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Channel: Métamorphoses et Vagabondages
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Art Lovers, la collection Pinault fait escale sur la Riviera à Monaco

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Vue de l’exposition Art Lovers avec, au premier plan, une œuvre de Maurizio Cattelan (Sans titre, 1998), au deuxième une œuvre de Bertrand Lavier (Gabriel Gaveau, 1981) et au troisième une peinture de Yan Pei-Ming (Portrait de Giacometti) Photo JC VINAJ


Piotr Uklanski Untitled (Dancing Nazis) 2008

Vue de l'exposition Art Lovers avec au premier plan une oeuvre de Dan Flavin (Alternate Diagonals of march 2, 1964 To Don Judd) 1964 et de Zhan Huan (Old Baishi in 99 years old) 2007, au deuxième une oeuvre de Hiroshi Sugimoto (The Last Supper, 1999)

Urs Fischer Untitled 2011
Cire, pigment, mèches, acier Courtesy of the artist, Segalot, and Pinault Collection

Maurizio Cattelan, We 2010
Bois, fibre de verre, gomme polyuréthane, tissus
Courtesy of  Maurizio Cattelan's Archive.Photo Zeno Zotti

Subodh Gupta, Et tu, Duchamp ? 2009
Black bronze, Hauteur totale : 237 cm
Coutesy the artist, Photo : Mike Bruce

"Art Lovers" ou la première implantation de la collection Pinault sur les bords de la Méditerranée dans le cadre de son programme "hors les murs". Sixième volet cet été à Monacoà l'invitation du Grimaldi Forum placé sous le signe de l'art d'après l'art, un fil conducteur savamment orchestré par Martin Bethenod, le commissaire de l'exposition et actuel directeur du Palazzo Grassi/Pointe de la Douane siège de la Fondation Pinault. Une quarantaine d'oeuvres majeures, dont certaines exposées pour la première fois hors de Venise explorent les concepts de la copie, du simulacre, de la mimesis à l'ère des enjeux de la postproduction,selon le principe d'intertextualité développé par le critique littéraire Gérard Genette dans l'ouvrage de référence "Palimpsestes". 
De la citation à la filiation, du simulacre au pastiche, du détournement à l'appropriation des concepts certes contemporains mais qui traversent toute l'histoire de l'art comme en témoigne l'une des oeuvres les plus discrètes par sa taille mais pertinentes du parcours de Giulio Paolini "l'Invenzione di Ingres"soit la superposition de l'autoportrait de Raphaël par celui qu'en avait fait Ingres en 1969.Où commence la contrefaçon ? mise en abyme subtile reprise dans ses deux Vénus en plâtre à l'identique "Mimesi" qui ponctuent la grande galerie de sculptures de la première salle, envisagée selon la tradition classique. Le bas relief (Charles Ray), le gisant (Maurizio Cattelan), le buste (Jeff Koons), le groupe (Rachel Whiteread) tous les genres sont convoqués et convergent vers le fantastique memento mori d'Urs Fischer, triptyque sculptural à la déliquescence programmée. Cette première partie s'achève dans un mélange ironique des citations avec le Dancing Nazis, réemploi par l'artiste de deux oeuvres antérieures entre plaisir et dégoût, art et divertissement. 
La deuxième partie du parcours qui s'ouvre avec le polyptyque 727-272 de Takashi Murakami se focalise sur la notion de transposition d'une culture à l'autre (ici importance de l'histoire de l'art d'Extrême Orient), d'un médium à l'autre avec Louise Lawler et sa petite danseuse de Degas ou Cyprien Gaillard et son esthétique crépusculaire wagnérien, d'un registre à l'autre : du sacré au profane et vis et versa avec un mauvais Damien Hirst à la manière de Francis Bacon heureusement rattrapé par ses quatre évangélistes, point de bascule avec la troisième section où Hiroshi Sugimoto, Marlène Dumas et Adel Abdessemed revisitent l'iconographie chrétienne de la Passion recontextualisée. 
Dans la quatrième section il est question de l'hommage d'un artiste à un autre par le biais de la dédicace (Dan Flavin), le portrait qu'il soit parodique (Maurizio Cattelan et Gilbert and George ou Alighiero et Boetti), poétique (Rudolf Stingel et son ami Franz West) ou visionnaire (Yan Pei-Ming et Giacomtti). 
La cinquième section se focalise sur les pratiques de remploi et de remake que l'on soit dans le dessin (les frères Chapman et les Caprices de Goya ou Richard Prince et De Kooning) l'art africain comme vecteur de questionnements identitaires avec Chen Zhen, Bertrand Lavier et David Hammons autour de la parodie du trophée et enfin le cinéma avec Douglas Gordon et Javier Téllez (found footage et dédoublements psychiques). 
Dans la dernière section avec la démarche d'appropriation active depuis les années 60 et surtout dans les années 80 on atteint en quelque sorte un point limite, comme en témoignent les figures de Sherrie Levine (série After August Sander) et Elaine Sturtevant (Warhol Flowers et Untitled Felix Gonzalez-Torres America America). Clin d'oeil de cette dernière oeuvre du parcours aux oeuvres précédemment exposées au Grimaldi Forum dans leur version originale à l'occasion de SuperWarhol en 2003 et New York New York en 2006. Entre les deux, Jonathan Monk et son emprunt à l'allemand Martin Kippenberger à l'ère de la production globalisée qui peine à convaincre. Sans doute tout est une question de distance juste du regardeur comme le rappelle le crâne rutilant et inoxydable de Subodh Gupta à l'extérieur et entrée du Forum ou le "Hanging Heart" de Jeff Koons qui accueille les visiteurs. C'est bel et bien le principe sous-jacent à la contemplation d'une oeuvre archétypale quand à l'instar du régime instable des images, un palimpseste peut retourner à son état de matière première, vierge de toute réécriture comme le fera à la fin de l'exposition la scène de l'Enlèvement des Sabines d'Urs Fischer, vanité ultime de l'art d'après l'art.

En contrepoint de votre visite, ne manquez pas au Palais Princier trois sculptures de Subodh Gupta, Urs Fischer et Thomas Schütte. 

Infos pratiques :

ArtLovers : Histoires d'art dans la collection Pinault
jusqu'au 7 septembre 2014

Commissariat : Martin Bethenod

Grimaldi Forum
10 avenue Princesse Grace, Monaco

www.grimaldiforum.com

Catalogue de l'exposition : coédition Lienart/Grimaldi Forum, 208 pages, 33 €, bilingue : français/anglais




Rosson Crow au MRAC de Sérignan, vertiges de l'histoire

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Rosson Crow, Far from heaven 2013 Huile.acrylique sur toile 187,96x157,48cm. courtesy Galerie Nathalie Obadia, Paris/Bruxelles
Rosson Crow, vue de l'exposition au MRAC de Sérignan 2014 photo JP Planchon
Rosson Crow, I Just Can't Stop Loving You, 2009 Huile.acrylique et émail sur toile 213,36x289,56 cm.courtesy galerie Honor Fraser, Los Angeles
Rosson Crow, Salon de réception avec Bud Light, 2009 Huile.acrylique et émail sur toile 218x300 cm.© Joshua White, courtesy Galerie Nathalie Obadia, Paris/Bruxelles. Collection privée
Rosson Crow, Pop Art Palazzo, 2009. Huile, acrylique et émail sur toile, 243 x 365 cm. © Joshua White, courtesy Galerie Nathalie Obadia, Paris/Bruxelles. Collection Carré d’Art – Musée d’Art Contemporain de Nîmes.
Rosson Crow, le jour du vernissage MRAC Sérignan 2014 Photo JP Planchon

L'exposition au MRAC (musée régional d'art contemporain) de Sérignan est la plus importante consacrée à la jeune artiste américaine Rosson Crow que sa galériste parisienne Nathalie Obadia découvre à Yale où elle passait son diplôme à 23 ans. Revendiquant ses origines texanes et passionnée par l'histoire européenne et française des XVII et XVIIIè siècle (elle s'est formée auprès de Peter Halley), elle aime télescoper les styles et les époques dans des mises en scène théâtrales où l'architecture prend une dimension allégorique et fictionnelle. Des intérieurs qui mêlent  l'ancien et le nouveau monde, le savant et le populaire (high et low culture), le profane et le sacré. Demeures patriciennes, jardins à la française mais aussi saloons, rodéos et casinos recomposés dans une orgie d'ornementation factice et anachronique pour déjouer les mécanismes de représentation et symboles du pouvoir, masculin la plupart du temps. Une palette élégante et grande maîtrise du geste la rattache à la grande peinture d'histoire dont elle se revendique mais loin d'une quelconque harmonie classique. Couleurs acides et saturées, lignes de fuite contredites et usage de l'adhésif ou des coulures pour des effets saisissants. Une vision fragmentée et mondialisée du Rêve américain dans ces états violents du Sud avec "Through the Miror at the Beehive House", ancienne plantation, ou dans ces antichambres du pouvoir dont elle est s'est imprégnée des ambiances de Versailles au Ritz avec "Salon de réception avec Bud Light"où le mobilier Empire le dispute aux drapeaux américains et icônes Pop de Tom Wesselmann. Le cinéma hollywoodien n'est pas en reste avec notamment Far from Heaven, clin d'oeil au film de Todd Hayns où Julianne Moore a des allures d'héroïne hitchcockienne. Cet escalier torsadé est d'ailleurs un motif symbolique récurrent chez ce maître du cinéma comme avec Vertigo (de 2005 collection Nathalie Obadia) et le chignon de Madeleine et son double. Le vertige est à son comble dans "Psychic Shift in the Blue Room", récemment exposé au Royal Monceau, symbole du luxe s'il en est. L'artiste avait évoqué alors les références cinématographiques à Quentin Tarantino Django Unchained qui se passe justement dans les états du sud. Changement de tonalités qui deviennent plus sourdes avec "April 9th, 1968" et "Picnic at Arlington National (JFK)" quand la vanité et le motif des fleurs envahit tout le tableau, devenant une foule anonyme et presque menaçante. Avec "Some Go to Mecca, We Go to Graceland"c'est un peu comme dans les funérailles de Michael Jackson ("I Just Can't Stop Loving You") la dimension psychologique de l'espace devient palpable, sorte d'immolation des idoles et de faillite des utopies. Si le rêve américain a un prix, la trame que déroule Rosson Crow a la surface de ses toiles dans un équilibre instable entre abstraction et figuration pourrait en être une réactivation. 

En parallèle et à l'entrée du musée, après Félice Varini et Peter Downsbrough ce sont deux artistes émergents Armelle Caron et Sylvain Fraysse qui sont invités à intervenir à partir de leur pratique du dessin pour y faire entrer le paysage alentour. Micros-fictions où les ruines d'un domaine investi par l'artiste Dado à Sérignan Plage et le cours du fleuve de l'Orb à proximité du musée sont les protagonistes de ces lignes sinueuses qui nous conduisent jusqu'à l'espace d'exposition.

Hélène Audiffren signe là sa dernière exposition avant son départ de la direction du MRAC pour la Direction régionale des affaires culturelles PACA.

