Quantcast
Channel: Métamorphoses et Vagabondages
Viewing all articles
Browse latest Browse all 445

Penone et le triomphe de la nature à Versailles

$
0
0










Giuseppe Penone, Spazio di Luce, bronze et or, 2008,vue de l'exposition au château de Versailles, 2013.Courtesy of Giuseppe Penone. Photo by Tadzio

Giuseppe Penone, Tra scorza e scorza, Entre écorce et écorce, chêne et bronze, 2003. Courtesy of Giuseppe Penone. Photo by Tadzio

Giuseppe Penone, Le foglie delle radici, Versailles, 2013. Courtesy of Giuseppe Penone. Photo by Tadzio

Giuseppe Penone, Le corps d'un jardin, vue de l'exposition Galerie Marian Goodman, courtesy l'artiste et de la galerie Marian Goodman Paris/New York
Pelle di foglie – 2° volto-mano, 2007
Bronze
206 x 120 x 108 cm (81 1/8 x 47 ¼ x 42 ½ in.)
Courtesy de l’artiste et de la Galerie Marian Goodman, Paris / New York


Après la folie des grandeurs façon Koons ou Vasconcelos, retour à la raison avec pour l'annéeLe Nôtreà Versailles, Giuseppe Penone choisi par Catherine Pégard actuelle présidente. Souvent rattaché à l'arte povera, Penone lié au végétal et au motif naturel, a fait du bois son motif de prédilection optant pour des répliques en bronze et jouant à chaque fois du mimétisme et du métissage. La patine obtenue sur ce matériau parfois rehaussé d'or créé des contrastes comme si la lumière se posait sur ces fragments pour leur donner une nouvelle vie. Un gigantisme inné pour ce contemplatif qui sculpte la force du temps. Mais l'art du baroque omniprésent à Versailles n'est jamais loin chez ce natif du Piémont, amoureux de la France. J'avais vu Spazio di Luce à Londres (WhiteChapel) l'année dernière mais je dois dire que c'est une toute autre impression qui s'en dégage de la terrasse du château par une chaude matinée de juin. Comme un coléoptère géant face à la perspective royale qui nous amène tout naturellement à l'emblème de cette exposition Tra scorza e scorza, Entre écorce et écorce taillé dans un cèdre tombé lors de la fameuse tempête de 1999 et récupéré par l'artiste. Ou comment se mesurer à la grandeur par la modestie, telle pourrait être la leçon que nous laisse ce poète- forgeron qui a tout de suite vu en Versailles la représentation d'une idée "tous les points de vue forment un kaléidoscope visuel..les arbres forment des ensembles, le parterre est vu comme un tapis.."Et c'est justement sur ce tapis qu'il pose ses "anatomies" de marbre blanc, autre versant de ses recherches sur le corps et ses empreintes. Veines et ramifications multiples qui se croisent comme dans une étreinte. Geste du sculpteur et posture du corps humain figé. Mythe ovidien de la transformation de l'humain en végétal, métamorphoses...Il faut se perdre alors pour mieux se retrouver dans les arcanes du pouvoir du Roy, ces allées et bosquets magistralement ordonnées par son fidèle jardinier, Le Nôtre. Au fil du parcours comme des météorites foudroyées au sol, corps brisés, racines au ciel : des gisants en plein vol luttent pour leur survie. L'effet de surprise est à son comble bosquet de l'Etoile pensé comme une véritable salle de verdure comme nous le rappelle Alfred Pacquement, le commissaire de l'événement, où l'on assiste à un véritable ballet avec comme figurants une danseuse en "élévation", un équilibriste (chêne), un cerisier "idées de pierre"...féérie magistrale bien que silencieuse. 
A l'intérieur du château la présence se veut plus discrète comme si le face à face se jouait ailleurs, trois oeuvres dont Respirare l'ombra, foglie di tè, hommage discret à Marie-Antoinette qui en raffolait ? on est bien loin des excentricités de Melle Vasconcelos. Grande intelligence et sagesse que de savoir se fondre dans un environnement pour mieux le servir et le révéler.Si comme le déclare Penone "L'homme s'efface dans le jardin au profit de l'esprit de la collectivité humaine qui a généré une telle organisation de la nature"il est fort à parier qu'il saura convaincre les résistances ultimes d'un public amoureux de la nature et du patrimoine quelque peu égaré ces derniers temps par l'ego démesuré des hôtes contemporains du lieu.Triomphe de la pensée dans cette synthèse inédite et vibrante que l'on peut prolonger à Paris à la galerie Marian Goodman qui nous livre en parallèle le Corps d'un jardin, exposition conçue avec Laurent Busine, directeur du Musée des Arts Contemporains du Grand Hornu.
Organisée en trois pôles : mariage, étreinte, cortège la sélection d'oeuvres ouvre une part plus intime du créateur avec notamment la série Peaux de feuille ou Spine d'acacia-palmo où il est question de la limite. Au delà du visible. Frisson de la peau parcourue d'épines. Empreintes du sublime dans une dualité sensualité/agression qui ouvre un nouveau champ des possibles. Comme si le théâtre de la verdure avait trouvé de nouvelles forces en puissance.



Infos pratiques :
Penone Versailles,
jusqu'au 31 octobre 2013
entrée de l'exposition par la cour d'honneur du château de Versailles, avec le billet d'accès au château.
Pour l'accès aux oeuvres dans les jardins seulement, accès gratuit sauf les jours de Grandes eaux musicales.

Penone
Le Corps d'un jardin
Galerie Marian Goodman
jusqu'au 22 juin 2013
79 rue du Temple 75003 Paris

www.mariangoodman.com




Viewing all articles
Browse latest Browse all 445

Trending Articles