ce qui l'a conduit à vouloir bâtir sur l'idée d'utopies vivantes et si riches de sens elle me cite tout naturellement l'Abbaye de Fontevraud autre cité idéale avec qui elle collabore étroitement.
Partons à la découverte de ces "arpenteurs" d'aujourd'hui, les 14 artistes invités par Christophe Desforges, le commissaire qui signe sa 2è exposition après "Récits nomades". Je retrouve avec bonheur William Kentridge, Mathieu Pernot, Barthelemy Toguo ou Bertille Bak et découvre Laurent Malone et son travail plein de résistance autour de familles de Roms à Marseille ou Stephen Wilks et ses travelling donkeys entre humour et poésie. Munie de mon passeport "Citoyen du monde" je peux dès lors expérimenter ces cartographies imaginaires dans les jardins de la Saline (premiers potagers ouvriers de l'histoire) avec les Constellations qui rappellent Jochen Gerner, la Forêt tropicale à rapprocher de Taysir Batniji,le Jardin Delta et Claire Tabouret, le Jardin plissé et Isabelle Krieg, le Brûlis et Alighiero e Boetti, le goût d'ailleurs des plantes aromatiques et Latifa Echakhch. Autant d'associations et d'autres possibles imaginées par les jardiniers Patrick Percier et Denis Duquet à présent, guidées par le plaisir de la promenade ou le goût de l'errance. Un voyage qui a su concilier les contraires et n'est pas prêt de s'arrêter là, (du moins on l'espère Valérie Barcelo ne renouvellant pas son mandat).
Une halte s'impose donc à la Saline sur le chemin de vos vacances, d'autant que le Doubs avec notamment le musée Courbetà Ornans a d'autres révélations à vous faire autour de l'Origine du monde...
 
Infos pratiques :
 
Saline Royale, cité des utopies
Saison culturelle 2014 Citoyen du monde
 
Les Arpenteurs-exposition
jusqu'au 5 ocobre 2014
 
14è Festival des Jardins -Jardins nomades
jusqu'au 19 octobre 2014
 
 
Votez pour la Saline monument préféré des francais !
 
Réservez en ligne votre séjour 3 étoiles.
 
 
 

 



Le panthéon de Sarkis à Montbéliard

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Sarkis, Les pôles des aimants, 2014
Musée du château des Ducs de Wurtemberg, Montbéliard Crédits : Musées de Montbéliard

Château des Ducs de Wurtemberg, Photo : Denis Bretey

Vue de l'exposition Sarkis "Les pôles des aimants" 2014 Photo : Marc Cellier


Il n'y a pas que JR au Panthéon et heureusement ! Sarkis nous en avait donné une autre version en 2000 qu'il prolonge, conviant son histoire à Montbéliard au château des Ducs de Wurtemberg, forteresse médiévale au passé germanique illustre. Un autre site du Doubs à découvrir cet été qui s'ouvre à l'art contemporain. Né à Istanbul et vivant à Paris, l'artiste dans une multiplicité d'approches met en scène une expérience subjective autour du temps et de la mémoire. Des matériaux qu'il sculpte confrontant histoire personnelle et collective, en résonance avec le lieu. Ici ce sont des Montbéliardais anonymes disparus du Panthéon local qu'il ressuscite dans une installation où costumes, mobilier, oiseaux, collections photographiques et autres objets insolites des musées de la ville interagissent sur des airs de musique mécanique. Ainsi religieux, résistants ou grands hommes transposés en  néons bleus font revivre les pages d'histoire oubliées à partir du riche patrimoine ethnologique des Musées de Montbéliard. Des cohabitations dans le temps et l'espace qui sont sa marque de fabrique dans une logique pluridisciplinaire où le cinéma et la musique ont toute leur place. C'est pourquoi il envisage une collaboration avec le Conservatoire pour la création d'une partition inédite à partir des boîtes à musique exposées et le Cinéma d'art et d'essai le Colisée de Montbéliard pour la diffusion de films en écho autour des cinéastes de la disparition qui lui sont chers. Une partition/respiration conçue à partir de ces voix endormies. Un "trésor de guerre" pour reprendre son concept qu'il revitalise avec le talent qu'on lui connait pour faire bouger les lignes et sortir les objets de leur contexte premier de monstration. 
Une visite s'impose également au Musée d'art et d'histoire, autre lieu de mémoire de la ville avec des spécimens rares en histoire naturelle (exposition actuelle sur les volatiles).

Infos pratiques :

Sarkis, les pôle des aimants
jusqu'au 4 janvier 2015
Musée du château des Ducs de Wurtemberg

Les Musées de Montbéliard


Requiem de l'ornement (Anne Wenzel chez Suzanne Tarasiève)

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Anne Wenzel, Damaged goods  @ TENT, Rotterdam Courtesy Suzanne Tarasiève, Paris

Anne Wenzel, Attempted Decadence (blossoms), 2013 @ TENT, Rotterdam  Courtesy Suzanne Tarasiève, Paris

Anne Wenzel, The Opaque Palace @ TENT, Rotterdam

Anne Wenzel, This is not a love song, 2007 Presentation Kunstvereniging Diepenheim Courtesy Suzanne Tarasiève, Paris

Anne Wenzel, Bright Solitude (trophy#15) 2009  Courtesy Suzanne Tarasiève, Paris

Anne Wenzel, Silent landscape, 2006 @ TENT, Rotterdam Courtesy Suzanne Tarasiève, Paris

"Requiem of heroïm" réalisé en 2010 pour le musée néerlandais Boijmans Van Beuningen, monunent factice et théâtral à la rigueur toute Wagnérienne empreinte du grotesque italien résume à lui seule la démarche d'Anne Wenzel, sculpteur qui se saisit de la céramique et des hasards qu'elle offre, osant toujours plus en repousser les limites. Ainsi construction et démolition,  beauté et répulsion, convulsion et effroi cohabitent dans son entreprise d'effilochage des archétypes et du cérémonial. Comme si l' instrumentalisation du pouvoir et de la commémoration se voyaient détournées dans des masses ruisselantes d'une argile instable qui se liquéfie sous l'emprise du feu. Une iconographie du désastre à son apogée dans la magistrale installation "The Opaque Palace"pour Le TENT de Rotterdam curatée par Daria de Beauvais qui vient de s'achever mais dont on retrouve les indices sacrificiels à la galerie Suzanne Tarasiève dans une exposition intitulée "Radical Delight". Les titres ont toute leur importance dans cette dislocation des rituels à chaque fois renouvelée selon le contexte spatial et la lumière qui se pose sur ces noirs et toutes leurs nuances. "Damaged goods""Bright Solitude""Invalid icon""Crashed nightmare" et "sweet life" sorte d'anti-chaperon rouge où une petite fille toute de noir vêtue (la 1ère oeuvre en cette couleur) pénètre dans les pires de nos cauchemars. Comme si des forces démoniaques s'emparaient de ces paysages clichés pour mieux les déjouer et manipuler le spectateur physiquement confronté à cette monumentale déchéance. Les trophées et leur dépouilles, une iconographie nourrie de la grande tradition en histoire de l'art de Géricault et Francis Bacon en passant par les Vanités de son pays d'origine. Que reste t-il de nos honneurs, monuments aux morts, bustes et médailles une fois le rideau tombé ? une vaste solitude...

Infos pratiques :

Anne Wenzel
Radical delight

jusqu'au 26 juillet 2014
galerie Suzanne Tarasiève
7 rue Pastourelle 75003 Paris


Superbe monographie "Prospects of perception"publiée par Lecturis (en collaboration avec TENT) prix 32.50€




Fêtons l'été au MAC/VAL : Valérie Jouve, Halida Boughriet et année France-Vietnam

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Valérie Jouve, Sans titre, 2013Tirage chromogène — 100 × 130 cmProduction MAC/VAL — Musée d’art contemporain du Val-de-Marne, 2014 — Photo © Valérie Jouve © Adagp, Paris 2014

Valérie Jouve, Les figures de Rana M.S Abukharabish, 2013Tirage chromogène — 30 × 40 cmMusée d’art contemporain du Val-de-Marne, 2014 — Photo © Rana M.S Abukharabish.
Halida Boughriet, Série Corps de masse, 2013Tirage Lambda contrecollé sur Dibond — 120 × 180 cmProduction MAC/VAL — Musée d’art contemporain du Val-de-Marne, 2014


Nguyen Manh Hung, Fil de fer barbelé, 2014Huile sur peinture ready-made — 50 × 60 cmCourtesy of the artist & MAC/VAL, Vitry-sur-Seine

Riche saison estivale au MAC/VAL où nous partons avec Valérie Jouve et ses 4 amies réfugiées en Palestine dans une longue traversée qui prend tour à tour leurs différents visages et regards comme une capacité d'utopie. Un territoire qu'elles dessinent au gré des images et des paroles dans une installation magistrale en forme de labyrinthe, sorte de ziggurat idéale et fantasmée aux contours instables. Un montage collectif mais une singularité des regards et c'est là tout le paradoxe d'un projet né dans la ville de Jéricho, surnommée "ville de la lune"pour sa douceur et l'abondance de ses cultures où passe une partie de son temps Valérie Jouve depuis 3 ans. Beau témoignage de ses compagnes de route présentes au vernissage et dont l'une a ouvert son propre studio de photographie. 
Avec Halida Boughriet, en écho il s'agit d'une performance chorégraphiée dont l'enregistrement a donné lieu à une nouvelle série "Corps de masse" où il est question de sa rencontre avec les habitants de Saint Denis filmés et photographiés dans les cellules de l'ancien carmel du musée d'art et d'histoire de la ville (ateliers). Les corps rejouent sans le savoir des postures classiques et révèlent la nature de leurs liens dans des abandons et entremêlements proches de la peinture.Densité et humanisme se dégagent.
Dans le cadre de l'année France-Vietnam avec l'Institut français, les artistes Nguyen Manh Hung et Jun Nguyen-Hatsushiba sont invités en résidence et nous livrent le fruit de leurs expériences. Des tableaux chinés aux puces pour le premier et parsemés d'éléments d'histoire de son pays et une oeuvre participative autour de l'histoire de la musique rock anglaise pour le second où il est question de citoyenneté et de flux migratoires. Artiste d'envergure internationale, Jun Nguyen-Hatsushiba s'est fait connaitre avec ses videos sous-marines, métaphores des difficultés liées à l'existence de certaines catégories de population au Vietnam. C'est donc un vrai plaisir de découvrir la dernière production de cet artiste à la double culture "qui se sent étranger partout"et dont le retour à Ho-Chi-Minh Ville depuis 15 ans incarne l'évolution de cette diaspora vietnamienne. 

