Marjane Satrapi, auteur de Persépolis (exposition Portraits de femmes, galerie J. de Noirmont)
"La vie de Pahé", Pahé
"Goscinnyrama"Photo : Albert Uderzo
"Aya de Yopougon", Marguerite Abouet et Clément Oubrerie
"Paris n'est pas une île déserte" (planche 1), Zeina Abirached
"Arbre généalogique", Farid Boudjellal
Un samedi en famille au Musée de l'histoire de l'immigration Porte Dorée (anciennement musée des colonies avec son décor Art Déco exceptionnel puis musée des Arts d'Afrique et d'Océanie) pour une exposition intitulée Albums qui rapproche courants migratoires et évolutions du 9è art de 1913 à 2013. Un parti-prix audacieux qui tient la route et réserve de belles surprises dans une scénographie en mode travelling,comme pour mieux évoquer les étapes du migrant et aléas de son quotidien. Plus d'une centaine d'auteurs émigrés ou fils d'émigrés et 500 documents inédits soulignent l'originalité des parcours mais aussi l'universalité des situations dans des formes très variées allant du western à la sience fiction en passant par les comics, le reportage ou le roman graphique car si le personnage du migrant a évolué, le genre de la BD aussi empruntant de plus en plus au cinéma ou à la littérature. Ainsi des précurseurs tels George McManus, René Gosciny ou Will Eisner l'on passe aux années 40 avec l'argentin José Munoz puis les années 50 avec Enki Bilal ou Farid Boudjellal qui dénonce et ouvre la voie pour les plus jeunes tels : Pahé ou Marjane Satrapi elle même à l'origine de la vocation de Marguerite Abouet originaire d'Abidjan vivant en France (scénariste d'Aya de Yopougon) et Zeina Abirached née à Beyrouth dont le feuilleton "Paris n'est pas une île déserte" que l'on peut suivre en direct est un petit bijou ! Si la part belle est réservée à l'Afrique, le continent américain n'est pas en reste avec l'évocation des premiers comic strips, comme le fameux "Bringing up Father" ou "Famille Illico" en Français.
Après "Nos ancêtres n'étaient pas tous des gaulois" et "L'immigration ça fait toujours des histoires"l'établissement public s'attache à déboulonner les préjugés les plus ancrés dans la mémoire et réflexes culturels français car Albums n'est rien d'autre qu'une exhoration à revoir l'immigration et son apport au delà de toute considération idéologique ou politique. L'immédiateté du medium et la volonté pédagogique des 4 commissaires avec notamment ces salons de lecture prévus tout au long du parcours et nombreuses activités en résonance, devraient assurer un vrai succès à l'entreprise. Telle l'oeuvre de Barthélémy Toguo (Road to exile) qui accueille le visiteur à l'entrée du musée laissons derrière nous intolérance et discours simpliste pour aborder un voyage tumultueux et fondateur entre l'ici et l'ailleurs.
A l'occasion de l'exposition, une cinquantaine de planches et dessins originaux viendront rejoindre la collection permanente et l'enrichir (section Repères).
Infos pratiques :
Albums
Bande dessinée et immigration 1913-2013
Musée de l'histoire de l'immigration
jusqu'au 27 avril 2014
Autour de l'exposition : programmation
Catalogue : co-édition Musée de l’immigration/ Futuropolis, octobre 2013, 26€