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Channel: Métamorphoses et Vagabondages
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Nuit Blanche 2014, la randonnée de l'art est ouverte

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©Mark Jenkins, Pablo Valbuena, Motoï Yamamoto, Volume 05,les frères Chapuisat, Antony Gormley



Depuis 2002, la Nuit Blanche parisienne et francilienne essaime dans de grandes villes, de New York à Toronto, Kyoto ou Melbourne, un modèle de réussite réinventé chaque année. Aux commandes pour cette 12è édition José-Manuel Goncalvès, directeur du Centquatre, imagine une G.R.A (grande randonnée artistique) privilégiant le plein air autour de territoires peu connus pour favoriser la déambulation et fluidifier les temps de visite, principal reproche des éditions précédentes. Au total une quarantaine d'artistes internationaux, connus ou émergents s'emparent de la ville, certains s'inscrivant plus durablement à travers le partenariat noué avec la FIAC donnant à voir une autre Rive Gauche. Autre nouveauté, les familles qui ne sont pas oubliées et sont invitées à un brunch dimanche matin à l'hôpital Necker (installation spectaculaire des frères Chapuisat "Hyperfocus") et aux Docks-Cité de la Mode et du design. Si l'accent est mis sur le street art et musée à ciel ouvert dans le 13è arrondissement, la performance et le spectacle vivant sont à l'honneur également parc Montsouris et Petite Ceinture/ parc André Citroën et Georges Brassens. Ascensions magnétiques, Futurs composés,Ceux que nous sommes, A la lumière des arbres, le ton est résolument poétique et participatif, comme avec l'artiste pakistanais Imran Qureshi, récemment remarqué pour son intervention sur le toit du Metropolitan Museum de New York. Le cirque, la danse, la musique, les arts numériques, les frontières s'estompent pour une gigantesque fresque contemporaine mouvante qui redonne à la Ville Lumière son rayonnement de toujours. Laissez-vous surprendre le long de la ligne Bleue au sol pour "Six points de vue" singuliers, complétés par une programmation OFF en grande forme !
Pour finir, dansez jusqu'à l'aube au son du DJ star Jeff Mills sur les bords de la Seine parc Citroën, les nombreux foodtrucks seront toujours là pour les petits creux...


Infos pratiques :

Nuit Blanche : mode d'emploi

de 7 h du soir à 7 h du matin ! mais aussi Au-delà...



Rencontre avec Patrice Joly, commissaire général de la 3è Biennale de Belleville

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Patrice Joly Photo : Olivier Prêtre 



Fondée en 2010 par Patrice Joly, Emmanuelle Lequeux, Claire Moulène, Judicaël Lavrador, Aude Launay, Muriel Enjalran et Gilles Drouault, la Biennale de Belleville 3è édition élargit les frontières de l'Est parisien et repense le format de l'exposition dans une approche corporelle de la marche et déambulation poétique et fictionnelle. 

Trois questions à son commissaire général, Patrice Jolyégalement directeur artistique de la Zoo galerie à Nantes et critique d'art (à l'origine de la revue 02).


  1) La piste des apaches, une nouvelle vision de l'art contemporain ?

D'une certaine manière oui puisqu'il n'y aura pas d'exposition au sens habituel du terme mais plutôt une multitude de marches ou performances marchées qui relieront Belleville à la proche banlieue, Montreuil, Les Lilas, Pantin et le Bourget. Comme le dit Hamish Fulton c'est l'expérience esthétique de la marche qui fait oeuvre, comme avec ces trajets dessinés et scénarisés par les artistes à travers l'est de Paris et qui accueillent des "visiteurs", ces performances de marche comme celle de Jean Christophe Norman qui écrit à la craie sur les trottoirs l'Ulysses de Joyce ou la marche de Nantes à Paris de Laurent Tixador qui se cloturera par le vernissage de la biennale au Carré de Baudouin. Ce lieu névralgique conçu comme un bureau d'initiatives abritera outre une exposition à caractère documentaire et historique et une autre conçue par Marie Maertens "Brooklyn à Belleville", une arthotèque et un coin librairie.

2) Quels temps forts pour cette 3è édition ?

Outre le colloque organisé au Carré de Beaudoin, cette année la biennale ouvrira une liaison pédestre entre le Bourget et Pantin, accueillera des manifestations de fantômes, des lectures dans les bars de Belleville et aussi le grand projet de Capucine Vever de récits d'exploration du sous-sol parisien, via une apllication à télécharger gratuitement sur le site de la biennale.



3) Quels relais et outils de diffusion mis en oeuvre ?


Nous éditons 50000 ex du Journal de la biennale qui sera distribué dans Paris et en petite couronne, de Montreuil à Gennevilliers mais aussi dans les grandes villes de France.Egalement le site internet de la biennale (labiennaledebelleville.fr) où certaines oeuvres sous forme de pièces sonores sont en mode écoute simultanément avec la radio du centre d'art Khiasma (http://r22.fr) avec qui nous sommes partenaires.


Infos pratiques :

Biennale de Belleville 3 la piste des apaches
du 25 septembre au 26 octobre 2014


Paris, quartier de Belleville & Est parisien.

http://www.labiennaledebelleville.fr/

Du côté des galeries : ne manquez pas François Mazabraud chez de Roussan qui joue de ricochets littéraires en déambulations dans la capitale ou le Cabaret New Burlesque chez Suzanne Tarasiève, troupe qui a inspiré Mathieu Amalric pour son film "Tournée". 



Rivages du post-humain et question de l'Exotique aux Abattoirs, Toulouse

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Nicholas Mangan, "Nauru International Airport Tarmac", 2014. Courtesy of the artist and LABOR mexico


Cildo Meireles, "Marulho", (détail). Courtesy HangarBicocca, photographie A. Osio


Pat O'Neill, Runs Good (détail) vidéo 1970 

Ben Russell, "Tryyps #7 (Badlands)", extrait vidéo. Collection les Abattoirs Frac-Midi-Pyrénées

Anonyme (Asie, culture bactriane), Poids avec anse, donation D.Cordier au Mnam, 2010, dépôt aux Abattoirs ; photogr. B.Prévost /Centre Pompidou-Mnam-Cci

Tomás Saraceno, Galaxies Forming along Filaments, Like Droplets along the Strands of a Spider's Web, 2009 at Venice Biennale Photo: Kisa Lala

Jouant sur les synergies scientifiques et industrielles du territoire toulousain, les Abattoirs (Frac Midi-Pyrénées) en partenariat avec le festival de partage de savoirs la Novela, imaginent aux côtés du sociologue des sciences Bruno Latour, directeur de recherche à Sciences Po Paris et lauréat du Prix Holberg et des artistes, les contours possibles d'une nouvelle ère géologique : l'Anthropocène. Cette question non seulement écologique mais aussi politique, éthique et scientifique suggère une mise en cause radicale de nos modèles de représentation, notre espèce devant répondre de ses actes devant les dernières transformations de la planète. Aussi dessiner un Monument à l'Anthropocène, comme lorsque l'on plante un clou dans la pierre pour signifier la période géologique, c'est prendre à bras le corps la question du désastre et de la globalisation de nos décisions quotidiennes. Un artiste particulièrement porteur de ces enjeux Tomàs Saraceno dont on connait et retrouve avec bonheur le musée aéro-solar qui se pose dans la nef centrale du Frac et les Cloud Cities, ces architectures utopiques et visionnaires fragiles et vertigineuses sera d'ailleurs amené à développer ses recherches après l'exposition. Devons nous rester optimiste ou pessimiste face à futur indéterminé ? c'est ce à quoi tentent de répondre les 20 artistes invités à travers des esquisses et scenarii multiples et sensibles. L'on remarque Mark Dion et son cabinet de curiosité à visée scientifique, Iain Baxters et son regard sur les mutations technologiques de notre monde, le nuage de Fujiko Nakaya, la ruine programmée façon David Claerbout, la météorite Chinga, la spirale de la mort de la fourmis, l'âge de l'information d'après Jimmie Durham ou les artefacts de Pascale Marthine-Tayou. Un colloque-performance sous la direction de Bruno Latour et Bronislaw Szersynski, directeur du département sociologie de Lancaster, prolongera ses dispositifs du 10 au 12 octobre comme faisant partie intégrante du projet.

Quittons à présent ces projections captivantes pour envisager la collection des Abattoirs comme une matrice,une oeuvre ressource. L'on part alors des obsessions matiéristes de l'après-guerre avec Dubuffet, Gutaï ou Shimamoto pour aborder une extraction plus iconograhique avec Pat O'Neill, cinéaste expérimental ou symbolique avec les réminiscences d'un territoire captées par Dove Allouche qui noircit au graphite la nature carbonisée et les bouleversements intérieurs d'une adolescente en plein trip par Ben Russell. Extraits et extractions se veut une plongée dans les éléments : l'air (Anthony McCall), la mer (sublime houle de Cildo Meireles) et le feu donc avec Melanophilia d'Allouche, acquisition majeure de l'année 2014. Une plongée poético-sensible dans la matière brute. 

Avec Symétrique Exotique il s'agit de relire aujourd'hui la collection offerte par Daniel Cordier au musée national d'art moderne et déposée aux Abattoirs pour en détourner les ambiguïtés à l'heure d'une nouvelle configuration mondiale. Ainsi les questions du centre et de la périphérie, du naturel et de l'artificiel, des conquérants et des dominés, de l'archaïque et du moderne sont au coeur de ces stratégies d'anthropologie culturelle pour reprendre les termes du commissaire Loïc Diaz-Ronda, chargé de la programmation culturelle. L'Afrique mythe des origines, la fascination pour le corps et le primitif sont ici dépassés par des contre-récits entre citation et détournement. Richard Prince, Charles Fréger, Jochen Lempert, Eric Poitevin ou Raphael Montanez Ortiz hybrident ce nouvel accrochage de la collection Cordier et repensent son altérité radicale.

Des croisements arts et sciences et un art écologique engagé qui demande un travail de médiation vers un public pas forcément initié à ces questions mais a le mérite de nous sensibiliser avec justesse et subtilité aux réactions de la Terre à nos actions. "Nous les terriens" il est temps de se réveiller !

Mention spéciale au prix Mezzanine Sudà l'initiative du CIC Sud-Ouest et des Abattoirs pour la promotion d'artistes émergents âgés de moins de 35 ans et vivant dans la région (à partir du 13 novembre).

A Toulouse ne manquez pas également pour poursuivre dans une perspective coloniale, Benjamin Constant mis à l'honneur par le musée des Augustins (que je développerai dans un 2è article).