Infos pratiques :

Mac Val : Invités de la collection

"Cinq femmes au pays de la lune"
"Corps de masse"

Artistes en résidence :

Nguyen Manh Hung : Buy me a ready-made painting

Jun Nguyen-Hatsushiba : Don't we all want to be in tune ?

www.macval.fr





Lee Ufan : dialogue d'acier et de pierre avec Le Nôtre

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L'arche de Versailles de Lee Ufan 2014 Photo :Tadzio/ADAGP, Courtesy the artist, Kamel Mennour, Paris Pace New York
Lee Ufan, Relatum Dialog X 2014 Photo : Tadzio/ADAGP Courtesy the artist, Kamel Mennour, Paris Pace New York
Lee Ufan Four Sides of Messengers, 2014 Photo : Tadzio/ADAGP Courtesy the artist, Kamel Mennour, Paris Pace New York
Lee Ufan, l'Ombre des Etoiles II, 2014 Photo : Tadzio/ADAGP Courtesy the artist, Kamel Mennour, Paris Pace New York


"J'avais l'impression que Le Nôtre était là et me chuchotait à l'oreille", confie l'artiste d'origine coréenne Lee Ufan, invité à Versailles par Alfred Pacquement et Christine Pégard, commissaires de ce nouveau volet en hommage au célèbre jardinier du Roi. Il s'est longuement imprégné des perspectives et de la géométrie du lieu pour y ponctuer toute en finesse 10 oeuvres méditatives et envoûtantes, dont une dans l'espace même du château. Philosophe et théoricien à l'origine Mono-Ha (l'Ecole des Choses), mouvement contemporain de l'Arte Povera qui repense les fondements de la sculpture et de la peinture, Lee Ufan formé à la culture traditionnelle chinoise entend créer un véritable dialogue avec le site, empruntant des pierres naturelles dont les caractéristiques à chaque fois différentes le fascinent. Pensées comme des "blocs de temps incalculable"elles entrent en confrontation avec un autre matériau des plaques d'acier dans une économie du geste comme en réaction à l'hyper productivité du monde contemporain. La nature est ainsi immédiatement reliée à la conscience humaine dans une dialectique constante du visible et de l'invisible. Une pureté des formes qui s'apparente à des touches posées sur la toile d'un peintre et l'on sait que Lee Ufan a étudié l'abstraction de Jackson Pollock.
C'est donc à une promenade silencieuse et presque recueillie qu'il nous invite où des surprises restent au rendez-vous telle cette fascinante installation "l'Ombre des étoiles" dans le Bosquet de l'Etoile arc de cercle minéral en réponse au sol à l'Arche du ciel haute de 12 mètres qui ouvre cet espace-temps vers le Grand Canal. Ombres grises sur le sol et courbe du métal traversée par la course des nuages. Une chorégraphie étrange s'en dégage qu'il faut prendre le temps d'apprivoiser. Plaques au ras du sol et vagues de métal qui ondulent sous l'action du vent quand ce n'est un rempart qui croise le bâton d'un géant dans ce labyrinthe végétal où il fait bon se perdre pour mieux se retrouver. Il y a de la magie dans cette vision syncrétique et apaisée des contraires. Ces correspondances nouvelles d'un homme pour qui l'intériorité se mesure en infinité du monde.
Surmontant la perfection de Versailles il a su aussi et on lui en sait gré, ne pas tomber dans le piège de la séduction pure comme l'avait fait certains de ses prédécesseurs. Aucune polémique en vue donc mais plutôt le sentiment d'accéder à une dimension supérieure pour qui sait sentir et regarder.


Infos pratiques :

Lee Ufan, Versailles

jusqu'au 2 novembre 2014

http://www.chateauversailles.fr

Comment se repérer ?


l'application mobile « Jardins de Versailles » - Orange.com








Du côté des galeries :Chiharu Shiota, Pak Sheung Chuen,Gabrielle Conilh de Beyssac, Su Xiaobai, les argentins de Ruth Benzacar...

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Gabrielle Conilh de Beyssac, Jumeaux courtesy the artist/galerie Maubert

Chiharu Shiota, Accumulation, Searching for a Destination, 2014  Courtesy de l’artiste et The New Art Gallery, Walsall, galerie Daniel Templon, Paris, Bruxelles
Pak Sheung Chuen
Vue d'exposition 
'L'espace-temps parallèle 2012.5.27-2012.6.9 / 2014.5.27-2014.6.9', gb agency, Paris, 2014 Crédit photo Marc Domage 

Vue de l'exposition Corps-astro-sensible 2014 Gabrielle Conilh de Beyssacgalerie Maubert 

Carlos Herrera, sin titulo (serie Autoretratos) 2011 courtesy the artist/Ruth Benzacar Buenos Aires

David Douard MO : need 2014 courtesy the artist/Chantal Crousel 

Jean-Luc Moulène, Drapé nuit, Paris mars 2009 courtesy the artist/galerie Chantal Crousel 
"Searching for a destination" résonne bien en ce moment ! d'autant que Chiharu Shiota, qui représentera le Japon à la 56è Biennale de Venise très remarquée à Bâle l'année dernière nous livre à la galerie Templon sa version de la "Chambre que chacun porte en soi" (Kafka). Immense installation de valises suspendues et accumulation d'objets piégés dans ses filets pour nous redire la puissance des liens et des racines d'un sujet en butte avec l'individualisme rampant de notre société. Intense réseau graphique et métamorphose du lieu.

Avec l'espace-temps parallèle de Pak Sheung Chuen, (gb agency) artiste chinois vivant à Hong Kong il s'agit d'un autre type de parcours labyrinthique conçu à partir de ses notes de voyage qu'il consigne dans un Journal. Des situations ordinaires dont il sort des statements qui courent le long des murs et sur les sols. Des points de correspondance où le langage et la marche sont les lieux de rencontre possibles entre plusieurs systèmes de pensée. Des gestes simples et invisibles qui suscitent une nouvelle syntaxe formelle. Avec l'autre artiste exposé le britannique Mac Adams il s'agit d'adopter une enquête policière comme processus expérimental théâtralisé.

"Corps-astro-sensible" titre mystérieux du dialogue de Gabrielle Conilh de Beyssac et Jules Guissart (galerie Maubert) un couple qui explore des formes originales à partir de notions tangibles ou non que l'on soit dans la physique, la chimie ou la géométrie. Des potentialités révélées par le mouvement, l'usure, la trajectoire que le spectateur peut activer à tout moment. Déplacées ou arpentées elles incarnent ce point de tension fragile entre la matière à vif et le passage du temps. Un rapport au corps où l'intuition a toute sa place. Célestes ou terrestres, ces formes variables remarquablement mises en valeur autonomes ou conçues à 2 recèlent une chorégraphie particulière à partir d'une fascination pour les propriétés formelles d'un volume. 

Méditation également à l'oeuvre chez Su Xiaobai (Almine Rech), artiste chinois vivant en Allemagne qui part du contraste entre ces deux pays pour nous livrer sa conception de la peinture comme socle de toute une existence. Une filiation qui s'inscrit dans l'art chinois traditionnel pour élaborer un cosmos privé à partir de l'usage patient de la laque dont la sédimentation rejoue les strates du passé. Souffle de vie et de l'esprit.

Autre continent, l'argentine avec l'hommage de la galerie Xippasà la veille de son installation dans un nouvel espace, à la galerie Ruth Benzacar, installée dans le centre de Buenos Aires avec comme figures de proue Leandro Erlich, Eduardo Basualdo ou Adriàn Villar Rojas. Sous le commissariat d'Albertine de Galbert, décidément très présente actuellement, il s'agit de partir de l'architecture déroutante de la galerie,sorte de voie sans issue pour s'aventurer dans des chemins tortueux de l'imaginaire borgésien où l'on croise équilibres menaçants, effets de trompe- l'oeil, collages, apparitions et disparitions et autres dissemblances qui contribuent au maillage fictionnel d'un tout à la fois proche et lointain. "Beyond Magic !"

Après les méandres de l'inconscient ce sont les méandres de l'eau assagie ou tumultueuse, qui sont explorés à la galerie Chantal Crousel par une dizaine d'artistes toutes générations confondues de Manet à Marcel Broodthaers à David Douard pour le plus jeune. Photographies, dessins, eaux fortes, films nous plongent dans des rêveries oniriques funestes et troublantes.

Last but not least ne manquez pas de découvrir le nouvel espace de la galerie Mitterrand côté rue, désormais dédié à la sculpture en particulier avec l'artiste britannique Mark Handforth marqué par l'avant-garde américaine du XXè siècle. Sa nouvelle pièce "Deep Violet"étoile cabossée est à l'image d'une désillusion programmée entre violence et fascination. En parallèle dans la partie historique 1ère exposition en France de l'américain Richard Pettibone, l'un des pionniers de l'Appropriation Art avec une sélection de 74 "réductions" de 1964 à 2009 où l'on croise Duchamp, Lichtenstein, Warhol, Stella et autres icônes qu'il associe entre elles et détrône dans un panthéon très personnel et subjectif. Jubilatoire !







Rodin et l'accident : la révolution du regard

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Affiche de l'exposition Rodin. L'accident. L'aléatoire 2014 ©MAH Genève
Auguste Rodin. Femme accroupie dite La Muse tragique 1890 ©MAH Genève, photo : Peter Schälchli (présentation presse le 19 juin 2014)
Auguste Rodin La Terre 1893-94 ©Musée Rodin Paris photo : Christian Baraja
Auguste Rodin. Le Penseur 1880 (modèle original) 1896 (fonte) ©MAH Genève, photo : Flora Bevilacqua
Bertrand Lavier Giuletta, 1998 ©Musée d'art moderne et contemporain de Strasbourg 2014 photo : Adagp, Paris musées de Strasbourg, N. Fussier
Le futur Musée d'art et d'histoire Infographie Ateliers Nouvel/Architecture Jucker/B.Diserens -Jucker

