©Nicolas Milhé
©Documentation Céline Duval
©Elmgreen et Dragset
©Not Vital
©Marc Desgrandchamps
Déjà lointains les dunes de la plage, les mouettes rieuses, les coups de soleil, le corps qui gratte, les galets sous la pointe de nos pieds, et pourtant Dinard et ses rivages convoqués par le commissaire d'exposition Ashok Adicéam ont cette faculté de nous habiter encore longtemps après. Comme une empreinte sur le sable mouillé qui ressurgit au fur et à mesure du flux et reflux de nos émotions. Vertus du souvenir et de ses ricochets dont s'emparent 40 artistes et pas des moindres quand on cite Mircea Cantor, Camille Henrot ou Matthew Day Jackson parmi tant de chouchous des collectionneurs. Il faut dire que les liens entre Dinard et l'art contemporain ne sont plus à prouver depuis que François Pinault a jetté l'ancre sur la terre de ses origines (Hope et Big Brother).
Documentation Céline Duval est une artiste qui se penche sur nos usages photographiques privés et familiaux et l'édification d'une inévitable légende qui convoque notre rapport au monde. Elle m'a véritablement séduite dans sa faculté à décomposer nos mythes et croyances tel le titre de son exposition à Rouen en 2009 "Tous ne deviendront pas des héros"!
Comme si de l'intime on basculait à l'étrange et ce dès l'entrée avec les images filmées par Agnès Varda dans l'énergie de la Nouvelle Vague. Bord de mer ou Border line ? Un même espace où des puissances contradictoires s'invitent. La plage des châteaux de sable et des stigmates de la guerre (Jean-Yves Jouannais l'Ange de l'histoire). Images paradoxales dynamitées par Claire Adelfang du bunker de la base sous-marine de Saint-Nazaire, "Meurtrière" de Nicolas Milhé ou illusionisme à la Magritte par Marie Jager "this is a cloud". Puis nous glanons d'autres énigmes laissées sur l'estran par la marée avec Rachel Labastie, Sigalit Landau, Tania Mouraud (magnique accouplement de baleines) ou Huang Yong Ping "la pêche". Liaisons dangereuses de l'homme et la nature où les désastres à venir pointent à l'horizon.
Confirmation du chaos avec The End et la spectaculaire installation de l'indienne Hema Upadhyay à partir de cet ancien village de pêcheur devenu le plus grand bidonville de l'Inde, Dharavi. Même effroi chez Mircea Cantor et son Monument pour la fin du monde, métaphore de l'incertitude située dans une mégapole de bord de mer en Corée du Sud. Le climax est atteint dans cette esthétique du sublime chère à Camus qualifiée ici "d'amour atomique"où sont convoqués le gouffre et la terreur avec des oeuvres de David Claerbout, Kris Martin, Gina Pane, Shen Yuan, Djamel Tatah...Noces apocalyptiques et vibratoires à la hauteur de ces topographies tumultueuses qui ne cessent de se réinventer. "Homme libre, toujours tu chériras la mer !"
Infos pratiques :
Dinard, l'amour atomique
Palais des Arts et du Festival
Derniers jours !
A ne pas manquer également "Quartiers d'été et la collection de Bernard Magrez" à la sublime Villa des Roches Brunes, pointe de la Malouine.
http://www.ville-dinard.fr