Infos pratiques :

Anthropocène Monument
jusqu'au 4 janvier 2015

Extraits et extractions
jusqu'au 4 janvier 2015

Symétrique Exotique
jusqu'au 1er mars 2015

Les Abattoirs/Frac Midi-Pyrénés
76 allées Charles-de-Fitte, Toulouse

http://www.lesabattoirs.org/

Evénements en résonance :
Colloque-performance du 10 au 12 octobre, entrée libre
Projection, une (h)anthologie visuelle de l'Anthropocène le 10 octobre
Rencontre-projection, Pat O'Neill le 16 octobre

http://www.lesabattoirs.org/evenements



Benjamin Constant : rêves d'Orient, (musée des Augustins Toulouse)

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Benjamin-Constant (1845-1902)
La Favorite de l'Emir vers 1879
Huile sur toile -Washington DC, USA National Gallery of Art

Benjamin-Constant (1845-1902)
Le Caïd marocain Tahamy, 1883
Huile sur toile - 182x121 cm
Narbonne, Musée d'art et d'histoire

Benjamin-Constant (1845-1902)
Le Flamant rose, 1876
Huile sur toile - 65,3x92 cm
Musée des Beaux Arts de Montréal

Benjamin-Constant (1845-1902)
Le soir sur les terrasses (Maroc) 1879
Huile sur toile - 123x198,5 cm
Musée des Beaux Arts de Montréal


Axel Hemery, directeur du musée des Beaux Arts de Toulouse, les Augustins devant la toile "Entrée du Sultan Mehmet II à Constantinople le 29 mai 1453", 1876. (journée presse le 3 octobre 2014)

Benjamin-Constant (1845-1902)
Masque de Beethoven, 1887
Huile sur toile - 54 x 42 cm
Toulouse, Musée des Augustins
Photo : Musée des Augustins



Un nouvel écrin dans l'église des Augustins :
Le musée des Beaux Arts de Toulouse hébergé dans l'ancien couvent des Augustins des XIV et XV è siècle riche de collections allant du Moyen Age au début du XXè attire plus de 150 000 visiteurs par an.
Cinq années ont été nécessaires pour le réaménagement de l'espace d'exposition temporaire et c'est une belle surprise de l'inaugurer à l'occasion du retour au pays de Benjamin Constant (1845-1902), acteur majeur mais injustement méconnu de l'orientalisme de la Troisième République. Co-produit par le musée des Augustins de Toulouse et le Musée des Beaux Arts de Montréal cet événement conçu dans le cadre du programme franco-américain FRAME a reçu le label "Exposition d'intérêt national" du ministère de la Culture. Des prêteurs du monde entier et près de 70 oeuvres dont de nombreuses redécouvertes et des restaurations de grande ampleur couvrent l'ensemble du travail de l'artiste formé à l'Ecole des Beaux-arts de Toulouse où ce parisien d'origine est élevé par ses tantes. Eugène Delacroix, Mariano Fortuny et l'Alhambra mais aussi Henri Regnault ou Jean-Paul Laurens posent les jalons de la peinture d'histoire assortie d'une veine orientaliste et de qualités chromatiques jusqu'à ce qu'il décide de partir à Paris et d'entrer dans l'atelier d'Alexandre Cabanel. L'échec au Prix de Rome le conduit alors à abandonner la voie officielle et prendre sa carrière en main, ce qui le conduira de succès en honneurs à une gloire internationale en Angleterre, aux Etats-Unis et au Canada où il se rend fréquemment. C'est cette intuition et stratégie auprès d'une riche clientèle de grande bourgeoisie et de souverains qui raffolent de ses portraits que propose aussi de mettre en lumière cette première grande rétrospective mondiale. Le peintre des Batignoles devient dès lors un ambassadeur de l'art français à l'étranger et une vedette américaine ! Son goût des voyages y est pour beaucoup.

Le Maroc et Tanger la blanche
L'influence de Fortuny établi à Grenade est déterminante comme avec ces scènes historiques "Le lendemain d'une victoire à l'Alhambra" conservé à Montréal mais l'impact de Tanger est plus fort. Sa luminosité, son atmosphère singulière et ses terrasses d'où il peut apercevoir les femmes le fascinent. Scènes intimistes d'un monde clos qu'il associe bientôt aux stéréotypes orientalistes d'intérieurs de harems, comme dans la fascinante toile du musée des Beaux-arts de Lille "Intérieur de harem au Maroc"ou de Montréal "le Flamant rose".

Odalisques et femmes fatales
Ces odalisques se fondent aux récits littéraires romantiques exaltés et ces beautés orientales prennent les faits et causes des héroïnes fières de l'Ancien Testament telle Judith blanche et très européenne. Malgré cette juxtaposition, l' image de la féminité véhiculée dans de telles représentations reste passive et immobile, à la disposition des princes et chefs de guerre "La favorite de l'Emir" (Washington) ou "Les Chérifas" (Grand Palais). Le monde des hommes par opposition est montré comme brutal et cruel comme avec "La soif, les prisonniers marocains" (introuvable à ce jour), les "Prisonniers marocains" (Beaux Arts de Bordeaux) ou "le Jour des Funérailles" (Petit Palais, Paris). L'icône absolue reste "le Caïd Marocain Tahamy"(Musée d'art et d'histoire de Narbonne) dont l'acuité psychologique et la précision documentaire a soulevé l'hypothèse dorénavant dépassée d'une exécution a postériori dans son atelier parisien. Car cet Orient est autant vu que fantasmé chez Benjamin Constant.

Voyage en atelier
L'expression "l'orientaliste des Batignolles"lui est donnée par Huysmans en visite boulevard Clichy. Il faut dire que l'artiste qui s'appuie sur la photographie naissante travaille au milieu d'un bric-à-brac d'objets et d'accessoires exotiques, nourri par la fantasmagorie littéraire des livrets de Salons. Une théâtralisation du décor renforcée par la férocité et l'étrangeté de ses protagonistes "les derniers rebelles". Un Orient pas si immobile comme cela lui est reproché souvent et qui annonce les grands péplums hollywoodiens. Clair-obscur, splendeur des effets, juxtaposition de surfaces colorées, la tentation de la monumentalité est là et "Justinien" sera son entreprise la plus grandiose, avant les grands décors qu'on lui connait à Toulouse (Capitole) et Paris (Orsay, Opéra Comique).

Justice est donc faite à ce fils prodigue souvent confondu avec son homonyme et auteur d'Adolphe grâce à ces recherches intenses des deux côtés de l'Atlantique. Un impressionnant catalogue de 400 pages, le premier qui lui est consacré sous la direction de Nathalie Bondil, co-commissaire et directrice du musée des Beaux Arts de Montréal fait partie intégrante du projet.


Infos pratiques :

Benjamin Constant
Merveilles et mirages de l'orientalisme
jusqu'au 4 janvier 2015

Musée des Augustins,
21 rue de Metz
Toulouse

http://www.augustins.org/

A partir du 31 janvier 2015, l'exposition sera visible au musée des Beaux Arts de Montréal dans une version élargie pour les plus chanceux !




Des artistes invisibles ?

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A l'heure de la possible intégration des oeuvres d'art à l'ISF et des conséquences sur les professionnels du secteur, à commencer par les artistes, une exposition qui a une réelle pertinence.

L’exposition de Lionel Balouin à l’Ecole municipale des Beaux Arts /galerie Edouard Manet de Gennevilliers qu’il dirige s’inscrit dans la multiple vocation de ce lieu à la fois centre d’art, de formation mais aussi d'accueil d'artistes en résidence. Une dynamique que l’on retrouve dans l’éventail des activités proposées, qu'elles soient de l'ordre de la pédagogie ou de la programmation  et dans l’éclectisme des intervenants, artistes à l’origine qui doivent en plus de leur pratique exercer d’autres métiers pour vivre. Une réalité qui repense le statut de l’artiste aujourd’hui et la question de l’économie de l’art. Un « corps invisible » qui ressurgit à travers ces 14 profils d’artistes, critiques et commissaires dont l’identité première s’est fondue dans des fonctions d’enseignants, régisseurs ou chargés de méditation/communication au sein du personnel de la ville de Gennevilliers. Loin de l’auto-proclamation il s’agit d’illustrer le principe paradoxal d’un art qui peine à aboutir. Une dimension sociale et politique qui n’occulte en rien le plaisir de la découverte que l'on soit dans la polysémie de Blanca Casas Brullet, la rencontre intuitive du geste et du matériau avec Laurence de Leersnyder, les collaborations musicales de Jason Glasser ou les mutations du temps et de la mémoire par Thu Van Tran.

Liste des artistes :
Blanca Casas Brullet, Laurence De Leersnyder , Jason Glasser, Eric Lamouroux, Seulgi Lee, Rémy Lidereau, Frédéric Magnan, Guillaume Millet, Elisa Pône, Cécile Scott, Nathalie Tacheau, Thu Van Tran, Adrien Vescovi, Michèle Yvars.


Infos pratiques :


Le corps invisible

du 18 septembre au 25 octobre 2014

École municipale des beaux-arts · galerie Édouard-Manet, Genevilliers









Rencontre avec Numa Hambursin, directeur artistique du Carré Ste Anne, Montpellier et Abdelkader Benchamma

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Vues de l'exposition "Le soleil comme une plaque d'argent mat" Abdelkader Benchamma Carré Sainte-Anne Montpellier visite presse 9 octobre 2014

Abdelkader Benchamma The invention of the cave, installation à la Galerie Agnès b. de Hong Kong en 2013

"Faire de Montpellier la capitale de l'art contemporain du Sud de la France d'ici 5 ans"

La fréquentation du Carré Ste Anne devenu centre d'art contemporain en 2011 en constante progression (150 000 visiteurs) pose la question d'une inscription élargie et structurée de la création contemporaine dans l'agglomération de Montpellier et au-delà avec de possibles passerelles vers d'autres villes. Le futur musée d'art contemporain en lieu et place du projet de musée de l'histoire de France en Algérie près de la gare, dans le superbe hôtel Montcalm bâtiment du XVIIè siècle, devrait voir le jour en juin 2016.Confié à Michel Hilaire, directeur du musée Fabre, assisté de Numa Hambursin il devrait jouer des synergies possibles avec le Frac, la Panacée, le pavillon Populaire, le Carré Sainte-Anne mais aussi plus largement d'établissements régionaux comme le CRAC de Sète ou le MRAC de Sérignan. S'appuyant sur une collaboration avec les galeries de la ville, Pierre Soulages et de nombreux collectionneurs présents (le future musée privé d'Art Brut porté par la famille Michel devrait lui ouvrir en 2015), ce nouveau paysage muséal devrait répondre aux attentes des habitants et placer la ville sur l'échiquier national de l'art contemporain. A l'occasion de l'ouverture de l'exposition d'Abdelkader Benchamma invité par Numa Hambursin je m'entretiens avec lui et l'adjoint au maire délégué à la culture Cédric de St Jouan, des ambitions et difficultés à redonner son souffle à un tel projet et de ses possibles implications sur l'ensemble du territoire.