Rodin comme vous le n'avez jamais vu !
L'exposition "Rodin. L'accident.L'aléatoire" organisée par le Musée d'art et d'histoire de Genève avec le soutien exceptionnel du Musée Rodinà Paris est révolutionnaire à plus d'un titre. Dépasser la notion d'inachèvement pour aborder les enjeux de l'accident, volontaire ou non dans le processus de création du maître, tels sont les nouveaux paramètres explorés par Laurence Madeline, Conservatrice en chef, responsable du pôle beaux-arts à Genève et Antoinette Le Normand-Romain, Conservatrice générale du patrimoine directrice de l'Institut national d'Histoire de l'art à Paris. A partir des liens que le sculpteur entretient avec la ville de Genève en la personne de Mathias Morhardt, poète, critique d'art instigateur de l'exposition en 1896 au musée Rath où il figure aux côtés de Puvis de Chavannes et Eugène Carrière, c'est la générosité de l'artiste qui permet aujourd'hui d'éclairer d'un jour inédit sa démarche créatrice. En effet il fait don à la ville de L'homme au nez cassé (1864), du Penseur (1881-1882) et de la Muse tragique (1890) qui fera couler beaucoup d'encre dans la presse suisse et française et dont Mathias Morhardt sera le plus ardent défenseur. Une polémique autour des défectuosités et imperfections de cette Femme accroupie qui est comme l'acmé d'un parcours en quelques 80 oeuvres admirablement mises en valeur par la scénographie signée Nathalie Crinière visant à exploiter tout le potentiel de ces grandes salles baignées de lumière au charme quelque peu suranné. Pivot central de l'exposition, cette muse au destin chahuté en distribue les grands axes des fragments antiques aux hasards de l'atelier jusqu'aux stigmates de l'accident mécanique il s'agit de l'éducation d'un regard et en cela le rôle de Rodin est décisif. De Daumier à Chapu, de Claudel à Matisse, de Picasso (absent du parcours) à César et Lavier, l'aléatoire s'invite dans chacune de ces appropriations. Mais comment arrive t-on à l'accidentel poussé comme marque de fabrique ? Et l'oeuvre en garde t-elle toute la charge tragique ? Il semble que la modernité de Rodin qui va bien au delà des poncifs habituels annonce à elle seule tous ces enjeux :
-Accepter le hasard ou l'accident jusqu'à en faire une méthode de création à part entière (Iris, le Fils d'Ugolin...) ;
-multiplier les agrandissements (l'Homme qui marche, le Penseur) pour une simplification des formes ;
-pousser toujours plus les recherches d'expressionnisme (Tête de la muse tragique et superbe mur de plâtres à l'état d'ébauches);
-documenter par la photographie encore balbutiante les différentes étapes du processus (tirages emblématiques de Druet) ;
-favoriser l'inaboutissement apparent et la puissance du matériau (La Terre) ;
-pratiquer une sorte de bricolage assumé (Grosse femme à tête d'Iris..) ;
-confier le travail à des assistants et surtout se démarquer du Salon officiel en choisissant une galerie commerciale, en l'occurrence celle de Georges Petit où il expose avec Monet.
Quelques pistes à l'origine d'une nouvelle lecture dont vont bénéficier ses suiveurs à commencer par Camille Claudel et lui-même quand certains de ces chefs d'oeuvre vont être rattrapés par les accidents de l'histoire. L'exposition bascule alors dans une dimension plus émotionnelle avec l'exemplaire de l'Age d'Airain du Glaspalast de Munich, le Penseur du Singer Museum de Lauren (Pays Bas), le Grand Penseur du Museum of Art de Cleveland et jusqu'aux fragments de la Grande Ombre du World Trade Center qui tous victimes, témoignent de l'évolution de leur statut initial dans des circonstances tragiques. Une aura symbolique qui prend le pas sur le dessein de leur créateur. L'oeuvre graphique du maître qui préfigure l'automatisme est également évoquée dans ces feuilles aux tâches énigmatiques. Si la transition entre l'Homme au nez cassé et Picasso peut se faire au regard des détournements et accidents du monde du XXè siècle, la Giuletta de Bertrand Lavier précipite un peu le cours des choses dans un carambolage qui fait l'impasse d'autres artistes, Duchamp en tête. Sans doute la contrainte de l'espace d'exposition proprement dit mais il est certain que le grand mérite de cette initiative est d'ouvrir la voie et le champ des possibles en matière d'interprétation. Des critères esthétiques définitivement bouleversés sous l'impulsion du génie. 

Un nouveau Musée d'art et d'histoire : quel avenir pour l'agrandissement de Jean Nouvel ?
Fondé en 1910 le musée d'art et d'histoire est sans conteste l'institution culturelle phare de la Ville de Genève mais se trouve dans un état critique n'ayant bénéficié d'aucune action de rénovation. Pour préserver et accroître son attractivité, le projet remporté par l'architecte Jean Nouvel associé aux genevois Architectures Jucker et DVK Architectes prévoit une extension toute en transparence et légèreté qui concilie le style "Beaux-arts" d'origine avec des critères très contemporains. Un dialogue vertical réalisé de l'intérieur qui prévoit un futur Forum manquant jusqu'alors à la Cité et un restaurant panoramique mais dont la discrétion ne fait pourtant pas l'unanimité. La polémique qui dure porte sur l'éventuelle surélévation qui n'en est pas réellement une. Enfin, le conseil municipal se prononcera en 2014 sur le coût total du projet porté à 140 millions de francs (avec intégration du musée de l'Horlogerie) financés sur un partenariat public-privé. Avec 50% d'espace d'exposition en plus, le MAH qui réouvrira ses portes en 2022 assurera pleinement son rôle de lieu de rencontre pour tous et de musée du XXIè siècle à visée culturelle, scientifique et sociale.Jean-Yves Marin son actuel directeur se dit optimiste !

Infos pratiques :

Rodin. L'accident. l'aléatoire

jusqu'au 28 septembre 2014

Rénover.agrandir
(Exposition dossier autour de la maquette du futur Musée d'art et d'histoire)

jusqu'au 31 décembre 2014

Musée d'art et d'histoire
2, rue Charles-Galland
Genève

institutions.ville-geneve.ch

Superbe catalogue aux éditions 5 Continents : 277 pages où vous retrouverez les passionnantes contributions des deux commissaires complétées par d'autres spécialistes de Rodin ainsi qu'un éclairage fascinant sur l'accident et la photographie, le cinéma, la littérature et même la série télévisée !





La Terrasse, espace d'art de Nanterre : ouvert sur la ville et en prise avec le territoire

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Raphaël Zarka, Une journée sans vague, série Les formes du repos n°7, photographie, 2003 acquisition 2010 Ville de Nanterre

Cyrille Weiner, Saïd, vannier, Le Grand Axe, 2005 acquisition 2011 Ville de Nanterre

Pedro Reyes, Capula 2014

Massimiliano Marraffa, Sortie 36/117, 2005

Nicolas Frémiot, Nanterre, 2004 acquisition 2004. Production de la Ville de Nanterre, 2004

Studio Marlot et Chopard, Les tennis à Saint-Pierre-du-Vauvray, 2004

Olivier Turpin, Foyer des musiciens Maurice Ravel, série Parc André Malraux 2010

Dans le prolongement de l'axe de Le Nôtre comme nous le rappelle la responsable de ce nouveau lieu d'art contemporain francilienà Nanterre, Sandrine Moreau et situé au-dessus d'une autoroute la Terrasse s'inscrit sur ces 3,5 km de bandes de verdure et d'équipements tertiaires derrière l'Arche de la Défense. Un nouveau positionnement et ancrage au coeur de l'espace public qui répond à une volonté de la Ville de créer des interactions art, monde du travail et recherche universitaire (l'Université de Nanterre étant à une station de RER) et offrir une programmation attractive pour un large public. Expositions mais aussi résidences d'artistes, ateliers, recherches, débats et rendez-vous vont ponctuer les saisons du Toit-terrasse à la Vitrine en passant par l'espace même de monstration dans une démarche pluridisciplinaire qui prolonge les actions menées par la Villa des Tourelles (ancienne galerie municipale). "Entrées libres" ouvre ce programme estival avec des oeuvres plurielles autour des enjeux du territoire qu'il soit bucolique (les bords de Seine vue par le studio Marlot et Chopard), nostalgique (Cyrille Weiner), imaginaire (sorties de secours de Massimiliano Marraffa), gourmand (Dorothée Selz) fictionnel (collectif Lilane Viala et Sylvain Soussan),  voir utopique (très belle oeuvre suspendue de Pedro Reyes). Des "axes" que signale Krijn de Koning depuis le toit pour tenter de définir ensemble un lieu d'art du 21è siècle à partir d'un état des lieux expérimental et humoristique visible dès la place Nelson Mandela dans la Vitrine (clin d'oeil à Play time de Tati du collectif HSH crew). Une préfiguration participative où l'art se veut en résonance avec le quotidien des habitants environnants. L'occasion aussi de redécouvrir certaines pièces de la collection municipale acquises depuis 10 ans, autant de regards sur une ville en mutation : Nicolas Frémiot, Christophe Cuzin, Lidwien van de Ven, Raphaël Zarka, Catherine Van den Steen, Olivier Nottelet et Olivier Turpin que j'avais découvert avec Roger des Prés fondateur de la Ferme du bonheur. Des prairies de la friche naturelle à l'aménagement de l'autoroute sans oublier la mémoire intime des habitants il s'agit d'"observer la ville", dans le cadre de dispositifs artistiques mis en place auprès de différents publics. L'art facteur de cohésion sociale ? c'est en tous cas le débat ouvert lors de la table ronde du 28 juin, date du lancement aux multiples échos "L'art, pour quoi ? pour qui ?"autour du documentaire de l'artiste Robert Milin en résidence à Nanterre. En septembre le programme reprendra sur les chapeaux de roue avec une autre conférence sur la Figure du spectateur, des ateliers de pratiques amateurs, les partenariats avec les enseignants, des projets hors les murs (Conque du théâtre en plein air parc Anciennes Mairies..) Oh ! oui on est pour ...


Infos pratiques :

La Terrasse - Espace d'art de Nanterre

57 bd de Pesaro
92000 NANTERRE

Eté 2014 : Entrées libres
Journée d'inauguration du 28 juin 2014 de 11h à 21h : OH !

programme inaugural terrasses

www.nanterre.fr




Sèvres Outdoors, un programme inédit par Galeries Mode d'Emploi

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  ©Laurent Le Deunff,Carsten Höller, Vincent Olinet, Markus Lüpertz,Philippe Rahm, Laurent Tixador


Sèvres Cité de la Céramique s'inscrit résolument dans le paysage de l'art contemporain avec des résidences d'artistes (Fabrice Hyber, Pierre Soulages, Elmar Trenkwalder) mais aussi ce programme d'exposition "outdoor" qui rassemble tout l'été 28 artistes de 25 galeries du réseau GME (sur 64 au total). Un format innovant sur plus de 4 hectares des jardins de cette institution au passé prestigieux et une volonté commune de partager et diffuser la création contemporaine auprès de publics variés. Parmi les oeuvres conçues pour l'in situ je remarque dès l'entrée les géants cabossés de Markus Lüpertz (galerie Suzanne Tarasiève) qui fera l'objet d'une importante rétrospective printemps 2015 au Musée d'art moderne de la ville de Paris et le monument aux morts contemporain du français Guillaume Leblon (galerie Jocelyn Woolf) l'un des meilleurs sculpteurs de sa génération qui stratifie les âges dans un jeu de matières et de couleurs fascinant. Au fil du parcours Laurent Tixador (In Situ Fabienne Leclerc) explore sa démarche de bricolage en fabricant sur place un canon de bois avec des moyens dérisoires et accessibles, tandis que Rolf Julius (Cortex Athletico) propose un espace imagé et musical subtilement diffusé dans les buissons, Clémence Seilles une météorite comme échappée de son studio universel à la galerie Torri ou l'aménite phalloïde de Carsten Höller, en condensé de son laboratoire du doute. Des visions apaisées ou anxiogènes (Jimmie Durham), ludiques (atelier Van Lieshout) ou mutantes (Virginie Yassef, Simon Boudvin) décalées (Clémence van Lunen) aux frontières du Land art, de la sculpture, architecture et design contemporain. De quoi pimenter la visite, sans oublier l'exposition consacrée à Elmar Trenkwalder dont les céramiques explorent un théâtre architectural exalté et transgressif aux limites de la sexualité et de l' ornementation. 




