Anne Brégeaut,Paradis perdus, gouache sur papier, 75 x 120 cm., 2010, collection artothèque de Limoges
©Anne Brégeaut
Anne Brégeaut, The island of lost men, 2012. Gouache on paper, 24 × 32 cm ©Anne Brégeaut
Anne Brégeaut,So Glad that you came gouache sur papier, 42 x 29,5 cm., 2012©Anne Brégeaut
Anne Brégeaut, Le pays du jamais-jamais , gouache sur papier, 75 x 120 cm., 2010, collection artothèque de Limoges.©Anne Brégeaut
Anne Brégeaut, Le pays du milieu, gouache sur papier, 75 x 120 cm., 2010, collection artothèque de Limoges.©Anne Brégeaut
Anne Brégeaut, L'heure Bleue, détail Bois, peinture acrylique, pâte à modeler 220x160x80cm. 2012 ©Anne Brégeaut
Co-présidente du réseau TRAM qui fête ses 30 ans d'existence et directrice du centre d'art contemporain la Maison des Arts de Malakoff, Aude Cartier nous y reçoit chaleureusement alors que son temps lui est compté. Porte parole influente et engagée, elle nous explique sa vocation au quotidien et les nombreux défis que représentent cette double fonction. Dans un contexte tendu il est plus que jamais nécessaire de se fédérer (le TRAM regroupe 31 centres d'art) même si chacun garde ses spécificités. C'est là toute la force d'un réseau qui repense la question du centre et de la périphérie dans un tissu urbain qui ne cesse de se transformer et de se fragmenter. Ce rayonnement dépasse nos frontières puisque le Tram s'exporte en Europe, Bratislava d'abord puis Ankara plus récemment dans un même esprit d'accompagnement et de diffusion de la création contemporaine. "Au Pays du jamais-jamais" titre de l'exposition d'Anne Brégeaut invitée par Aude Cartier pourrait être ce territoire potentiel à explorer dans la mesure où la construction d'un monde passe par son lot d'attentes et de désirs, réalisés ou non. Mais gardons notre faculté d'émerveillement comme nous y invite l'artiste dès la première pièce "l'heure bleue"comme un parfum qu'elle vaporise sur nos imaginaires.Une chambre de maison de poupée lieu rêvé par excellence sauf que l'on ne peut y entrer! Un peu comme Alice in Wonderland on va de découverte en découverte prisonniers d'un monde d'îlots et de contes de fées où couleurs pastels et acidulées alternent. "Paradis perdus", "forteresse de la solitude" "Si loin de moi" les titres renvoient à des personnages face à un labyrinthe monté sur roulettes ou en forme de puzzle dans une incapacité à communiquer et à faire face. Vaillants petits soldats de plomb sous cloche ou engloutis par une vague géante, les super héros sont fatigués. Aude souligne la performance physique de toute l'équipe le temps d'élaborer le wall paper "la mauvaise direction".Quoi que l'on fasse le noeud Gordien se resserre sur nos manques, nos failles, nos ruptures. Les paysages oubliés (sculptures peintes) agissent comme les fragments d'une vision très particulière du bonheur qui se poursuit au premier étage avec notamment la video "Happy End" où un couple marche indéfiniment le long d'une plage en faisant du sur place comme si leur mémoire s'était brusquement arrêtée. Que dire de ce" costume" étrange et menaçant où des chaussures d'homme en pâte à modeler soutiennent les deux pieds d'une chaise d'enfant vide. Angoisse et leurre, trahison et désillusion le tout sous des habits joyeux et innocents. Car c'est bien de cette ambivalence dont joue et rejoue Anne Brégeaut opérant des courts-circuits dans nos cerveaux à l'image de ce centre névralgique en rose gourmand, lieu de toutes nos névroses. Côté pile ou côté face l'oeuvre de l'artiste puise dans la veine psychanalytique. Pas de grand méchant loup mais un courageux Petit Chaperon Rouge qui creuse à coup de hâche des entailles le long d'un arbre aux contours très phalliques. Sexualité et dédale onirique le Neverland de chacun fonctionne à plein régime. De l'art de la fantasmagorie sur écran géant comme ces Chroniques martiennes de Ray Bradbury que l'artiste déploie dans la ville des Anges sur West Hollywood (programme d'échanges franco-américain). Le rêve américain revu par une jeune française qui ne va pas en rester là. Comme quoi le Pays du jamais-jamais c'est encore le chemin de tous les possibles...
Pour suivre le rêve hollywoodien d'Anne :