"Le soleil comme une plaque d'argent mat" Abdelkader Benchamma s'empare du Carré Sainte-Anne

Alors qu'il est exposé partout dans le monde et représenté par la galerie du Jour(Agnès b)à Paris, Abdelkader Benchamma n'avait pas encore bénéficié d'écho à sa mesure dans la ville de ses origines et sa formation (diplômé des Beaux Arts de Montpellier en 2000). Mais ce n'est pas l'unique raison du choix de Numa. Il s'en explique en le décrivant comme l'un des dessinateurs les plus talentueux de sa génération et la plongée dans les méandres de son trait qui se confond avec les volumes de ce lieu sacré lui donne vite raison. Empruntant son titre à sa précédente exposition avec Daria de Beauvais (commissaire au Palais de Tokyo) à la galerie Saint-Séverin à Paris cette phrase tirée du compte rendu d'un journaliste portugais sur le miracle de Fatima en 1917 comparé à une éclipse, place la question de l'in situ au coeur de son processus créatif. S'inspirant du climat que lui inspire le lieu, il image un décloisonnement de l'espace pour briser une certaine linéarité et donner à voir des divagations mélancoliques en noir et blanc. La dissimulation, l'illusion optique (Pariédolie aurait pu être le titre choisi si ce n'était le cas à Marseille récemment), le flux instable des formes et des matières, suggèrent une possible force gravitationnelle dont l'apocalypse se rapproche. Laissant apparaitre les blancs de la feuille en réserve, le regardeur peut s'immerger dans ces paysages en flottement et composer sa propre symphonie mentale. Hallucinations intersidérales, tests de Rorschach, métamorphoses de la nature qui se confondent avec les veinures du marbre dans des vies parallèles. L'on songe à des états de conscience instantanés dans ces fabriques du merveilleux à la Gustave Doré où des anges voisinent avec des trouées et précipices. Conception d'un monde à l'énergie sauvage éphémère ou pérenne dont l'envers du décor est donné à voir dans le remarquable "Répertoire de phénomènes" au dos de la cloison centrale, élément scénographique incontournable, sorte de ruine programmée,théatralisation inédite et puissante. Oeuvre ressource qui innerve l'ensemble, matrice puisée dans la collection de l'artiste ou prêtée par sa galerie montpelliéraine  les ChantiersBoîte Noire, ce condensé fictionnel incandescent nous donne en apparence les clés. Mais l'éventail graphique virtuose le cède bientôt au souvenir du trouble. 

Infos pratiques :


Abdelkader Benchamma
Le Soleil comme une plaque d'argent mat

Carré Sainte-Anne-Espace d'art contemporain de la ville de Montpellier
2 rue Philippy, Montpellier

du 10 octobre au 30 novembre 2014

http://www.montpellier.fr/

Catalogue "Le soleil comme une plaque d'argent mat" Abdelkader Benchamma



Collection Laurent Dumas : Morceaux choisis Prélude#1

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Vues de l'exposition "As I run and run, Happiness comes closer"la collection de Laurent Dumas par Jérôme Sans. visite presse le 8 octobre 2014

Pour la première fois à l'occasion des 25 ans du groupe immobilier Emerige et de la création du Fonds de dotation Emerige pour l'art contemporain, son fondateur le collectionneur et mécène Laurent Dumas nous dévoile une partie de sa collection dans l'hôtel Beaubrun, superbe écrin du Marais, siège social du groupe. C'est au commissaire internationalement reconnu, co-fondateur du Palais de Tokyo Jérôme Sans que revient ce prélude qu'il imagine comme une narration de multiples fragments reliés par les histoires des artistes eux-mêmes à qui il a proposé de raconter la genèse de chaque création en livrant leur scénographie idéale. Le résultat tel un mirage éphémère donne à voir une nouvelle lecture de cette collection prestigieuse et transgénérationnelle. Un panorama en mouvement et en perpétuelle réinvention dont le collectionneur se dit très favorablement surpris. Il nous confie que ses choix en faveur de la scène française qui se sont élargis au fil du temps ont valeur de manifeste dans la période que l'on vit actuellement. Un engagement qui passe aussi par la commande au sein de la ville à travers les projets ou opérations d'Emerige comme dans le futur quartier des Batignolles. Pour l'heure c'est avec une certaine jubilation que l'on découvre cette partition à plusieurs voix sous le titre rock"As I run and Run Happiness comes Closer" emprunté à l'artiste Fiona Rae dont on aperçoit une vibrante peinture à travers la belle cour à la rigueur classique car de nombreuses oeuvres sont visibles par les visiteurs et clients. Que l'on soit avec Pierre Soulages, Daniel Buren, Bertrand Lavier mais aussi Kader Attia, Dove Allouche, Mark Dion, Shilpa Gupta, Bill Viola,Gregor Hildebrandt (superbe triptyque cinématographique et abyssal) ou Elmgreen and Dragset et sa Petite Sirène revisitée qui fait la couverture du passionnant catalogue. Un rapport à l'oeuvre où la question de la monstration et de la juxtaposition des différences, dessine un paysage en puissance (la collection compte plus de 500 pièces) et le portrait en filigrane d'un homme passionné par les enjeux de son époque. Jeux de contrastes et de lumières dont les lignes de force s'imposent au delà des formes établies et des paradoxes. 


Autre temps fort prochainement :
L'exposition des 12 nominés et annonce du lauréat de la Bourse Révélation Emerigeà la Villa Emerige (novembre/décembre 2014)

Infos pratiques :

"As I run and Run Happiness comes Closer
Morceaux choisis d'une collection vue par Jérôme Sans
jusqu'au 20 décembre 2014

Hôtel Beaubrun
19 rue Michel le Comte, 75003 Paris
(Entrée libre du mercredi au samedi de 12 à 19h)

http://www.emerige.com/fr/art-mecenat/

http://www.revelations-emerige.com/



Talents contemporains à la fondation François Schneider

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Rahshia Linendoll-Sawyer - We Are Not Made of Wood 2012 Talent contemporain catégorie photographie
Mehdi Medacci - Murs "Talent d'Eau" 2012
Valère Costes - Dark Rain 2012 Talent contemporain, catégorie sculpture
Jessie Brennan, The Cut 2011 Talent contemporain, catégorie dessin
Jardin de sculptures et façade du centre d'art de la Fondation François Schneider

Wattwiller, l'une des eaux les plus pures jaillit au pied des montagnes au coeur du site exceptionnel du Parc Régional Naturel des Ballons des Vosges. C'est dans ce charmant village que François Schneider décide d' installer sa Fondation, son histoire et son parcours d'entrepreneur étant étroitement liés à la destinée de cette eau qu'il rachète puis revend ensuite au goupe belge Spadel. Soutenir et donner à voir les talents à travers des Bourses d'études, un Prix et un centre d'art de 2000m² luxueusement pourvu et communiquant avec un jardin de sculptures extérieur où figurent notamment Pol Bury et Niki de St Phalle. La dotation du concours de 300 000€ est également répartie entre 7 lauréats autour de la thématique de l'eau après délibération d'un grand jury constitué d'experts reconnus du monde de l'art. L'exposition collective des Talents contemporains est l'un des volets de la programmation tri annuelle, les deux autres étant consacrées soit à un artiste (Fabrizio Plessi) soit à un thème en relation avec l'eau ayant inspiré des artistes en l'occurrence le mythe de Narcisse cette année. L'impression de transparence est réelle quand on pénètre dans cet ancien atelier des sources thermales revisité par l'architecte Daniel Villotte. Le jeu entre les étages et les volumes, l'intérieur et l'extérieur est intéressant également. Les oeuvres peuvent s'y déployer et amorcer un dialogue entre elles et le paysage environnant. Parmi les 6 catégories : dessin, video, peinture, sculpture, photo et installation c'est la video qui sur les 3176 candidats internationaux et 40 finalistes a le plus inspiré. Au seuil nous abordons avec Claire Chesnier le jeu subtil entre l'interaction des matériaux (pigments) et la couleur qui déborde du cadre ou se fait diaphane par endroits. En écho les sculptures de Nour Awada "Glory Hole" ou "la suspendue" dessinent un panorama où la question du corps prend tout son sens au sous sol dans la salle obscure avec la vidéo "Les Ruisselantes"où la souffrance est au coeur d'un rituel étrange. Comme les oeuvres primées voisinnent avec des oeuvres prêtées il est parfois difficile de se repérer, sans doute un défaut de signalitique. Corps au défi également chez Rashia Linendoll-Sawyer avec ces figures flottantes soumises à des environnements liquides. Un état en suspens assez magique. Chez Valère Coste c'est l'aléatoire qui est en jeu dans ces concrétions évolutives (Karstic Story), découvertes récemment aux Abattoirs de Toulouse, nées de l'eau et du sel de silice ou de souvenirs en Guyanne avec Dark Rain (oeuvre primée) qui inverse la spatialité et laisse la mécanique apparente.C'est assurément Mehdi Meddaci (Talent d'Eau toutes catégories) avec l'installation video sonore Murs conçue spécifiquement pour le lieu sur 5 écrans qui condense les enjeux d'une thématique autant vécue que fantasmée. Long défilement du temps auquel répond l'errance de l'exil, trajectoire inversée celle du retour à la terre incarnée par la figure du père de l'artiste. Dramaturgie sourde et obsessionnelle renforcée par la mise en scène. A ses côtés Hicham Berrada joue les Deux Ex-Machina dans des alchimies éphémères où les protocoles scientifiques sont le départ d'une réflexion sur le rapport factice entre l'homme et la nature. Enfin Jessie Brennan et ses ruines post industrielles à la mine de crayon témoignent de bouleversements urbanistiques recueillis auprès des habitants eux-mêmes. Un flux d'échange où les mythes et le folklore interagissent en filigrane. 

En parallèle François Schneider se constitue une collection (acquise à travers les Talents) et rêve de créer en synergie avec d'autres centres d'art internationaux une "diagonale des éléments, partant de Sienne (la terre), passant par Wattwiller (l'eau donc) et la Hollande (le vent) pour finir avec le feu en Islande". Une vision au stade de l'utopie qui devra d'abord passer par des partenariats noués avec les pays limitrophes ou transfrontaliers à l'Alsace, l'Allemagne et la Suisse où les institutions d'art contemporain ne manquent pas ! S'inscrire sur cette carte là est l'enjeu auquel va se confronter la Fondation qui prévoit également des résidences d'artistes. Etre reconnue d'utilité publique est un premier pas, nous verrons si le spectre de l'eau auquel s'est volontairement limitée cette fondation sera suffisamment porteur et crédible à plus long terme.


Infos pratiques :

Fondation François Schneider
Talents Contemporains 2012

jusqu'au 28 décembre 2014

27 rue de la Première Armée
Wattwiller (Alsace)




Garry Winogrand, incertaine Amérique...