Ne manquez pas de découvrir la nouvelle présentation des collections 2014 et sa politique d'acquisitions renforcée avec les oeuvres de Guillaume Leblon, Ann Veronica Janssens, Tatiana Trouvé, Olivier Mosset, Kees Visser...

Infos pratiques :

Rosson Crow
jusqu'au 2 novembre 2014
Musée Régional d'Art contemporain Languedoc Roussillon

146 avenue de la Plage
34 410 Sérignan

http://mrac.languedocroussillon.fr/



Melik Ohanian, mémoires en jeu au CRAC de Sète

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Exposition ''Stuttering'' Melik Ohanian Girls of Chilwell 3 sculptures et technique mixte à l'échelle 1, Courtesy de l'artiste et galerie Chantal Crousel photographie Marc Domage CRAC LR Sète 2014

Exposition ''Stuttering'' Melik Ohanian - DAYS, I See what I Saw and what I will See 2011 Dispositif double projection video HD 2 x 42:00 mn Courtesy de l'artiste et galerie Chantal Crousel photographie Marc Domage CRAC LR Sète 2014

Exposition ''Stuttering'' Melik Ohanian Concrete Tears, 3451 
3451 larmes de béton et structure poli miroir Courtesy de l'artiste et galerie Chantal Crousel photographie Marc Domage CRAC LR Sète 2014 

1er plan : Red Memory photographies transparentes avec cadre et pied laiton Courtesy de l'artiste et galerie Chantal Crousel photographie Marc Domage CRAC LR Sète 2014


DAYS, I See what I Saw and what I will See 2011 Dispositif double projection video HD 2 x 42:00 mn Courtesy de l'artiste et galerie Chantal Crousel photographie Marc Domage CRAC LR Sète 2014

"Une exposition du niveau Pompidou" ce sont les mots que Noëlle Tissier emploie pour m'accueillir avec l'engagement et l'exigence qu'on lui connait, avant de me confier la mobilisation nécessaire à la réalisation d'un tel projet qui bénéficie du soutien de la galerie Chantal Crousel. Le Centre d'art contemporain du Languedoc Roussillon (CRAC) à Sète s'est mis en effet au diapason de Melik Ohanian, artiste choisi pour son exposition estivale et clin d'oeil à son parcours puisque c'est Ami Barak, alors directeur du Frac Languedoc Roussillon qui le repère et se trouve commissaire associé pour l'heure alors qu'il parcourt le monde désormais. Coutumier d 'un déplacement géographique et temporel dans des dispositifs complexes et immersifs qui placent le spectateur en situation d'expériences phénoménologiques intenses visant à interroger son rapport au monde, le cinéaste plasticien imagine "Stuttering" ou une orchestration du bégaiement du temps et de l'histoire sur 3 niveaux et autant de pistes d'interprétation possibles.
Dans la première salle après un prologue qui nous place résolument en situation de témoin oculaire, un écran double, diurne et nocturne pour les deux faces d'une même réalité, celle de l'exploitation sans merci de ces travailleurs forcés d'une mondialisation sans visage dans les sables du désert des Emirats à l'occasion de la construction de la ville de Dubaï. Continuité spatiale et lente du travelling et discontinuité du processus puisque chaque jour l'artiste tel un forcené a monté et démonté les 100 mètres du rail qui lui permettait d'avancer au coeur du campement. Des détritus au sol, une longue palissade, du linge qui pend, une climatisation de fortune, les phares d'une rare voiture et des hommes qui surgissent en combinaison de travail ou se lavent tant bien que mal dans une promiscuité palpable. Les portes des baraquements restent closes, l'imagination suffit. DAYS I See what I Saw and what I Will See est sorti à l'ouverture de la Biennale de Sharjah et les ouvriers étaient invités à sa projection.
Puis changement de décor avec une installation de 7 cauris (l'oeuvre s'appelle Shell comme le coquillage mais aussi un autre géant de la mondialisation) jetés au sol par les deux commissaires. Un coup de dé abolira t-il jamais le hasard ou les tressautements d'une histoire vouée à se répéter ? L'image en plus de ses vertus métaphoriques est très esthétique comme cette carte de l'Arctique conçue comme une partition de lumière d'un réchauffement climatique inéluctable ou cette scansion sémantique à trois occurrences "dire, voir et penser"sous la forme d'un disque en laiton doré. Au mur également des mots devenus sculptures autour du préfixe de négation anglais DIS-GRACE/LOCATE. La série de photographies qui donne son titre à l'exposition prises dans des jardins botaniques de Palerme jouent de cette pulsation du vivant dans un bégaiement de l'image généré par l'aller et retour du point focal. Puis apparaît devant ce paysage en mouvement, un globe transparent "Futuring Cosmos"posé sur un miroir, sorte d'abstraction ou de négation possible de l'univers.
Avec "A territory of no event"il s'agit d'un autre déplacement conceptuel dans la mémoire d'un désert mexicain appelé Zona del silencio où des récits réels et fictifs s'inscrivent autrement que par la voix qui ne peut curieusement pas passer dans ce champ magnétique. Le dispositif scénique n'est pas sans rappeler le cinéma avec un jeu d'aveuglement possible du spectateur s'il se retourne face à la caméra. Sur le côté "Earth Partitions" ou la transposition simultanée de secousses sismiques et sismographiques réinterprétées par un mime. Dans le couloir, quatre horloges matérialisent l'intervalle des secondes entre elles, tandis qu'un porte-voix repose sur son socle privé et dérouté de son usage premier. Un geste d'opposition symbolique qui résume à lui seul le propos de l'exposition toute entière dans son potentiel de dénonciation de nombreuses tragédies comme celle du génocide arménien, pays dont il est originaire.
Avec "Concrete Tears" soit 3451 larmes de bétons en lévitation pour le nombre de kilomètres exact entre Paris et Erevan c'est à nouveau le registre de l'invisibilité et de la disparition qui est convoqué, donnant à voir cet écart possible dans la représentation. Des micro-fictions comme autant de métonymies possibles. Salle suivante l'installation "Girls of Chilwell" avec ces trois sculptures féminines en plâtre sous son apparente douceur raconte cet épisode de la première guerre mondiale quand des ouvrières de l'usine d'armement de Chilwell s'exposaient à des effets secondaires graves. Avec "Pulp Off" il s'agit de redonner une seconde vie à l'ouvrage Mémoires de génocide arménien de l'essayiste Janine Altounian à nouveau dans cet écart extra fictionnel, cette brèche qu'il ouvre là où l'on ne l'attend pas. Hommage plus personnel à son père et son laboratoire de photographie avec "Red Memory", dans une sélection de ses propres oeuvres qui apparaissent sous l'action d'un filtre de couleur rouge, autre interstice de lecture possible de l'exposition. Le parcours du rez de chaussée se termine (ou se commence selon la déambulation choisie) par "Modelling Poetry"ou la collision prévisible de la Voie Lactée et de la Galaxie d'Andromède, ultime catastrophe rendue de nouveau saisissable par le procédé d'une intense pixellisation qui brouille nos repères. 
A l'étage une grande partie est consacrée au concept un peu fou de la "Datcha Project", sorte de forteresse de non production proche d'Everan où il invite régulièrement des artistes à partager un moment dans un village arménien, un ailleurs qui résiste. Le public qui n'a d'autres images qu'une maquette posée au sol et un message enregistré de l'artiste est invité tous les 5 ans à partager les résultats tangibles ou non d'une telle expérience. Dans le prolongement le "Datcha Project, producing history"produit trois tracts diffusés toute la durée de l'exposition sur le principe du Linotype, machine qui révolutionna l'histoire de l'édition. Avec "Selected Recording"engagé depuis 2000 il s'agit de générer un processus d'exposition inédit d'enregistrements photographiques du monde, chaque possesseur d'une image pouvant pour une durée déterminée échanger son exemplaire unique et indexé par un numéro. Autonomes et faisant partie d'un tout ces tirages qui dialoguent au fil des accrochages incarnent ce phrasé singulier de l'artiste, cette ponctuation du réel entre le vide et le plein, l'absence et la présence. Non pas juger le monde mais révéler notre manière de l'habiter dans des images préexistantes à notre regard. C'est là toute la justesse de la démarche de l'artiste qui se saisit du CRAC comme d'une caisse de résonance, une camera obscura géante. Deus ex machina d'un ailleurs physiquement éprouvé, ici et maintenant. Il aura fallu la généreuse intuition de sa directrice pour porter et donner le jour à un tel projet qui repousse encore davantage les limites de ce lieu ancré dans un territoire où la mémoire rejoue également l'histoire. 

Infos pratiques :

Melik Ohanian
Stuttering
jusqu'au 21 septembre 2014

CRAC Centre Régional d'art contemporain du Languedoc-Roussillon

26 quai Aspirant Herber, 
34200 Sète


Site personnel de l'artiste :




Les expos de l'été (suite) Montpellier : Patrick Tosani, Claude Viallat et la Panacée !

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© Patrick Tosani / Ville de Montpellier/galerie In Situ Fabienne Leclerc
© Claude Viallat Musée Fabre Montpellier 
© La Panacée vue du bâtiment et installation 24 Lignes
© Felix Gonzalez-Torres Untitled (placebo-landscape-for-Roni) 1993 Courtesy Sammlung Hoffmann Felix Gonzalez-Torres Foundation
© Dominique Blais Phases of the moon (full moon cycle) 2012 Correspondance production La Panacée Courtesy galerie Xippas.


François Cheval, conservateur en chef du musée Nicéphore Niépce de Chalon-sur-Saône et actuel commissaire de la passionnante exposition Patrick Tosani"Changements d'état" au Pavillon Populaire parle de "déluge pictural" et de "seconde peau" des objets quant à la pratique du photographe également professeur à l'Ecole Nationale des Beaux Arts de Paris. Des leurres qu'il convient au spectateur de débusquer dans cette provocation visuelle où le recouvrement, les humeurs, la chair le disputent à l'architecture dans ses mutations les plus étranges. Entre peau et pellicule le passage du sensible s'ordonne dans un échange singulier et proche du refoulement. Ambivalence et transgressions.

L'été 2014 à Montpellier est particulièrement riche car il célèbre aussi l'enfant du pays languedocien Claude Viallat ancien étudiant à l'école des Beaux Arts et à l'origine du groupe Supports/Surfaces fondé avec quelques amis artistes du sud. C'est Michel Hilaire, directeur du musée Fabre, commissaire de cette initiative qui l'invite à prolonger l'expérience fondatrice du Pavillon Populaire en 1997 aux côtés de son marchand parisien Jean Fournier sous une forme totalement inédite et "nomade" dans l'ensemble des espaces du musée et au-delà, fidèle à l'esprit Supports/Surfaces dont il va pourtant se détacher pour entreprendre une réflexion sur les gestes archaïques. Une carte blanche de quelques 200 pièces puisées dans son atelier nimois, auprès de la collection de son épouse Henriette Viallat et de nombreux prêts institutionnels prestigieux. Déambulation féconde dans ce jeu de correspondances entre les époques et les styles avec une prédilection pour les pratiques méditerranéennes et les artefacts primitifs. Rituels camarguais,tauromachie, éléments du quotidien ramassés sur les bords de mer et accumulés ici et là, cordes, ficelles et cerceaux qui imposent bientôt leur vocabulaire dans une synthèse formelle dont la rudesse n'efface pas le raffinement de la palette vénitienne. A l'éloquence de la couleur répond une concentration de moyens "purs". Ce côté brut a été renforcé par la scénographie avec parement en béton et toiles recto-verso suspendues. Des grands formats pour une nouvelle manière de "prendre l'espace"qui se déploient jusque dans le vaste atrium Richier. Plusieurs visites ou détours s'imposent tellement l'ensemble est dense et foisonnant. 