Infos pratiques :
du 26 au 29 juin : Journées professionnelles
à partir du 30 juin : en plein air et accessible à tous
Musée national de la Céramique, Sèvres (par métro Pt de Sèvres ou Tramway)

Sèvres outdoors 2014 | Sèvres, Cité de la céramique




Charles Ray, fragments de sublime (Bâle, Kunstmuseum)

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Charles Ray, Hand holding egg, 2007 Courtesy Matthew Marks Gallery, New York

Charles Ray, Unpainted Sculpture, 1997 Collection Walker Art Center, Minneapolis

Charles Ray, Shoe Tie, 2012 Private Collection

Charles Ray, The new Beetle, 2006 Courtesy Glenstone Foundation

Charles Ray, Sleeping Woman, 2012 Courtesy Glenstone Foundation

Charles Ray, Boy with frog, 2009 Courtesy The Pinault Collection

Il était l'emblème de Venise, le chouchou des touristes, ce jeune éphèbe tenant à la main une grenouille (et non un lézard comme avec l'adolescent du Louvre). Un géant d'acier aux pieds de plomb que François Pinault avait commandé pour l'extérieur de la Pointe de la Douane, tristement démonté après une cabale fomenté par des italiens choqués par sa blancheur intemporelle. J'ai donc voulu savoir qui se cachait derrière une telle puissance de frappe. L'artiste Charles Ray, américain né à Chicago en 1953 bénéficie actuellement d'une exposition d'envergure à Bâle au Kunstmuseum et museum für gegenwartskunst coorganisée avec l'Art Institute of Chicago. Une première à bien des égards qui a nécessité une longue préparation et logistique de choc, utilisant parfois les grues de l'actuel chantier d'extension du musée pour faire face à la monumentalité du sculpteur. L'occasion de percer peut-être le mystère de ces dichotomies qui traversent sa démarche : hyperréalisme/classicisme, intérieur/extérieur, profondeur/surface à travers une scénographie brillante où les contrepoints ménagent une sorte de suspens en points de fuite. Chacune des 15 pièces exposées se répond dans un jeu de mimésis au coeur de ses préoccupations dans le sillage de Buster Keaton son maître si l'on en croit ses premières performances autour de la mise en scène de soi des années 70. Le parcours se focalise sur son travail de solitaire des années 1997 à des pièces récentes (mais rares) telles que "Mime" ou "School Play", dont c'est la première présentation au public. Ce jeune tribun romain nous accueille sur les marches de l'escalier de marbre du Kunstmuseum dans une mise en scène très théâtrale mais dont les détails révèlent vite des anachronismes comme des indices de notre temps laissés dans la frise de l'antique. 

Le futur aussi important que le passé
Tel un archéologue du présent, Charles Ray s'inscrit dans la longue tradition de la sculpture figurative tout en s'y dérobant à sa manière, jouant des canons classiques et d'une facture époustouflante. Comme un os poli par les âges, l'oeuf vide de "Hand Holding Egg" symbolise une espèce disparue de nos cartes ou l'embryon d'une longue chaîne d'évènements. Quant à ses figures humaines intimes ou anonymes elles acquièrent une densité intemporelle comme c'est le cas pour "Aluminium Girl", jeune fille lambda devenue Vénus contemporaine,  "Sleeping Woman", une sans-abri au profond sommeil dans la lignée des grandes figures de la léthargie, "Mime" et "Future Fragment on a Solid Base" sorte de fragment minimaliste mais à la dimension quasi spectrale. Un temps "géologique" tel qu'il le décrit lui-même dont la forme la plus prégnante s'incarne avec "Unpainted Sculpture" voiture accidentée une Pontiac Grand Am entièrement démontée et refaçonnée en fibre de verre. D'une épave il en fait un paysage en ruine dans une perfection obsessionnelle comme pour "Tractor" entièrement reconstitué par une équipe de dix assistants avec de la terre glaise qu'il fondera ensuite dans l'aluminium. Des memento mori industriels où la trace de l'homme reste omniprésente.

La trilogie sexe-jouet-machine
L'homme ce grand enfant aime jouer, comme nous le rappelle l'écrivain et galeriste Barbara Polla dans son dernier livre (éditions Odile Jacob) et créé des jouets, puis des machines à l'image de leur sexe "homme ludens". C'est exactement ce que traduit l'oeuvre "The New Beetle" (qui précède d'ailleurs Tractor). Un petit garçon nu assis mime le geste de déplacer sur le sol une voiture VW New Beetle (la coccinelle littéralement). Totalement perdu dans son jeu il fait abstraction du reste à commencer par le spectateur qui même s'il se penche et se met à son niveau ne croisera pas son regard, comme c'est souvent le cas. 

Charnel et pourtant invisible
Les métaphores de l'enfance que l'artiste utilise en général sont le prétexte à une réflexion sur les enjeux d'une dynamique psychosexuelle et affective comme avec cette énergie qui circule entre les deux frères du relief en fibre de verre de "Two Boys" ou celle qui retient le jeune garçon à sa grenouille (Boy with Frog), qui acquiert ici une dimension apaisée et muséale.  La sculpture devient alors art du portrait mêlant souci de l'exactitude et détails volontairement imparfaits dans une ambiguïté savamment entretenue.

Se saisissant de caractéristiques immatérielles, Charles Ray, de Donatello à Giacometti jusqu'à Jeff Koons ou Katharina Fritsch nous offre des fragments de sublime dans ces deux musées prestigieux sous l'impulsion de Bernhard Mendes Bürgi, directeur du Kunstmuseum et Curator de l'évènement. A inscrire résolument dans l'agenda de vos vacances !

Le catalogue de l'éditeur allemand Hatje Cantz prolonge l'exigence et l'enrichit d'autres regards.

Infos pratiques :

Charles Ray Sculptures 1997-2014
Kunstmuseum and museum für gegenwartskunst, Basel (Bâle)

jusqu'au 28 septembre 2014

www.kunstmuseumbasel.ch

Egalement à voir au museum für gegenwartskunst, l'exposition sur la révolte de la langue avec Marcel Broodthaers "le corbeau et le renard". 





Paul Chan au Schaulager,Gerhard Richter à la Bayeler, Rometti et Costales à la Kunsthalle (Bâle 2)

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© Paul Chan, Gerhard Richter, Rometti and Costales


Se perdre dans les ordres nouveaux de Paul Chan
Un dédale d'images numériques mais aussi de câbles électriques, de chaussures, de livres et de pierres comme pour mieux souligner la collision, l'errance qui est la nôtre face à la vastitude d'internet et des moyens d'informations. Paul Chan a tout juste 40 ans se saisit de l'invitation du Schaulager pour exercer ses formidables talents de conteur dans des oeuvres qui agissent telles des constellations autour de thèmes majeurs : Comment vivre ?, de quoi l'avenir sera t-il fait ? Sommes nous libres ? Avons-nous tout sous contrôle ?..On peut se perdre dans ces rhizomes,broussailles, métaphores graduelles, désastres programmés où citations et références historiques abondent. C'est fascinant et complètement destabilisant, surtout quand on débouche sur un court-circuit ou un remous visuel saccadé qui ne ménage pas le spectateur. Suspens garanti !

Gerhard Richard, 60 ans de carrière à la fondation Beyeler
C'est la plus vaste exposition à ce jour jamais montrée en Suisse, Gerhard Richter tel que vous ne l'avez pas encore vu avec plus d'une centaine de pièces, dont certaines récentes et inédites. Des séries habituellement dispersées dans divers collections se voient regroupées magistralement. Les liens entre les oeuvres et l'architecture, fil conducteur de sa démarche scandent un espace pictural en puissance. Les vitres réfléchissantes (Spiegel/Miroirs) suggèrent différents plans mouvants au sein d'un même tableau, l'architecture des salles devenant surface en soi. De nouvelles facettes autour des questions du doute et de l'incertitude face à la possible représentation de l'histoire. Bluffant !

Le duo Rometti et Costales à la Kunsthalle, Naeem Mohaiemen et Nevin Aladag
Julia Rometti et Victor Costalesà la manière de scientifiques, archéologues, arpenteurs excentriques lancent des expéditions entre l'Amérique du Sud et la France et en rapportent différents matériaux, supports à leur réflexion autour de la notion de perspectivisme. Des confrontations sociales et politiques qu'ils mettent en scène au sein d'un même territoire, en l'occurrence ici un tapis berbère pour déployer une véritable cartographie où la nature reprend ses droits. 
Naeem Mohaiemen, né à Londres d'origine Bengali, internationalement exposé (New York PS1 et Whitney Biennal) dont c'est la première exposition en Europe explore à la Kunsthalle le principe du livre d'histoire explosif autour de la triangulaire : Bangladesh, Inde, Pakistan. Films, photographies, archives personnelles ou collectives autant de sources qu'il réactive offrant à voir la part manquante de la grande histoire de ce continent indien. 
Avec l'artiste turque Nevin Aladag le mur du bâtiment est couvert de notes de musique en hommage à la Marche Turque de Mozart. Une installation dont le titre suggère aussi un ordre surtout dans un contexte militaire. Une marche qui devient alors contrainte et forcée et soulève la question des frontières, de la globalisation et des enjeux post-coloniaux. 


Infos pratiques :

Schaulager Paul Chan



Kunsthalle Basel · Current Exhibitions





La Cie Julien Lestel à l'Elephant Paname : Puccini, Romeo et Juliette

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©Cie Julien Lestel/Elephant Paname 2014

Fanny Fiat a créé en 2012 avec son frère Elephant Paname centre d'art et de danse à quelques pas de l'Opera mais elle est aussi danseuse au sein de la Compagnie Julien Lestel, chorégraphe de talent formé au Ballet de l'Opéra National de Paris et ayant collaboré avec Rudolph Noureev avant d'intégrer de prestigieuses compagnies tout en participant à de grands évènements auprès d'artistes de renom. 
Ce sont 4 soirées exceptionnelles qu'elle nous propose avec les danseurs de la Compagnie Julien Lestel autour de Puccini (arias célèbres) et de Roméo et Juliette. Ces toutes dernières créations incarnent les recherches du chorégraphe passionné autour de la dynamique de la gestuelle et de l'émotion entre mouvements sans retenue et brisés dans une alternance de force et de douceur au plus profond de soi. Les onze danseurs de la Compagnie au style néo classique épuré ne gardent que l'essentiel et relèvent le pari de s'attaquer à des opéras. Des héroïnes au destin tragique (Mrs Butterfly, Tosca,Manon Lescaut..) servies par une virtuosité technique déjà éprouvée à l'Opéra de Marseille et Massy. Une saison qui s'achève donc à l'Elephant Paname avec brio et audace quand il s'agit de reprendre le répertoire si connu des deux amants tragiques de Vérone. Mais on ne s'en lasse pas que l'on soit amateur de danse ou de musique ou simple profane touché par la grâce dans cette salle, véritable écrin au format intime avec son dôme taillé comme une coupe de cristal.

