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Channel: Métamorphoses et Vagabondages
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Agnès Thurnauer, la peinture qui nous regarde

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Agnès Thurnauer, Autoportrait 1, 2010 acrylique et bois sur toile 54x65 cm
Courtesy l'artiste

Agnès Thurnauer, Big-big#15, acrylique sur toile 1995 200x175 cm
Courtesy l'artiste, Collection Masathis

Agnès Thurnauer, Biotope (être un artiste) 2004,acrylique sur toile155x120 cm
Courtesy l'artiste, Collection Société Générale

Agnès Thurnauer, Reflexion on reflection 2011 acrylique sur toile 200x280 cm
Courtesy l'artiste, Collection privée

Agnès Thurnauer, Prédelle (now) 2008 acrylique sur toile 55x33 cm
Courtesy l'artiste

Agnès Thurnauer, Execution de la peinture 2010 acrylique sur toile 200x280 cm
Courtesy l'artiste

Agnès Thurnauer devant Olympia #2 et Matrice vernissage presse.

Claude Cahun (Lucy Schwob 1894-1954) Autoportrait vers 1928 Tirage argentique d'époque

Eva Hesse (sans titre) 1960 Huile sur toile 92x92 cm

Parcourir les collections du musée des Beaux-Arts de Nantes avec Agnès Thurnauer c'est entrer dans un monde de silence, le silence de la peinture en train de se faire. Un peu comme ces formes qui nous accueillent au seuil de la Chapelle de l'Oratoire"Big-big et Bang-bang"des personnages en mouvement devant la toile qui redisent la place donnée au regardeur. Comme chez Manet, son maître absolu qui donne l'orientation cardinale de l'installation de Nantes. "Now, when, then"durée et simultanéité, dualité toujours chez cette artiste de la transposition pour qui le texte et l'image restent indissociables d'un rapport physique et mental au temps. Glissements et porosité d'une oeuvre en réaction au flux. Des mots qui se déplacent comme pour apporter des réponses transitoires à des questions par essence immémoriales. Des prédelles aux ailes, il n'y a qu'un souffle celui de l'esprit et le mouvement ascensionnel renforcé par l'espace théâtral du lieu nous projette dans une dimension presque allégorique de l'acte de peindre. Prenant comme illustres témoins Madame de Senonnes d'Ingres, le Portrait d'homme de Tintoret ou L'homme assis à la canne de Picasso, chefs d'oeuvre du musée Agnès Thurnauer s'inscrit dans une filiation qui couvre tous les âges "une phrase en exergue" comme elle l'explique devant cette frise de 12 portraits. Un regard de la peinture totalement inédit et novateur pour un musée des Beaux Arts dû à Blandine Chavanne, conservatrice en chef du musée et Catherine Grenier conservatrice au centre Pompidou qui se partagent le commissariat. Que l'on soit chez Gerhard Richter, Eva Hesse ou Luc Tuymans il en va d'une certaine lecture de l'histoire de l'art où c'est la fulgurance du présent qui prime et dicte les croisements de la serveuse des Folies Bergères à la figure de l'écrivain traqué Michel Houellebecq lors de sa remise du prix Goncourt. Une "Exécution de la peinture"que surveille Picasso d'un oeil, tandis que l'Olympia se voit affublée de toute une cohorte syntaxique autour du mot femme. "Ma crevette, ma poupée, ma souris(..) ma nana, ma pute,ma traînée(...) une multitude comme pour redire l'impossibilité de la définition mais aussi du genre. Incursion dans la veine plus féministe de l'oeuvre d'Agnès Thurnauer qui a eu le mérite et le courage de s'attaquer au versant de la femme artiste si peu présent sur nos cimaises avec ces "Portraits grandeur nature" sur badges géants pièce emblématique du centre Pompidou (à l'entrée de l'exposition Elles@). Dans les Lecteurs il s'agit de la confrontation de Victorine Meurent l'une des muses de Manet et d'un rebelle lybien contemporain, personnages duels et hybrides qui s'inscrivent sur la mappemonde d'un même territoire, celui de l'espace critique. Une brèche qu'elle ouvre et qui prend vériablement sa source dans les Matrices,spécialement conçues pour le choeur de la Chapelle, matière mouvante de mots manifestes dispersés dans une géographie des profondeurs. Une traversée du corps et des slogans/injonctions à valeur esthétique autant qu'idéologique. Avec la somptueuse série des Biotopes, autres matrices ces contorsionnistes qui ne sont que des figures de l'artiste à l'oeuvre il s'agit d'images trouvées dans la presse comme la couverture du Monde du 11 septembre (2001). Des collages où l'acte de performance se voit modelé par la réminiscence de la lettre alphabétique. La peau de léopard indique quelque chose de sauvage, le tableau devenant circuit fermé, biotope à soi tout seul. Ce motif se poursuit dans le petit autoportait qui fait face à Claude Cahun. Habile rapprochement où le cerveau devient "autant matière que la couleur".
Temps historique, temps social, autobiographique même, la pratique picturale de l'artiste a cette faculté de mouvance et d'amplification qui agit longtemps après. Comme une énigme sans cesse réactivée par le regard elle nous parle de l'ici et maintenant. Le temps devient cet habitacle et réceptacle d'une vision à l'oeuvre que l'on arpente et prolonge avec bonheur dans le journal d'atelier d'Agnès d'une écriture concise et riche de sens.

Agnès Thurnauer est représentée par la galerie De Roussan, Paris.

Infos pratiques :

Agnès Thurnauer
Now, when, then de Tintoret à Tuymans

jusqu'au 11 mai 2014


Musée des Beaux-Arts de Nantes
 
Chapelle de l'Oratoire

http://www.museedesbeauxarts.nantes.fr

Autour de l'exposition : nocturnes, conférences, soirée spéciale carte blanche à l'artiste, week-end Télérama, concerts, vacances au musée...

Visionner la :

+ Bande annonce "Now when then"

Catalogue publié à l'occasion Fage éditions/musée des Beaux-Arts, 94 pages 22€

Journal et autres écrits d'Agnès Thurnauer, Beaux-Arts de Paris éditions 2014 20€




 

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