La Panacée, centre de culture contemporaine imaginé par Franck Bauchard se veut un lieu pluriel et flexible autour de 3 axes : les arts visuels, le numérique et les nouvelles écritures. A la fois enjeux de société et disciplines artistiques à part entière ses missions à l'instar de grands centres d'art européens tels le Garage à Moscou ou le CCCB à Barcelone visent à décloisonner les publics et interroger les systèmes de l'art. Je vais à la découverte de ce véritable îlot urbain inscrit dans l'histoire de la médecine à Montpellier et récemment réhabilité. Accueil convivial signalé par l'installation lumineuse des "24 lignes"qui ouvre sur l'espace café. Des pulsations dynamiques pour une manière de vivre au contact de l'art rejointes par d'autres interventions d'artistes sur l'aménagement même du lieu. Une signature en accord avec l'esprit qui règne ici. Intitulée "Vous avez un message" la saison inaugurale se décline en plusieurs volets dont "Une lettre arrive toujours à destinationS". Conçue comme une plateforme avec des oeuvres-partitions, historiques ou plus récentes, il s'agit de proposer au public de s'impliquer pour réactiver certains processus ou en prolonger d'autres. Fluxus à l'ère du tweet !


Infos pratiques :

Changements d’état, 1983-2014, de Patrick Tosani.
Jusqu'au 26 octobre 2014
Pavillon populaire
Montpellier, France 
Catalogue aux éditions Hazan

Pavillon Populaire de Montpellier - 

Viallat une rétrospective
Jusqu'au 2 novembre 2014
Musée Fabre
Montpellier Agglomération

http://museefabre.montpellier-agglo.com/

Une lettre arrive toujours à destinationS
Saison#1
La Panacée
Jusqu'au 21 septembre 2014





Les expos de l'été, à Dinard : le Festin de l'art et Alexandre Motte

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©Aurélie Marthigot Série Junk Food, le Festin de l'art 2014
©Philippe Vaurès-Santamari Série n°2, Sans titre 2010 photographie
©Corinne Fhima,Eve waiting for the wolf, 
©Gilles Barbier, Le Festin 2013 technique mixte Courtesy galerie Vallois
© Vincent Olinet Je suis le gâteau de tous les français, 2007 Courtesy galerie Laurent Godin 
©Alexandre Motte exposition à l'atelier de Dinard 2014 

Festin ? ou plutôt profusion indécente à l'ère de la malbouffe globalisée ? Entre nature morte et détournements contemporains, l'on connait la longue tradition du repas dans l'histoire de l'art, qu'il soit Christique ou plus païen et duchampien le genre du banquet et de la nourriture a toujours inspiré des générations d'artistes. Le mérite de Jean-Jacques Aillagon qui supplante pour l'heure l'habituel commissaire des rétrospectives de la collection Pinault au Palais des Arts de Dinard, grand mécène de cette aventure, est de naviguer entre les époques et les enjeux avec quelques classiques attendus (le homard de Jeff Koons) mais aussi de vraies surprises (série Junk Food tricotée par Aurélie Mathigot ou femme sous cellophane en quête du prince charmant selon Corinne Fhima). Dans la première partie autour de la vanité une photographie de Philippe Vaurès-Santamaria déroute et représente un porc éventré dont les viscères ne sont autres que des fruits rouges dégoulinants...On est loin des frères Lenain ou des dineurs de la Tour même si le Banquet à marée basse à quelques encablures de là à St Briac d'Isabelle Arthuis a cette poésie de l'éphémère de la si bien nommée Cote d'émeraude. Philippe Cognée avec son Supermarché prend de la distance avec les artichauts (Véronique Ellena), raisins et figues (Patrick Faigenbaum), apples and urn (Robert Mapplethorpe) pour annoncer détournements et truchements à venir. Michel Blazy et sa lasagne aux arômes artificiels a de quoi donner des hauts de coeur alors que Gilles Barbier nous invite a sa table gargantuesque. C'est surtout avec Vincent Olinet et ses pièces-montées comico-tragiques qui annoncent le désastre futur tandis que Closky nous indique le chemin à suivre avec son alphabet de saucisses aux lentilles. Le dernier acte façon La Grande Bouffe penche plus du côté cruel entre cannibalisme (Philippe Mayaux "savoureux de toi") et défécation (Wim Delvoye et Daniel Spoerri). Du kitsch hyperréaliste aux variations Pop on en arrive finalement au plus scabreux avec Joel-Peter Witkin.Ames sensibles et affamées s'abstenir ! cette orgie là a de quoi vous laisser quelques relents en bouche...

Pour se consoler on peut toujours aller "manger des yeux" la célèbre salade dinardaise sans fausse trappe cette fois à la Villa Les Roches Brunes aux côtés de jeunes chefs étoilés.

C'est à un vrai buffet que me convie Alexandre Motte instigateur du fameux On Zoute ! nocturne conviviale et festive qui rassemble les galeries dinardaises et fête sa 15è édition. L'occasion de découvrir sa nouvelle période d'inspiration "Animals". Un vocabulaire plastique qui se met en place autour d'une forme primitive entre graffiti et japonisme. Eden disparu et retour aux formes essentielles...

Infos pratiques :

Le Festin de l'art
Palais des Arts et du Festival, Dinard (35)

et 

Manger des yeux
Villa les Roches Brunes

jusqu'au 7 septembre 2014

http://www.ville-dinard.fr/

Alexandre Motte
Galerie atelier
14 rue René Kieffer, Dinard



Bretagne toujours : l'art dans les chapelles et Kerguéhennec

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L'art dans les chapelles 2014  ©Elodie Boutry,Matthieu Pilaud,Anne Deguelle,Edouard Sautai

Laurence de Leersnyder, en résidence à Kerguéhennec été 2014


Un festival pas comme les autres où l'on doit quitter les sentiers battus pour cheminer dans la campagne bretonne en pays de Pontivy. Brocéliande n'est pas loin et surgissent de ci de là les témoins d'une présence celtique le long du Blavet. Un culte qui renaît dans ces chapelles primitives dont les artistes prennent possession le temps d'un été. Que l'on soit amateur de vieilles pierres ou de création contemporaine, le dialogue est rendu possible par la volonté des habitants des 19 communes environnantes, de l'association et du commissaire d'exposition Karim Ghaddab, critique d'art et professeur à l'Ecole supérieure d'art et de design de St Etienne. Cette année parmi mes coups de coeur, Elodie Boutry et sa peinture murale en trompe l'oeil qui sort du mur, Anne Deguelle et sa relecture de la Melancholia de Dürer, Matthieu Pilaud et ses objets-habitacles sortis de l'espace, Edouard Sautai et son large bassin-miroir, Sylvie Ruaulx et son hommage industriel et enfin Emmanuelle Villard et ses ornements baroques. Tous repensent l'in situ et l'intégration du lieu dans la présentation et réception de l'oeuvre par le visiteur. Teintes particulières et magie de l'entre-deux. Relation magique au temps. Silence et recueillement.

Les artistes invités pour cette 23è édition :


A Kerguéhennec outre l'exceptionnel parc de sculptures, cet été prestigieuse exposition hommage à l'occasion du Cinquantenaire de la collection Maeght avec la figure centrale de Tal Coat, présent dans les deux institutions.Je découvre également l'installation dans la chapelle de Laurence de Leersnyder"Un ciel renversé sur la terre"qui défie l'emploi des matériaux tout en privilégiant l'intuition, comme elle l'avait déjà expérimenté sur le campus d'HEC.

Circuit organisé par l'association Artaïs, déjà citée.


Infos pratiques
L'art dans les chapelles
Choisissez votre circuit !
23 sites patrimoniaux/ 17 artistes/4 circuits
jusqu'au 21 septembre 2014


Fondation Maeght De Giacometti à Tàpies, 50 ans de collection 
Domaine de Kerguéhennec
jusqu'au 2 novembre 2014






Fernand Léger en roue libre ! (Nantes, musée des Beaux-Arts)

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Fernand Léger, La Joconde aux clefs, 1930 donation de Nadia Léger et Georges Bauquier, Musée national Fernand Léger, ©RMN-Grand Palais, Gérard Blot, ©ADAGP, Paris 2014

Fernand Léger, La feuille verte, 1945 Nantes, Musée des Beaux-arts ©ADAGP, Paris 2014

Fernand Léger, Nature morte au masque de plâtre, 1927 Riehen/Bâle, ©Fondation Beyeler Collection Beyeler ©ADAGP, Paris 2014

Fernand Léger, the Girl with the Prefabricated Heart, 1944-45 séquence du film de Hans Richter 16 mns sonore couleur, Paris Centre Pompidou MNAM/CCI

Reconnue d'intérêt national par le ministère de la Culture l'exposition Fernand Léger : reconstruire le réel organisée par la Réunion des musées nationaux/Grand Palais, le musée national Fernand Léger des Alpes-Maritimes et le musées des Beaux-Arts de Nantes présente une vision inédite de la période 1924-46 du chantre de la modernité. Souvent rattaché strictement aux courants cubiste et futuriste (avec la parenthèse puriste de Le Corbusier), Fernand Léger lors de son exil américain se rapproche des Surréalistes pour mener des recherches plastiques originales qu'il n'aura de cesse de poursuivre devenant même l'un des pionniers du cinéma aux côtés de Man Ray, Duchamp Max Ernst et Calder, ses compagnons à New York. La fameuse exposition à la galerie Pierre Matisse de 1942 "Artists in Exile" scellera leur amitié. C'est le propos choisi par Blandine Chavanne directrice du musée qui ressort des réserves pour l'occasion La feuille Verte (1945) "une trouvaille"d'inspiration organique et végétale. Du film muet ouvrant l'exposition"le Ballet mécanique"de 1924 sans scénario il place l'objet au coeur de ses recherches, qu'il décontextualise par la suite dans des contrastes aigus et rencontres aléatoires proches du manifeste de Breton. La frénésie de la rue et l'art de la vitrine vont peu à peu aboutir à des objets en lévitation dans l'espace qu'il métamorphose par agrandissement. Des formes molles, (on pense à Arp ou Dali) biomorphiques dont la lenteur est propice à la rêverie, entre fixité et mouvement. Comme un collage d'une puissance lyrique nouvelle. Apollinaire parle alors de peinture où tout devient liquide. Sorte de génie poétique qui échappe à la réalité objective dont elle est pourtant l'un des fondements. Un réel transposé qui n'en n'est plus un ! Et lorsqu'il prend part à la réalisation du film collectif lancé par Hans Richter Dreams that money can buy (Rêve à vendre) ce n'est rien de moins qu'une histoire d'amour improbable entre deux mannequins "la fille au coeur préfabriqué"séquence qui referme habilement ce parcours. Au total une trentaine de toiles et des dessins qui démontrent la convergence de ses recherches et fixation pour les formes organiques. Cet éclairage nouveau servi par une scénographie sobre et rigoureuse sur papier peint imitant le béton cher à Léger et une médiation de qualité est complété par un catalogue indispensable pour prolonger ces réflexions sur le champ de l'art d'une époque décisive. 