Prochainement à l'Elephant : stage chorégraphique "Dansez comme Beyoncé !"

Infos pratiques :

Roméo et Juliette
les 4 et 5 juillet 2014

Elephant Paname
10, rue Volney 75002 Paris

Renseignements/réservations
T 01 49 27 83 33
elephantpaname.com




Le Voyage à Nantes, de multiples rebondissements et le Curiositas d'Anne et Patrick Poirier !

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© Huang Yong Ping #HAB, Vincent Mauger#place du Bouffray, Anne et Patrick Poirier #Ecole supérieure de l'architecture, Aida Makoto#château des ducs de Nantes

Anne et Patrick Poirier, commissaires-invités
Chaque année on attend les affiches du Voyage à Nantes, fraîches et décalées qui apportent un peu de souffle à nos trajets urbains parisiens ! Le parcours cette année (3è édition) signalé par une ligne verte compte pas moins de 42 étapes et s'est étoffé de nombreuses initiatives parmi lesquelles le détournement des enseignes du centre ville ou de nouveaux espaces de convivialité comme le toit terrasse de l'école d'architecture transformé en cinéma géant ou des airs de jeux "playgrounds" pour petits et grands. Le musée des Beaux Arts en attendant son extension et réouverture en 2016 et en parallèle à l'exposition Fernand Léger chapelle de l'Oratoire sur laquelle je reviendrai et à l'Atelier, invite Anne et Patrick Poirier à jouer le rôle de commissaires pour un musée Nomade 2 puisé dans les réserves des musées nantais qu'ils connaissent bien. "Curiositas" entremêle mémoire intime (Patrick est né à Nantes) et collective pour une promenade singulière en 5 lieux où le passé maritime et industriel de la ville surgit sans cesse tandis que les souvenirs enfouis de Patrick refont surface. Des réminiscences subtiles qui partent d'une odeur de biscuit reconstituée pour l'occasion "Memoria" (futur le Lieu Unique) pour aller revisiter les images de la Gradiva passage Sainte Croix "Vanitas" avec les héroïnes des collections des Beaux Arts ou les ouvertures sur la Loire "Fabrica"à  l'Ecole Supérieure de l'architecture (sans doute l'installation la plus réussie avec Eugène Isabey face à Raymond Hains et l'Atelier van Lieshout), les utopies d'Amnesia à la Maison de l'architecture avec cette maquette entièrement blanche, sorte de bunker hermétiquement clos et enfin "Phantasma" Temple du goût où un gorille naturalisé du museum d'histoire naturelle rencontre Chaissac et Lavier devant la Domus Aurea (villa de l'empereur Néron) du couple d'archéologues, énigmatique transposition de leur fascination pour les ruines. Une sélection volontairement iconoclaste de quelques 80 oeuvres et objets de curiosité revus à travers le prisme des thèmes qui leurs sont chers : l'oubli, la réminiscence, la fragilité,le fragment, les phantasmes, les mythes..Du jamais vu pour un musée des Beaux Arts qui laisse carte blanche à ses invités dans l'élaboration de ces métaphores visuelles qui vont bien au delà d'un simple commissariat. 
Egalement dans le cadre du musée nomade et en écho à l'exposition Samouraï Château des Ducs de Bretagne, le musée des Beaux Arts invite l'artiste japonais Aida Makoto qui détourne les codes culturels et pointe les contradictions de la société nippone. Signalons au passage dans les douves du Château l'intervention de l'artiste américain Patrick Dougherty. 

Les mues de Huang Yong Ping
L'ancien Magicien de la Terre a depuis représenté la France à la 48è Biennale de Venise, a intégré la galerie Kamel Mennour et vient d'être proclamé par la ministre de la Culture prochain invité de Monumenta 2016 (et non l'année prochaine sur la logique d'une Biennale). Un parcours exceptionnel même s'il reste assez méconnu du grand public, sauf pour les vacanciers de l'Atlantique qui sur la plage de St Brévin nagent aux coté de son serpent d'océan de 120 mètres de long (sculpture pérenne créé pour Estuaire 2012). C'est à ce titre qu'il est invité par David Moinard, directeur artistique du VAN et commissaire de l'exposition au Hangar à Bananes (HAB pour les initiés). Les mues de notre monde, est l'angle choisi qu'elles soient géopolitiques, sociales, financières, militaires sous forme d'allégories dans le sillage de Duchamp et des suréalistes qui passionnent ce franco-chinois resté sur notre sol à la suite de l'épisode fondateur des Magiciens (dont on célèbre l'impact en ce moment même au centre Pompidou). 


Volumes et symétries par Vincent Mauger, Elsa Tomkoviak et Ryoji Ikeda
"Résolution des forces en présence" place du Bouffray par Vincent Mauger, frappe les esprits. Sorte de matrice en torsion qui imite les machines de guerre moyen-âgeuses ou un arbre déraciné ou un animal préhistorique tandis qu'Elsa Tomkoviak que j'avais découverte au Frac Pays de la Loire, redonne des couleurs au théâtre Graslin. C'est avec le japonais Ryoji Ikeda et son nouveau cycle de projets Superposition et Supersymmetry présenté au Lieu Unique que nous repartons dans les notions de la physique quantique chers à Vincent Mauger, dans des collisions de particules mises en abyme subtilement par des jeux de déplacements, de télescopages lumineux, de flux et de reflux absolument fascinants. 



Infos pratiques :

Curiositas d'Anne et Patrick Poirier
Musée nomade 2
Le Lieu Unique, passage Sainte-Croix, Maison Régionale d'Architecture,l'Ecole Supérieure d'Architecture,le Temple du goût


Le Voyage à Nantes, suivez la ligne verte
du 27 juin au 31 août 2014 !





Arles 2014, ultime parade !

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©Patrick Willocq, Léon Gimpel, Vik Muniz,Kudzanai Chiurai, Arles les Rencontres 2014


Fidélité à soi, fidélité aux autres, fidélité à ces Rencontres et leur histoire, c'est un concentré que nous livre François Hébel non sans émotion et avec un sens du panache qui sied à cette performance ultime. Des accents tragiques pour des lieux qui ne peuvent laisser indifférent "Arles touche pour toujours si l'on y est sensible une première fois"déclare t-il avant de citer chaque membre de la troupe, ses complices et compagnons de toujours. C'est donc une page qui se tourne et il faut dire que le bilan de ces 12 années de direction est plus qu'exemplaire, ouvrant toujours plus le champ des possibles dans une transversalité de lecture largement ouverte sur le monde. Quelques instants décisifs et coups de génie sont convoqués dans cette joyeuse parade en clin d'oeil à Picasso et Lucien Clergue, amoureux des saltimbanques du sud. La question du chapiteau restant décisive à la suite des différents avec Maja Hoffmann et sa future fondation LUMA parc des ateliers SNCF dans une ville qui change de visage (au risque de perdre son âme ?) avec également la nouvelle fondation Van Gogh et Ecole nationale de la photographie, soutenue par le ministère de la culture. Mais l'heure n'est pas à la nostalgie à en mesurer les invités dont certains certes font partie du paysage : Lucien Clergue évidemment en tant que fondateur de la manifestation, Christian Lacroix et son Arlésienne et d'autres en redessinent les contours tels Martin Parr avec ses exceptionnels albums de Chine jamais encore dévoilés, Raymond Depardon et ses monuments aux morts, archive vibrante d'une France encore patriote, le brésilien Vik Muniz et les collages gigantesques de ses "boîtes à mémoire", David Bailey et ses tribus qu'il épingle depuis le Swinging London ou encore les prestigieux commissaires du prix Découverte (Quentin Bajac-Moma, Alexis Fabry éditeur, Bohnchnag Koo, professeur à l'université de Kyungil de Séoul, Wim Melis, conservateur, Azu Nwagbogu, fondateur de l'African Artists'Foundation). A noter cette année une forte présence de collections : William Hunt et ses foules exclusivement américaines, la famille industrielle espagnole Trepat ou encore la vague du panorama du français Claude Hudelot. 

Parmi ce florilège je retiens pour ma part :
les enfants jouant à la guerre par Léon Gimpel, valeureux petits poilus de la rue Greneta redécouverts par Luce Lebart et rarement exposés (église des Frères Prêcheurs),
les identités mouvantes de Denis Rouvre magistralement transposées église Saint-Blaise,
la fascinante collection Walther qui repense la question de la sérialité dans des typologies qui vont d'August Sander à Nobuyoshi Araki (espace Van Gogh),
les Bons Baisers des colonies, cartes postales de femmes exotiques soumises aux diktats européens de Safia Belmenouar et Marc Combier, bureau des Lices, nouveau lieu insolite cette année et la Pop Photographica de Daile Kaplan également bureau des Lices,
Prix Découverte, les artistes présentés par Azu Nwagbogu : Kudzanai Chiurai sur la violence et les conflits dans l'Afrique contemporaine et Patrick Willocq autour des rites liés aux jeunes mères Pygmées Ekonga du Congo (parc des Ateliers),
Small Universe ou le besoin hollandais de documenter, soit les obsessions apparemment ordinaires des habitants d'un des plus petits pays au monde par Erik Kessels. Rafraîchissant !
La relecture du fonds photographique du Centre national des arts plastiques (CNAP) par les étudiants de l'Ecole nationale supérieure de la photographie (ENSP) "Il n'y a pas de monde achevé" dans le cadre d'un partenariat triennal (galerie Arena) et la sélection de trois étudiants de la promotion 2014 de l'école (couvent Saint-Césaire). 
J'en oublie certainement tant il faut se laisser apprivoiser au détour d'une église ou d'un pan de mur par ces énergies du sud et initiatives difficilement transposables. Du bonheur d'être à Arles !

La tâche sera donc exigeante pour le futur directeur de ces Rencontres,Sam Stourdzéà la tête du musée de Lausanne depuis 2010. Insuffler une nouvelle vision tant en maintenant l'esprit et les fondamentaux de cette manifestation, généreuse et au plus près du devenir de la photographie. Quant à François Hébel on sait d'ors et déjà qu'il va exporter son savoir faire au delà de nos frontières en Italie dans la région de Bologne. Son imaginaire aiguisé et talent hors norme le porteront avec brio vers ses nouveaux défis quel qu'en soit le chapiteau. Chapeau l'artiste !

