Gego, Tejedura 89/13, 1989 © Fundación Gego
Gego, Sans titre (Tamarind 1843 Color separation N°1)1966 Gouache sur papier 47x32 cm © Fundación Gego
Gego, Esfera N° 5, 1977 © Fundación Gego
Gego during installation of Reticulárea. Museo de Bellas Artes, Caracas 1969 Photo: Juan Santana © Fundación Gego
Alors que se referme bientôt à Hambourg, sa ville natale où est organisée à la Kunsthalle une exposition de Gego (née Gertrude Goldschmit 1912-1994) et d'Eva Hesse, deux artistes qui mettent en jeu des oeuvres sérielles et conceptuelles, à Paris la Maison de l'Amérique Latine propose un concentré de 40 oeuvres provenant de la Collection Mercantil à Caracas et d'autres pièces de la Fondation Gego. Cette artiste exilée à Caracas en 1939 et diplomée architecte-ingénieur de l'Ecole technique de Stuttgart en 1932 par son utilisation aérienne de la ligne défiant la gravité compte parmi les artistes emblématiques de l'Amérique latine des années 1950 à 90. Pour l'artiste la ligne est l'image et constitue l'oeuvre en soi. Combinée à une exaltation du matériau (fils en acier, grilles, barbelés, clous, câbles) les Reticulares (Réticulaires) armatures suspendues peuvent atteindre des dimensions spectaculaires et même devenir tridimensionnelles Chute Réticulaire (Chorro Reticulàrea). De véritables "réseaux d'essaims métalliques dépourvus de centre, sans projet, aléatoires" se dessinent alors et déportent la pièce vers les marges comme l'explique le critique Luis Pérez Oramas. Le spectateur devient le coeur d'une expérience physique inédite comme on le retrouvera chez d'autres artistes de cette époque : la fameuse galaxie cinétique latino-américaine avec par exemple les Pénétrables de Jesus Rafael Soto. Se joue alors sur les murs et le sol le ballet des ombres portées. Une danse entre le vide et le plein, gracieuse, légère et musicale, comme avec les Verticales qui se rapprochent d'instruments traditionnels africains. Un flux anarchique et jubilatoire ou le sursaut vital, l'énergie créatrice flirtent avec l'abscence, le rien. Filets, tissages que l'on retrouve déclinés sur son oeuvre papier, autre volet en parallèle exposé. Comme si les halos de lumière des compositions géométriques préfiguraient les limites canoniques du dessin. Eau-forte, aquarelles rejoignent les automatismes d'Henri Michaux dans une dérive obsessionnelle riche d'infini. Artiste inclassable, Gego la visionnaire est aussi célébrée dans le très subtil documentaire de Nathalie David, plasticienne française, dîplomée de la Villa Arson qui, dans une approche historienne et intimiste, mêle et entrecroise la vie et l'oeuvre de Gego à partir de témoignages de ses proches, de ses élèves (elle enseigna notamment à la Faculté d'Architecture et d'urbanisme à son retour de New York) et des curatrices de la Kunsthalle, commanditaire du film.
Un témoignage exigeant et poétique qui referme avec élégance cette parenthèse aux multiples échos et résonances. Ne manque plus qu'un voyage à Caracas à la recheche des nombreuses traces et monuments laissés dans l'espace urbain. Des gestes à valeur de projet social.
Visionner :
Bande-annonce du film Gertrud Louise Goldschmit GEGO de Nathalie David
GEGO | Gertrud Louise Goldschmidt - YouTube
Infos pratiques :Gego
Poétique de la ligne
jusqu'au 14 mai 2014
Maison de l'Amérique Latine
217 Bd Saint Germain, 75007 Paris
http://mal217.org/
Catalogue publié à cette occasion avec des textes d'Anne Louyot, Matthieu Poirier et Tahia Rivero.
Gego. Line as Object
29 novembre 2013 - 2 march 2014
KUNSTHALLE DE HAMBOURG