Dominique Blais, “35-39”, Maison du Peuple, Clichy-la-Garenne, 2013 Courtesy Dominique Blais
Dominique Blais Ring (L’Or du Rhin - La Walkyrie - Siegfried - Le Crépuscule des Dieux), 2012
Sténopé sur papier baryté / bronze
48,5 x 38,8 cm (papier/chaque) / 12 x 7 cm (bronze/chaque)
Courtesy Dominique Blais et Galerie Xippas
Vue d'exposition "D'une seconde à l'autre", La BF15, Lyon, France
Dominique Blais, L'ellipse, 2010 Courtesy Dominique Blais/ Galerie Xippas
Dominique Blais Burning Mrs O’leary’s Cow, 2006, vidéo, 4 min, Courtesy Dominique Blais et Galerie Xippas, Paris.
Dominique Blais Burning Mrs O’leary’s Cow, 2006, vidéo, 4 min, Courtesy Dominique Blais et Galerie Xippas, Paris.
Dominique Blais, Rhizome, 2012
Câble textile, dominos porcelaine, fiches électriques. Edition de 20 exemplaires.Courtesy Dominique Blais et galerie Florence Loewy
Câble textile, dominos porcelaine, fiches électriques. Edition de 20 exemplaires.Courtesy Dominique Blais et galerie Florence Loewy
Métaux divers FIAC jardin des Plantes Courtesy Dominique Blais
Dominique Blais dont l’actualité est chargée, investit la Maison du Peuple de Clichy véritable « bijou mécanique » pour reprendre le titre de l’ouvrage de Béatrice Simonot qui l’a beaucoup inspiré. Jean Prouvé associé aux architectes Marcel Lods, Eugène Beaudoin et de l'ingénieur Vladimir Bodianski y teste dans l’esprit du Bauhaus un programme tout à fait novateur entre lumière et métal. Un toit ouvrant, un mur-rideau en façade, des cloisons et un plancher escamotables l’idée est de proposer un bâtiment modulable pour rentabiliser au maximum l’espace. Aujourd’hui ne subsiste que le marché en rez-de-chaussée de cet ambitieux cahier des charges mais j’ai la chance de pénétrer dans les étagesavec Dominique et relever les indices de ce passé fantomatique qui hante encore les lieux.
Des traces rouges, jaunes et argent choisies pour célébrer le Front Populaire, les rails pour les différents mécanismes coulissants, une grande salle à l’étage où Gérard Philippe s’est produit, des anciennes caméras, une terrasse ouverte sur la ville, il règne parmi ces décombres une puissance fantomatique de l’ordre du cinématographique. Séquence travelling avec Dominique aux commandes.
Leurres
Déjouer nos schèmes perceptifs et persistances rétiniennes, Dominique Blais manipule la technologie pour révéler des parts insoupçonnées ou non exploitées de notre environnement. Ici les images capturées par la caméra et projetées en continu font apparaître et disparaître la maquette du bâtiment au cœur du dispositif. Dans une salle aveugle et derrière une vitrine nous assistons en direct à un mirage sur des briques réfléchissantes aux potentialités infinies. On se souvient de l’œuvre Au Seuil de (2008-2009) qui donnait à voir une modélisation incendiée derrière une vitrine qui se remplissait de fumée à l’approche du visiteur grâce à un dispositif caché. Ici le mouvement permanent reproduit les propriétés intrinsèques du lieu. Démultiplication des points de vue et des niveaux de lecture, la modélisation à l’échelle 1:30 accroche le regard et l’enlace dans une forme elliptique chère à l’artiste-artificier. Comme un défi lancé au regardeur. Pas de musique (Transposition (Variations),2009), pas de lente course du soleil (Solaris, 2011) pas de combustion lumineuse (Ring 2012) le sablier spatio-temporel agit de l’intérieur, comme une parenthèse que l’on ouvre et l’on referme. Répétition et réminiscences, rétention ou dissolution. L’architecture et son double. L’éclairage ténu implique la concentration extrême du visiteur, maintenu dans le régime du secret. Ce display laisse une grande place aux variations ultérieures, le film réalisé à huis-clos dans des conditions de tournage professionnel pouvant exister sous différentes formes. Comme dans l’exposition Art By Telephone au CNEAI de Chatou, l’œuvre acquiert plusieurs vies.
Circulation
Ralentir le rythme, déambuler et opérer une « révolution », se perdre dans des territoires inédits et hétérogènes, la géographie chez Dominique Blais est par essence mouvante, vibratoire. Comme la révolution des planètes au sein du système solaire récurrente dans le choix des titres chez l’artiste. Une sensation de silence et d’isolement où se déploient et se juxtaposent les plans-séquences d’une unique trame narrative. Le cercle et sa réplique comme les méandres de la mémoire du spectateur. Réplique sismologique autant que cinématographique. Une boucle repliée sur elle-même.
L’Inframince
Enregistrer l’infiniment grand et l’infiniment petit comme quand Dominique part en Norvège (résidence à l'Institut Polaire Français, IPEV à Ny-Ålesund) sur les traces de ces fréquences imperceptibles à l’oreille humaine qu’il ramène à la sphère de l’audible (Spherics 2009). Crépitements de l’invisible, de l’insondable l’artiste imagine une typologie de l’inframince. Cet entre-deux de nos persistances rétiniennes comme à Los Angeles tout récemment où il cherche à capter la course du soleil et à mettre en interaction des images décalées. Une expérience de l’intérieur pour court-circuiter nos imaginaires phagocytés par le trop-plein du régime du spectacle, du divertissement. Régime de l’épure, de l’infra-ordinaire, injonction à la décroissance sobre et esthétisante. Elégance minimale à l’image d’un artiste étonnament zen qui refuse la surchauffe et la course permanente mais ne boude pas le plaisir d’une relecture toujours plus expérimentale des lieux qu’il traverse.
Dominique Blais sera prochainement au Mac Val à l’invitation d’Alexia Fabre.
Il est représenté par la galerie Xippas, Paris.
Son œuvre est actuellement visible à :
"L'Apparition des Images", Fondation Ricard, Paris
"Collection Joseph Kouli", Mains d'Oeuvre, Saint-Ouen
"Abruit" Grandes Galeries/ESADHaR, Rouen,
"Revolution II" Transpalette, Bourges (programme Résidentes)
Infos pratiques :
« 35-39 » Dominique Blais
Commissaire associé : Jérôme Cotinet-Alphaize
Installation visible du 23 février au 12 mai 2013
Du jeudi au dimanche, à partir de la tombée de la nuit
Vitrine de la Maison du Peuple
Rue Klock – 92110 Clichy
Crédits vidéo :
Un film de Dominique Blais & Julien Discrit
Réalisateur : Christophe Acker
Chef Opérateur : Caroline Le Hello
Tourné à la Red Epic en février 2013 à la Maison du Peuple, Clichy.
35/39 est une réponse à l’invitation de Guillaume Lasserre qui ouvrira prochainement un nouvel espace clichois atypique le pavillon Vendôme. Ce projet a été sélectionné par la commission mécénat de la Fondation Nationale des Arts Graphiques et Plastiques qui lui a apporté son soutien.