Infos pratiques :

PARADE
Les Rencontres d'Arles
du 7 juillet au 21 septembre 2014

50 expositions et stages.


www.rencontres-arles.com



Le MUDAM ouvre la saison d'été au Luxembourg avec l'événement "Damage Control"

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Yoshitomo Nara : No Fun! (in the floating world), 1999, Courtesy of Eileen Harris Norton
Arnold Odermatt : Buochs1965 © Urs Odermatt, Windisch; courtesy Galerie Springer Berlin
Jeff Wall : The Destroyed Room 1978 Courtesty the artist, Glenstone Gallery
Laurel Nakadate : Greater New York, 2005 Courtesy the artist, Leslie Tonkonow Artworks+Projects, New York
Mona Hatoum, Nature morte aux grenade, 2006/7 Courtesy the artist, galleria Continua
Bruce Conner, A Movie, 1958 Courtesy Conner Family Trust 

Itinérance internationale pour l'exposition emblématique du Hirshhorn Museum and Sculpture Garden, Smithosian Institution, Washington DC, en collaboration avec le Mudam Luxembourg et l'Universalmuseum Joanneum/Kunsthaus Graz "Damage Control"soit 90 oeuvres qui explorent le contexte de la destruction dans le champ de l'art depuis les années 50 jusqu'à aujourd'hui. Une thématique qui s'impose au sortir de la Seconde Guerre mondiale mais bien avant si l'on songe par exemple aux scènes apocalyptiques de François de Nomé, aux panoramas crépusculaires de John Martin, au cinéma expérimental de Cecil B. DeMille et DW Griffith et d'autres encore. L'Holocauste, Hiroshima ou Nagasaki avec ce théâtre nucléaire nouveau donnent lieu à un vaste corpus d'images d'une ampleur inédite.
Harold Edgerton qui ouvre ce parcours magistral du Mudam nous le rappelle avec ce film de commande par la commission de l'énergie atomique américaine sur une série d'essais nucléaires réalisés dans le désert du Nevada et l'océan Pacifique dans les années 1950. Muettes ces images fascinent encore par leur puissance esthétique. Dans la décennie suivante, l'usage d'images trouvées dans la presse et réemployées annoncent la technique du found footage comme chez Bruce Conner et son télescopage visionnaire "A movie". Empruntant les codes du cinéma hollywoodien d'alors et son pouvoir de suggestion l'artiste américain nous entraîne dans le sillage des Marx Brothers dans un crescendo visuel sans précédent. Appropriation également à l'oeuvre avec Vija Celmins qui se sert de différentes sources d'information pour les retranscrire et de façon plus douce à l'aide de dessins noirs et blancs dans une tonalité volontiers esthétisante. Même propos chez Warhol et sa chaise électrique ou Yoko Ono et ses "instructions" entre violence et poésie d'inspiration Fluxus. Gustav Metzger dès 1959 avec son 1er manifeste "Auto-Destructive Art" anticipe très clairement ce principe destructeur au coeur du processus artistique dont les racines remontent aux scenarii chaotiques de Dada Cabaret Voltaire. Avec le poète John Sharkey, Metzger organise à Londres en septembre 1966 le Destruction in Art Symposium, auquel participe Raphael Montanez Ortiz qui détruit un piano à la hache dans un Concert sous forme de sacrifice rituel, incroyablement réactivé sous nos yeux le soir du vernissage ! Quant à Metzger équipé d'une combinaison, de gants et d'un masque à gaz il pulvérise de l'acide chlorhydrique sur de grandes toiles en nylon dans un geste picaresque où la ruine devient un spectacle. Un happening où le spectateur est invité à interagir comme avec Yoko Ono et sa propre immolation dans le célèbre Cut Piece où chacun pouvait découper une partie de ses vêtements. Jean Tinguely et son Hommage à New York réalisé dans le jardin du Moma explore aussi le pouvoir auto destructeur de la machine et son spectacle offert par la télévision dont l'influence est grandissante. L'année suivante son "Study for an End of the World" en plein désert et proche des sites nucléaires avec Niki de St Phalle frappe également les esprits.  Ed Ruscha et son célèbre "Los Angeles County Museum on Fire"il s'agit de soulever une suspicion à l'égard des institutions muséales et de l'autorité en général, reprise également par Gordon Matta-Clark qui tire à boulets rouges sur les élites de l'architecture.
Nous basculons vers une invitation au changement à la fin des années 70 avec Ed Ruscha et son célèbre "Los Angeles County Museum on Fire" où il s'agit de soulever une suspicion à l'égard des institutions muséales et de l'autorité en général, reprise également par Gordon Matta-Clark qui tire à boulets rouges sur les élites de l'architecture. Dans les années 1980/90 Ai Weiwei et son goût du geste iconoclaste, les frères Chapman qui s'en prennent aux gravures de Goya "Désastres de la guerre" pour les rehausser de détails démoniaques ou encore Yoshitomo Nara qui parsème des scènes de l'ukiyo-e de messages télégraphiques ultra-violents."Fuck", destroy...
Il existe bientôt une forme de séduction de l'acte destructeur, annoncée par le film Zabriskie Point d'Antonioni moment pivot repris par les peintures monumentales et spectaculaires de Jack Goldstein. Des visions où l'imaginaire de la violence prend le pas sur la violence elle-même dans des stratégies détournées parfois comme avec la sphère domestique des grenades de Mona Hatoum présentées comme des verreries de Murano, des réminiscences des vanités hollandaises chez Ori Gersht qui finissent par voler en éclat et la performance incroyable de Pipilotti Rist subtile manifeste de rébellion féministe pour la 49è Biennale de Venise où elle s'attaque à des vitres de voiture armée d'une grande fleur et d'un sourire. Clin d'oeil à l'iconique jeune hippie à la fleur face aux soldats de Marc Riboud ?
C'est avec le 11 septembre qui marque la chute des utopies du XXIè siècle que l'on ne sait plus très bien où commence le virtuel dans ces vues répétées indéfiniment et sur tous les medias des avions rentrant en collision dans les Tours. "Pay for your Pleasure"résonne comme un avertissement chez Mike Kelley qui dénonce le pouvoir de distanciation de la télévision face à ces outrages en images. Thomas Ruff joue sur cette ambiguité et aspect irréel quand il reprend des scènes de guerilla urbaine sur internet. De même chez Luc Delahaye. Avec Laurel Nakadate dont la video est visible dans l'auditorium il s'agit de la perte de l'innocence face à la tragédie des Twin Towers. Les rêves de cette babydoll comme les nôtres sont à jamais dévastés et notre potentiel à croire en un monde meilleur. Aucun pays à présent n'est à l'abris de forces destructrices externes et internes comme ce que nous indique Mircea Cantor avec "Shadow for a While". On n'en réchappera pas ! comme dans le film de Steve Mc Queen "Deadpan"où l'artiste reste toujours enchaîné au cadre qu'il soit réel ou fictif. Dans cette entreprise de destruction ou de brouillage d'images iconiques on retrouve Christian Marclay et sa "Guitar Drag" qui reprend le geste de Jimi Hendrix détruisant son instrument en lui donnant une charge politique suite au meurtre en 1998 de James Byrd trainé à l'arrière d'une pick up ou Douglas Gordon qui mutile par le feu des visages de stars du cinéma ou de la musique. John Baldessari avait annoncé cela en incinérant tous ses tableaux de façon publique en 1970 faisant des cookies avec la cendre restante ! L'idée du contrôle inhérent à la destruction et donnant le titre exact de l'exposition (emprunté aux héros de Marvel) s'impose alors comme chez Thomas Demand dont la photographie d'un accident survenu au Fitzwilliam Museum de Cambridge n'est qu'une reconstitution minutieuse,Jeff Wall dont la composition de "Destroyed Room" n'est q'une restitution fidèle de la Mort de Sardanapale de Delacroix, repoussant les limites de la photographie ou Michael Landy et son Break Down orchestré avec ses assistants où il s'attache à détruire les quelques 7 227 objets lui appartenant, scientifiquement répertoriés dans un magasin CetA récemment désaffecté. Chez le photographe Arnold Odermatt policier de son état il s'agit d'orchestrer la composition du chaos en lui redonnant une certaine dignité dans un paysage naturel et inviolé. L'installation monumentale de Juan Munoz pose aussi la question d'une mise en scène parfaitement contrôlée dans son Derailment où la vie reprend son cours. Avec Dara Friedman il s'agit d'aller à contre emploi de la destruction systématique pour finalement reconstruire ! Ultime paradoxe et retournement qui referme ce vaste panorama captivant remarquablement servi par l'accrochage. "The show is over" comme nous le rappelle l'affiche de Christopher Wool mais l'ambivalence et les questionnements perdurent longtemps après. Cette pulsion dévastatrice aussi cathartique et libératrice qu'elle soit peut également se révéler fatale comme le souligne l'artiste Joe Sola (les mots restent intraduisibles car il joue sur le langage) "We look, look, look, looking for meaning, pleasure, imagination, beauty"he says. "We can look until our heads explode". Cette scène finale et glaçante de son film me semble traduire toute la profondeur et la portée philosophique d'une telle compilation dont l'état d'urgence peut être maintenu par de multiples réactivations.

Egalement ne manquez pas au cours de votre visite de découvrir l'artiste autrichien Heimo Zobering et son approche très radicale de l'abstraction, l'audiolab de Patrick Jouin entre architecture et design sonore et l'installation "Ghost Keeping" du hongrois Istvan Csakany découverte à la Documenta de 2003 et dans la collection du Mudam. Enfin pour les amateurs de promenade le parc dominant la vieille ville et jouxtant le musée accueille des oeuvres dans ce quartier européen emblématique, dont cet été "Many Dreams" du duo luxembourgeois Martine Feipel et Jean Bechameil. Une programmation riche et éclectique qui reflète la personnalité et l'engagement de l'actuel directeur Enrico Lunghi.

Pour un week-end réussi à Luxembourg, passage obligé au Casino Forum d'art contemporain qui relève le défi d'une exposition sur le son et les ondes sonores dans un siècle de suprématie de l'image. HLYSNAN : the notion and politics of Listening vous permettra de tester votre perception auditive dans des dispositifs qui suggèrent l'immatériel entre écoute active, performances,workshops et publication.

Enfin pour les amateurs d'art classique, le musée d'Art de la Ville de Luxembourg, Villa Vauban accueille dans ses locaux agrandis et rénovés l'exposition "Une passion royale pour l'art" autour des collections du couple de Guillaume II et la tsarevna Anna Pavlovna. Des chefs d'oeuvres prestigieux malheureusement dispersés miraculeusement réunis par des prêts de toute l'Europe, ultime hommage à la maison des Orange et dynastie des Romanov.