Infos pratiques :

Fernand Léger : reconstruire le réel 1942-1946

Nantes musée des Beaux-arts
Chapelle de l'Oratoire
jusqu'au 22 septembre 2014

Allez, je ne résiste pas !
Visionner Sur Youtube The Girl with a Pre-Fabricated Heart

http://www.museedesbeauxarts.nantes.fr/




YIA Art Fair #4, Romain Tichit une stratégie qui gagne !

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Carreau du Temple Fev 2014 © Fernando Javier Urquijo

Romain Tichit 2013 

Nouveau lieu (exceptionnel Carreau du Temple), nouveau souffle, le salon d'art contemporain YIA ART FAIR fondé en 2010 par Romain Tichit entend bien ne pas se laisser distancer par la nouvelle foire satellite de la FIAC l'(OFF)ICIELLE jouant plus que jamais la carte de son ADN de départ : le partage et le décloisonnement pour une plus grande proximité avec les oeuvres et les artistes, renforcée par une réelle internationalisation (65% de participation étrangère cette année). Consolidation d'une recette qui marche (25 000 visiteurs pressentis pour cette 4è édition) et synergies engagées avec des institutions prestigieuses en partenariat avec Marais Culture + telles le Musée Picasso, la Maison Européenne de la photographie, le Musée de la Chasse et la Nature ou le musée des Arts et Métiers entre autres pour des projets curatoriaux d'envergure. Cet ambitieux programme Hors les Murs est l'une des nouveautés de cette édition de même que le projet Tropical curaté par la galerie turinoise C02 qui ouvre la nef centrale d'où convergent les points de vue vers les solo ou duo shows des 100 artistes au total. Romain me cite comme références les foires Independent New York, Artissima ou Nada Art Cologne, au format volontairement limité mais extrèmement pointues et performantes. Innovation et prospective semblent inspirer cet infatigable entrepreneur fondateur qui n'a pas toujours été dans la sphère de l'art contemporain mais a fait ses armes dans la publicité. Sa jeunesse ne gâche rien à sa détermination et Romain toujours à l'affût de nouveaux modèles réinvente sans cesse, tout en restant fidèle à ceux qui l'ont aidé au départ, telle l'équipe de la Cartonnerie ou du Bastille Design Center où il a posé ses premiers jalons. Une façon d'être qui explique sans doute les clés de sa durée dans ce paysage extrèmement compétitif. L'émulation et le partage doublés d'une grande sincérité qui vous donnent vite le sentiment d' appartenir à une même famille. Si les surprises seront au rendez-vous de cette 4è édition résolument tournée vers l'émergence ne manquez pas les nombreux évènements associés pour un plaisir à chaque fois renouvelé !


Save the date :

YIA Young International Artists Art Fair #4

Carreau du Temple
du 24 au 26 octobre 2014
Vernissage : jeudi 23 octobre 2014
(Métro 3, Temple)
Tarif : 15€

et Hors Les Murs

http://yia-artfair.com/

Les premiers commentaires postés gagneront des entrées gratuites !



Les Borgia mieux que la série, Niki de St-Phalle et Sonia Delaunay, Duhchamp, Jeff Koons..morose la rentrée ?

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© The Estate of Garry Winogrand, courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco

© Niki de Saint Phalle / Niki Charitable Art Foundation, 2014





Architectures nouvelles (Gehry et Ch. de Porzampac),semaine de la FIAC avec guest stars dans tous les musées et foire nouvelle (l(Off)icielle), réouvertures (musée Picasso le 25 octobre) l'art fera mentir les mauvaises prévisions de l'économie et tant mieux ! Alors savourez l'été indien avant que ne se glissent peu à peu les feuilles de l'automne...

Septembre 2014 Niki de Saint-Phalle revient au Grand Palais 20 ans après l'exposition du Musée d'art moderne de la Ville de Paris

Laure Prouvost (Turner Prize) intègre la galerie Nathalie Obadia

Courbet les Années Suisses@Fondation Bayeler et Musée d'art et d'histoire de Genève

Marcel Duchamp, la peinture même@Centre Pompidou

Oct. 2014 tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le kama sutra ! (Pinacothèque) rivalisant avec 
Sade au musée d'Orsay 

Gary Winogrand@Jeu de Paume

Sonia Delaunay, les couleurs de l'abstaction@Musée Art moderne Ville de Paris

Baccarat la légende du cristal @Petit Palais 

Les Mayas@Musée du Quai Branly

La Nouvelle Fondation Louis Vuitton pendant la semaine de la FIAC avec comme satellites l'(OFF)ICIELLE,le YIA Art Fair, Attitudes...

la réouverture du musée Picasso tant attendue

Lancement du prix ORISHA pour l'art africain contemporain à Paris par N Miltat et T Chaillou en parallèle de La Foire d'art africain contemporain 1:54 à Londres (et Frieze)

Hokusaï en majesté au Grand Palais

Chocolate Factory de Paul McCarthy à la Monnaie de Paris qui réouvre 

Nov.2014 Jeff Koons @Centre Pompidou

les 30 ans de Canal + au Palais de Tokyo par Xavier Veilhan

Déc. 2014 Collaboration inédite Galliera (Olivier Saillard) et la Cité de l'immigration 
Fashion Mix est une exposition en hommage au savoir-faire français que créateurs russes, arméniens, italiens, espagnols, japonais, belges... font rayonner à travers le monde.


Janvier 2015 : la Philarmonie 2, un projet féférateur signé Christian de Porzampac.




Tatiana Trouvé au Mamco (Genève) des histoires sans fin

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Crédit photo : Matteo D'Eletto, M3Studio srl
Tatiana Trouvé Portrait et vues de l'exposition The Longest Echo Photo : Ilmari Kalkkinen Mamco, Genève

Accrochage inédit  des Collections "Accrochée, debout, couchée, appuyée, pendue" Photo : Ilmari Kalkkinen Mamco, Genève


A l'invitation de Christian Bernard, la narration entamée du Bureau des Activités Implicites (B.A.I) en 1997 et 2004 reprend cet été dans des Modules d'espaces physiques et psychiques que Tatiana Trouvé déroule sur deux étages du Mamco dans une perpétuelle mise en abyme. Une nouvelle étape jamais encore montrée de cette manière où le dessin dans des agencements spécifiques au lieu déjoue les lois de la gravité ou de la perspective, de la chronologie et de la mémoire à tel point que les visiteurs habituels du musée pourraient y perdre leurs repères. Un jeu d équivalences, de projection ou de superposition où les forces créatrices redéployées en permanence donnent à voir un univers en perpétuel métamorphose. C'est là toute la justesse de l'accrochage où des éléments cachés (behind the curtain) sont tout d'un coup révélés : pans de murs, morceaux de plâtres pansés, accessoires/prothèses qui font oeuvre. Comme un écho de formes et de récits qui se déploie dans un infini à portée de main pour peu que l'on inverse son regard dans un renversement proche du vertige pour entrevoir une autre percée, celle d'intermondes, terme souvent employé par Christophe Kihm, commissaire de l'événement. 


L'exposition l'Ombre du Jaseur (titre emprunté à Nabokov) aux 3è et 4è étages nous plonge dans une version possible de la fiction que Philippe Thomas imagine pour le CapcMusée d'art contemporain de Bordeaux en 1990, réactivée en quelque sorte. Ainsi Un Cabinet d'amateur documente "Feux Pâles"à partir d'un important travail sur les archives et notes de l'artiste.

le Mamco fête ses 20 ans à l'automne !

Infos pratiques :

Tatiana Trouvé, The Longest Echo
et
L'Ombre du Jaseur d'après Feux Pâles

et
Collections
jusqu'au 21 septembre 2014

Cycle des Histoires sans fin-séquence-été 2014

Musée d'art moderne et contemporain (Mamco), Genève

http://www.mamco.ch/

Quartier de Bains : programme Septembre/Octobre

Nuit des Bains : le jeudi 18 septembre 2014


Saison Courbet Basel/Genève : avant-gardisme à la Fondation Beyeler (1)

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Gustave Courbet, Le Fou de peur (Portrait de l'artiste), ca 1844/45
Huile sur papier sur toile 60,5x 50,5 cm
Nasjonalmuseet for kunst, arkitektur og design, Oslo

Gustave Courbet, la Source, 1868
Huile sur toile, 128x 97 cm
Musée d'Orsay Paris
bpk/RMN Grand Palais/Patrice Schmidt

Gustave Courbet, La Vague, ca 1869
Huile sur toile 65,4x 88,7 cm
Brooklyn Museum, donation de Mrs Horace Havemeyer

Gerhard Richter,Eisberg im Nebel, 1982
Iceberg dans la brume
Huile sur toile, 70 cm x 100 cm
The Doris and Donald Fisher Collection
© 2014 Gerhard Richter

Gerhard Richter, S. mit Kind, 1995
S. et son enfant
Huile sur toile, 61 cm x 51 cm
Hamburger Kunsthalle, Dauerleihgabe der Stiftung
für die Hamburger Kunstsammlungen
© 2014 Gerhard Richter

Gerhard Richter, Wald, 2005
Forêt
Huile sur toile, 197 cm x 132 cm
The Museum of Modern Art, New York, Donation de Warren
et Mitzi Eisenberg et Leonard et Susan Feinstein, 2006
© 2014 Gerhard Richter


Pourquoi ne pas profiter de l'été indien pour filer en TGV Lyria à Bâle (3 heures de Paris) , flâner sur les bords du Rhin ou dans la vieille ville pittoresque, découvrir la programmation culturelle intense de pas moins de 40 musées et fondations présents (parmi lesquels Tinguely, Beyeler,Kunstmuseum..) ou apprécier à ciel ouvert une concentration unique d'architecture contemporaine signée des plus grands (Herzog et de Meuron en tête). Car Basel ne se limite pas à sa foire bien connue des collectionneurs en juin (Art Basel) mais révèle ses atouts tout au long de l'année et ce mois de septembre avec l'ouverture de la Saison Courbet est particulièrement propice. Organisée conjointement par la Fondation Beyeler et les Musées d'art et d'histoire de Genève (Rath) cet évènement vise à ouvrir de nouvelles perspectives sur l'artiste français, son extrême modernité et son exil en Suisse, à la suite du triste épisode de la colonne Vendôme, souvent synonyme de déchéance voir de "long martyre" (selon Zola) alors que la réalité est toute autre.