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Los Angeles,1964,Garry Winogrand
Tirage gélatino-argentique.
San Francisco Museum of Modern Art, gift of Jeffrey Fraenkel.
© The Estate of Garry Winogrand, courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco.
Photo: Don Ross

Los Angeles,1980–1983,Garry Winogrand
Épreuve gélatino-argentique.
Garry Winogrand Archive, Center for Creative Photography, The University of Arizona.
© The Estate of Garry Winogrand, courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco

New York,vers 1962,Garry Winogrand
Tirage gélatino-argentique.
The Garry Winogrand Archive, Center for Creative Photography, The University of Arizona.
© The Estate of Garry Winogrand, courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco

New York,vers 1955,Garry Winogrand
Tirage gélatino-argentique.
The Garry Winogrand Archive, Center for Creative Photography, The University of Arizona.
© The Estate of Garry Winogrand, courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco

New York,vers 1962,Garry Winogrand
Tirage numérique posthume d’après un négatif original.
The Garry Winogrand Archive, Center for Creative Photography, The University of Arizona.
© The Estate of Garry Winogrand, courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco

New York World’s Fair,1964,Garry Winogrand
Tirage gélatino-argentique.
San Francisco Museum of Modern Art, gift of Dr. L. F. Peede, Jr.
© The Estate of Garry Winogrand, courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco.
Photo : Don Ross

"C'est l'Amérique que j'étudie" déclare ce chroniqueur impétueux de l'Après-Guerre du Bronx (où il est né) aux quartiers huppés de Manhattan (il se limite au carré étincelant situé entre le grand magasin Macy's et Central Park) puis Chicago, le Texas et Los Angeles pour approfondir ses recherches. Laissant à sa mort quelques 6 5000 bobines jamais vues, c'est ce volet ultime de son oeuvre que nous propose aussi de découvrir le Jeu de Paume qui rend justice à l'un des photographes les plus mal compris de son temps. Privilégiant une approche thématique plutôt que chronologique plus fidèle à son état d'esprit, le commissaire invité Leo Rubinfien, l'un des jeunes amis du photographe souligne ce réexamen attendu de l'oeuvre de Garry Winograndà la frontière entre photographie journalistique et artistique. De la même stature que Walker Evans, Lee Friedlander,Robert Frank ou William Klein il s'inscrit assez vite dans une Amérique ballottée entre fantasmes et illusions. Des idéaux qui vascillent devant les bouleversements politiques (assassinat du président Kennedy, retrait du Vietnam, scandale du Watergate) et sociaux (scepticisme de la jeunesse, développement de la banlieue, collusion entre la presse et les puissants..), des signes que l'on sent apparaître dans le chaos ambiant de ses images, de plus en plus décentrées. Entre splendeur et amertume des personnages des individus se tiennent seuls ou à l'écart et des bizarreries surgissent qui nous font songer immédiatement à Diane Arbus tel ce couple mixte au zoo de Central Park avec ses bébés singes, sans doute l'un des clichés les plus célèbres. Dorénavant son oeuvre se radicalise et l'exubérance du départ le cède à une ambiguïté prégnante comme si le sentiment à l'état pur l'emportait sur la règle de l'objectivité. C'est en 1984, alors âgé de 56 ans qu'il apprend qu'il est atteint d'un cancer incurable. Une fin incertaine est d'ailleurs le titre choisi pour la 3è partie du parcours où tristesse et ironie le disputent à l'empathie qui a toujours été la sienne. Un maître magistralement servi par une scénographie muséale dans des tons sobres qui magnifient les tirages et un accrochage d'une grande cohérence. 

La monographie publiée à l'occasion de l'exposition sous la direction de Leo Rubinfien de 464 pages est un must !

Infos pratiques :

Garry Winogrand (1928-1984)
jusqu'au 8 février 2014

Jeu de Paume


Egalement ne manquez pas "Une Vidéothèque éphémère : inventer le possible", second volet de "Faux Amis" où le public peut créer sa propre programmation gratuitement dans les salles dédiées au projet.

























Au CRAC de Sète, voyage dans le "Tout-monde"

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Hippolyte Hentgen, L'Oiseau, 2010. Courtesy Semiose Exposition thématique l'Archipel CRAC LR
Antoine Espinasseau, Tâches #1, 2014 Exposition thématique l'Archipel CRAC LR
François Curlet, Neige de Nice Exposition thématique l'Archipel CRAC LR
Hippolyte Hentgen, Hairshell, 2013. Courtesy Semiose Exposition thématique l'Archipel CRAC LR

L'idée est séduisante et ambitieuse : entrer dans un Archipel inédit, imaginé par Noëlle Tissier, directrice du Frac Languedoc-Roussillon et Jonathan Chauveau, commissaire de cette aventure qui s'inscrit dans le sillage d'Edouard Glissant, philosophe dont on ne cesse de célébrer la justesse à l'heure de la globalisation.
Traverser le chaos-monde, en explorer l'imprévu pour aborder sains et saufs on espère, les rives de l'archipel, trait d'union final (la librairie des Presses du réel). Des voies de métissage symbolisées par des îles, Toucans, plantes carnivores, abris, Flamants roses,... et il faut dire que le décor est parfaitement planté dès le départ avec Florian Viel, artiste "tropicool" comme il se définit lui-même. Une esthétique qu'il déploie sous forme d'une grande peinture murale dans des couleurs acidulées et visions stéréotypées où l'on retrouve l'imaginaire faussement exotique du Tiki récemment exploré par le musée du Quai Branly. Mais pour cela il faut être adepte du Feng Shui (François Curlet) et développer une nécessaire "Empathie pour le débile" (Antonio Ortega) autant dire humour et second degré nécessaires à ces dérives de tous les horizons. L'expérience de la traversée est requise après cette pesanteur des Tropiques et il nous faut slalomer entre les gouttes pour tenter de se mettre à l'abri avec Antoine Espinasseau. Le climat décidément se refroidit avec la réfrigération façon François Curlet qui nous offre un clin d'oeil au passé du lieu : les pochoirs "Fish Finger" (littéralement poisson pané) et la carte postale Neige de Nice.Vanités en regard des incantations contradictoires d'Antonio Ortega "Ici vous n'avez pas la permission de parler".L'ensemble s'appelle "Tahiti Bob est de retour". Après un détour efficace par le mime (Ortega de nouveau qui interroge notre conscience politique) et les archives pré-révolutionnaires revisitées par les dessins et wall paintings de Valérie du Chéné et Arlette Farge, on arrive, au terme de ce dédale, à l'installation la plus pertinente à mon sens de ce parcours : la "mélodie à trois" d'Hippolyte Hentgen et Laura Porter, qui se poursuit à l'étage. Le duo à la troisième personne composé par Gaëlle Hippolyte et Lina Hentgen, sorte de double fictionnel, agit par rebonds et associations formelles à partir du dessin, déployé sur différents supports. Incarnation de la sérendipité leur corpus de références finit par devenir le socle d'un ensemble cohérent qui peut alors accueillir et prendre sous son aura la sculpture de Laura Porter. Incarnation parfaite du principe de la créolisation chère à Edouard Glissant, ce véritable écosystème en puissance dont on apercevait les prémices dans les cases du "dessin de synthèse" du duo, se déploie en majesté à l'étage. Machine célibataire à fabriquer des haricots couplée à une machine orthopédique ou machine à parler, à recracher, on ne distingue plus très bien l'effet de la cause. Volonté de l'artiste qui fait partie du programme SACRe (Sciences, Arts, Création, Recherche) à l'ENSBA, d'interroger nos systèmes de production et paradoxes.
Plusieurs points d'entrée sont possibles pour explorer ces différentes couplages qui résistent à toute tentative d'ancrage, telle la pensée archipélique, cyclonique et tourbillonante, c'est pourquoi l'ordre des salles importe peu. Comme des tremblements, des frémissements à la surface. Tout vacille, tout le temps, au risque peut-être de provoquer une déperdition du regard et du sens, entraînant un possible essoufflement du spectateur. Cet archipel rêvé, métaphore du trait-d'union reste t-il un pur fantasme ?ou s'incarne t-il à travers le généreux projet lié à la plateforme des Presses du réel ? à vous d'en décider, en prenant le temps. Les agissements du rhizome sont par essence multiples et perméables...

Infos pratiques :

L'Archipel
du 17 octobre au 11 janvier 2014
une exposition collective organisée par Noëlle Tissier et Jonathan Chauveau

Artistes : François Curlet, Valérie du Chéné, Antoine Espinasseau, Arlette Farge, Hippolyte Hentgen, Antonio Ortega, Laura Porter, Florian Viel.

CRAC (Centre Régional d'Art Contemporain) Languedoc Roussillon

26 quai Aspirant Herber, Sète



FIAC 2014 & OFF, the show must go on !

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© Vincent Mauger, Jon Rafman, Thomas Houseago,Jean-Luc Verna, les Frères Chapuisat FIAC Hors les Murs 2014 Photo : Marc Domage
OFFICIELLE 2014 : Esther Stocker courtesy galerie Alberta Pane, Laurence de Leersnyder courtesy Laurent Mueller galerie, Gideon Rubin courtesy Rokeby gallery
YIA Art Fair#4 Hors les Murs

C'est parti pour la semaine de l'art contemporain, le rendez-vous tant attendu des collectionneurs du monde entier qui redonne à Paris de sa superbe et nous fait oublier pour un moment le malaise et bashing ambiants. Chacun rivalise d'audace et d'inventivité et le calendrier ressemble à une course de fond le long des deux rives du Palais de Tokyo/Grand Palais à la gare d'Austerlitz (Docks) et jusqu'au Bois de Boulogne (Fondation Louis Vuitton). Que l'on soit diurne ou nocturne (openings en abondance) il faut revêtir ses runnings ou Louboutins et s'armer d'un sourire à défaut du sauf-conduit de rigueur, là encore les réseaux vous seront utiles...

Petit guide de survie à l'usage du marathonien :
La FIAC qui s'étend Hors les Murs comme chaque année aux Tuileries et au Jardin des Plantes innove avec (OFF)ICIELLE brouillant les pistes du OFF à la Cité de la Mode et du Design et s'arrogeant un nouveau territoire à l'Est. Le Chic Art Fair s'y était déjà essayé, gageons que l'équipe de Jennifer Flay qui ne voulait pas perdre le terrain de cette précieuse manne, joue des synergies environnantes. Au total 68 galeries de 14 pays sur une surface de 3700m². Remarquons sur le stand de Bertrand Grimont Vincent Mauger (Jardin des Plantes) en dialogue avec Geneviève Claisse et Guillaume Constantin, d'Alain Gutharc Estefania Penafiel Loaiza (récemment exposée au Credac), Esther Stocker (magique pour la Nuit Blanche) à la galerie Alberta Pane, Lukas Hoffmann chez de Roussan ou Laurence de Leersnyder chez Laurent Mueller (Jardin des Plantes) en dialogue avec Aurélie Nemours. Chez les internationaux (environ 60% de l'offre) je suis séduite par le norvégien Kenneth Alme chez l'anglais Rod Barton (solo show) et Gideon Rubin chez Rokeby (également en solo show). Très belle découverte chez l'allemand Zink avec le Tchétchène Aslan Gaisumov qui a 23 ans a déjà une actualité très prometteuse.

