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Channel: Métamorphoses et Vagabondages
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Lorna Simpson, cantique du souvenir et rumeur du corps

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Lorna Simpson, Momentum 2010 Vidéo HD, couleur, son — 6’56” Courtesy l’artiste, Salon 94, New York, et Galerie Nathalie Obadia, Paris/Bruxelles. © Lorna Simpson 


Stereo Styles, 1988 [Styles en stéréo] Dix Polaroid dye-diffusion noir et blanc, dix plaques en plastique gravées 146,7 x 318,1 x 3,5 cm l’ensemble Collection Melva Bucksbaum et Raymond Learsy © Lorna Simpson
 
[de gauche à droite] [Audacieux / Sage / Sévère / Long et soyeux / Garçonne / Sans âge / Ridicule / Magnétique / Bucolique / Mignon] 

Lorna Simpson Wigs II, 1994-2006 Sérigraphie sur soixante-et-onze panneaux en feutre (images et textes)Courtesy l’artiste, Salon 94, New York et Galerie Nathalie Obadia, Paris/Bruxelles. © Lorna Simpson

Ellen Gallagher's Wiglette from DeLuxe 2004: 'A very late-flowering strain of surrealism.' Photograph: courtesy of Gagosian

Lorna Simpson 1957-2009, 2009 (détail) 299 épreuves gélatino-argentiques encadrées 12,7 x 12,7 cm chaque (taille de l’image) Rennie Collection, Vancouver © Lorna Simpson


 Lorna Simpson, Waterbearer [Porteuse d’eau], 1986 Épreuve gelatino-argentique, lettres en vinyle, 149,9 × 203,2 × 5,7 cm l’ensemble Courtesy de l’artiste, Salon 94, New York, et Galerie Nathalie Obadia, Paris/Bruxelles © Lorna Simpson 

 Lorna SimpsonThe Car, 1995 [La Voiture] (détail) Sérigraphie sur douze panneaux en feutre, avec un pan- neau de texte en feutre 259,1 x 264,2 cm l’ensemble Courtesy l’artiste, Salon 94, New York, et Galerie Nathalie Obadia, Paris/Bruxelles © Lorna Simpson

[J’entendais les voix d’un couple, au loin, en train de se disputer. Comme s’ils étaient entrés sous les arches mais que seules leurs voix étaient entrées, leurs voix qui restent là un moment alors qu’eux-mêmes ont franchi le passage et poursuivent leur chemin. La vivacité du ton indique une dispute, bien que je ne sois pas entièrement concen- trée sur eux. J’ai l’impression que, même s’ils avaient traversé, ils n’auraient remarqué la présence de personne, surtout pas de gens faisant l’amour. Quoi d’autre ? Il est environ midi et l’écho est tel qu’on entendrait une mouche voler. Une portière ouverte, l’heure idéale, l’occasion idéale. Nous montons dans la voiture, qui devient un minus- cule réduit dans une pièce plus grande.] 
Le texte indissociable de l'image chez Lorna Simpson ; ce que nous voyons remis en cause par ce que nous entendons, les limites de nos présupposés photographiques c'est tout l'enjeu de cette première rétrospective d'envergure organisée en Europe par le Jeu de Paume. Un "Reenactment" continu servi par un parcours magistralement orchestré par Joan Simon, la commissaire des premiers photo-textes performatifs de 1985 à la saga photographique de 2009 jusqu'à une toute dernière pièce spécialement conçue pour l'évènement Chess (Echecs) de 2013. Qu'elle photographie de dos pour interpeller le spectateur comme on le voit dans les premières salles ou qu'elle utilise des substituts du corps humain ou le feutre après avoir vu une exposition de Joseph Beuys à Paris, elle poursuit toujours les thèmes qui la préoccupent : la question du genre et de l'identité mais aussi le déroulement du temps et son inversion. Qu'il s'agisse de photos où elle se met en scène ou d'images trouvées transformées elle joue sur le souvenir et ses déformations :"Please remind me of who I am" dans ces constellations collectives du portrait photographique. Si l'artiste Terry Adkins (video Cloudscape) siffle un cantique Simpson joue une mélodie qu'elle passe en boucle dans un sens puis à l'envers. Des reconstitutions simultanées de situations qui s'apparentent à des rituels comme dans ses effets de miroir (Chess-Echecs 2013) où elle rejoue un procédé photographique inspiré du surréalisme. Première Noire à participer à la Biennale de Venise en 1990 elle a baigné dans la performance et le cinéma auprès de nombreux artistes et réalisateurs dans les années 1960 et 70 lors de ses années d'études à l'Université de Californie à San Diego. Ses oeuvres sont présentes dans de nombreux musées aux Etats-Unis et en Europe. C'était donc particulièrement pertinent de l'exposer dans cette grande institution parisienne. (Ne pas manquer le rapprochement avec EllenGallagher actuellement exposée à la Tate Modern à Londres).
A ses côtés l'artiste palestinienne Ahlam Shibli inscrit de nouvelles formes narratives cette fois ci dans le champ de la photographie documentaire. Un autre engagement autour de la notion du Foyer dans des contextes de répression violente de politique identitaire. Des questionnements multiples qui vont jusqu'à l'exclusion sociale ou l'absence. 
Enfin Rasha Salti écrivain et commissaire libanaise, programmatrice au Festival International du Film de Toronto (TIFF) depuis février 2011 propose un cycle de films autour de ces insurgés qui ont pris les armes pour défendre une cause. "Contre le déclin de la lumière(Ne vas pas doucement)" reprend le célèbre vers du Gallois Dylan Thomas, tellement mieux dans sa version originale "Against the Dying of the Light (Don't Go Gently)". à méditer..



Infos pratiques :


Lorna Simpson

Ahlam Shibli, Foyer Fantôme

du 28 mai au 1er septembre 2013



Jeu de paume
1, place de la Concorde – 75008 Paris

www.jeudepaume.org 



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