En 1972 la vente de la collection Jacques Doucet la propulse au rang des grands décorateurs des années Art Déco même s' il ne reste quatre ans à vivre àEileen Gray, irlandaise d'origine née Kathleen Eileen Moray Smith. D'abord captivée par les luxueuses commandes d'une clientèle de financiers et d'aristocrates qui se retrouve dans sa galerie Jean Desert rue du Fg Saint Honoré, elle se tourne ensuite vers le mobilier à structure en acier tubulaire de Marcel Breuer axé sur la fonctionnalité. Influencée par le critique roumain Jean Badovici avec qui elle entretient une relation professionnelle et intime, elle se dirige vers l'architecture et amorce un tournant moderniste. Ensemble ils signent la villa E 1027 sur la base d'un programme minimum.E est l’initiale d’Eileen, la 10e lettre de l’alphabet est le J de Jean, la 2e est le B de Badovici et la 7e le G de Gray. Le Corbusier et Fernand Léger y sont fréquemmentinvités mais à la mort de Badovici en 1956, la villa sera vendue aux enchères. Membre fondateur du mouvement d’artistes décorateurs et d’architecte, l’Union des artistes modernes en 1929 elle se lance dans la conception de sa propre maison Tempe a Pailla dans les hauteurs de Menton, multipliant les références au paquebot et affichant sa farouche indépendance d'esprit. Agée de 76 ans elle trouve son dernier refuge estival avec Lou Pérou, au sud de Saint-Tropez avec ce style vernaculaire tout en sobriété et délicatesse. Dernier témoin de ce cheminement etesprit d'une oeuvre d'art totale qui la distingue, son magnifique portfolio de 1956 à 1975 réactivé par le Centre Pompidou ainsi que des créations plus intimes (peintures, collages) de la fin de sa vie. Un "élan spontané et puissant" tel que le décrit Jean Badovici, son compagnon de route. De "l'éclectisme du doute", jusqu'au bout ! Beaucoup d'irlandais le jour du vernissage...