Gustave Courbet avant-gardiste la thèse défendue par la fondation Beyeler alors que s'achève au même moment l'incontournable exposition sur Gerhard Richter lui-même amateur du maître, fonctionne d'autant mieux à partir de ce dialogue inédit. Les autoportraits qui ouvrent le parcours dont le célèbre "Bonjour Monsieur Courbet" où il se place à l'égal de son mécène et collectionneur Alfred Bruyas et l'énigmatique "Four de peur"qui laisse entrevoir un abîme,sorte de manifeste à l'inconnu soulignent sa grande capacité à l'auto-promotion et réelle intuition de son génie. Seul garçon au milieu de 4 filles en lutte avec l'autorité paternelle il n'aura de cesse de croire en son talent quittant sa région natale de Franche-Comté (Ornans) pour réussir à Paris tout en gardant un attachement premier pour cette campagne qu'il revisite régulièrement. 
Des paysages intimes qu'il élève au rang universel (on se souvient de la série Mère à l'enfant de Richter à partir de photographies familiales) où il peut afficher rapidement son individualité artistique avec un usage de la couleur tout à fait révolutionnaire. Sa technique qui consistait à se servir du couteau de peintre comme d'une petite spatule de maçon pour étalier la peinture sur la toile est encore régulièrement citée par de nombreux artistes, Cézanne, Hodler mais aussi Peter Doig ou Gerhard Richter justement qui continue d'employer un racloir pour ces traînées de couleur et lui rend hommage dans 2 oeuvres abstraites. Que l'on soit avec ces formations rocheuses géologiques, cours d'eau, grottes cathédrales du Jura ou en forêt de Fontainebleau ou encore à Etretat, les couleurs se fondent en une masse quasi-abstraite et la nature s'anime dans une puissante expérience sensorielle et atmosphérique (une fois encore Richter n'est pas loin avec ses Marines ou forêts). Avec une grande liberté. Cette technique lui permet de surcroît de travailler vite par touches d'une grande modernité, ce dont il se vante auprès de la critique. 
Autre innovation : le mystérieux centre obscur, ces trous noirs comme dans les grottes, les vagues ou les superbes "Braconniers dans la neige" aux contrastes saisissants. Cette construction picturale s'avère particulièrement redoutable dans le très célèbre "Origine du Monde" exceptionnellement prêté par le Musée d'Orsay. 
Sens aigu du scandale cette commande pour le diplomate ottoman Khalil-Bey pour la première fois visible en territoire germanophone synthétise les fantasmes sexuels en majorité masculins, dans ces métaphores obscures et insondables des grottes et nymphes des eaux associées à la femme. Objet couvert et découvert, allusion directe et indirecte à l'art cette toile connait encore de nos jours un retentissement inégalé. La grande intelligence de l'accrochage est de lui rapprocher d'autres allégories féminines dont la "Femme nue étude pour la Femme au perroquet" appartenant à Jeff Koons et autres compositions florales.Mais le peintre comme dans "La Source" refuse d'idéaliser son modèle, ce qui allait à l'encontre des canons de la beauté de l'époque. Courbet en 1860 est l'un des grands peintres de son temps, s'imposant à l'Exposition universelle de 1855 face à Ingres et Delacroix à la suite de son Pavillon du réalisme, mais l'histoire va brusquement le rattraper quand après la capitulation de la Commune on lui reproche la destruction de la colonne Vendôme ce qui sonne le glas de sa carrière. 
L'exposition s'achève sur le "Bord de mer à Palavas" où il semble nous dire un dernier au-revoir. Contraint de prendre l'exil en 1873 à la suite du pillage de son atelier, il choisit la Suisse jusqu'à sa mort en 1877. Cinq années souvent sous-estimées que nous propose d'éclairer d'un jour nouveau et passionnant les musées d'art et d'histoire de Genève (Musée Rath). Un deuxième volet complémentaire pour appréhender mieux encore ce destin complexe et singulier qui ne cesse de se réinventer au gré des événements affichant une détermination sans failles, un sens aigu du positionnement et un réel affranchissement de l'académisme. Placer la peinture au coeur de l'oeuvre et de la vie !

La suite dans mon article à paraître : Courbet, les années Suisses une destinée en équilibre.

Infos pratiques :

Saison Courbet (1) Fondation Beyeler
du 7 septembre au 18 janvier 2014

Gerhard Richter Pictures/Series
Derniers jours

Basel (Suisse)

Fondation Beyeler: Home


Catalogue aux éditions Hatje Cantz Verlag disponible à la Boutique en ligne de la Fondation Beyeler

Organiser votre séjour :

http://www.basel.com/

et
Gustave Courbet les années Suisses
5 septembre au 4 janvier 2014

Musée Rath Genève

Musée Rath - Musées de la Ville de Genève




Gustave Courbet, les années suisses : une destinée en équilibre (2)

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Gustave Courbet,Le château de Chillon, 1875
Huile sur toile, 62 x 92 cm 
Ville de Lons-le-Saunier, Musée des Beaux-Arts 
© Studio Eureka, Jean-Loup Mathieu

Gustave Courbet, Panorama des Alpes
Vers 1876 
Huile sur toile, 64 x 140 cm 
© MAH, photo : Bettina Jacot-Descombes

Gustave Courbet, Le Château de Chillon, 1873
Huile sur toile, 54 x 64 cm 
Cologne, Wallraf-Richartz-Museum and Fondation Corboud, Dep. FC 698 
© Rheinisches Bildarchiv Köln, Sabrina Walz, 
rba_c014538

Jules Gremaud, Courbet et ses amis bullois 1875-76
Tirage photographique collé sur carton, 9,5x 13,5 cm Bulle, musée gruérien

1873/1877 : une posture d'exilé pleine de paradoxes
S'il se plait à peindre des truites prises au piège comme on le voit au début de l'exposition de Laurence Madeline au Musée Rath de Genève, à l'image sans doute de sa peine et de son exil, Gustave Courbet n'en n'est pas pour autant un homme fini, comme on a souvent voulu le croire.
Il continue à travailler activement et élargit son réseau en participant à la vie artistique et politique de son pays. Il se baigne dans le lac Léman sous ses fenêtres à la Tour-de-Peilz, déguste en bon vivant des écrevisses et connait par coeur les horaires du train, multitpliant les déplacements à la rencontre des réfugiés de la Commune ou d'amateurs et collectionneurs potentiels sur cette "Riviera vaudoise". Car il soigne son image et se préoccupe de sa promotion offrant un buste "Helvetia"qui symbolise l'hospitalité suisse aux différentes communes de la Confédération (comme cela est suggéré dans cette belle salle ronde) et ouvrant au public sa galerie de tableaux (également reconstituée) où les supposées oeuvres de grands maîtres voisinent avec des tableaux dont il ne veut se séparer (autoportraits de jeunesse ou Jo, la belle irlandaise). Il s'invente un espace de vie quasi-frontalier puisque Ornans est tout proche de la Suisse et alimente la fiction d'une non-solitude dans des lettres à ses soeurs Juliette et Zélie (nombreuses archives rassemblées dans la salle centrale).
Mais la menace plane et il doit sans cesse penser aux dispositions à prendre pour le remboursement de sa dette pharaonique "Il s'agit donc de faire suer la peinture de 10 000 F par an" et son hypothétique retour. C'est pourquoi il développe alors une esthétique de l'exilé dans des lettres aux accents dramatiques cette fois qui visent à susciter la clémence des autorités. Un double visage pour celui qui semble atteint d'une sorte de mélancolie et souffre d'une santé déclinante. Les paysages qu'il peint à cette époque, par opposition à ceux de la Franche-Comté refusent le pittoresque pour adopter une visée politique (Chêne de Flagey) autour de l'expatriation et de ses tourments (Les Marines du Léman exécutées à la pointe du couteau pour signifier la liberté temporairement retrouvée).
Si la technique et gamme chromatique sont révolutionnaires, un motif va rapidement s'imposer dans cette production suisse : le Château de Chillon jusqu'à en faire une véritable fabrique, comme cela est remarquablement mis en valeur dans l'accrochage. Une approche très novatrice de la série où il multiplie points de vue et effets métaphoriques dramatiques. Ce marketing avant l'heure est renforcé par sa conception d'un atelier collectif où il prête sa signature à de jeunes élèves initiés au moment même d'une prolifération de faux à Paris et à Genève, ce qui brouille un peu les interprétations possibles d'un geste qui reste extrêmement novateur car fondé sur l'appropriation créatrice.
S'il est une oeuvre qui cristallise les enjeux de cette période complexe de l'exil c'est le Grand Panorama des Alpes préparé pour l'Exposition universelle de 1878 qui loin des visions stéréotypées et signes d'urbanisation précoce, nous donne une sensation de tension et d'aspiration du spectateur face à ces parois dramatiquement infranchissables. "Le Panorama des Alpes" récemment acquis par les Musées d'art et d'histoire qui referme ce brillant parcours porte à son paroxysme le "sublime alpin" inachevé. Prodigieuse vision, tombeau que s'offre un peintre virtuose à la fois morceau de bravoure et de peinture. Aspiration à la liberté à jamais contredite. 

Infos pratiques :

Gustave Courbet, les années suisses

du 5 septembre au 4 janvier 2014

Musée Rath, Genève



Catalogue Co-édition Musées d'art et d'histoire de Genève et ArtLys
272 pages, 24,5x 30 cm CHF 65, € 45

Egalement à Bâle déjà citée article précédent :
Saison Courbet Basel/Genève 



"Ou pourriez-vous m'emmener"..une rentrée sous le signe de la photographie !

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©Sophie Calle/Adagp, Paris, 2014, Courtesy the Artist and Galerie Perrotin

©Antoine d’Agata / Galerie Les Filles du Calvaire / Magnum Photos

©Julien Magre

©Keiichi Tahara

Willima Eggleston, From Los Alamos Folio1 Memphis (Supermarket boy with carts) 1965

© William Eggleston / Courtesy Wilson Centre for Photography



Le Mois de la Photo se prépare activement :
Le BAL, La Maison Européenne de la Photographie et la Fondation Cartier Bresson de concert dans la même semaine pour un panorama prometteur.Sous le signe de l'autoroute (merci Vinci partenaire !) le BAL nous propose le road movie de 5 artistes : Sophie Calle,Julien Magre,Stéphane Couturier,Alain Buble, Antoine d'Agata. Des univers qui se télescopent avec le bitume, l'horizontalité, les rêves et les apparitions nocturnes. Entre aires de repos réelles ou fantasmées,souvenirs de vacances ou de galères, une invitation à se perdre ou se trouver, selon...#jeparsavecvous
A la MEP plusieurs expositions passionnantes, René Burri d'abord, membre de l'agence Magnum et témoin de notre temps nous livre une vision intime d'images en mouvement. Noirs et blancs mythiques et couleurs inédites l'accrochage favorise une lecture en séquences, comme un collage qui se déroule sous nos yeux.Le Che Guevara,Churchill mais aussi le carnaval de Rio ou les gauchos d'Argentine, Tinguely des personnalités du monde entier. Egalement Keiichi Tahara et sa fascination pour la lumière du Japon transposée en France ou vis et versa. Des écrans comme autant de strates de la mémoire.Pour Tim Parchikov le suspens est un ressort inhérent à sa création en tant que réalisateur entre Paris et la Russie. L'accrochage favorise un climat d'étrangeté plein de présages.Très belle réflexion sur l'empathie et la conscience collective chez Anastasia Khoroshilova autour de la prise d'otages par des séparatistes tchétchènes dans l'école du nord Caucase de Beslan. Les portraits de François Lagarde et sa rencontre avec Gérard Lemaire à l'origine des Colloques de Tanger sont également évoqués, de même que la vision contrastée de l'Afrique par Pascal Maitre. 
Last but not least, William Eggleston à la Fondation Cartier Bresson est un hommage vibrant de l'américain à son maître. Des instants décisifs et sujets pauvres qu'ils capturent au dye transfer, sa marque de fabrique. De l'Amérique des années 60, celle que saisira le Pop Art, les jukes boxes,enseignes, stations services, personnages solitaires dans des tonalités acides à la David Lynch. Tirages emblématiques comme toujours.