Dans le paysage mouvant et stimulant des Off le YIA Art Fair déjà cité s'empare du Carreau du Temple et innerve dans des lieux prestigieux du Marais tels que le Musée de la Chasse, les Archives, la Maison Victor Hugo..., Slick devient Attitude toujours Pont Alexandre III (prix Arte/Beaux Arts) et Show Off/Variation se concentre sur le digital aux Blancs Manteaux.

Parmi les inaugurations attendues, j'ai cité la Fondation Louis Vuitton par Frank Gehry, il y a aussi la réouverture du musée Picasso après 5 ans d'attente et le feuilleton médiatique autour d'Anne Baldassari qui signe un parcours bluffant à la fois thématique et chronologique. Immanquable enfin surtout après la récente polémique la Monnaie de Paris qui réouvre avec Paul McCarthy et son usine à chocolat pour de grands enfants fatigués des sex toys ! A suivre de très près donc.

La FIAC le In c'est pour demain...

Infos pratiques :

du 22 au 26 Octobre 2014
(OFF)ICIELLE
http://www.officielleartfair.com/

Parcours Hors les Murs : Jardin des Plantes et Tuileries
http://www.fiac.com/


Les immanquables d'une semaine FIAC très attractive

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Robert Longo
Men in the city, 1982-83 Courtesy Nathalie Seroussi

Olafur Eliasson
The new planet, 2013 Courtesy neugerriemschneider
Private Choice 2014 vue générale concept de Nadia Candet
Bertrand Lavier,Ndebele 2014 Courtesy Almine Rech 


A la FIAC tout d'abord où les VIP se bousculent : Aurélie Filippetti et Arnaud Montebourg en goguette, Alain Juppé dans les starting blocks, Gilbert and George posant devant leurs avatars chez Thaddaeus Ropac et Claude Lévêque sifflotant, certainement l'attitude la plus sereine devant l'afflux de poids lourds du marché. Le règne du mainstream avec 25% seulement de galeries françaises pour cette 41è édition, contre 30% l'année dernière. Espérons que ce chiffre ne continuera pas de baisser ! La province définitivement rejetée, l'internationalisation est constante avec 143 galeries étrangères dont 45 américaines, le plus gros quota. Retour de l'Inde (Nature morte) et du Portugal (Vera Cortes) et arrivée de la mexicaine Proyectos Monclova ou du norvégien Christian Andersen (secteur émergence). Passons les blockbusters de la nef centrale avec notamment un solo show éblouissant d'Olafur Eliasson par la berlinoise Neugerriemschneider, tandis que Yvon Lambert tire sa révérence avec la pudeur et l'élégance qu'on lui connait. Concentrons nous à l'étage dédié aux jeunes enseignes qui montent. Cortex Athletico mise sur Benoit Maire, Jousse Entreprise attend le verdict du prix Marcel Duchamp pour Julien Prévieux, de même pour Crèvecoeur avec Florian et Michaël Quistrebert. Secteur Lafayette, mon coup de coeur va aux allemandes Chert (Berlin) et l'installation de l'artiste suisse Vanessa Safavi et Parisa Kind avec les sculptures de Lena Henke.


La nuit des galeries parisiennes :
Près d'une centaine de galeries resteront ouvertes jusqu'à 22 heures faisant souvent souvent des passerelles entre l'exposition de leur stand à la Fiac ou Officielle et celle de leur galerie. C'est le cas de Gb agency avec Anita Molinero, Vallois, Loevenbruck ou Torri. Les absents peuvent profiter de la présence d'une clientèle exceptionnelle telle Suzanne Tarasiève qui expose Markus Lüpertz (prochaine exposition au musée d'art moderne) ou Jérôme Poggi qui outre sa très pertinente exposition Historical Materialism organise une signature du nouveau roman de Société Réaliste.

L'actualité artistique muséale :
Marcel Duchamp au Centre Pompidou, David Altmjed  au musée d'art moderne (bluffant !) les Delaunay, Robert à Pompidou, Sonia au musée d'art moderne, lui dans une approche plus masculine autour du Pavillon de l'air pour l'Exposition Universelle de 1937, elle autour des textiles et associations chromatiques audacieuses. Un peu trop stéréotypé à mon goût !

L'art, format appartement :
Nadia Candet et Private Choice.
La collectionneuse récidive avec toujours autant de succès dans le Haut Marais où Zaha Hadid, Jakob+Macfarlane et Felice Varini côtoient la jeune garde None Futbol Club et Florian Viel. Intéressant mélange design et création contemporaine.
Laurence Dreyfus, Chambre à part IX
Du neuf assurément et toujours cette atmosphère particulière dans les beaux volumes de l'appartement du Trocadéro. Sublime Tomas Saraceno, intrigant Sean Raspet et fascinant Oiseau de Paradis de Lionel Sabaté qui vient d'intégrer l'écurie de la courtière émérite qui signe sa neuvième édition. Dommage que le Olafur Eliasson n'ait pas pu franchir la porte d'entrée !
Bertrand Lavier à Appartement
Timothée Chaillou à l'invitation de Nathalie Miltat propose son 2è rendez-vous avec un Bertrand Lavier magistralement en résonance avec la collection d'arts premiers de la maîtresse de maison. De nombreux collectionneurs présents ont pu apprécier la pertinence de l'ensemble.

Les Fondations :

Les 30 ans de la Fondation Cartier :
Installation "Ballade pour une boîte en verre" imaginée par le studio Diller Scofidio+Renfro et proposition du peintre argentin Guillermo Kuitca "les Habitants".

Hippocrène, le Musée d'une nuit
Invitation de la Fondation David Roberts à Londres. Echos fictionnels avec l'architecture de Mallet-Stevens.

Gulbenkian, Horizons
La 2è édition de l'European Photo Exhibition Award organisé par 4 fondations Européennes (Italie, Portugal,Norvège, Allemagne) récompense de jeunes photographes autour de thématiques actuelles, en l'occurrence le "nouveau social".

Du côté des maisons de ventes aux enchères :

Christie's cale la date de sa vacation d'art moderne au moment même de la FIAC,

Sotheby's exposera une sélection de la prestigieuse vente Man Ray le 15 novembre.

Ouverture du 6 avenue Hoche par l'étude Cornette de St Cyr.

Autres :

Mark Handforth au Studio des Acacias
Lieu dédié à la création contemporaine rénové par Mazarine, le Studio des Acacias renoue avec sa vocation d'origine et accueille l'artiste américain autour d'une exposition curatée par Timothée Chaillou en partenariat avec sa galerie new yorkaise Gavin Brown.

Have fun !




Sade/ Paul McCarthy : enjeux, polémique et Factory

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Paul McCarthy Chocolate Factory La Monnaie de Paris. visite presse 24 octobre 2014
«Emilie vient à moi en rêve», Jindrich Styrsky, 1933. (Photo Centre Pompidou. MNAM CCI. DIST RMN GRAND PALAIS ADAM RSEPKA)
Video de promotion Sade Attaquer le soleil Agence Ogre Production YouTube/Daily Motion 


Sade emprisonné à la Bastille, Courbet exilé, Paul McCarthy agressé, les épisodes se suivent et se ressemblent...La France serait-elle à ce point muselée ? Le plus surprenant dans toute cette affaire qui a conduit l'artiste américain à renoncer à réinstaller "The Tree" place Vendôme et à escamoter quelque peu sa Chocolate Factory à la Monnaie de Paris, est que pendant ce temps l'exposition non moins sulfureuse de Sade au Musée d'Orsay inspire beaucoup moins de réactions, de même que sa vidéo de promotion pour le moins explicite,sorte de partouze géante, certes esthétiquement soignée. Sous couvert de littérature on assiste à une confrontation désir/violence sous le prisme de la création de Delacroix à Duchamp en passant par Bellmer et Picabia. "Il n'y a point d'homme qui ne veuille être despote quand il bande" pour reprendre les propos du divin Marquis. Aucun message de prévention pour un jeune public tout au long de ce parcours au contenu féroce et volontiers pornographique. 
Duchamp justement qui fait le lien avec la démarche de Paul McCarthy dont la Chocolate Factory, sorte de machine économiquement non viable joue du décalage avec la flamboyante salle Guillaume Dupré de la Monnaie de Paris. Marquant avec éclat une nouvelle ère résolument contemporaine l'institution du Quai de Conti souhaite à travers le cycle "Factory" tisser des passerelles entre le savoir faire de ses ateliers et des grands noms de la création. Figure majeure de la scène artistique internationale Paul McCarthy, reprend son projet lancé il y a 7 ans à New York et le réadapte à Paris. Nous ne sommes pas tout à fait sur les traces de Willy Wonka et sa chocolaterie aux allusions sexuelles cachées sous un univers déjanté mais pas si loin. En réalité ce que Paul McCarthy pointe sous la figure du Père Noël qu'il érige en Dieu de la consommation c'est la notion de série et de surproduction contemporaines. Et quand cela s'inscrit dans un lieu qui produit des dizaines de milliers de pièces de monnaie cela prend une résonance toute particulière. Une mise en abîme qui part du contexte même du lieu. Des grands arbres de Noël aux petites figurines déclinées à l'infini dans un rythme fou, l'oeuvre avance et continue à se construire sur l'idée du liquide et du flux, bases du processus artistique. L'inconscient peut alors commencer à jouer un rôle comme dans une oeuvre surréaliste et l'artiste nous parler un langage comme dans une performance. En l'occurrence sa réponse à son agresseur à travers une video où il dessine en grosses lettres les insultes qu'il traduit en américain "Are you the fucking artist ?"scandés sur fond d'odeur délicieuse de chocolat. Sa dernière improvisation.Le choc des contraires pour ce fils de mormons qui s'emploie à déjouer les idéologies dominantes de nos sociétés occidentales sans aucune pitié. Disneyland, Hollywood des utopies qui le fascinent ! Mais comme il le déclarait de façon prémonitoire "C'est plus difficile d'être subversif aujourd'hui"ce beatnik en résistance n'est pas près de prendre sa retraite. Si Paris ne l'a pas compris il lui reste toujours son terrain proche du désert de Mojave qu'il vient d'acheter avec sa femme pour pouvoir y tourner des anti-westerns à la sauce ketchup comme il les aime. Croisade un peu folle mais à la mesure du personnage...