Infos pratiques :

Damage control
art and destruction since 1950

Mudam Luxembourg
du 12 juillet au 12 octobre 2014

www.mudam.lu

Catalogue publié par Hirshhorn Museum and Sculpture Garden, Washington DC and DelMonico Books. Prestel 224 pages, 50€ (en vente à la Mudam boutique).

Mudam App
Disponible gratuitement pour smarphones et tablettes.

Organiser votre venue via le portail des musées du Luxembourg :

www.museum.lu

Le trajet TGV de Paris Est au Luxemboug s'effectue en 2h00.



Des formes simples et essentielles au Centre Pompidou Metz

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Anonyme, Tête d’une grande statuette féminine du type des Idoles aux bras croisés, 2700-2300 av J.-C. – Cycladique ancien II

Formes simples 2014 Centre Pompidou Metz, vues de l'exposition

Kupka Krantisek, dit Kupka, Abstraction Noir et Blanc, vers 1930-1933

Que partagent un boomerang arborigène, des marines de Sugimoto, une figurine féminine des Cyclades, des galets de le Corbusier, une abstraction de Kupka et une hélice de Marcel Dassault ? la vie des formes magistralement orchestrée par Jean de Loisy le commissaire de cette aventure pour le Centre Pompidou Metz qui renouvelle l'expérience d'Avignon autour de la Beauté en 2010. Il relève le défi avec son talent habituel de l'union des forces actives et souterraines de l'univers qui continuent de fasciner les artistes dans une vision épique et épurée co-produite avec la Fondation d'entreprise Hermès, grand mécène. "Une majesté recueillie" se dégage de ce parcours en courbe où 17 salles en forme d'alcoves dévoilent leurs mystérieuses alchimies que l'on parle d'art moderne et contemporain, de conquête industrielle, de recherches scientifiques ou d'archéologie. La genèse de ces formes universelles est exposée dès l'entrée aux côté du magma d'Anish Kapoor tout en ciment avec comme témoin d'"Avant la forme" la robe de Balzac coulée dans le platre de Rodin qui ouvre la danse sur la lune, mère de toutes les inspirations, qui croit et qui décroit avec les premières videos de Nam June Paik. S'en suit un dédale sinusoïdal où les correspondances naturelles et affinités formelles surgissent au détour d'un souffle (superbe gageure remportée par Susanna Fritscher avec les verriers de Saint Louis), d'un flux, d'une géométrie, de silhouettes anthropomorphes ou animales et d'énigmes inexpliquées. A la fois savante et intuitive, l'approche intrigue et fascine dans l' apparente simplicité de ces résurgences archaïques, ces archétypes dans l'aventure des avant-gardes et notre univers contemporain si encombré de signes. Mirages de la nature et outils de l'homme agissent de concert enveloppés de ce halo dont parle si justement Henri Faucillon. Des formes dans l'espace et dans le temps qu'il est urgent de redécouvrir !

Egalement lors de votre visite ne manquez pas Phares, l'exposition d'oeuvres monumentales dans l'écrin unique par son volume de la Grande Nef et la Décennie  des années 1984 à 1999 où l'espace paysager de Dominique Gonzalez-Foerster devient le terrain de jeu de toute une génération d'artistes, la mienne en l'occurrence ! Une histoire tous azimuts à partir de réseaux multiples, de commissaires, de galeries mais aussi de magazines dans des atmosphères et agencements non hiérarchisés. Des années de transformation constante, hybrides, fluides, nomades. Un "moment de grande circulation" comme le souligne Stéphanie Moisdon la commissaire même si les effets de la mondialisation ne sont pas encore présents. Nostalgie pour le Minitel, la Reebook ou la doudoune sur fond de Sonic Youth !

Infos pratiques :
Formes Simples
jusqu'au 5.11.14
La Décennie
jusqu'au 02.03.15

Centre Pompidou Metz

www.centrepompidou-metz.fr



Tiki Pop et mythologie indonésienne au musée du Quai Branly

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Si vous ne partez pas encore en vacances et voulez vous dépayser à peu de frais, cette exposition est pour vous ! Le mythe du Tiki ressuscité au musée du Quai Branly par l'un de ses spécialistes le collectionneur et commissaire Sven Kirsten tel que vécu par l'Amérique triomphante des années 50 en quête d'exotisme sur fond de conflits avec ces millions de jeunes gens qui quittent pour la première fois leur pays et reviennent en perpétuant un mythe. Une vision paradisiaque donc largement relayée par les stars du cinéma de l'époque, Elvis Presley ou Marlon Brando en tête qui s'installe dans tous les foyers en réponse à un besoin de divertissement et de récréation, curieusement au même moment que le traumatisme de Pearl Harbour. N'oublions pas que c'est en 1959 que Hawaï avec sa kiriade d'îles est admis à l'Union des Etats Unis. Dès lors l'imaginaire aphrodisiaque peut fonctionner à plein régime et des studios californiens les producteurs imaginent ouvrir des bars et restaurants à Los Angeles dont nous retrouvons de nombreuses traces dans ce parcours qui recréé une atmosphère proche des "Révoltés du Bounty". La Hula girl aux formes généreuses sur laquelle se projette tous les fantasmes de l'homme blanc mais aussi le vagabond des plages (beachcomber) ou la Jungle room comme celle d'Elvis à Graceland bientôt ce sont la littérature (longue tradition des récits d'aventuriers des mers du Sud) ou la mode (déferlante de la chemise Hawaïenne) et l'architecture qui s'y mettent (lignes organiques et toits fuselés en forme de A). Et comme le souligne Stéphane Martin directeur du musée on peut établir un parallèle avec le style architectural des modernistes de Le Corbusier à la même époque. Mais bientôt la désillusion guette comme avec le triste destin de Marlon Brando sur son atoll de Tetiaroa qui y vit son pire cauchemar et c'est la génération des Baby Boomers qui expulse cet imaginaire de synthèse dans une prise de conscience sur ce que cet exotisme fabriqué véhicule de sexisme et de racisme ordinaire. Si 68 sonne le glas on assiste depuis peu à un Tiki revival un peu partout dans le monde;  c'était donc justifié d'en comprendre les ramifications et d'en mesurer l'impact sociologique au delà d'une idéologie qui reste discutable. 

Infos pratiques :
Tiki Pop l'Amérique rêve son paradis polynésien

Musée du Quai Branly
jusqu'au 28 septembre 2014

www.quaibranly.fr

Vivez le musée autrement lors des soirées :

Les Before du quai Branly - | Facebook


"Je dois tout d'abord m'excuser" la nouvelle et fascinante exposition du duo Hadjithomas/Joriege à la Villa Arson qui fête également ses diplômés

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Joana Hadjithomas & Khalil Joreige, Fidel, 2014. 
Video HD 11 mn, 48 sec.Photo : Villa Arson - J. Brasille
Courtesy des artistes et galeries In Situ Fabienne Leclerc (Paris), CRG (New York), The Third Line(Dubai).

Joana Hadjithomas & Khalil Joreige 
La Chambre des trophées
, 2014.

Béton, verre et photographie. Tirages photographiques plastifiés sur rouleaux. Dimensions variables.
Courtesy des artistes et galeries In Situ Fabienne Leclerc (Paris), CRG (New York), The Third Line(Dubai).

Joana Hadjithomas & Khalil Joreige
It’s all real / Tout est vrai : Sasha, 2014. 

Installation vidéo, 2 projections synchronisées HD, 4 min 23 sec, 2014.
Courtesy des artistes et galeries In Situ Fabienne Leclerc (Paris), CRG (New York), The Third Line(Dubai).

Joana Hadjithomas & Khalil Joreige
La Géométrie de l'espace, 2014

Sculpture, acier étiré oxydé, diamètre approximatif 80 cm. Dessins muraux, chronologie de 2005, 2008, 2010.
 Photo : Villa Arson
Courtesy des artistes et galeries In Situ Fabienne Leclerc (Paris), CRG (New York), The Third Line(Dubai).


Joana Hadjithomas & Khalil Joreige
A Letter Can Always Reach its Destination / Une lettre arrive toujours à destination, 2012
. 
Installation vidéo. 2 vidéos HD synchronisées, 122 min, écran hologramme.

Courtesy The Abraaj Group Art Prize. 
Courtesy des artistes et galeries In Situ Fabienne Leclerc (Paris), CRG (New York), The Third Line(Dubaï) 