Infos pratiques :
S'i l y a lieu je pars avec vousdu 11 septembre au 26 octobre 2014Le BAL 
http://www.le-bal.fr/fr/mh/les-expositions
René Buri, Mouvement
Anastasia Khoroshilova, Vieille Actu
Tim Parchikov le suspens
Keiichi Tahara Sculpteur de lumière
(Egalement rétrospective Keiichi Tahara à la galerie Taka Ishii à partir du 11/09)
Pascal Maitre, Afrique (s)
du 10 septembre au 9 novembre 2014
Maison Européenne de la Photographie 
http://www.mep-fr.org/evenement/


William Eggleston, From Black and White to Color
du 9 septembre au 21 décembre 2014
Fondation Henri Cartier Bresson 



http://www.henricartierbresson.org/prog






Le Pérugin, pour un renouveau de l'art

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Pietro Vannucci, dit Le Pérugin (vers 1450-1523) 
Sainte Marie-Madeleine
Vers 1500-1502, huile sur bois, 47 x 35 cm
Florence, Istituti museali della Soprintendenza Speciale per il Polo Museale Fiorentino - Galleria Palatina, Palazzo Pitti

Pietro di Cristoforo Vannucci, dit Le Pérugin (1450-1523)
Le Miracle de l’aveugle
tempera sur bois, 75 x 57 cm, inv. 226 
Pérouse, Galleria Nazionale dell’Umbria

Pietro di Cristoforo Vannucci, dit Le Pérugin (1450-1523)
Francesco delle Opere
Huile sur bois 52x 44 cm
Florence, Istituti museali della Soprintendenza Speciale per il Polo Museale Fiorentino-Galleria degli Uffizi
Soprintendenza Speciale per il Patrimonio Storico Artistico ed Etnoantropologico e per il Polo Museale della Città di Firenze

Pietro di Cristoforo Vannucci, dit Le Pérugin (1450-1523)
Saint Philippe et Saint Augustin 1502-1512
Huile sur bois, 172x 91 cm
Toulouse, Musée des Augustins
STC Mairie de Toulouse

Le Pérugin ou Raphaël
Retable de Fano, prédelle représentant des épisodes de la Vie de la Vierge : l'Assomption 1488-1497
Tempera sur bois 
Soprintendenza per i Beni Storici Artisctici ed Etnoantropologici delle Marche

C'est l'un des génies du Quattrocento courtisé par les plus grands mécènes de l'époque à Florence, Rome ou Venise et dont le succès et l'ascendant sur vingt ans restent incontestés auprès de ses contemporains et rivaux comme l'atteste l'exposition captivante qui s'ouvre au musée Jacquemart-André bénéficiant de prêts exceptionnels du Vatican, du Louvre, des musées de Washington, de Londres, de l'Ombrie sa région d'origine et de toute l'Italie. Pietro di Cristoforo Vannucci ne devient Perugino que lorsqu'il fonde son propre atelier après avoir assimilé les leçons de Piero della Francesca tout d'abord puis Andrea Verrocchio où il se mesure à Léonard de Vinci et Botticelli. Une émulation que favorise les grandes familles de ces cités-Etats, les Médicis à Florence, les Gonzague à Mantoue, les Este à Ferrare (on se souvient de sa dispute avec Isabelle à propos du Combat de l'amour et de la Chasteté aujourd'hui conservé au Louvre) ou les Sforza à Milan, auprès de qui le "divin peintre" devient  un véritable homme d'affaires, multipliant les commandes. Le tournant décisif de sa carrière date de 1479 quand il se voit confier le chantier du décor de la chapelle Sixtine par le pape Sixte IV, une occasion unique de se faire connaitre et apprécier par les ecclésiastiques mais aussi les grands princes. De cette période ressort le thème du portait, comme cela est mis en avant dans le parcours à travers notamment ces figures de saints d'une grande intensité. Sa réputation se voit alors confortée par les prédications de Savonarole à la mort de Laurent de Médicis en faveur d'un certain mysticisme traduit avec subtilité dans ses oeuvres pures et vertueuses, ouvertes à la lumière qu'il rencontre chez les peintres vénitiens lors de ses voyages. Mais bientôt dépassé par le nombre de ses commandes, il en confie l'exécution à bon nombre de ses assistants dont le jeune Raphaël, ce qui nous conduit aux relations ambiguës entre le maître et son élève, thématique de la dernière partie de l'exposition. Sujet éminemment délicat qui souligne les nombreuses situations conflictuelles entre les grandes figures que sont Léonard, Michel-Ange et Raphaël, au détriment des compositions douces et codifiées du Pérugin en décalage avec les nouveaux enjeux de la représentation de la Florence de 1500. Mais c'est aussi cette harmonie presque crépusculaire et cette plénitude des formes qui laissent une trace inégalée de la perfection de son art. Savourez ce langage pictural d'une grande spiritualité et maîtrise technique, remarquablement servi un commissariat de haut vol en Madame Vittoria Garibladi, directrice de la Galleria Nazionale d'Ombrie à Pérouse et M. Nicolas Sainte Fare Garnot, conservaeur du Musée Jacquemart-André et  la scénographie entre ombre et lumière d'Hubert le Gall.

Réalisée en partenariat avec la Surintendance pour les Biens Historiques, Artistiques et Ethno-anthropologiques de l’Ombrie, l’exposition bénéficie du parrainage de Son Excellence Monsieur Giandomenico Magliano, Ambassadeur d’Italie en France, et du soutien de l’Institut culturel italien.

Après le succès de l'exposition "Fra Angelico et les Maîtres de la Lumière"en 2011, cette nouvelle exposition s'inscrit tout naturellement dans la demeure du couple des collectionneurs Jacquemart-André dont on connait le goût pour les arts décoratifs européens mais aussi les primitifs Flamands et Italiens. Prenez le temps lors de votre visite de redécouvrir quelques fleurons de leur collection dans cette atmosphère si particulière.

Infos pratiques :

Le Pérugin, maître de Raphaël
du 12 septembre au 19 janvier 2015

Site dédié à l'exposition :

http://expo-leperugin.com/

Musée Jacquemart-André
158 Bd Haussmann
75008 Paris

http://www.musee-jacquemart-andre.com/





La rentrée des galeries (Marais) les immanquables !

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©Laurent Grasso, Jean Bedez, Douglas Gordon,Farid Rasulov,Gary Webb,Dominique Ghesquière

Un petit Best-Off :
-Laurent Grasso "Soleil Double" chez Perrotin
Selon moi c'est l'exposition de cette rentrée. Entre désastres et prophéties, catastrophes,livres des miracles, éruptions volcaniques, ce "compagnon solaire caché"est à l'origine d'une suite d'événements pour le moins troublants.Si selon le principe de Foucault "la visibilité est un piège"Laurent Grasso sait nous entrainer dans des leurres autour de variations expérimentales sur la mémoire historique qu'il réarrange dans une pluralité de sources et de médias. Ainsi "vraies" fausses archives cohabitent avec dispositifs architecturaux et sonores ou néons créant chez le spectateur fantasmes de la vision entre archéologie et psychanalyse. Du grand art !

-Jean Bedez "l'art du combat" chez Suzanne Tarasiève
Première exposition personnelle,exclusivement en noir et blanc pour ce virtuose du crayon où le jeu d'échecs devient le théâtre d'enjeux cruels religieux et politiques sur fond de souffrances et de luttes sanglantes. Pièces emblématiques les Cavaliers de l'Apocalypse sous les traits d'un cheval qui fait irruption au milieu d'une salle de conférence ou d'un fumoir pour hommes d'affaires dans une collusion de temporalités et d'espaces vertigineux. 

-Anna Gaskell et Douglas Gordon "Vampyr"à la galarie Yvon Lambert (qui ferme ses portes en décembre)
Un dialogue sensible, sorte de pas de deux issu de la collaboration avec la danseuse du Bolchoï Svetlana Lunkina et l'artiste américaine, tandis que l'écossais nous livre des réminiscences étranges et fatales sous forme de curiositas. 

-Farid Rasulov "Dogs in the Living Room"Rabouan Moussion
Première exposition personnelle en France de l'artiste Azerbaïdjanai découvert à la 55è Biennale de Venise pour son "Omamentation", installation autour de l'école traditionnelle de sa région natale le Karabakh, stoppée depuis l'annexion à l'Arménie et l'industrialisation galopante. Un décorum caléidoscopique qu'il rejoue aujourd'hui mêlant tisssage oriental au white cube occidental. Les différentes écoles toutes basées sur des éléments mathématiques s'inscrivent dans une histoire millénaire qu'il réactive pour souligner les antagonismes mais aussi correspondances entre l'Orient et l'Occident.

-Sheila Hicks "Unknown Data"galerie Frank Elbaz
Autre savoir-faire artisanal qui envahit toute la galerie avec les lianes de fils colorés et grandes balles de l'américaine admirée au Palais de Tokyo au printemps dernier dans la Grande Rotonde. Un vocabulaire formel issu des tissages magiques précolombiens qu'elle adapte à chaque espace. 

-Gary Webb et Nam Jude Paik à la galerie Mitterand
Dans leur nouvel espace dédié à la sculpture l'artiste anglais Gary Webb nous livre une esthétique joyeuse et kitsch dans des apparentes contradictions entre références modernistes et design contemporain. La grande installation murale Musical Clock du pionnier de l'art video est une pièce historique.

-Dominique Ghesquière "Grande tapisserie" chez Valentin
Des écailles de pomme de pin, des galets gris nervurés de blanc, des traces de lierre arraché du mur,un étourneau naturalisé en plein vol, un paysage se dessine comme une trame pour tester la frontière naturelle des choses. Poétique et illusionniste.







Niki de Saint Phalle, super nana combative !

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© Georges Bendrihem, AFP | L'artiste Niki de Saint-Phalle pose devant ses sculptures, en 1963, à Paris.