Infos pratiques :

Sade.Attaquer le soleil
jusqu'au 25 janvier 2014
Musée d'Orsay

Paul McCarthy Chocolate Factory
jusqu'au 4 janvier 2014
Monnaie de Paris
(frappe la monnaie et les esprits, un slogan qui fonctionne !)

Repartez avec votre Santa Claus, Tree, médaille signée, livre d'artiste en vente dans la Chocolate Factory, la Librairie Flammarion, chez Colette et aux Galeries Lafayette.



Jeune Création : ma rencontre avec Pieter van der Schaaf (prix Boesner)

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Dania Reymond, animation video Greenland Unrealised, Coup de coeur Art [ ] Collector

Pieter van der Schaaf, prix Boesner

Thibault Brunet, de la série First person shooter. Courtesy de l'artiste.Coup de coeur Art [ ] Collector

Johan Decaix Tourist 2012 video Prix Résidence 

Après les excès de la Fiac il est bon de découvrir de jeunes talents dans les espaces séquencés du Centquatre, le temps d'une médiation musicale ou gestuelle ou d'une performance.
65è édition de Jeune Création raccourcie à 4 jours mais qui ne désemplie pas d'après Jérémy Chabaud, actuel président. 53 artistes sélectionnés sur les 2800 candidatures pour un panorama foisonnant où le digital et l'internet priment. L'artiste Mounir Fatmi actuellement au CCC de Tours est le parrain de cette édition. Le Prix Jeune Création-SYMEV et le Prix Boesner ont été décernés par un jury présidé cette année par Didier Semin, professeur aux Beaux-Arts de Paris, et composé de : Isabelle Lemaître, collectionneuse d’art vidéo avec son mari Jean-Conrad Lemaître ; Philippe Riss, fondateur et directeur de la Xpo Gallery ; Valérie Mréjen, artiste ; Claire Le Restif, curator et directrice du Centre d’art contemporain d’Ivry – Le Crédac ; Maître Etienne de Baecque, De Baecque & Associés, commissaires-priseurs ; Éric Tabuchi, artiste ; Catherine Viollet, artiste et conseillère aux arts plastiques de la ville de Vitry-sur-Seine ; Bertrand Lamarche, artiste.

Le Prix Jeune Création-SYMEV (Syndicat des maisons de ventes volontaires) a été attribué à Oriane Amghar, le Prix Boesner à Pieter van der Schaaf, le Prix Résidence (Palais des paris, Japon) à Johan Decaix. Les coups de cœur Art [ ] Collector ont, quant à eux, été remis à Dania Reymond et Thibault Brunet.
Pour ma part j'ai le plaisir d'échanger avec le néerlandais vivant en France Pieter van der Schaaf autour de sa réflexion sur l'authenticité à partir de répliques de pierres ou de collages photographiques. Si je rejoins Evelyne et Jacques Deret Art [ ] Collector  pour leur coup de projecteur en faveur de Dania Reymond et Thibault Brunet je remarque également Claudia Larcher et ses architectures réelles ou fictives, Julie Savoye et ses performances autour de la destruction, Clara Thomine et son processus d' autofiction imprévisible et Julie Brusley et son retournement des questions de l'in situ et de l'espace. 

Nouveautés cette année : 
Espace video, espace virtuel (whitescreen.jeunecreation.orget espace édition.



Infos pratiques :

Jeune Création 2014
Centquatre
du 30 octobre au 2 novembre 2014



Prochainement à la galerie Jeune Créationet dans le cadre du Mois Off de la Photo, exposition collective autour de ce médium.





Inside#Palais de Tokyo : un voyage dont on ne ressort pas indemne !

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Sookoon Ang, Exorcise Me 
NUMEN/For Use Tape Tokyo 2013 vue de l'installation 
Marcius Galan Three Sections 2010 vue de l'installation à la Cisneros Fontanais Art Foundation Miami 
Stéphane Thidet Sans titre (le Refuge) 2007 
Andro Wekua, Untitled, 2011. Wax, wood, steel, fabrics. 150 x 72 x 223.5 cm. Collection Nicoletta Fiorucci, London. Courtesy Gladstone Gallery (New York, Brussels). © Andro Wekua.

L'un des temps forts de la semaine de la FIAC qui me hante encore. Inside, une traversée au plus profond de soi imaginée par Jean de Loisy, Daria de Beauvais et Kateil Jaffrès et un Palais de Tokyo totalement métamorphosé en caverne des origines. Entre projection mentale et mélancolie pure, les rivages de l'extrême saisissent là où l'on ne les attend pas. Troublante et labyrinthique cette quête initiatique incite à une traversée sans retour, une expérience du risque qui commence dès le vaste hall avec la membrane suspendue du collectif Numen/For use que le public active de sa présence, avant d'avancer vers la forêt d'Eva Jospin comme dans les contes d'enfant. Mais ici le pays des Merveilles prend des allures bibliques (Troisième Jour de la Création selon Marc Courturier et Jonas dans le ventre de la baleine par Abraham Poincheval) ou pariétales (Dove Allouche, sources souterraines). Comme si de l'autre côté du miroir (Marcius Galan) les sons de la chorale d'anciens mineurs de Mikhail Karikis et Uriel Orlow ou des gouttes de pluie de Stéphane Thidet seraient comme amplifiés. Mais où trouver refuge ? Dans l'atelier de l'artiste (sublime autoportrait en creux de Mark Manders), dans les cabanes de notre enfance (émouvantes sculptures de Ryan Gander) le corps humain passé au scalpel et manipulé à distance par caméra (Yuri Ancarani) ou le chaos orchestré selon Peter Buggenhout ? Il semble nécessaire alors de creuser plus profond encore les méandres de notre psyché. Inquiétante étrangeté façon Andro Wekua, huis clos narratif de Jesper Just, pulsions suicidaires adolescentes de Sookon Ang, lapidation et mauvais sort par Andra Ursuta, catastrophe par le feu (Reynold Reynolds et Patrick Jolley), fantasmes et tortures (Nathalie Djurberg et Hans Berg), trauma collectif (Artur Zmijewski) le côté sombre triomphe, avant de reprendre son souffle avec le blanc clinique et immaculé de Berdaguer et Pejus sans doute l'une des plus belle installation du parcours conçue à partir des tests psychologiques du dessin de l'arbre. Répit de courte durée avant les conversations à la morgue d'Araya Rasdjarmrearnsook tandis que Bruce Nauman nous exhorte tout en nous retenant prisonniers de ces visions. "Get Out of my Mind, Get Out of This Room" en boucle. Peut-être verrons nous le bout du tunnel. C'est en tous cas ce que nous propose la projection poétique de Tunga qui laisse entrevoir une issue possible. Réponse sous forme de pirouette avec Jean-Michel Alberola "La sortie est à l'intérieur". Suite mentale d'un cycle infini de questionnements. Mieux qu'une psychanalyse !

En parallèle, "Inside China l'intérieur du géant" en partenariat avec la K11 Art Foundation de Shanghaï (organisme à but non lucratif dédié à l'émergence) nous propose de découvrir une nouvelle génération d'artistes en dialogue avec leurs homologues français.
Le Lauréat du Prix Lafayette Shahryar Nashat propose une mise en abyme autour de son film Hustle in Hand, tandis que les Modules Pierre Bergé YSL sont investis par Jean-Marie Appriou "Sonde d'arc en taupe" et Enrique Ramirez/Lauréat Prix Découverte des Amis du Palais de Tokyo avec "Los Durmientes".

Malheureusement les display et reprises de David Maljkovic (coproduction Festival d'Automne) ne prennent pas à mon sens.

En attendant le monument conçu par Xavier Veilhan pour les 30 ans de Canal + déroulez le fil d'Ariane d'une Odyssée aussi effrayante que captivante !

Infos pratiques :
Inside exposition collective
du 20 octobre au 11 janvier 2015
Palais de Tokyo








Henri Dauman, un français en Amérique (Mois de la Photo)

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Yves Saint Laurent 5th Avenue 1958 © DaumanPictures.com / Henri Dauman 

Target : Negro Jobs, for Newsweek, July 1968 © DaumanPictures.com / Henri Dauman © DaumanPictures.com / Henri Dauman

Marilyn Monroe and Arthur Miller, Private screening of Some like it hot, Hollywood, 1959 © DaumanPictures.com / Henri Dauman 

Miami Beach,1960s © DaumanPictures.com / Henri Dauman 

Funeral procession, John Fitzgerald Kennedy’s funeral, Washington DC., 25 November 1963© DaumanPictures.com / Henri Dauman

Parce qu'il ne fait volontairement partie d'aucune agence de presse Henri Dauman reste relativement inconnu du public. Justice est faite à cet exilé français depuis plus de 60 ans, témoin des mutations d'une Amérique qu'il vénère, tout en gardant une distance juste. La fameuse "french touch" sans doute. Comment cet orphelin parti retrouver l'oncle Sam en 1950 avec un seul boitier en poche se retrouve reporter pour les plus grands LifeMagazine, Newsweek ou encore the New York Times ? Autodidacte, il sait convaincre et s'introduire dans les cercles des puissants et capturer leur "dark face". L'enterrement de Kennedy, l'énergie des grattes ciels new yorkais, les combats civiques, la nouvelle scène Pop, la montée des contres-cultures, les bouleversements géo-politiques, des évènements qu'il révèle par l'usage du grand angle et de la couleur ,le génie de la narration et un cadrage cinématographique. Le Palais d'Iéna et sa sublime salle hypostyle, chef d'oeuvre du génie de Perret, devient sa Chambre Noireà Manhattan où se croisent Brigitte Bardot, Alberto Giacometti, Louis Armstrong, Jane Fonda, Liz Taylor, Andy Warhol, Marilyn Monroe, Elvis Presley, icônes des Roaring 60'ies rejoints par les hommes politiques forts de l'époque. Audace et créativité feront le reste. Servi par une scénographie élégante ce fabuleux panorama à l'initiative de l'association Muse pour la valorisation et la préservation culturelle et dont le commissariat est assuré par François Cheval redonne toutes ses lettres de noblesse à l'un des plus grands photojournaliste et artiste. Assurément l'une des pépites en ce Mois de la Photo qui commence sur une bien étonnante polémique ! Le puritanisme a encore frappé...


Infos pratiques :

Palais d'Iéna
Du 4 novembre au 4 décembre 2014 
9 place d'Iéna - 75016
10h à 18h Entrée libre

Mois de la Photo 2014 : programmation complète

Quelle Europe sociale ? #Horizons, Fondation Gulbenkian

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Jan Brykczynski. Courtesy of the artist.
Simona Ghizzoni Courtesy of the artist.
Linda Bournane Engelberth, Courtesy of the artist.
Kiril Golovchenko Courtesy of the artist.

