© Malik Nejmi / Agence VU
© Malik Nejmi, Turfism, 2010 Lauréat de la Carte Blanche 2010
© Olivier Cablat, Extrait de la série Études de caractère, Hippodrome de Vincennes, 2012
© Olivier Cablat, Campagne de fouille, Étude du mouvement du cheval, 2012
© Mohamed Bourouissa, RIP 2011
Heureusement qu'il y a des lieux comme ça à Paris quand on rentre de Bruxelles l'esprit un peu dépité, de ces atmosphères gouailles et sophistiquées à la fois, du côté de la Place Clichy en voie de boboïsation aigüe où les news french hipsters arrivent avec leur progéniture en goguette pour célébrer le printemps. Je veux parler du BAL le nouveau concept de l'équipe Magnum et son café aux accents british déjà très couru. On y célèbre ce soir le PMU, la version Pop-ulaire des courses hippiques et son nouveau président fan d'art contemporain. Dans ma famille on n'a pas attendu Japeloup pour aimer et fréquenter les champs de course, l'un de mes oncles a fondé le Jockey Club, cercle ô combien fermé de la capitale mais quand on vient de la province on a forcément vécu l'effet PMU. Les parieurs nombreux sur le pas de la porte, les halos de fumée de cigarette (Gauloises de préférence) et la nécessaire appréhension quand il fallait jeune et jolie aller y acheter ses premières clopes ou carnets de timbres pour les plus raisonnables. Bref, tout un patrimoine vernaculaire qui ne s'invente pas ! Chaque petit village en France a son rendez-vous des turfistes (pas moins de 11 778 bars PMU sur notre territoire) et Raymond Depardon aurait pu se pencher sur le phénomène.
Philippe Germond, le nouveau président donc veut « créer la surprise, renouveler l'image de la marque ». Opération réussie en donnant carte blanche à des photographes sur l'univers du PMU ; après Malik Nejmi et Mohamed Bourouissa, c'est le tour cette année d'Olivier Cablat qui bénéficie pour la première fois d'une exposition au BAL pendant trois semaines. Ce qui a visiblement séduit un jury prestigieux composé entre autres personnalités de Jean de Loisy, Quentin Bajac, Stéphane Couturier et Jacqueline d'Amécourt, c'est la posture d'archéologue empruntée par Olivier Cablat qui à l'aide d'un processus de détourage isole ses figures et s'affranchit de l'environnement. Il force notre regard sur les mécanismes de fabrication d'une belle image dans une banalité qu'il s'impose à chacun de ses projets. Quand il recense quelques 40 000 noms de chevaux méticuleusement collectés on se croirait dans une série B. Vertigineux et drôle ! Chez Malik Nejmi (superbe catalogue aux éditions Filigranes) on pénètre plutôt chez les heureux du monde comme pourrait le faire Martin Parr car comme il le déclare lui-même "le turfisme rime avec toutes les religions". Une nostalgie Belle Epoque saisie à Chantilly qui côtoie le fric le plus trivial de "nous les pas riches". A l'heure où chacun peut désormais parier de chez lui derrière un écran digital et froid, pointe le regret de ce "patchwork social" en voie de disparition. Une parenthèse et un espace temps où toutes les frontières sont abolies. Belle initiative à déguster sans modération accompagnée d'un bon verre de Tourraine (Ah douce France !) avec un peu de Cheddar en prime pour nous rappeler que nos voisins Outre manche manient aussi le turfisme avec art !
Infos pratiques :
Fouilles. Olivier Cablat
Carte Blanche PMU 2012
du 24 avril au 12 mai 2013
BAL
6 impasse de la Défense 75018 Paris
www.le-bal.fr/fr