Vue de l'exposition "Trois pas de côté"les diplômés 2014 de la Villa Arson Nice

Vous en avez tous certainement déjà reçu un, ce message mail qui commence toujours par "dear friend, I must first apologise... let me start by introducing myself".. pour ensuite vous offrir une proposition d'affaire venant d'un dignitaire haut placé ou de sa famille avec un substantiel bénéfice à la clé qui changera à jamais votre vie. Jouant sur l'éloignement géographique et une possible vraisemblance du récit, ces escroqueries surnommées "arnaques nigérianes" la plupart du temps jetées à la poubelle de nos ordinateurs continuent cependant à faire de nombreuses victimes aux quatre coins du globe, entraînant même parfois meurtres et suicides. C'est ce phénomène qu'ausculte les cinéastes plasticiens libanais Joana Hadjithomas et Khalil Joreige dans leur nouvelle exposition à la Villa Arson de Nice. Remontant la trace de plus de 4000 mails indésirables pour en faire ressortir les ressorts cachés, ils nous donnent à voir les différentes strates de ces images qui dessinent une cartographie potentielle des vérités et catastrophes du monde comme souvent dans leur pratique artistique dans une mise en abyme aux multiples résonances et canaux virtuels. Il s'agit ici au delà de la question de la croyance, véritable fil rouge du parcours de donner une physicalité à l'imaginaire dans des récits où réalité et fiction sont inextricablement liés. Puisant ses racines dans la tradition des Lettres de Jérusalem au 18è siècle littéraire plus tard analysés par Vidocq où maîtres et valets en fuite sollicitent l'aide d'un tiers devenu "seule personne de confiance", ces scams sortes de remakes contemporains se basent sur le même principe dans un contexte de mondialisation et bouleversement politiques et idéologiques. Comme une rumeur du monde qui se déploie magistralement galerie carrée, il faut d'abord tendre l'oreille donc prêter attention à l'un de ses 38 acteurs spontanés recrutés pour nous délivrer une histoire dans ce qui constitue dès lors une architecture sonore, visuelle comme sur une scène de théâtre. Notre curiosité étant acquise nous sommes prêts à franchir le miroir et lever le voile des illusions pour pénétrer mieux encore dans cette géométrie d'un espace virtuel révélateur d'un état du monde de la corruption où l'on croisera des personnages aux destins peu communs qui incarnent finalement cette projection mensongère et façonnée de toutes pièces au départ. Pour atteindre cette vérité il faudra écouter le témoignage incroyable d'un ancien scammeur reconverti au Liban en coach sportif, pénétrer dans la "Chambre des trophées" pour un duel sans merci encore ceux qui traquent les scammeurs les scambeaters et leur infligent toutes sortes de mises à l'épreuve rituelles comme dans un jeu de rôle, jusqu'à éprouver physiquement cette mobilité des liens virutels que procure le cybercafé depuis que la loi 419 réprimande sévèrement au Nigéria les scammeurs. Dès lors "Tout est vrai" dans ce brusque retour au réel et cette galerie d'exilés à la recherche d'une vie meilleure, prisonniers entre plusieurs identités et temporalités viennent se confondre avec les récits virtuels des scams. Ils nous disent leur souffrance mais aussi leur espoir avec retenue ou impuissance muette. Et comme "une lettre arrive toujours à destination"nous parvenons par des réajustements constants à une sorte d'incarnation de fantôme, une présence qui émerge de ce groupe. Un imaginaire (celui de la victime) fait d'amour et d'addiction qui hante l'exposition et suggère un autre accès au monde. Comme avec leurs films (the Lebanese Rocket Society a été projeté le week-end du vernissage), Joana Hadjithomas et Khalil Joreige mettent en scène ce paradoxe des possibilités et impossibilités de voir soulevant la duplicité intrinsèque d'une image et son extraordinaire pouvoir de contamination. Ainsi notre captivité ne serait toujours que consentante et nos savoirs que partiels et déficients face au destin d'une image. Comme avec Catherine Deneuve devant les ruines d'un Liban ravagé (Je veux voir) nous restons face aux ruines d'une conscience qui a déjà abdiqué. Abolissant les frontières art contemporain et cinéma, le duo continue de poser des questions aussi urgentes que décisives. Cette invitation à investir la plupart des espaces de la villa Arson place résolument cet établissement artistique fondé en 1972 par André Malraux au coeur des problématiques actuelles. 
Place à présent aux diplômés 2014 puisque la Villa Arson en même temps qu'un centre national d'art contemporain,une résidence d'artistes et une médiathèque est d'abord et avant tout une école nationale supérieure d'art dont le cru chaque année est attendu par de nombreux professionnels et soutenu par le prix de la jeune création contemporaine remis à la galerie de la Marine de Nice où sont également exposés une partie des travaux. Sous le commissariat de Frédéric Bonnet et intitulée Trois Pas de côté cette exposition collective se place sous le signe du décalage et du braconnage culturel. Des recherches hétéroclites pour une vision de l'art renouvelée dans cette architecture minérale et brutaliste remarquable signée Michel Marot au milieu du jardin méditerranéen de la villa Arson ou cette ancienne halle aux poissons de la galerie de la Marine. Détournements et réécriture du réel au rendez-vous.

Découvrez toutes les propositions via le site internet dédié :
diplomes2014.villa-arson.org

PRIX DE LA JEUNE CREATION 2014 :
La Ville de Nice a reconduit pour la sixième année, avec le soutien de la Fondation Bernar Venet, le Prix de la jeune création contemporaine qui permet de distinguer deux artistes.  Ce prix a été remis le 4 juillet, respectivement àAnna Tomaszewski(dotation Ville de Nice) et à Simon Nicolas (dotation Fondation Bernar Venet).


Infos pratiques :
Je dois tout d'abord m'excuser.. I must first apologise..
Joana Hadjithomas and Khalil Joreige
jusqu'au 13 octobre 2014
Villa Arson
20 avenue Stephen Liégeard, Nice
(accès du centre par le Tram)

Trois pas de côté : les diplômés 2014
jusqu'au 25 septembre 2014 à la Villa Arson
jusqu'au 5 octobre 2014 galerie de la Marine
59 quai des Etats-Unis, Nice

A Nice, également au Mamac dans le cadre d'une résidence en Géorgie en 2013 six artistes issus de la Villa Arson décident de se regrouper en collectif et nous présentent l'arbre Culbuto autour des principes d'acclimatation et d'expérimentation. Ne manquez pas non plus la 1ère exposition en France de l'artiste portugais Juliao Sarmento. 




Gilbert&George : 40 ans de création au Nouveau Musée National de Monaco (villa Paloma) et "Portraits d'intérieurs", la Villa Sauber réactivée

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Gilbert and George, Red Morning Death, 197716 photos teintes à la main montées sur masonite dans des cadres en métalCollection Privée © Gilbert & George
Gilbert and George, DEAD HEAD 198924 photos teintes à la main montées sur masonite dans des cadres en métalCollection Privée © Gilbert & George
Gilbert and George, Speaking Youth, 1981 16 photos teintes à la main montées sur masonite dans des cadres en métalCollection Privée © Gilbert & George


Gilbert and George, on the terrace of Villa Paloma Photo : NMNM/Sidney Guillemin

Marc Camille Chaimowicz Jean Cocteau…, 2003-2014Vue d’installation Villa SauberNMNM Collection Nicoletta Fiorucci, London Photo © Mauro Magliani et Barbara Piovan — Courtesy the Artist and Cabinet, London

Nick Mauss, Concern, crush, desire, 2011Coton appliqué sur velours, poignées et butoirs de porte en laitonCollection Nicoletta Fiorucci, London © Nick Mauss, courtesy 303 Gallery, New York
Laure Prouvost, Wantee, 2013, Vue d’installation à LondonderryDimensions variablesCourtesy l’artiste et Montinternational, Londres et Bruxelles
Danica Dakic, Isola Bella, 2007/2008Still photographCollection NMNM © Danica Dakic, VG Bild-Kunst 2014, Bonn Courtesy l’Artiste et Gandy gallery, Slovaquie


Le Nouveau Musée National de Monaco concilie patrimoine Belle Epoque dans ces deux joyaux que sont la Villa Paloma (datant probablement de 1913) et la Villa Sauber (acquise début 1900 par la famille Blanc) et développement de ses collections qui fêteront 10 ans d'acquisitions en 2015.Son projet culturel "Training for a museum"s'inscrit véritablement dans la contemporanéité autour de deux thématiques générales : "Art et territoire"à la Villa Paloma et "Art et Spectacle"à la Villa Sauber. Un dialogue que je mesure dès mon entrée à la Villa Paloma dont l'aspect originel au coeur d'un jardin italien en balcon sur la ville a été valorisé tout en favorisant les conditions propices à la présentation optimale des oeuvres dans des volumes dépouillés et habillés de blanc. La sélection exceptionnelle d'une collection familiale monégasque de 46 oeuvres historiques Gilbert and George s'inscrit autour du paysage "construit" et offre un panorama époustouflant de leur univers tour à tour provocateur, ludique, engagé, joyeux, sexuel... un peu comme dans Shakespeare qu'ils citent souvent ! Un art pour tous en prise avec le monde qui les entoure et dont ils deviennent depuis leur rencontre en 1967 à la Saint Martin's School of Art les principaux protagonistes. Des "sculptures vivantes" qui reflèteraient le bruit et la fureur du monde, à l'opposé de leurs pairs et compagnons d'alors plus intéressés par le minimalisme ou conceptualisme dominants. Choisissant de s'installer dans l'est londonien cher à Dickens dans le quartier malfamé de Spitalfields à une distance suffisante entre eux et le microcosme artistique de Londres, cet environnement leur permet également de mixer le riche et le pauvre, le nouveau et l'ancien, les nouveaux arrivants et les anciens et tout un melting pot de races et de cultures qu'ils traduisent dans une expérience émotionnelle, généreuse et la plus accessible possible. Même s'ils restent des inconditionnels de l'ancien territoire Britannique dans des costumes d'une élégance irréprochable, cette posture de dandys excentriques d'une grande formalité de manières ne les coupe pas du quotidien et du présent. C'est là leur grande force et la dimension morale qui les animent. Les couleurs criardes et impies de la clameur de la rue côtoient des séries historiques plus méditatives de leurs débuts (the secret drinker, nature photo pieces,cherry blossom), comme si la décadence urbaine et les fantômes des vieilles cartes postales de l'architecture victorienne formaient un tout, une cosmologie visionnaire. L'accrochage conçu par eux-mêmes sur les trois étages de la Villa renforce cette vision d'un art total, fluide et magnétique. Un événement à plus d'un titre donc !

Située dans le quartier emblématique de Monte Carlo, la Villa Sauber est l'un des emblèmes d'une vie artistique féconde pour les arts de la scène de la Principauté. Ses collections sont régulièrement revisitées dans le cadre du projet Looking Up. Avec "Portraits d'intérieurs" ce sont 5 artistes contemporains qui investissent les espaces puisant dans un répertoire de formes inspirées de la littérature, du théâtre, du cinéma. Marc-Camille Chaimowicz et Nick Mauss avec leur hommage à Jean Cocteau et son décorateur de génie Christian Bérard donnent le ton à l'ensemble, et dès la première salle avec cette chambre imaginaire façon cabinet de curiosité aux multiples références. Les Ballets Russes bien sûr mais aussi Marie Laurencin, Andy Warhol puis dans l'antichambre pour l'institut Guerlain des Champs Elysées, Brancusi, Satie et d'autres décors et projets de mises en scène par Pavel Tchelitchev notamment. En contrepoint cinq installations videos contemporaines prolongent cette confusion et mise en abyme de l'espace scénique et visuel. 
Laure Prouvost (Turner Prize 2013) convoque la mémoire de Kurt Schwitters et de son grand père fictionnel avec son salon obscur où les personnages sont des tasses de thé et autres objets parlants dans une joyeuse confusion appelée Wantee. Avec Brice Dellsperger (diplômé Villa Arson) et ses Body Doubles et autres Pulsions, il s'agit de procurer une sensation de vertige dans des dispositifs de trucages renforcés par l'irruption de son amie Natasha Lesueur en pleine séance de névrose sur des plateaux cinématographiques. Overdose narcissique avant de plonger dans les scénettes grinçantes de Danica Dakic où sur fond de décor paradisiaque de papier peint XIXè siècle des handicapés d'un foyer en Bosnie mettent en scène leur triste sort. Ces multiples effets de miroir et traversées de rideau subtiles offrent une vision décalée du riche passé de cette Société des Bains de Mer, avide de plaisirs et de modernité.

Infos pratiques :
Gilbert and George Art Exhibition 
jusqu'au 2 novembre 2014
Villa Paloma
56, Bd du Jardin Exotique

Catalogue publié à l'occasion aux éditions Skira, 135 pages, 20 €

Video Room : diffusion en alternance de With Gilbert and George de Julian Cole et The Secret Files of Gilbert and George, un entretien avec Hans Ulrich Obrist. 

Portraits d'Intérieurs 
jusqu'au 18 janvier 2015
Villa Sauber
17 avenue Princesse Grace

Nouveau musée national de Monaco = Villa Paloma+Villa Sauber


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