Deuxième édition de l'European Photo Exhibition Award qui après les "Identités Européenes" se penche sur "le Nouveau Social"à travers les recherches de 12 photographes qui bénéficient d'une exposition à la Fondation Gulbenkian. L'EPEA à l'initiative de la Fondazione Banca del Monte di Lucca (Italie), de la Fundacao Calouste Gulbenkian (Portugal), de la Fritt Ord Foundation (Norvège) et de la Körber-Stiftung (Allemagne) vise à instaurer un espace de dialogue en Europe à partir de la jeune photographie. Les projets retenus incarnent de nouvelles formes d'identification sociale autour des mutations en cours qu'elles soient écologiques, environnementales, économiques ou politiques. Une Europe de la fragmentation des espaces et des discours émerge, conséquence de la mondialisation technologique et de la très grande mobilité des personnes et des biens. Comment les artistes en font l'écho ? Le portugais André Cepeda (Fade) se penche sur le déclin urbain avec mélancolie dans le Porto des marges. De même pour le norvégien Espen Rasmussen avec Oddballs sur les marginaux, l'allemande Stephanie Steinkopf avec les sans-abris de Berlin (Vogelfrei) ou la lettonne Linda Bournane Engelberth avec les populations Roms. Indicateurs sociaux d'une inégalité non gommée par internet et les flux de diffusion amplifiés (My life is going to change, Patricia Almeida ou une compilation d'archives des medias proche de l'abstraction). Le centre et la périphérie encore et toujours. Que l'on soit sur la plage lieu de sociabilité par excellence (Kiril Golovchenko), dans un château en Europe de l'Est (Jan Brykczynski) ou dans le quotidien d'une femme (Simona Ghizzoni) et mère (Arja Hyytiäinen) des modes de vie individualiste surgissent en corrélation avec les poussées communautaires.
L'uniformisation en marche des goûts et pratiques artistiques est en butte ici à de nombreuses formes de résistance. Paula Winkler qui avec humour se penche sur les perceptions du corps masculin et plus largement sur les gender studies et Eric Giraudet de Boudemange (le français de ce panorama) qui propose une éloge de la lenteur avec cette passion ancestrale de la colombophilie détournent les normes ambiantes et catégories établies. Une géographie européenne instable tel est le sentiment qui ressort de ce paysage fragmenté.

Mission accomplie pour ce projet à quatre voix à l'agenda deParis Photo.

Infos pratiques :

Horizons le Nouveau Social EPEA 02
Fondation Calouste Gulbenkian, délégation en France
jusqu'au 20 décembre 2014

39 Bd de la Tour Maubourg 75007 Paris








Passions secrètes : collectionneurs flamands au Tri Postal

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Elmgreen and Dragset Marriage 2014 Courtesy galleri Nicolai Wallner Copenhagen ©  Photo : Anders Sune Berg
Wim Delvoye, Trophy, 1999 © Photo : Maxime Dufour. 
Sam Durant We are the people, 2003 Courtesy the artist et Blum and Poe Photo : Joshua White
Robert Devriendt Sweet Obsession, 2011 (détail) Courtesy the artist Photo :Jean-Pierre Duplan
Vue de l'expositions Passions secrètes au Tripostal de Lille, avec des œuvres de Mark Flood et Matthew Day Jackson © Photo : Maxime Dufour.
Kris Martin, T.Y.F.S.H 2009 Courtesy Sies+Höke Düsseldorf Photo : Achim Kukulies, Düsseldorf

Catherine David, commissaire de l'exposition "Passions secrètes"au Tri Postal (Lille 3000) qui réunit un panel de 18 collectionneurs des Flandres (de Gand à Courtrai) se penche sur les raisons de ce véritable écosystème audacieux et réactif dans un "petit pays, sans histoire et plusieurs fois envahi, ouvert aux autres et au croisement entre le Nord et le Sud". Des sensibilités que l'on retrouve au fil de ce cheminement de quelques 150 oeuvres (sur 4000 visionnées) où humour, autodérision (le duo Elmgreen and Dragset de retour au Tri Postal) et sens de la transgression (Joseph Beuys) sont le tropisme indispensable à cette collectionniste belge aigüe. Mais pour cela il a fallu dépasser leur discrétion légendaire, tous ayant préféré l'anonymat. Le photographe lillois féru des ateliers d'artistes contemporains, Gautier Deblonde dans le cadre d'une commande a pu cependant pénétrer dans l'univers de chaque collectionneur, prélude à une intimité complexe et subtile. Plusieurs lignes de force se dégagent de ce parcours qui alterne entre des oeuvres percutantes et d'autres plus silencieuses et oniriques. 

-La féminité tout d'abord et à multiples facettes (Yasumasa Morimura) qu'elle soit forte et conquérante (Sylvie Fleury), méditative et fragile (vidéos et photos intimistes de Lilie Dujourie et Francesca Woodman, Ronny Delrue "lost memory", Thomas Ruth) ou en quête d'identité et de genre (Sterling Ruby, Sergey Bratkov).

-Le rêve américain, entre attraction et répulsion avec comme protagonistes toutes générations confondues Matthew Day Jackson, John de Andrea, Sam Durant, Kelley Walker and Wade Guyton, Tony Oursler et Paul Mc Carthy que l'on soit dans les couloirs de Guantànamo, les idéologies de la guerre du Vietnam, l'Impérialisme, la condition afro-américaine ou des intérieurs new yorkais conceptuels plus proches de la déco et potentiellement faibles. 

-Les mythes et leurs multiples résonances innervent l'ensemble des 3 étages avec Anselm Kiefer et la courtisane Antique Phryne, Louise Bourgeois et Annette Messager pour Arachnée le mythe du tissage et de la métamorphose (araignée condamnée à restée suspendue), Icare avec les superbes réalisations de Kris Martin et Panamarenko, les Parques avec les fascinants ballons de Michel François et surtout Narcisse plusieurs fois présent dans le jeu des reflets, miroirs et transparences (Dan Graham, Michelangelo Pistoletto, Robert Barry, Daniel Buren).

Si l'on remarque un soutien pour leur propre scène (Jan Fabre, Wim  Delvoye,Berlinde de Bruyckere, Michaël Borremans..) ces collectionneurs s'emploient à acheter de jeunes artistes "pas encore dans le collimateur" comme le souligne Mimi Dusselier l'une des rares à tomber le masque. Par contre l'on remarque une absence des scènes des pays dits émergents. Repli ou l'objet d'un prochain volet ?comme le glisse Martine Aubry lors du vernissage. Une chose est sûre il est urgent de découvrir cette tribu hospitalière qui ne prend pas facilement la grosse tête ! Leurs homologues français pourraient bien en prendre de la graine..



Informations pratiques :

Passions secrètes
Collections privées flamandes
Lille 3000
Tri Postal jusqu'au 4 janvier 2015

Site web dédié :

(Lille est à 1h de Paris en TGV)



A la Piscine (Roubaix), 3 expositions majeures : C. Claudel, J. Meyerowitz et K.McKirdy

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Camille Claudel, Vertumne et Pomone (détail) 1886-1905 Marbre blanc Musée Rodin Photo Christian Baraja
Camille Claudel, La Petite Châtelaine, 1892-1896 Marbre, Roubaix, la Piscine Achat du musée en 1996
Camille Claudel, la Valse ou les Valseurs 1898-1905 Bronze, musée Rodin Photo Christian Baraja

Joel Meyerowitz The Elements : Air/Water 07,2006 Courtesy the artist
Joel Meyerowitz Sarah Provincetown, Massachussets, 1981 Courtesy the artist

Scénographie de l'exposition Kristin McKirdy par Jean de Piépape, Sèvres-Cité de la Céramique 2012
Kristin McKirdy Corne d'abondance, 2003 Collection privée  © Benoit Grellet 
Kristin McKirdy, Sans titre, 2013 Collection privée/Courtesy galerie Jousse Entreprise  © Benoit Grellet 

Camille Claudel, prophète d'un art nouveau :
"Retourner à l'oeuvre de Claudel et ne plus s'arrêter à simplement sa biographie" tel est l'ambitieux défi de cette exposition à la Piscineà l'occasion de son 150è anniversaire, comme le résume Anne Rivière co-commissaire avec Bruno Gaudichon, le conservateur de ce qui ressemble à un évènement quand on mesure l'ensemble des prêts exceptionnellement rassemblés. Ainsi 150 oeuvres de provenance publiques (dont le musée Rodin, Orsay et le futur musée de Nogent s/Seine) et privées dialoguent avec d'autres sculptures de son temps dans une mise en perspective qui renoue avec la grande histoire de la sculpture. Des confrontations inédites bien sûr avec le maître mais pas seulement, pour une invitation à une redécouverte en profondeur et au delà du mythe. Camille Claudel s'inscrit dans l'influence du naturalisme ce qui la conduit à l'atelier de Rodin où elle vit alors l'une des périodes les plus fécondes oscillant toujours entre une véritable fusion et une farouche volonté d'indépendance en témoigne de troublantes correspondances entre les oeuvres. Mais chez Rodin il s'agit du désir, du rapt de la femme comme avec "l'Eternel Printemps" alors que chez son élève on penche plus du côté de l'intime, de l'adoration de l'homme, de la tendresse avec son sublime "Sakountala" et ses portraits d'enfants, autre source d'inspiration, dont "la Petite Châtelaine", véritable pivot du parcours. Icône des collections de la Piscine acquise à la suite d'une souscription publique (la première en France !) en 1995 rapprochée d'autres versions introduit le chapitre des innovations plastiques de l'artiste, en l'occurrence ici le traitement très libre de la chevelure et surtout le rapport avec la lumière, à rapprocher de la démarche Impressionniste. Même si elle reste fidèle dans ses portraits du style néo-florentin sa réutilisation permanente des oeuvres qu'elle transforme et le rapport qu'elle ouvre avec les arts décoratifs aidée en cela par Eugène Blot annonce véritablement l'Art nouveau comme avec "les Causeuses" en onyx qui ne sont pas sans rappeler le japonisme en vogue. Cette singularité va réellement s'inscrire avec "l'Age mûr" aux accents dramatiques élaborée dans la même période que la tournoyante "Valse" annonçant l'inexorable rupture et résignation solitaire avec la douloureuse "Implorante", déclinaison rendue autonome. Destinée cruelle et décrépitude promise avec "Clotho", la Parque abandonnée associée à trois versions contemporaines dans une esthétique tragique très fin de siècle. Une introspection qu'elle n'aura de cesse alors de creuser jusqu'à l'agonie obsessionnelle finale de la "Niobide blessée" qui agit comme en contrepoint de l'amoureuse triomphante du Sakountala à l'entrée du parcours. Comme si cette sérialité des oeuvres ultimes bien loin d'être un essoufflement ou une impasse comme on l'a souvent décrit, pouvait au contraire annoncer les voies de la modernité future. Refuser toute forme d'obédience telle aura été la plus grande aventure de sa vie, peut on se dire à l'issue de ce parcours à la fois chronologique et thématique.Nul doute que cet éclairage nouveau qui précède la création du musée Camille Claudel à Nogent sur Seine en 2015, le musée Rodin à Paris étant toujours en travaux, n'ait un impact et réel succès servi par une scénographie subtile toute en transparences.

