Château du Rivau et Dominique Bailly "la Tour au Bois dormant"©Chateau du Rivau
Claire Pitois "à mon seul désir"©Chateau du Rivau
Julio Villani Cache-cache ©Chateau du Rivau
Karine Bonneval Tenue d'explorateur II, courtesy Martine et Thibaut de la Châtre et ©Chateau du Rivau
Pierre Ardouvin, "Encore et toujours"©Chateau du Rivau
Céline Cléron "la Dame aux mouchoirs"courtesy la galerie Particulière ©Chateau du Rivau
Ghyslain Bertholon "Taupologie"©Chateau du Rivau
Katia Bourdarel "Cerf" Courtesy Eva Hober galerie ©Chateau du Rivau
Jean-Luc Moerman "Vénus" ©Chateau du Rivau
Jean-Luc Moerman "Vénus" ©Chateau du Rivau
Joyau du Val de Loire, le château du Rivau poursuit sa métamorphose sous les doigts de fées de sa propriétaire Patricia Laigneau férue d'art contemporain et de jardins, deux passions qu'elle conjugue sans relâche depuis la rénovation de cette place forte médiévale (Jeanne d'Arc y a séjourné avant de prendre les armes) entreprise avec son mari. Faisant fi des éternels clivages entre patrimoine et création actuelle, elle sait impulser cette dose de fantaisie et de merveilleux grâce à quoi rien n'est impossible. Il faut alors chausser vos bottes de sept lieux (ici Lilian Bourgeat) et pénétrer dans la Forêt qui court (signée Basserode) pour sur les traces d'Alice, jouer à Cache-cache (Julio Villani), se rafraîchir à la Fontaine (Fabien Verschaere) parler à la taupe (Ghyslain Bertholon) se mirer dans une tasse géante (Nicole Tran Ba Vang, Après la pluie) faire un petit tour de manège (Pierre Ardouvin) et enfin goûter aux nourritures terrestres du potager de Gargantua (le Rivau est cité par Rabelais). Mais la féérie ne s'arrête pas là si l'on accepte de se plier au philtre d'amour de Claire Pitois placé dès l'entrée du domaine "à mon seul désir"...Commence alors un nouveau chapitre du conte où d'authentiques collections d'art décoratif des XVè et XVIè siècles rencontrent des témoins de notre temps, hôtes silencieux et malicieux qui se glissent au fil de votre progression dans le château. Si vous croisez des personnages déguisés en preux chevaliers et gentes dames laissez vous emporter par leur histoire du temps où le Val de Loire était le jardin des Rois de France. Convoquant l'art de la parure Patricia Laigneau invite plasticiens confirmés et émergents à intervenir autour d'une déclinaison renouvelée des symboles de la séduction, du pouvoir, de la parade que l'on soit dans l'univers de l'art cynégétique (Jeff Koons, Marnie Weber, Max Boufatal), la tapisserie (couronne surdimensionnée de Vincent Olinet, "Régente" de Céline Cléron), le mobilier et les objets insolites (cotte de mailles de Naji Kamouche, gants de cuisine brodés de paillettes de Karine Bonneval, soulier de cristal de Patrick Neu...). Comme si en contre-point de l'histoire de la représentation officielle du corps féminin et de ses attributs se dessinaient hybridations et glissements de genre comme avec cette installation de Katia Bourdarel "Petit frère" où un cerf devient le trophée d'une séduction décalée. Et les maîtres des lieux n'hésitent pas eux-mêmes à se mettre en scène en famille par le truchement des photographies de Valérie Belin ou de Pierre Joseph. Un certain art de vivre qui n'est pas que de façade quand on mesure l'implication et l'acharnement qu'il leur a fallu pour se relever de l'incendie de juillet 2010, signalé depuis par un mémorial dans le parc. Mais quand on porte comme devise "Beauvau sans départir",du temps du grand chambellan de Charles VII, on ne peut faire autrement que de viser l'excellence et il semble que Patricia Laigneau et sa fille Caroline soient dans cette constante aussi bien avec le conservatoire de la Rose parfumée (pas moins de 500 variétés de roses), les écuries royales (Pierre de Beauvau était le grand écuyer du Roi François 1er) où un spectacle audiovisuel retrace les grandes heures du tournoi et des chevaux mythiques, le restaurant Locavore avec ses spécialités tourangelles et légumes du Jardin et aussi l'hôtel truffé d'art contemporain. Les idées ne manquent à ces dignes descendantes des femmes du Rivau ! Sans doute trouvent elles leur inspiration dans la chapelle à la mémoire de Jeanne d'Arc aux côtés de Jan Fabre ou Erik Dietman car sans la poésie nous sommes bien peu de chose. Ne manquez pas cet été sur la route de vos vacances cette halte intranquille et féérique : espièglerie et dépaysement garantis !
Infos pratiques :
Château du Rivau, ses Ecuries Royales et ses Jardins de conte de fées
Le Coudray - 37120 Lémeré
Le Coudray - 37120 Lémeré
Exposition "Si l'art de la parure m'était conté"
jusqu'au 11 novembre 2013
Audio-guide multilingue disponible à l'accueil.
(à 10 mns en voiture de Chinon)