De la déesse à la nageuse, une histoire de représentations

De la Diane au bain du XVII è siècle de Sir Pieter Lely aux autoportraits de Claude Cahun (nantaise d'origine) en passant par les souvenirs de plage de Philippe Cognée le musée des Beaux Arts de Nantes a décidé de faire le grand écart et de réunir des artistes connus ou moins connus autour d'un contexte balnéaire assez réjouissant en plein mois de février ! La richesse des collections du musée est revisitée à l'occasion des grands travaux engagés en vue d'une réouverture en 2016 dans la chapelle de l'Oratoire, joyaux baroque à chaque fois transformé par le jeu des scénographies. Pour l'heure nous sommes sur le remblai de la Baule ou de Pornichet comme nous le rappellent ces cartes postales pittoresques du début du siècle ou affiches vantant le mérite des premières stations balnéaires. Souvenirs acidulés que les visiteurs locaux devraient apprécier. Il en est de notre patrimoine affectif synonyme de vacances et des plaisirs de l'eau. Avènement du chemin de fer, audace joyeuse des années folles ("La Grande Plage à Biarritz" de Jacqueline Marval) les garçonnes de Fitzgerald s'autorisent plus de libertés et d'extravagances. Les corps se dévoilent ("Maillot noir" d'André Fraye) et les activités sportives se multiplient (Tennis à Dinard de Bridgman) jusqu'à faire l'apologie de véritables athlètes après les Jeux Olympiques de l'été 1924 (rameurs de Dufy). Le parcours thématique laisse surgir correspondances et contre-points avec en filigrane le thème du nu qui traverse l'histoire de la représentation occidentale. De la naïade à la baigneuse, sublime avec Marie-Paule Carpentier "Sur le sable" ou Charles Kvapil il s'agit de s'essayer aux solutions picturales de la modernité et de l'antique (Maurice Denis "Soir de septembre", Robert Lallié "La pièce d'eau d'Arnaga"). Ce néoclassicisme perdure jusque dans les odalisques flottantes de Marc Desgrandchamps dans un espace temps indéfini. Brouillage du motif à son maximum chez Philippe Cognée "Albufeira" en référence à l'album familial inscrit dans cette ville portugaise et une image dissoute par le travail de la mémoire. Isaac Julien dans une subtile video "Paradise Omeros" interroge la diaspora africaine sous la forme de la symétrie et du miroir. Un dispositif qui renvoie aux effets produits par ce large panorama où sensations (camaïeu de bleus de Ludwig Cylkow, miroitements de la lumière chez Paul Signac) et métamorphoses (Yves Tanguy) guettent le visiteur, un peu comme ce phénomène visuel que l'on a tous connu un jour sur une plage en fermant les yeux. Ces petits interstices de la vision qui perdurent encore et encore. Eclats et fourmillements de l'imaginaire...sous le soleil exactement !

Nombreux évènements en résonance : nocturnes, partenariat avec le Lieu Unique pour deux soirées thématiques, Week-end Télérama, Musée des étudiants - 7è édition, performance sonore, ateliers jeune public...