à l'est du nouveau ! Pavillon Carré de Baudoin

Dans une folie architecturale du XVIIIè siècle le Pavillon de Baudouin la mairie du 20è organise régulièrement des expositions contemporaines. La commissaire Pauline Gueland (programmation art contemporain musée du Louvre) s'est penchée sur les liens entre l'art et l'ordinaire, cet "infra-mince" cher à Marcel Duchamp. Rien de très nouveau si ce n'est le dialogue très subtil entre des artistes internationaux ou émergents et de toutes générations confondues. Entre utopie et humour, l'insaisissable, l'air et l'atmosphère. Une poétique du sensible qui fonctionne dès les premiers pas franchis avec le face à face herman de vries et Mireille Gros, l'un néerlandais, l'autre suisse à partir du statement "all this here" et la posture zen ou taoïste qui les unit. Puis avec Jessica Warboys nous pénétrons dans une nature rugueuse avec sa video Stone Throat réalisée lors d'une résidence à Stromboli. Economie de moyens et évanescence à l'oeuvre chez João Modé (chute de gouttes de pluie) ou Ignasi Aballi (condensation de fines particules de poussière sur le verre des fenêtres). Au premier étage dans la grande salle les méduses en ciment d'Estrella Estevez fascinent par leur simple présence et évocation tandis que la grande toile au mur de Michel François offre un panorama vierge de toute intrusion. Fines particules des mines de crayon de Mathieu Roquigny pour en détourner la condition ordinaire. Mais le détournement à grande échelle se fait au centre de la pièce avec les étonnants moulages du russe Kirill Ukolov qui expose sur des tréteaux des récipients de cuisine réinventés. Le grand monolithe de charbon d'Estella Estevez nous fait basculer dans le dernier espace de l'exposition avec les élégantes silhouettes de Didier Courbot, autant d'utopies en puissance avant d'arriver sur le cheminement mental de Charles Lopez "de Rien à Nirvana" entre le hic et le nunc. la Enfin,"Voyage au bout de la rue" un défi paradoxal et loufoque pour Nicolas Pinier qui entreprend un grand voyage en bas de chez lui tel un Don Quichotte des temps modernes. Autant de combinaisons aléatoires et de déplacements nécessaires à notre odyssée. Comme un haïku nous refermons à regret cette parenthèse éphémère et magnétique.