Et comme la Piscine: musée d'art et d'industrie fidèle à son ADN pratique naturellement la pluridisciplinarité, c'est un photographe et une céramiste de renom qui viennent dialoguer en écho avec ses riches collections.

En immersion avec Joel Meyerowitz :
Pionnier de la couleur, maître de la street photography, le new yorkais Joël Meyerowitz fasciné par la découverte de cet écrin placé sous le thème de l'eau décide d'y présenter pour la première fois au public une nouvelle approche de son travail. Né sous le signe des Poissons, grand nageur lui-même "Immersion"est l'histoire d'un véritable mimétisme que l'on soit au bord ou dans l'eau. Présentées dans les anciennes cabines de déshabillage qui résonnent encore des cris des baigneurs, ces images nées de ces "convergences aléatoires" qui le guident interagissent avec des vues panoramiques dans le couloir. La ligne d'horizon, l'aube et le crépuscule, "entre chien et loup" jusqu'à l'idée même de l'illusion de la continuité qu'il met au point avec "Plages" inventant un concept formel où des personnages se déplacent de façon simultanée dans l'image. Et comme s'il voulait nous prouver davantage sa capacité à sortir de l'esthétique de la rue, la grande fresque "Visions" deuxième partie de l'exposition nous donne à voir l'histoire d'une vie et de ses rencontres aux Etats-Unis et en Europe avec la grande élégance qu'on lui connait. De Ground Zéro où il obtient un accès illimité, jusqu'à l'atelier de Cézanne en Provence, sa carrière basée sur l'instant décisif se déploie loin du white cube auquel il est habitué et ce cheminement prend alors une saveur toute particulière. La Fondation Swiss Life dans le cadre de son programme de mécénat avec la Piscine soutient cette exposition. (Joel Meyerowitz sera également présent à Paris Photo cette semaine).

Kristin McKirdy, céramiques :
Kristin McKirdy découverte par le public français lors de la rétrospective de la fin de sa résidence à Sèvres Cité de la Céramique où elle avait su avec talent transposer le répertoire de l'auguste Manufacture, présente à la Piscine ses dernières créations dans une démarche de plasticienne avec une mise en scène conçue comme un plateau horizontal renforçant la dimension du socle qui lui est cher. Nombreux sont les artistes contemporains à s'essayer aux arts du feu par pure stratégie mais sans conscience des réels enjeux et exigences, alors que chez cette américaine vivant en France historienne de l'art, il s'agit d'une rencontre d'un savoir-faire et de l'aventure de la forme. Dans un espace poétique bien à elle, elle rejoue des paysages et des choses vus et vécus dans un jeu hypothétique où l'humour n'est jamais loin. Le dehors et le dedans, le lisse et le rugueux, le visible et l'invisible, l'archaïque et le contemporain, ces fragments agissent comme des rébus d'un paradis imaginaire formel et symbolique. Plongez dans cette fable joyeuse et sensuelle au coeur de la matière !
Commissariat : Sylvette Botella-Gaudichon, chargée des collections et de la programmation Arts Appliqués a la Piscine, en partenariat avec Pierre-Marie Giraud, galeriste à Bruxelles. En France l'artiste est représentée par Jousse Entreprise.


Infos pratiques :


Camille Claudel, Au miroir d'un art nouveau
(et catalogue La Piscine/Gallimard)

Joel Meyerowitz Immersion
(et catalogue La Piscine/Swiss Life)

Kristin McKirdy

du 8 novembre au 3 février 2015

La Piscine, musée d'art et d'industrie André Diligent
23 rue de l'Espérance, Roubaix

http://www.roubaix-lapiscine.com

L'occasion d'un week-end prolongé avec le 11 novembre, commémoré avec le cycle "l'Adieu aux armes"et l'artiste lillois Eric Monbel au 1er étage de la Piscine.



Paris Photo : toute puissante Amérique

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Brea Souders French Postcard, 2011
Archival inkjet print
© Brea Souders, courtesy of Bruce Silverstein Gallery New York

Boris Mikhailov,The Theater of War, Second Act, Time Out, December 2013
Courtesy the artist/Galerie Suzanne Tarasiève, Paris

Thomas Mailaender, Girl liking thire
Courtesy the artist/galerie Bertrand Grimont Paris

Andreas Mühe, Unbekannt 43 I
Courtesy the artist/Carlier Gebauer galerie, Berlin 

Christopher Williams, Cutaway Model Zeiss Distagon T *2.8/15 ZM 
Courtesy the artist/David Zwirner New York

Mona Kuhn, Mirage, Private series
Courtesy the artist/Jackson Fine Art Atlanta

Cristina De Middel, This is what hatred did #37
Courtesy the artist/Black Ship galley New York

Katsumi Omori, Everything happens for the first time, Fukushima-shi, Fukushima
Courtesy the artist/MEM gallery Tokyo

Catherine Wagner, Artemis/Diana, 2013-14
Courtesy the artist/gallery Luisotti, Santa Monica


Paris Photo cette année rassemble 169 exposants (143 galeries, 26 éditeurs), provenant de 35 pays (dont 10 nouveaux parmi lesquels l'Arabie Saoudite, le Brésil, l'Australie, le Chili, la Chine, la Grèce, l'Iran, ce qui nous réserve de belles surprises). Un chiffre en hausse. La France reste maître du jeu avec 31% (45 galeries) mais est talonnée de près par les Etats Unis avec 20% (29 galeries), suivis par l'Allemagne à 12%. Si le marché arrive à un moment de maturité comme l'explique Julien Frydman, directeur de la foire de plus en plus de galeries d'art contemporain l'ont compris à l'instar de Daniel Templon (spectaculaire David Lachapelle) et Thaddaeus Ropac qui frappe les esprits dès l'arrivée avec les oeuvres choisies de Robert Mappelthorpe par Isabelle Hupert, présente au vernissage du matin (comprenez catégorie des guests, mieux que les Vips du début de l'après midi !) et nettement plus cérébrale que Zaïa qui fait une apparition cette fois sans ministre sur son sillage...Comme quoi les glissements avec la Fiac peuvent intervenir à bien des niveaux à commencer par les prix qui ne cessent d'enfler, certaines galeries ayant déjà quasiment tout vendu en une journée, Paris doit rester le centre du monde du moins encore une semaine avec une actualité photographique forte en résonance. L'on parle beaucoup du solo show de la galerie Particulière mais l'artiste Todd Hido est américain. Christopher Williams conjointement à son exposition au Musée d'art moderne de New York en impose à la David Zwirner tandis que Gagosian se consacre à Avedon et au maître de la street : William Eggleston rejoint par son acolyte Gary Winogrand à la Pace. Les 4 soeurs "Brown sisters" photographiées par Nicholas Nixon pendant 40 ans rejoignent le panthéon de la Fraenkel Gallery de San Francisco et Stephen Shore pousse le raffinement du banal à son paroxysme chez la 303. 

Mais comment les français s'en sortent-ils au milieu de cette internationalisation accrue et américanisation en puissance ? Ce qui ressort en tous cas c'est une grande diversité de l'offre à l'image des tendances du marché.

Pour les solo show l'on remarque à la galerie Suzanne Tarasiève les autoportraits emblématiques de Boris Mikhailov et Juergen Teller, Thibault Hazelzet  et ses manipulations expérimentales, tendance lourde cette année, chez Christophe Gaillard, Eric Poitevin qui réinterroge l'histoire de l'art dans des compositions sans artifice chez Peter Freeman, nouvel arrivant, la brésilienne Mona Kuhn venant compléter ce panorama hexagonal.
Parmi les projets thématiques de grande qualité je retiens Bertrand Grimont et son cabinet de curiosités "intensives voluptés" où l'on oscille entre le profane et le sacré avec des artistes intergénérationnels tels Will McBride,Thomas Mailaender, Marwane Pallas ou Olivier Metzger et Gilles Berquet. Autres thématiques fortes : la censure en Chine chez Paris-Beijing, l'art féministe des années 70 en Europe chez le londonien Richard Saltoun avec des oeuvres de Valie Export ou Helena Almeida, la Seconde Guerre mondiale par les photographes de Life chez l'allemand Daniel Blau, les paysages urbains ou intérieurs chez la seule galerie de province le Réverbère à Lyon, Mélanie Rio étant moitié parisienne à présent et les manipulations délibérées du medium chez le new yorkais Yossi Milo. 



Mes coups de coeur : Cristina de Middel (Black Ship) et le rêve avorté du programme spatial africain lancé par la Zambie en 1964.Eugene von Bruenchenhein qui transforme son épouse Marie dans une intimité érotique en une séductrice redoutable chez Suzanne Zander, Kati Horna récemment découverte au Jeu de Paume chez la mexicaine Grafika la Estampa, Miguel Rothchild et son geste iconoclaste chez Bendana-Pinel, la jeune Brea Souders et ses collages chargés d'électricité (Bruce Silverstein) ou encore la conceptuelle Catherine Wagner et sa série Rome works chez la californienne Luisotti. Si les prix vous dépassent vous pouvez toujours vous rabattre sur une autre tendance, les photographies anonymes comme chez Lumière des Roses (France) ou la californienne Fraenkel. 



A ne pas manquer l'étage réservé à la Collection avec le Museum of Modern Art of New York et ses récentes acquisitions et la collection privée Alkazi de New Delhi et ses tirages vintages des 19 et 20è siècle.


Pendant Paris Photo :
J'ai déjà parlé de Gary Winogrand au Jeu de Paume, William Eggleston à la fondation Cartier-Bresson, Alberto Garcià-Alix à la Maison Européenne de la Photographie, Serge Clément à l'institut Canadien ou Alexandra Navratil au Centre Culturel Suisse. Le Centre Pompidou ouvre sa galerie de photographie en accès libre avec le surréaliste Jacques-André Boiffard. Je ne peux que vous recommander le flamand Dirk Braeckman au BAL, époustouflant dans sa maîtrise des nuances du gris, une ascèse qui repose après tant d'images denses et saturées...
Du côté des Maisons de vente, chez Sotheby's superbe ensemble de Man Ray cédé par la succession de l'artiste, tandis que son assistante Berenice Abbott est à l'honneur chez Christie's. Artcurial lui se concentre sur Kertesz.



Infos pratiques :
Paris Photo
13-16 novembre 2014
Grand Palais 
Prix d'entrée : 30€


http://www.parisphoto.com/






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