Berlinde De Bruyckere, Bloedend Haar, 2000, graphite, aquarelle et pastel gras sur papier, 40 x 30 cm, Collection privée, © Ela Biakowska
Louise Bourgeois, The Welcoming Hands, 1996, bronze patiné au nitrate d'argent sur blocs bruts de granit, 6 éléments, dimensions variables, n° inv. FNAC 2000-61, Centre national des arts plastiques, photographie François Halard © Louise Bourgeois Trust / Licensed by ADAGP
Berlinde De Bruyckere, Aanéén-genaaid, 1999, cire, polyester, couvertures, 170 x 63 x 64 cm, Collection Enea Righi, Bologne, photographie François Halard
Louise Bourgeois, Spider, 1995, acier, 337,8 x 642,6 x 469,9 cm, Musée d’art moderne de la Ville de Paris, photographie François Halard, © Louise Bourgeois Trust / Licensed by ADAGP
Jana Sterbak, Planetarium, 2003, verre, 33 éléments, dimensions variables, Centre international de recherche sur le verre et les arts plastiques, Marseille, photographie François Halard Planetarium, 2003, verre, dimensions variables, courtesy Galerie Toni Tapiès, Barcelone, photographie François Halard
Jana Sterbak, Corona (para Franscisco de Quevedo), 2007, feuilles de laurier en argent, ø 24 cm, courtesy Galerie Toni Tàpies, Barcelone, © Jana Sterbak
Kiki Smith, Blue Moon III, 2011, bronze, 10 éléments, dimensions variables, courtesy Pace Gallery, New York, Courtesy The Pace Gallery, photographie Tom Barratt © Kiki Smith
Berlinde De Bruyckere, Takman, 2008 Cire, bois, époxy, métal Collection privée Photo Didier Barroso
Kiki Smith, Earth, 2012, tapisserie jacquard, 287 x 190,5 cm, courtesy de l'artiste et Magnolia Editions, Oakland, Californie, © Magnolia Editions
Des agneaux et des loups, des serpents dressés, couronnes incandescentes, chrysalides métalliques, arcs de foudre,chairs blessées et contorsionnées, fantasmagories sur tapisseries ou phobies en cellules, ces Nouvelles Eves tutoient le diable ou la folie et tissent leur toile en terre d'Avignon. Cinq femmes artistes : Camille Claudel, Louise Bourgeois, Kiki Smith, Jana Sterbak et Berlinde de Bruyckere réunies sous le sceau des légendes les plus obscures et reculées (Jeanne la Papesse aurait enfreint la loi du Vatican en accouchant d'un enfant en pleine procession à l'époque médiévale). Desdémone maudite avant l'heure à l'image de Camille Claudel morte en 1943 dans un asile proche d'Avignon et dont on retrouve le dossier médical poignant dans les combles de la fondation Lambert. Et parce que le nombre d'oeuvres est exceptionnel deux lieux d'exposition ont été imaginés par Eric Mézil, directeur de la Collection Lambert, l'hôtel particulier de Caumont et la Cité des Papes, c'est dire la dimension de l'événement dans la lignée des expositions la Beauté en 2000 et Miquel Barcelo en 2010. Si l'on connait assez bien le destin tragique de Camille Claudel dont cette année est le 100è anniversaire de l' internement souvent porté à l'écran, et dont pas moins de 25 oeuvres sont rassemblées (l'Implorante, Aurore, Les Causeuses, Persée et la Gorgone) sa jeune et digne héritière Berlinde de Bruyckere a elle aussi un parcours fulgurant. Représentant la Belgique à l'actuelle Biennale de Venise, ses 15 sculptures monumentales douloureuses et inquiétantes trouvent une nouvelle résonance dans cette cité papale aux côtés des gisants millénaires et de ses consoeurs incarnées. Kiki Smith dont le père n'est autre que l'emblème de l'art Minimal américain, souvent associée par les féministes à Louise Bourgeois, dans ses gravures ou éléments en bronze offre une cosmogonie subtile et aérienne peuplée d'étoiles, de femmes enfantées par de biches ou de Vierges au bûcher. Avec Jana Sterbak sa contemporaine née en Tchécoslovaquie l'on songe à des sorcières ou prophéties d'un temps révolu. Grandes robes animées par des moteurs, immenses sphères de verre soufflé, dissolution de glace et de métal. Le chaud et le froid, l'attraction-répulsion. Et s'il en est bien une qui incarne cela et reste indétrônable c'est bien Louise Bourgeois. Gouaches rouges sang, araignée géante de métal, sculptures en bronze suspendues, "Cells" autant de mondes intérieurs qui se prolongent jusqu'à la sortie de la Cité par ses comptines cruelles qui trottent dans la tête. Une "Modern Procession" pour reprendre le titre de l'oeuvre de Francis Alÿs imaginée dans la ville de New York en 2002 avec Kiki Smith en tête. Un pèlerinage en terre sainte du Sud comme pour exorciser une place trop souvent injuste faite aux femmes artistes. Projet majeur et singulier à parcourir comme en méditation avant de retrouver la vox populi et les clameurs des arts de la rue toujours si vibrants au détour d'une place ou d'un passage sous un soleil assassin.
Infos pratiques :
les Papesses
jusqu'au 11 novembre 2013
Collection Lambert en Avignon et Cité des Papes
Site officiel de l'exposition :