Niki de Saint Phalle, les Trois Grâces,1995-2003 © 2014 Niki Charitable Art Foundation, All rights reserved.Photo : Philippe Cousin




Niki de Saint Phalle, Dolorès, 1968-1995, résine peinte, grillage, Sprengel Museum, Hanovre © 2014 Niki Charitable Art Foundation, All rights reserved. Donation Niki de Saint Phalle


Niki de Saint Phalle, "Could We Have Loved ?", 1968, Niki Charitable Art Foundation, Santee, USA © 2014 Niki Charitable Art Foundation, All rights reserved
Niki de Saint Phalle en train de viser, 1972, photo en noir et blanc rehassée de couleur extraite du film "Daddy" © Peter Whitehead



Quand on passe devant la fontaine Stravinsky à Paris on pense à ce couple phare de l'avant-garde parisienne Niki et Jean, emblèmes du Nouveau Réalisme. Et pourtant l'art à la carabine ou les nanas colorées ne suffisent pas à définir la portée et l'engagement de l'oeuvre de la fille aînée du Comte de Saint Phalle. 
Franco-américaine élevée en France alors que ses parents vivent à New York, Niki de Saint Phalle devient mannequin puis embrasse la vie de bohème à Montparnasse. Oubliée du Pop américain, seule artiste femme à rejoindre les Nouveaux Réalistes elle est pourtant écartée du cours de l'histoire de l'art officielle. Féministe sans le revendiquer, elle est anticatholique, écologique, pacifiste et multiculturaliste. Elle dénonce aussi précocement les ravages du Sida. 
Une artiste femme dans un monde dominé par les hommes et dont la prise de risque est immense, tel est le propos de la commissaire de cette exposition événement au Grand Palais, Camille Morineau qui rassemble pas moins de 200 oeuvres et archives dont certaines inédites, sur une surface globale de 2000m². Souffrant d'une lecture superficielle et décorative, l'oeuvre dans sa part la plus sombre refait surface. Le refus, la révolte devant l'insoutenable : tour à tour séductrice et victime du viol perpétué par son père qu'elle dénonce notamment dans le long métrage terrible tourné avec le réalisateur anglais Peter Whitehead "Daddy". Des jeux défendus qui en disent long sur le silence d'une mère abusive et un père prédateur. Un schéma qu'elle n'aura de cesse d'explorer à travers les "Mères dévorantes" dont la violence est le pendant à la folie des grandeurs des Nanas au pouvoir. Enceintes, prostituées, accouchées, ces divinités décomplexées anti-discriminatoires sont plus qu'une signature. Elles réinvestissent le potentiel du corps féminin comme enjeu de création. 
"Peindre calmait le chaos qui agitait mon âme" cette phrase qu'elle prononce à la suite d'un séjour en hôpital psychiatrique doit vous guider jusqu'à l'évocation finale particulièrement réussie de son Jardin des Tarots, le laboratoire d'une vie où elle réconcilie les pôles contraires. Fantasque, ésotérique, merveilleux, ces 22 sculptures monumentales "à l'écart de la foule et de la fuite du temps" défi au masculin et lieu de méditation nous disent la mythologie personnelle et l'ambition un peu folle de celle qui reste la femme qui pleure. Faire revivre une héroïne, indignée avant l'heure, anti-star et femme fatale, pari tenu pour ce parcours dont la cohérence et la radicalité sont à la hauteur du personnage. Courrez-y !

Infos pratiques :

Niki de Saint Phalle
jusqu'au 2 février 2015

Grand Palais

Catalogue de l'exposition aux Editions de la RMN, 368 pages, 50€
Film : "Niki de Saint Phalle, Le rêve d'architecte"

Autour de l'exposition :



Tania Mouraud transforme le MAC/VAL en usine sonore hallucinatoire !

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Tania Mouraud, Ad nauseam, 2012-2014Installation vidéo et son, 3 écrans, 27 enceintes — 72’ (en boucle)Co-production MAC/VAL — Musée d’art contemporain du Val-de-Marne et l’Ircam-Centre Pompidou — © Adagp, Paris 2014.
Tania Mouraud, Cqnpsrlpscalr, 2014Impression numérique sur bâche tendue — 5,05 × 43,68 mMAC/VAL, Vitry-sur-Seine. Production MAC/VAL — Musée d’art contemporain du Val-de-Marne — Photo © Marc Domage, mise en situation Amandine Mineo — © Adagp, Paris 2014
Tania Mouraud, WYSIWYG 1989 2006 La Force de l'Art 01 Grand Palais ParisAcrylique sur mur, 3,5x10 m Collection Mnam-Cci, Centre Pompidou Paris





Tania Mouraud a ceci de commun avec Niki de Saint Phalle qu'elle pratique le tir derrière la caméra, elle "shoote" comme elle le confie à Frank Lamy, le commissaire de la monographie qui lui est consacrée au MAC/VAL sous le titre étonnant d'Ad Nauseam. Il faut dire que cette destruction par des bulldozers en gros plan de montagnes de livres a de quoi donner des hauts le coeur. Comme si de l'autodafé de Villejuif dans les années 60 à aujourd'hui le combat restait à vif, Metropolis dont elle se revendique encore et toujours. Et le son qui ajoute à cette dynamique visuelle, travaillé avec l'Ircam comme une masse de micro-événements. Le spectateur peut dès lors soit rester, soit partir mais jamais captif, il perd ses repères et peut alors développer son empathie.
Non pas donner des leçons ou instaurer un rapport de pouvoir autoritaire, ces images ouvertes, en contiennent d'autres en surimpression. On pense aux cadavres des camps de la mort, comme dans le film bouleversant Sightseeing qui suggère un corpus commun d'images, plutôt qu'il ne dénonce. Un désastre en différé. Etre le témoin de cette folie humaine pour instaurer la confidence dans une grande liberté formelle.
Ni féministe, ni militante comme dans la City Performance de 1977 où ce NI dans la ville refusait en bloc toute idéologie marchande ou stratégie publicitaire. La nouveauté du MACVAL avec cette difficile planéité d'images en mouvement réside aussi dans cette intervention extérieure sur la façade latérale du musée longue de 40 mètres avec cette phrase CEUXQUINEPEUVENTSERAPPELERLEPASSESONTCONDAMNESALEREPETER  ou MEMEPASPEUR qui scande l'espace public d'une forme de résistance reprise dans les performances et sur le billet d'entrée. Des peintures abstraites et graphiques parfaitement identifiables de nos jours qui incitent le piéton à marquer un temps d'arrêt. L'artiste occupera aussi 70 panneaux d'affichage urbain dans le cadre du festival de Vitry sur Seine Mur/Mur 1 avec la célèbre phrase de Martin Luther King, comme un teasing à décrypter.
Alors que s'achève l'exposition de Saint Etienne et se prépare celle du Centre Pompidou Metz en 2015, il était temps qu'un lieu en région parisienne se penche sur la reconnaissance d'une "punk déguisée" comme elle se définit elle-même à l'orée de ses 70 ans. Affronter la réalité sans s'y perdre et se trahir le moins possible, un message qui n'a pas pris une ride !

Infos pratiques :

Tania Mouraud
AD NAUSEAM
jusqu'au 25 janvier 2015

Musée d'Art contemporain du Val de Marne





Marcel Duchamp, échec et mat avec la peinture !

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Marcel Duchamp, L.H.O.O.Q, 1919Readymade rectifié© Collection particulière & succession Marcel Duchamp / ADAGP, Paris 2014*
Marcel Duchamp, Nu descendant l'escalier n°2 1912Philidelphia Museum of Art, the Louise and Walter Arensberg Collection succession Marcel Duchamp / ADAGP, Paris 2014

Ciné-sketch, Adam, Eve : Marcel Duchamp, Bronia Perlmutter-Clair, 1924, photgraphie de Man Ray -Musée national d’Art Moderne Paris


L'exposition du Centre Pompidou ouvre sur ciné-sketch, tableau vivant réalisé par Marcel Duchamp et Bronia Perlmutter un soir de Nouvel An 1924 au théâtre des Champs Elysées, premier happening inspiré de Cranach qui résume bien le mélange de provocation et de défi au bon goût qui parsème l'oeuvre d'un artiste iconique du 20è siècle. Marcel Duchamp la peinture, même est une allusion au titre entier du Grand Verre, "la Mariée mise à nu par ses célibataires, même", sorte d'apothéose de ses théories et expérimentations. Si la postérité a surtout retenu l'invention du ready-made en la célèbre Fountain/Urinoir peu se souviennent que c'est la toile "Nu descendant un escalier" qui lui vaut le succès outre-Atlantique, la France l'ayant refusé au Salon des Indépendants un an plus tôt. Une affaire qui le conduira à abandonner la peinture alors que ses tableaux sont déjà une tentative de saisir "ce qui échappe à la rétine"annonçant la série d'expérimentations optiques et cinématographiques des années 1920 et de recherches sur le mouvement et l'érotisme mécanique.
Plutôt que de renoncer à la peinture, il s'agirait donc de la renouveler, selon la thèse développée par Cécile Debray, commissaire de cette exposition elle-même iconoclaste. "Comment concevoir une oeuvre en adéquation avec la vie moderne" se demande celui qui passe par tous les -ismes dans le sillage de ses deux frères artistes, Jacques Villon et Raymond Duchamp-Villon et dépasse bientôt l'esthétique cubiste à partir des chronophotographies de Marey et Muybridge pour ouvrir une quatrième dimension, "invisible". Ainsi commence à s'écrire le palimpseste de son "Grand Verre", sa préhistoire dans ce climat érotique du jeu de massacre des fêtes foraines ou de l'effeuillage de la mariée des premiers films libertins. Une genèse qui passera par les phénomènes de radiations électriques, la littérature néo-symboliste, le jeu d'échecs, le fantasme de la machine et sa projection sexuelle, la beauté mathématique et géométrique et enfin l'ésotérisme lors de son séjour à Munich car Duchamp est un homme curieux des découvertes de son temps. Il approfondira ses connaissances en prenant en 1915 un poste d'assistant bibliothécaire à la bibliothèque Sainte Geneviève à Paris, amorçant un dialogue avec de nombreux auteurs disparus.
Même si socialement il n'est plus un artiste, il se consacre à sa dernière oeuvre d'art total, ce tableau impossible et inachevé, à la fois négation et célébration de la peinture comme le souligne la commissaire. La Mariée est un projet complexe et ambitieux qui joue sur les rouages amoureux et libidinaux dans les géométries variables d'une poétique de la suggestion. Hermétique, ce rêve inabouti de concilier l'art et la science comme l'exprime Jean Clair d'une réelle élégance nous laisse face à l'un des grands malentendus de l'histoire de l'art, l'un des plus étudié et commenté.
Si des générations d'artistes en fait de Marcel Duchamp un dieu, le vénérant telle une institution ce dont il se défendait en permanence, il semble bien que la marchandisation soit en marche si l'on regarde du côté des vitrines de la boutique du Centre Pompidou où le porte-bouteilles figure en bonne place ! L'un des mérites de cette rétrospective est de remettre "la peinture au service de l'esprit" selon ses propres mots dans une approche audacieuse et cohérente qui dépasse les habituels clivages.

Infos pratiques :

Marcel Duchamp, la peinture, même
du 24 septembre au 5 janvier 2015

Centre Pompidou

http://www.centrepompidou.fr/

Réseaux Sociaux :

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(*Visuels supprimés à l'issue de l'exposition, selon la législation en vigueur)







Nathalie Miltat lance le prix ORISHA, rencontre à Appartement

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Nathalie Miltat, fondatrice d'Appartement et le prix Orisha

Mame Diarra Niang, série Sahel gris, courtesy de l'artiste, présenté par Marie-Ann Yemsi prix Orisha 2014

Vue de l'exposition "Justine" Courtesy Justin Morin, Appartement 2014

D'une contrainte, un enrichissement possible, la feuille de route pour Appartement s'inscrit comme un paysage sur la rétine des artistes conviés par Timothée Chaillou,commissaire le temps d'une saison. 

