Quantcast
Channel: Métamorphoses et Vagabondages
Viewing all articles
Browse latest Browse all 445

Philippe Cognée, un rêve d'architecture

$
0
0




 





Philippe Cognée, Hong Kong, 2003
Peinture à la cire sur toile marouflée sur bois, 153 x 122 cm

Philippe Cognée, la Tour noire-Chicago

Philippe Cognée, Maison à Brazilia II, 2013
Peinture à la cire sur toile, marouflée sur bois, 153x225 cm

Philippe Cognée, la Tour noire-Chicago 2006
200 x 250 cm
Peinture à la cire sur toile marouflée sur bois. Collection de l’artiste

Philippe Cognée, Maquette d'architecture

Philippe Cognée dans son atelier à Nantes

Musée de l'hospice Saint-Roch, Issoudun masque Lula République démocratique du Congo, XXè s.


Dans le prolongement de la grande rétrospective du musée de Grenoble, Philippe Cognée investit le musée de l'Hospice St Rochà Issoudunà l'invitation de sa conservatrice, Sophie Cazé. Ce lieu relativement éloigné oblige à une certaine mise à distance. Il se mérite ! L'hôtel Dieu du départ a peu à peu évolué en musée au fil des legs et collections dans une architecture nouvelle confiée à Pierre Colboc (Orsay) lauréat du concours lancé en 1994. Agrandi il peut désormais accueillir les collections d'art moderne et contemporain (cabinet d'art graphique) et affirmer une politique d'expositions temporaires de premier ordre (Jean Messagier, Gérard Garouste, Edouard Pignon, Jean-Pierre Pincemin, Zao Wou-Ki). Ainsi  des anciennes chapelle (Arbres de Jessé uniques en Europe) et apothicairerie de l'hospice (officine complète conservée) nous basculons dans les oeuvres collectées par les missionnaires en Papouasie-Nouvelle Guinée, traits d'union vers les avants-gardes surréalistes fréquentés par Cécile Reims et Fred Deux, généreux donateurs également. Au delà c'est un art contemporain hors des clivages et catégories habituelles qui nous est proposé (Marcel Jean, Roberto Matta, Henri Michaux, Jean-Jacques Lebel,..) dans ces chemins de traverse chers à Sophie Cazé qui donnent son esprit au lieu. Philippe Cognée semble y avoir été sensible lui qui prône les accidents du hasard comme processus créatif à part entière. Connu et trop souvent réduit à sa technique de peinture à l'encaustique (cire d'abeille) recouverte d'un film rhodoïd chauffé au fer à repasser il amorce ici un tournant et donne une nouvelle dimension à sa réflexion autour de l'architecture. 

Portraits de maison
Dans la première salle qui mêle subtilement les atmosphères chaudes (vue du Caire) et froides (Bilbao, Seattle) les paysages urbains des grandes métropoles qu'il traverse physiquement et métaphoriquement (Google) donnent à voir une réalité souvent masquée celle des vies ordinaires de ceux qui les habitent. Ces anonymes à qui ces barres d'immeubles étaient dédiés dans un agencement de couleurs qui frise l'abstraction. Ainsi de cette géométrie austère il en imagine les manques opérant un "effacement de la précision pour rêver plus l'image". De son enfance au Bénin il a gardé en lui des saveurs et des sensations qui remontent à la surface de ses procédés comme avec ces portraits de maisons au Maroc qui plus loin rassembleront à des tapis chamarrés. Conscience politique et subjectivité assumée chez un artiste qui nous confie avoir voulu être architecte !

Vus du ciel 
Dans la deuxième partie de l'exposition signalée par cette incroyable maquette au sol, véritable installation et extension de ces paysages urbains,  on prend de l'altitude pour aborder un autre point de vue par le biais de la technologie Google Earth dans un vertige qui réinterroge la dialectique figuration/abstraction. La vision d'une ville future idéale à partir d'une matrice, toujours la même, la grille, une écriture froide, implacable. Confrontation de l'utopie et du geste. A l'ère de la globalisation et urbanisation triomphantes qu'en est-il de l'existence des forces cosmiques de la nature ?

Mettre en danger l'image
Présentées dans le cabinet d'art graphique, des photographies pour la première fois non retouchées de l'artiste et prises du métro new-yorkais à pleine vitesse évoquent l'effet de liquéfaction qu'il cherche à produire inlassablement. Voisinent des dessins au fusain écrasé comme le seraient des vestiges urbains après un chaos, une explosion primitive. Car il s'agit bien d'un combat, d'un rapport de construction et de destruction de l'image dans ces villes mégalithiques schématisées à l'extrême. Si les figures humaines sont peu présentes dans ce parcours elles n'ont néanmoins pas absentes des préoccupations de l'artiste comme en témoignent la superbe série de portraits dans le hall d'entrée issus de la série des Architectes (exposée récemment chez Templon). Architecture, une fiction d'aujourd'hui est bien ce raccourci fulgurant de deux dernières décennies de production marquées par une certaine mélancolie comme ces quartiers inhospitaliers, ces villes nouvelles sans âme qu'il regarde de son "tondo" avec une réelle empathie. A l'image de cette chaleur humaine avec laquelle il nous introduit à sa démarche le temps d'une journée privilégiée dans le cadre de ce musée, excentré mais habité. 

Le commissariat de l'exposition est assuré par Sophie Cazé, conservateur en chef du musée de l'Hospice et Djamel Meskache, directeur des éditions Tarbuste.

Philippe Cognée bénéficie également d'une exposition de dessins à l'Ecole des Beaux Arts de Paris (Cabinet Jean Bonna) où il enseigne et au musée des Beaux Arts de Dole (Jura).

Autres expositions en parallèle à l'Hospice Saint-Roch : Nicolas Garnier, le dessin comme pratique de l'ethnographie, et Gérard Deschamps-Raymond Hains.


Infos pratiques :

Philippe Cognée
Architecture, une fiction d’aujourd’hui
Du 25 mai au 1er septembre 2013

Musée de l'Hospice Saint-Roch, Issoudun (36)

http//musee.issoudun.fr

Catalogue aux Editions Tarabuste, 2013 Prix : 22 €.





Viewing all articles
Browse latest Browse all 445