Johann Heinrich Füssli (1741-1825), Le Cauchemar (The Nightmare), 1781, Detroit, Detroit Institute of Arts, Founders Society © Bridgeman Art Library
Léon Spilliaert, "Digue la nuit. Reflets de lumière. Paris, musée d'Orsay© RMN (Musée d’Orsay) / Jean-Gilles Berizzi
Adolphe William Bouguereau, "Dante et Virgile aux Enfers", 1850, Paris Musée d'Orsay© Musée d’Orsay, dist. RMN / Patrice Schmidt
Friedrich Wilhelm Murnau (1888-1931) Faust, une légende allemande Allemagne 1926 Friedrich-Wilhelm-Murnau-Stiftung
Le Centre des monuments nationaux si était essayé sans succès à la Conciergerie avec une évocation confuse et incomplète de ce "gothic revival" qui continue à hanter nos esprits. A Orsay avec l'Ange du bizarre (titre emprunté à Edgar Allan Poe) on embrase véritablement ce romantisme noir européen des XVIIIè et XIXè siècle dont les résurgences ne cessent d'éclairer notre siècle. Genre considéré comme mineur de prime abord dont les anti-héros maléfiques inspirent Füssli et Blake qu'ils parent de démesure et de sublime. En France avec la faillite de la raison pure post-révolutionnaire Delacroix, Feuchère ou Hugo succombent aux séduction de l'imaginaire satanique dans une évocation de l'enfer, la mort, la folie et même le cannibalisme avec le Radeau de la Méduse de Géricault qui n'est autre qu'une prison flottante. Au supplice de ces vierges innocentes se mêle la sensualité et l'horreur des idéaux trahis. Après le siècle des Lumières l'obscurantisme des plus absolus. Goya s'empare de cette faillite dans les Désastres de la Guerre "le songe de la raison produit des monstres" avant que les Symbolistes n'élargissent le champ des références, bientôt relayés par la psychanalyse naissante. Tandis que Freud théorise l'inquiétante étrangeté, le fantastique et l'irrationnel ressurgissent de l'univers quotidien aussi rassurant soit il. Spilliaert et vogue du spiritisme chez Hugo. Dernier avatar de cette nouvelle vigueur avec les surréalistes qui à Paris redécouvrent la peinture de Caspar David Friedrich et les écrits clandestins du marquis de Sade. La même année à Hollywood les studios Universal posent les premiers jalons classiques du film d'horreur inspiré de Frankenstein ou de Dracula. Répondre à la faillite d'un ordre ancien par la quête du "merveilleux moderne" qui plane sur les villes et les objets telle est la feuille de route d'un Brassaï ou d'un Max Ernst plongé en pleine forêt. Magnifique conclusion d'Annie Le Brun sur ce "choix du noir", cet abîme puissant qui nous habite consciemment ou non. Tel que le déclare Victor Hugo "L'homme qui ne médite pas vit dans l'aveuglement. L'homme qui médite vit dans l'obscurité. Nous n'avons que le choix du noir."
Infos pratiques :
L’Ange du bizarre, Le romantisme noir de Goya à Max Ernst,
Musée d’Orsay,
du 5 mars au 9 juin 2013
1 rue de la Légion d’Honneur, 75007 Paris
Léon Spilliaert, "Digue la nuit. Reflets de lumière. Paris, musée d'Orsay© RMN (Musée d’Orsay) / Jean-Gilles Berizzi
Adolphe William Bouguereau, "Dante et Virgile aux Enfers", 1850, Paris Musée d'Orsay© Musée d’Orsay, dist. RMN / Patrice Schmidt
Friedrich Wilhelm Murnau (1888-1931) Faust, une légende allemande Allemagne 1926 Friedrich-Wilhelm-Murnau-Stiftung
Le Centre des monuments nationaux si était essayé sans succès à la Conciergerie avec une évocation confuse et incomplète de ce "gothic revival" qui continue à hanter nos esprits. A Orsay avec l'Ange du bizarre (titre emprunté à Edgar Allan Poe) on embrase véritablement ce romantisme noir européen des XVIIIè et XIXè siècle dont les résurgences ne cessent d'éclairer notre siècle. Genre considéré comme mineur de prime abord dont les anti-héros maléfiques inspirent Füssli et Blake qu'ils parent de démesure et de sublime. En France avec la faillite de la raison pure post-révolutionnaire Delacroix, Feuchère ou Hugo succombent aux séduction de l'imaginaire satanique dans une évocation de l'enfer, la mort, la folie et même le cannibalisme avec le Radeau de la Méduse de Géricault qui n'est autre qu'une prison flottante. Au supplice de ces vierges innocentes se mêle la sensualité et l'horreur des idéaux trahis. Après le siècle des Lumières l'obscurantisme des plus absolus. Goya s'empare de cette faillite dans les Désastres de la Guerre "le songe de la raison produit des monstres" avant que les Symbolistes n'élargissent le champ des références, bientôt relayés par la psychanalyse naissante. Tandis que Freud théorise l'inquiétante étrangeté, le fantastique et l'irrationnel ressurgissent de l'univers quotidien aussi rassurant soit il. Spilliaert et vogue du spiritisme chez Hugo. Dernier avatar de cette nouvelle vigueur avec les surréalistes qui à Paris redécouvrent la peinture de Caspar David Friedrich et les écrits clandestins du marquis de Sade. La même année à Hollywood les studios Universal posent les premiers jalons classiques du film d'horreur inspiré de Frankenstein ou de Dracula. Répondre à la faillite d'un ordre ancien par la quête du "merveilleux moderne" qui plane sur les villes et les objets telle est la feuille de route d'un Brassaï ou d'un Max Ernst plongé en pleine forêt. Magnifique conclusion d'Annie Le Brun sur ce "choix du noir", cet abîme puissant qui nous habite consciemment ou non. Tel que le déclare Victor Hugo "L'homme qui ne médite pas vit dans l'aveuglement. L'homme qui médite vit dans l'obscurité. Nous n'avons que le choix du noir."
Infos pratiques :
L’Ange du bizarre, Le romantisme noir de Goya à Max Ernst,
Musée d’Orsay,
du 5 mars au 9 juin 2013
1 rue de la Légion d’Honneur, 75007 Paris