Rencontre avec Nathalie Miltat historienne de l'art et collectionneuse, à l'origine de ce concept qui place un lieu de vie au coeur du processus artistique. Un espace qui s'enrichit au fil des interventions tout en gardant son identité première, au sein de cet immeuble historique de la Lithographie Parisienne. Comme une seconde vie qui à l'instar d'un roman ou d'une partition musicale vous transporte hors du temps.


-Nathalie qu'est-ce qui vous a séduit dans le parcours et la personnalité de Timothée Chaillou pour lui confier les rênes de cette 1ère Saison ?

Timothée Chaillou est un commissaire brillant et sensible. Il intervient dans plusieurs domaines avec la même rigueur et le même dynamisme. Ces qualités m’ont semblé essentielles pour le projet Appartement. Je souhaite qu’Appartement soit un espace d’exposition vivant, élégant, convivial et exigeant.

-En quoi son regard rencontrait-il le vôtre ?

Nous partageons un même goût pour la qualité de l’espace, un regard acéré sur les choses.Timothée a carte blanche pour réaliser des expositions à Appartement pendant un an. J’espère qu’à la fin de cette saison, se dessinera, en filigrane, le portrait de Timothée à travers les artistes qu’il choisit de montrer. C’est donc une véritable carte blanche qui lui est donné, même le choix des fleurs lui revenant !

-Comment comptez-vous tous les deux, "éprouver les pratiques et déjouer les réflexes" pour reprendre vos propos ?

Tout d’abord, Appartement est un espace dont l’architecture aux volumes spécifiques s’impose à l’artiste. Il est largement traversé de lumière par deux grandes baies vitrées qui réduisent la surface murale. Enfin, il est habité et cette présence « humaine » constitue une contrainte, tout comme le mobilier. Ce n’est donc pas un espace courant d’exposition et c’est à ce titre, que la réflexion peut se révéler enrichissante dans la pratique de l’artiste, habitué à un autre type d’espace.

-La multiplication de ces expositions dans des cadres domestiques correspond t-elle selon vous a un effet de mode ou a un réel besoin ?

Cela peut correspondre à diverses raisons. J’y vois un soutien aux jeunes artistes qui n’ont pas encore de galeries, dans un contexte où il y a un grand nombre d’artistes, et qu’il est important pour un artiste d’être exposé. Mais cela peut également correspondre à la volonté de « dépayser l’art » afin de faire bouger le regard. Dans le cas d’Appartement, c’est à la fois un soutien aux artistes et l’occasion de renouveler ou rafraîchir leurs pratiques.

-En parallèle vous lancez à Paris le 1er Prix d'art contemporain africain, baptisé ORISHA, au moment où s'ouvrira à Londres la Foire 1:54, en quoi est-ce une première ?

Le Prix ORISHA est une première car il n’existait pas de prix d’art contemporain africain de cette ambition.L’objectif de ce prix vise à créer les conditions d’une visibilité plus large de l’art contemporain africain par un focus annuel.

Rendez-vous est donc pris pour découvrir la 1ère séquence de cette saison aux côtés de l'artiste Justin Morin qui explore les tensions entre art minimal et art décoratif dans une série de display assujettis ou non au lieu.
Egalement le 2 octobre prochain le lauréat du prix Orisha sera désigné lors de l'avant-première de la vente African Stories à la maison de vente aux enchères Piasa. Un signal fort supporté par des personnalités engagées dans la création artistique.


En savoir plus :

APPARTEMENT
1ère saison confiée à Timothée Chaillou
27 bis rue Jacques-Louvel Teissier 75010 Paris

Appartement | Art in a living space


Prix Orisha | Prix ORISHA pour l'Art Contemporain Africain ...









PLAY TIME, faites vos jeux à la 4è Biennale de Rennes !

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Florence Doléac, Merci, au revoir et à bientôt, projet de trou pour GOGOLF ©Marc Domage
Cosima von Bonin Idler#124 (The Passive Aggresive Version) 2011 Courtesy Cosima von Bonin et Petzel Gallery, New York ©Lamay Photo
Bruno Peinado, Sans titre, California's Dreaming Game Over Ral (2009)Courtesy galerie Loevenbruck, Paris ©ADAGP/Marc Domage
Gaspar Libedinsky Mister Trapo, Pano Lienzo/Guayabera (2011-14) Courtesy the artist
Jimmie Durham Aphrodite Unchained, 2014 Courtesy the artist
Pilvi Takala The Trainee (2008) Courtesy galery Carlos/Ishikawa, Londres ©Pilvi Takala
Koki Tanaka, 2006 Everything is Everything Courtesy the artist, Vitamin Creative Space,Guangzhou and Aoyama Meguro, Tokyo
Pilvi Takala, Real Snow White, 2009 Courtesy the artist and galery Carlos/Ishikawa, Londres
Michael Beutler The garden, 2011 Courtesty the artist and galery Bärbel Grässlin, Frankfort ©Wolfgang Petzi

Penser le jeu comme espace critique et repenser la condition de l'artiste, ce travailleur hyper connecté et  "libre" telle est la feuille de route fixée par Zoë Gray, commissaire de la 4è Biennale de Rennes, reprenant le fil conducteur des relations entre l'entreprise et l'art des Ateliers de Rennes. Fondée par l'association Art Norac, cette biennale se dote cette année d'un nouveau lieu, l'ancienne friche militaire la Halle de la Courrouze séquence première de PLAY TIME où le public expérimente uneaire de jeu grandeur nature. Dans ce quartier en cours d'aménagement où les grues du futur métro côtoient une nature encore présente c'est un contraste total de franchir le kiosque du jardin de sculptures ludique de François Curlet, le GOGOLF échelle 1, à la fois généreux et absurde. Autre parc d'attraction en puissance, le Marché (the Market)  imaginé par Michael Beutler (que l'on retrouvera par la suite) qui accueille d'autres propositions d'artistes, le facétieux Buno Peinado et ses filles et le duo Dewar et Gicquel. Entre deux "trous" vous pouvez faire une pause devant les videos qui posent les jalons des problématiques à venir, la nouvelle civilisation des loisirs (Maider Lopez), l'aspiration à dépasser la monotonie pour insuffler de la créativité (Sam Curtis)ou nos conditionnements et schémas de réussite sociale (Priscila Fernandes, Rivane Neuenschwander and Cao Guimaraes). Comme des tentatives d'échapper en roue libre au règne de l'hyper performance pour inventer de nouveaux espaces et pourquoi pas même revendiquer ledroit à la paresse, 2è volet de PLAY TIME.

C'est au Musée des Beaux Arts dans un nouvel aménagement donnant une réelle place à l'art contemporain que se déroule l'oisiveté, réelle ou supposée car il est difficile désormais d'établir une frontière entre travail et non travail, surtout quand on exerce "sa passion". Des entreprises à la pointe ou qui s'affichent tel quel se targuent d'ailleurs d'offrir à leurs salariés des espaces de travail ludiques et de favoriser leur créativité (Nicolas Chardon "Magnétiques"). Sommes nous tous devenus des générations d'oisifs (Cosima von Bonin) ? et la sieste prend t-elle une valeur de contestation (Thomas Tudoux) ? Les complexes ont encore la vie dure, en témoigne ce remarquable travail d'infiltration de l'artiste Pilvi Takala  qui lors d'un stage chez le leader mondial de l'audit, Deloitte affiche une prodigieuse capacité à ne rien faire devant ses collègues indifférents ou choqués. L'autoportrait endormi de l'artiste Hans Schabus traite du statut particulier de celui-ci dont les plages d'inactivité font partie intégrante de son processus créatif. Ce qui nous conduit naturellement à la pensée de Robert Filliou seul artiste décédé mais présent en filigrane dans toute l'exposition qui considérait les activités quotidiennes comme conscience du processus d'apprentissage. "Work as Play, Art as Thought"une approche omniprésente dans les propositions du Frac Bretagne, 3è temps de la Biennale.

Introduisant la première galerie, cette pièce ouvre et innerve l'état d'esprit de plaisir qui conduit l'artiste à produire une oeuvre avec notamment Bruno Peinado  que l'on retrouve avec une sculpture "monumentale, baroque et théâtrale" et Michael Beutler et son origami architectural géant de cocoques en papier fabriquées à l'aide d'une immense presse, sans doute l'une des oeuvres les plus marquantes du parcours. Puis la 2è salle aborde le combat au quotidien de l'artiste victime de ses propres doutes ou névroses de type dédoublement. Ainsi Hans Schabus à bord de son train électrique installé autour de son atelier a la sensation d'être rattrapé par son ombre, Oscar Murillo se rappelle que les membres de sa famille restés en Colombie n'avait que l'usine comme débouché "Welcome to the members club"ou Gareth Moore et sa doublure de cire sous les traits d'un dératiseur "Ultrasonic Flute". Erik van Lieshout quant à lui doit affronter les réactions des autres commerçants devant son magasin où l'on ne peut rien acheter au moment même des attaques de la scène politique néerlandaise sur l'art contemporain perçu comme "hobby de gauche". D'autres artistes choisissent la performance tel Jimmie Durham et son bureaucrate absurde "Smashing"ou Koki Tanaka qui transforme une marche de protestation en promenade dominicale pour canidés "precarious tasks #12 Walking with dogs"ou Tehnica Schweiz et Katarina Sevic avec les accessoires de leurs recherches sur l'affaire Dreyfus avec les élèves de la Cité scolaire Emile Zola de Rennes. Enfin la troisième salle aborde les autres rôles que se fixent les artistes avec par exemple"How to become a non artist" d'Ane Hjort Guttu réalisé avec son fils de 4 ans, certains allant même jusqu'à s'engager dans l'arène du monde du travail. Ainsi les questions posées par le metteur en scène colombien Hector Aristizabal qui a testé les méthodes du Théâtre des Opprimés d'Augusto Boal dans une société d'assurances néerlandaises se réalisent et prennent tout leur sens sous nos yeux.

D'autres expositions associées complètent favorablement ces enjeux, parmi lesquelles Oscar Murillo à 40mcube et ses représentations évolutives du monde du travail que le public peut activer à tout moment, Gareth Moore et sa réflexion sur la valeur spirituelle et marchande à la Criée ou Priscila Fernandes et son regard sur l'évolution du temps libre français dans le sillage néo-impressionniste au Phakt. Le Quartierà Quimper est également associé avec Anne Hjort Guttu qui poursuit ses stratégies de résistance et la Passerelleà Brest avec Koki Tnanaka qui approfondit ses questionnements sur les processus de création à plusieurs.
C'est donc une programmation élargie sur l'ensemble de la région Bretagne que nous offre cette Biennale qui repense les règles du jeu sous la bonne étoile de Jacques Tati. Chaussez-vos baskets pour vous offrir un pur moment d'humour et de vagabondage productif et n'oubliez pas "Penser c'est jouer !"

Infos pratiques :

PLAYTIME, les Ateliers de Rennes
Biennale d'art contemporain
du 27 septembre au 30 novembre 2014

Nombreux événements en résonance
Carte "illimitée"à 18 euros

www.lesateliersderennes.fr/

Commissariat : Zoë Gray

Mise en oeuvre et production : le troisième pôle
(nette amélioration par rapport à la dernière édition !)



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